gabug | Tammuz a écrit :
Ce ne sont pas les sources qui manquent, et ce depuis longtemps, puisqu'à l'origine c'est Piketty qui a monté l'arnaque :
Article de 2011 :
Citation :
Sauf que, dans cette courbe, il n'y a ni Mme Bettencourt ni les chômeurs. En effet, subrepticement, ont été exclus les chômeurs et les retraités puisque, au lieu de 50 millions, n'y figurent que les 20 millions de Français de 18-65 ans qui travaillent plus de 80 % de leur temps.
En prenant non plus 20 millions de Français mais le tableau STI3 de Thomas Piketty englobant 50 millions, on tombe sur la courbe 2 déjà beaucoup plus progressive où les « riches » sont plus imposés que les « pauvres ».
Si, ensuite, on prend non plus les revenus bruts (hors RSA, minima sociaux...) mais les revenus réels dits secondaires, après redistribution, on obtient alors la courbe 3 encore plus progressive.
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https://www.lesechos.fr/2011/05/fis [...] ty-1090082
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Alors j'ai malheureusement pas accès à l'article complet, ni aux propos suspects de Piketty.
En tout cas, c'est pas comme ça que calcule l'IPP qui prend en compte les cotisations non redistributives, et le débat actuel c'est la non-progressivité de l'IR chez les ultrariches : j'ai pas spécialement entendu d'argumentaire de la part de Zucman qui affirmerait que les classes populaires et moyennes ne seraient pas bénéficiaires de la redistribution, au contraire il précise en général que la cassure se fait vers les derniers percentiles. Mais j'ai pas tout écouté évidemment, donc je peux me tromper.
Tammuz a écrit :
Et plus récemment :
Citation :
Ce raisonnement, qui consiste à démontrer que les milliardaires paieraient deux fois moins d’impôts que les classes populaires et moyennes, est simplement erroné. Pour comprendre pourquoi, il faut regarder la manière dont ces économistes calculent les taux d’imposition, qu’ils obtiennent en rapportant les impôts payés à ce qu’ils appellent le "revenu primaire", c’est-à-dire avant transferts sociaux.
Prenons un exemple simple : une personne en bas de l’échelle des revenus perçoit, disons, 200 euros de salaires et 646 euros de RSA. Elle dispose donc de 846 euros pour vivre. Si elle dépense la totalité de cette somme, elle paiera environ 169 euros de TVA, soit l’équivalent de 20 % de sa consommation. Mais dans le calcul de Zucman, Blanchard et Pisany-Ferry, ce taux d’imposition est rapporté non pas au revenu total (846 euros), mais uniquement aux 200 euros de salaire. Le résultat donne alors un taux de 84,5 %.
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https://www.lexpress.fr/idees-et-de [...] irect=true
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Pareil, je peux pas analyser ta source en entier, mais de loin ça ressemble un peu à un strawman : la tribune de Blanchard, Pisani-Ferry et Zucman n'affirme nulle part qu'une personne au RSA serait taxée à 85% (l'exemple donné par l'article est absurde à l'extrême), mais simplement que le taux d'imposition global moyen est d'environ 50%.
Encore une fois, le sujet actuel c'est la dégressivité observée des impôts personnels au sommet de la distribution des revenus (cf. IPP qui prend bien en compte les cotisations non contributives, et dont l'étude a été menée en partenariat avec l'administration fiscale) et Zucman insiste sur la différence de traitement entre simples riches et ultrariches, pas sur le fait qu'un bénéficiaire des minima sociaux serait assujetti à plus d'impôt au global que la moyenne des riches en France (il a plusieurs fois rappelé que l'impôt était bien progressif jusqu'à une certaine limite).
Le fait de ne pas prendre en compte l'intégralité des transferts sociaux est parfaitement assumé par ces économistes qui s'attachent, ainsi que l'Insee et l'IPP (même si ce dernier ne s'appuie pas sur les travaux des comptes nationaux distribués), à étudier la progressivité du système fiscal en prémisse au juste emploi des dépenses et de la redistribution.
Zucman s'en est d'ailleurs expliqué ici :
Citation :
52 % contre 26 % : la réalité ne pourrait pas être plus simple ni plus limpide. Comment donc la nier ? Il faut pour cela soit contester le taux de 52 %, soit réfuter celui de 26 %, soit prétendre que ces deux taux ne peuvent pas être comparés l’un à l’autre.
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Citation :
Sans surprise, on peut réduire le taux moyen de 52 % en sortant certains prélèvements du champ des prélèvements obligatoires. Si l’on exclut par exemple les cotisations retraites, alors le taux d’imposition du Français moyen tombe à 41 % environ. Si l’on oublie en plus la TVA, alors ce dernier tombe à 32 %. En grignotant assez, on peut finir par tomber sous les 26 %.
Mais ces soustractions n’ont guère de justification.
Il n’y a en effet pas de raison valable d’exclure tel prélèvement ou tel autre, pas même les cotisations retraite. Tous les organismes statistiques du monde les y incluent et les économistes conservateurs le font évidemment toujours eux-mêmes quand il s’agit de dénoncer le poids de l’impôt en France. Les cotisations retraite sont certes associées à des transferts, mais c’est le cas pour tous les impôts et toutes les cotisations : la puissance publique ne brûle pas l’argent qu’elle collecte, fort heureusement, mais le dépense — en pensions de retraites, services de santé et d’éducation, etc.
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Citation :
Il y a des différences de degré — certains prélèvements, comme les cotisations retraite, sont plus directement associés à des transferts individuels que d’autres — mais pas de nature. Tous ces prélèvements s’imposent aux ménages, qu’ils les approuvent ou non, et le lien entre prélèvements et transferts n’est jamais parfait — même pour les retraites, loin s’en faut.
L’approche suivie par les chercheurs qui s’intéressent à la distribution des taxes — depuis les travaux pionniers de Gerhard Colm et Helen Tarasov aux États-Unis dans les années 1940 — consiste donc à inclure tous les prélèvements, car c’est la démarche qui minimise l’arbitraire statistique. Et c’est bien ce que fait l’INSEE dans ses propres Comptes nationaux distribués, qui montrent que toutes les catégories sociales — à l’exception des ultra-riches, non couverts par la statistique publique — paient entre 40 % et 55 % de leurs revenus en impôts et cotisations.
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Citation :
Deuxième technique pour réduire le taux de 52 % : soustraire les dépenses publiques, ou certaines d’entre elles, du montant d’impôt payé.
Cette stratégie consiste concrètement à remplacer l’analyse de la progressivité du système fiscal — l’ensemble des prélèvements obligatoires perçus par un État — par celle du caractère redistributif ou non de l’intervention de l’État dans l’économie — taxes plus dépenses publiques. Autrement dit, à déplacer l’attention de la question des impôts vers celle de la dépense. Les milliardaires paient peu d’impôt ? « Oui, mais les catégories plus modestes bénéficient de la solidarité nationale ! ». Les dépenses publiques étant nettement plus progressives que les prélèvements obligatoires — pour schématiser, les impôts sont proportionnels au revenu, là où les dépenses s’approchent davantage d’une somme forfaitaire par tête — ce déplacement de l’analyse conduit évidemment à altérer complètement le tableau d’ensemble.
Il ne s’agit en partie que d’un écran de fumée rhétorique, car taxes et dépenses publiques constituent des objets distincts. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen pose le principe de l’égalité devant les charges publiques en son article 13 mais ne dit rien au sujet de la distribution de la dépense par exemple. La question de l’égalité devant l’impôt est au cœur du contrat social depuis la Révolution française, et tout démontre que la distribution des prélèvements obligatoires — indépendamment de la façon dont ces derniers sont utilisés — joue un rôle fondamental dans la cohésion sociale et la confiance dans les institutions.
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Citation :
Mais prenons néanmoins au sérieux l’approche qui soustrait les transferts des impôts payés.
On constate que l’injustice fiscale demeure : même en retirant tous les transferts monétaires qu’on peut assimiler à un impôt négatif (prime d’activité, allocations familiales, assurance chômage, aides au logement, revenu de solidarité active, etc.), les milliardaires continuent à payer nettement moins d’impôts et cotisations (26 %) que le Français moyen — 45 % net de toutes les prestations famille, emploi, logement, pauvreté et exclusion sociale — et bien moins que la plupart des déciles de la distribution. On peut bien sûr continuer à grignoter : en soustrayant en outre les dépenses de retraite, le taux de prélèvements obligatoires net de transferts tombe à 28 % pour le Français moyen (ce qui reste supérieur au taux des milliardaires) ; et si l’on enlève tout le reste (santé, éducation, police, défense, justice, etc.), le taux moyen tombe sous la barre des 0 % : en l’occurrence — 6 %, c’est-à-dire le niveau du déficit public.
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Citation :
Les ménages les plus pauvres sont bénéficiaires nets de la redistribution — les dépenses publiques dont ils bénéficient sont supérieures aux prélèvements dont ils s’acquittent — et c’est heureux. Mais tout cela n’enlève rien au problème de base, à savoir que le système fiscal français échoue à faire contribuer les milliardaires aux charges communes.
Même net des transferts perçus, ces derniers paient moins que les contribuables situés en dessous d’eux — les cadres supérieurs, pour simplifier. Sur ce point, tout le monde est d’accord.
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Citation :
Une troisième technique est mobilisée pour nier le taux d’imposition moyen de 52 % : contester la mesure du revenu, c’est-à-dire du dénominateur de ce taux. A priori, c’est peine perdue : personne ne peut contester que le revenu national net de la France — c’est-à-dire le PIB net de la dépréciation du capital et après ajout des revenus nets de l’étranger, soit l’ensemble des revenus perçus par les Français quelle que soit la façon dont ils le touchent — s’élève à 2 440 milliards d’euros en 2024, chiffre que chacun peut calculer en utilisant la comptabilité nationale de l’Insee Les choses se compliquent quand il s’agit de calculer le revenu national des différents groupes sociaux. Dans la littérature académique sur la comptabilité nationale distribuée, les taux d’imposition sont typiquement exprimés en pourcentage du revenu national après prise en compte des pensions de retraite et de l’assurance chômage, mais avant intégration des autres prestations sociales (allocations familiales, revenu de solidarité active, etc.). Cela pose un problème conceptuel : un individu qui ne percevrait que des minima sociaux se verrait attribuer un taux d’imposition infini — car il s’acquitterait de la TVA sur un revenu nul.
Les économistes qui se sont exprimés sur X crient au scandale : pour eux c’est la preuve que les chiffres sont biaisés.
Ils semblent ignorer que de nombreux chercheurs se sont penchés avant eux sur le sujet y ont apporté des réponses claires. L’Insee, par exemple, ajoute les prestations sociales au revenu pour le calcul des taux d’imposition, et trouve que tous les vingtiles de la distribution paient entre 40 % et 55 % de leurs revenus en impôts et cotisations (voir à nouveau la figure reproduite supra). D’autres approches sont possibles — la méthode idéale soustrait des prestations sociales la fraction de celle-ci qui est absorbée par la TVA — et conduisent à des résultats similaires.
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Donc c'est embêtant : Zucman lui-même débunke la prétention que tu lui attribues, celle de s'appuyer sur un calcul du dénominateur qui tendrait vers un taux d'imposition absurde.
Dis-moi, mon bon Tammuz, tu te souviens quand même que quand tu avais utilisé cet argument, c'était en fait toi qui t'étais planté et avais loupé un truc, en croyant que je parlais de Mélenchon alors qu'il s'agissait de Macron ?
Tammuz a écrit :
Merci de nous démontrer une fois de plus que tu sembles suivre très peu l'actualité politique.
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gabug a écrit :
Sauf que je parle pas de ça, mais de Macron qui a affirmé à propos du chlordécone "il ne faut pas dire que c’est cancérigène" (prise de parole suivie d'un tollé scientifique) puis l'Elysée : "Le président n’a jamais dit que le chlordécone n’était pas cancérigène", style de communication contradictoire typique du macronisme.
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