hephaestos Sanctis Recorda, Sanctis deus. | le cardinal a écrit :
Merci de prendre le temps de répondre avec sincérité. Je me retrouve assez bien ce que tu expliques de la nature "humaine" au travers de ta propre personne, mais je diffère complètement quand aux positions politiques à en conclure !
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Il ne me semble pas avoir spécialement fait mention des positions politiques à en conclure. Là dessus, il y a trés largement matière à discussion, mais tant que les mouvements d'extrêmes gauches seront remplis de gens irrationels incapables de faire un raisonnement logique, et de prendre en compte les données à notre disposition concernant l'être humain, cette discussion est trés largement compromise.
Quelques exemples en vrac :
Citation :
Les gouvernements nous mentent [...].
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Citation :
[...]Comme les riches s'enrichissent en appauvrissant les pauvres, la pauvreté des pauvres est en soit une preuve de la richesse des riches.
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Citation :
Plus les pauvres sont pauvres et plus les riches sont riches.
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Citation :
Le progrès scientifique et technique a multiplié par 10 ou par 100 la productivité des salariés.
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(A ce sujet, j'ai remarqué un fait trés interessant : les utopistes d'extrêmes gauches sont absolument hermétique à la notion de nombre. En particulier, ils sont généralement incapables de faire la différence entre 10, 100, ou 1000. Ils connaissent bien 'pas beaucoup' et 'beaucoup' par contre. Ainsi, quand on leur explique qu'un parc éolien produit 100 MW, ils trouvent que c'est bien assez pour remplacer des centrales nucléaires produisant 10 GW.)
Citation :
Les riches sont riches : ils peuvent payer !
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Citation :
Les patrons aiment le chômage.
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Citation :
[...]Il serait légitime que cet argent dû aux banques privées par l'État continue à ne pas être remboursé !
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Comment voulez-vous que je soutienne un mouvement où de telles phrases sont considérées comme sensées ?
M'enfin, puisqu'il s'agit de parler de décisions politiques, revenons en à ce que tu proposes, en suggérant que c'est par opposition à mes propositions :
le cardinal a écrit :
En effet, il m'apparaît évident que le système politico-économique dans lequel je suis le plus exploité, dans lequel mon travail fait vivre le plus de profiteurs, c'est le capitalisme bourgeois ! Au contraire, le projet communiste vise à me garantir la rémunération la plus juste qui corresponde à ma contribution au développement et à la production de richesses !!
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Tu compares l'utopie communiste à la réalité capitaliste, ce n'est pas trés honnête.
Si l'on compare l'utopie communiste à l'utopie libérale, les deux sont tout à fait agréables à vivre, et je pense qu'elles n'ont pas beaucoup de différences.
le cardinal a écrit :
Il faut remettre en perspective qu'il y a un peu plus de 200 ans, une catégorie d'individus, les nobles, identifiés par leur sang, vivaient légitimement sur le dos du reste de la société à la tête de laquelle ils étaient placés. Puis, l'urbanisation et les échanges, l'industrialisation de la production, ont mis en situation favorable une autre catégorie d'individus, non plus identifiés par leur sang, mais par leurs biens, leurs capacités à posséder et à thésauriser de l'argent : les bourgeois. La Bourgeoisie a conduit une révolution politique visant à substituer leur domination à celle des nobles et pour cela a fondé de nouveaux droits, les droits d'hommes qui ne sont plus contraints par leur naissance et par leur sang, mais par leur capital, leur propriété privé. Ces Droits de l'Homme là nous semblent complètement évidents, pourtant ils ont été considérés comme irréalistes et dangereux pendant plus d'une dizaine de siècles ! Or, la nature humaine n'a pas été modifiée au moment du passage du féodalisme au libéralisme bourgeois ! Aujourd'hui, je considère que la domination d'une catégorie d'individus caractérisés par leurs propriétés en capital, catégorie au contours plus flous que celle fondée sur le sang et le lignage, est réelle et tout aussi illégitime que celle des féodaux ! Parce qu'en quoi le fait de posséder le capital, d'en hériter de ses parents, est-il plus juste pour occuper une position dominante dans la société que le fait de posséder une particule à son nom de famille, d'en avoir hérité par ses parents, par rapport à ceux qui ne possèdent rien ?
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Je pense aussi que l'héritage est un principe injuste. Mais typiquement, pour supprimer l'héritage il faut être trés malin, car c'est la nature humaine de vouloir donner toutes ses chance à notre descendance. Il faut trouver un moyen de rééquilibrer les choses sans froisser au delà du supportable notre nature. Je ne dis pas que c'est impossible, je dis simplement que nier le fait que les hommes veulent aider leurs enfants est une erreur stratégique. C'est d'autant plus une erreur que la solidarité familiale, bien qu'elle soit relativement injuste, permet d'atténuer beaucoup d'injustice et ce, sans aucune intervention extérieure.
le cardinal a écrit :
Concrètement, tu parles de ceux qui ne participent pas à l'effort général. Qui sont-ils ? Les chômeurs ? Les retraités ? Les invalides ?...
Les RMIstes et autres bénéficiaires d'allocations et de minimas sociaux ?
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Je n'ai pas spécialement de problème avec l'idée de fournir un revenu minimum à ceux qui ne souhaitent pas travailler, histoire qu'ils puissent dormir au chaud et manger à leur faim. Simplement, il faut que ce soit clair, et que ce revenu s'appelle autrement que 'revenu d'insertion' ou 'revenu d'activité'.
Ce qui pose un problème, c'est le fait que reprendre le travail fasse perdre de l'argent aux bénéficiaires de minimas sociaux et d'allocations de chômage. Deux solutions à cela : soit on continue de donner des aides pendant un certain temps, mais à ce moment là il faudra de toutes façon porter beaucoup d'attention pour éviter les abus (par exemple : les patrons qui se mettent d'accord avec leur salarié sur un salaire bas, compensé de toutes façons par les aides de l'état). L'autre solution, c'est de réduire les aides ou de les attribuer sous conditions (c'est le projet de RMA). Il n'y a pas une solution qui soit foncièrement meilleure que l'autre, de toute façon l'Etat a un budget limité, ce qui compte c'est qu'il soit équitablement redistribué parmi la population.
le cardinal a écrit :
Je te propose une autre catégorie de "profiteurs", beaucoup plus coûteuse et qui saigne à blanc. Comme dans le système féodal, cette catégorie est au sommet de la société : les actionnaires, les spéculateurs, les bourgeois... bref, les capitalistes !
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C'est un peu court, mais je vais faire comme si tu n'avais fait aucun raccourci abusif, et comme si tu restais neutre et aimant de ton prochain, qui vaut, dans tous les cas (est-il nécessaire de le rappeler ?), autant que toi ; fût-il bourgeois.
Alors oui, la spéculation est la plaie du capitalisme. Tobin-Krivine, ça vous dit quelque chose ? Non, parce que moi, ça m'est resté en travers de la gorge, ça.
Je suis favorable à toute mesure permettant de freiner la spéculation, même si elle se fait au détriment de la liberté de circulation des biens et service, dans une certaine mesure bien sur.
Quant à l'utilité des investisseurs dans une économie, il faut bien que quelqu'un fournisse les moyens aux entreprises de fonctionner. Pour que ça n'aille pas n'importe où, il est nécessaire que celui qui investit dans l'entreprise ait le pouvoir d'y prendre les décisions importantes, et qu'il ait un intérêt à ce qu'elle fonctionne correctement.
Aprés, je ne suis pas un expert en économie, peut-être que le système capitaliste n'est pas inévitable. Ce qui est certain, c'est qu'un système où les financements des entreprises sont centralisés, et où personne n'est responsable, n'est pas viable.
Aprés, contrairement à d'autres (coucou Artus ), je ne trouve pas cela 'juste' que le simple fait d'être riche soit rémunéré. Et l'histoire de la prise de risque me fait bien marrer. Ah ah. Mais, si on ne motive pas les riches à utiliser leur argent pour permettre aux entrepreneurs d'entreprendre, eh bien il n'y a plus d'entreprise, plus d'initiative personelle autre que celles autorisées par l'hypothèque de la maison de chacun auprés de son banquier. Plus de patrons. Joie, dirons certains. Crétins. |