LooKooM a écrit :
Certains bossent/épargnent comme dans un jeu vidéo, juste pour grinder les niveaux par plaisir de faire de l'xp sans autre but Désolé pour le parallèle peu inspiré.
Sinon j'aurai plus de temps cette semaine : quel sujet creuser pour le topic ?
1/ Refresh sur le HY ?
2/ Selection de fonds actifs actions pour ceux qui veulent s'encanailler au dela des ETF à leurs risques et périls ?
3/ Private Equity pour les particuliers aisés mais non fortunés ?
4/ Quid ?
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Merci à tous et à toutes pour les votes à ce sujet.
Je débute avec le sujet PE, 3/ et lance donc ce premier post estival, sans objectif de timing pour les autres qui suivront... mais qui suivront tôt ou tard
Qu'est-ce que le Private Equity, Venture Capital... ?
C'est à la frontière entre investir en bourse en Actions et acheter des parts de la boulangerie en bas de chez vous. En bref, investir dans des fonds qui vont eux mêmes investir dans des parts d'entreprises dans l'espoir de revendre ces parts nettement mieux d'ici quelques années.
En Private Equity, la strategie consiste à viser des PME profitables, à injecter beaucoup d'argent d'un seul coup pour les aider à se developper rapidement, racheter des concurrents, investir en marketing, en outils IT, etc... pour les faire changer de dimension. Cela va de PME sous traitantes auto mobiles, fabriquant des outils medicaux de pointe, editeur de manga, groupe d'écoles privées, etc... c'est très vaste. Il existe des fonds "Mid caps" visant des entreprises typiquement de seulement quelques centaines de €m de valeur jusqu'à des fonds "mega caps" visant des groupes en dizaines de €bn. Les portefeuilles de ces fonds contiennent entre 6 à 15 entreprises bien souvent. Les très bons investissements rapportent 3-4x dans le fonds, les mauvais 0.5/0.7x.
En Venture Capital, la stratégie consiste à viser de jeunes ou moins jeunes startups, clairement pas profitables mais de croissance incroyable. L'objectif est d'accompagner ces startups vers la levée de fonds suivante, tentant d'accelerer encore le rythme de croissance et l'adhésion au nouveau service/produit proposé au marché. En cas de réussite, c'est le jackpot, ces investissements peuvent rapporter jusqu'à 100x l'investissement initial, parfois même plus dans des cas extrêmes (Tesla, Google, etc... qui étaient des startups initialement). En cas d'échec c'est la perte intégrale de l'investissement. Et l'échec est fréquent, c'est le jeu. Ces portefeuilles contiennent bien souvent 20 à 40 entreprises, il suffit que 2-3 entreprises réussissent et rapportent 10-100x la mise pour "faire" la performance de l'ensemble du fonds.
Pour aller plus loin : https://www.investopedia.com/articl [...] equity.asp
Pour aller nettement plus loin : Cours gratuit Stanford https://web.stanford.edu/group/blyt [...] ession.pdf
Pourquoi investir en PE/VC ?
En quelques mots : parce que la performance est censée être nettement supérieure aux actions cotées. La surperformance annuelle est de l'ordre de 4 à 5 points p.a., de l'ordre de 11 à 12% brut de frais pour la mediane des gérants de PE/VC. Avec des disparités de performance monumentales. Beaucoup de fonds annoncent n'avoir jamais livré moins de 15% brut par exemple. D'autres disparaissent après un mauvais fonds sans que l'on entende parler d'eux bien longtemps.
https://blog.validea.com/wp-content [...] /05/PE.png
En contrepartie de cette surperformance qui nait des marchés privés où les multiples de valorisation ont tendance à être plus faibles qu'en marchés cotés, où les gains en efficacité opérationnelle peuvent avoir rapidement des effets énormes... ces fonds sont illiquides longtemps. Vraiment longtemps. Comptez 10 ans pour un fonds de Private Equity classique, jusqu'à 12 ou 14 ans pour les fonds de Venture Capital.
A savoir, les fonds français qui répondent à des critères stricts d'exposition à des entreprises de la zone EUR ont parfois le statut de FPCI ou de SLP qui permettent des reductions d'impots significatives, limitées à 17.2%. Les FPCI ne sont pas à confondre avec les FCPI/FCPR qui eux permettent de défiscaliser 25% du montant souscrit de son IR l'année de souscription.
Alors à quoi bon ? Le couple illiquidité/performance attire de nombreux épargnants aisés qui ont déja coché de nombreuses cases patrimoniales : l'épargne de secours, le PEA plein, les AV/CTO qui débordent, un peu d'immobiier locatif pour certains... et encore des liquidités qui débordent. Le PE/VC peut attirer pour de bonnes raisons.
Comment fonctionne un fonds de Private Equity
L'idée est que les entreprises privées ne s'investissent pas en un clic de souris
Donc ces fonds prennent du temps à investir le portefeuille, parfois 3 ou 4 ans.
En pratique, les fonds institutionnels "appellent" le capital graduellement, à mesure que ces investissements sont réalisés. Puis, à la sortie, distribuent au fur et à mesure qu'elles revendent ces entreprises. C'est pour cela que le taux de rendement interne de ces fonds dépasse allegrement les 10% la plupart du temps alors même que le multiple de performance n'est "que" de 2x en 10 ans. 2x en 10 ans n'est que 7% de TRI, toutefois si le capial est appelé progressivement et rendu progressivement, le TRI est bien supérieur et trace une "courbe en J" typique de cette classe d'actif.
Une illustration ici : https://blog.validea.com/wp-content [...] /05/PE.png
Les frais sont très élevés et le standard est à 2% p.a. et 20% de frais de performance, souvent au dela d'un TRI de 8% p.a. 20% de la performance en TRI au dela de 8% est pour le gérant pour simplifier. En sus des 2% par an sur la masse investie, parfois sur la masse engagée ce qui est très différent. Cf. la J curve, la quantité investie est en moyenne de moins de 50% du montant engagé sur l'ensemble de la vie du fonds, cette simple différence a donc un effet énorme sur les frais d'un fonds.
Les frais sus-cités sont pour les fonds institutionnels avec des minimums souvent placés à €1m voire €5m ou plus. Aucun fonds de grande qualité à ma connaissance ne permet de souscrire avec moins. Les frais des "feeder", c'est à dire des structures créées pour grouper les ordres plus petits de clients rajoutent des frais, parfois legers et acceptable, parfois en les doublant (!)
Quels sont les pièges ?
La compréhension des fonds est essentielle et elle est ardue. Le première piège est l'incompréhension qui peut facilement découler de ces produits.
1/ S'assurer qu'il s'agit bien d'un fonds de capital investissement/capital risque et pas d'un fonds de dette privée par exemple. Les fonds de dette privée sont rarement conçus pour les particuliers et visent 4-5-6% par an, de risque plus faible que le PE/VC mais tout en demeurant illiquide au moins 7 ans. Je préfère nettement la liquidité pour ce type d'esperance de rendement mais c'est peut être à mettre en face des SCPI pour ceux qui apprecient ces véhicules.
2/ La transparence est moindre qu'en fonds coté : si les entreprises investies sont annoncées au fur et à mesure du déploiement du fonds, celles ci sont non cotées et soumises à des normes d'audit/comptabilité bien moindre que les entreprises cotées. Bien que rare, la proportion de fraude demeure plus élevée que parmi la cote régulière.
3/ Les frais peuvent être vite difficile à analyser et surtout gigantesques. Compter 3% p.a. de frais de gestion au total via feeder, plus c'est trop. Et surtout être attentif aux frais de surperformance. Si le feeder ajoute 20% en sus des 20% du fonds sous-jacent (déja vu), il ne reste vraiment plus grand chose au dessus de 8%... l'illiquidité est bien mal rémunérée.
Quels fonds regarder actuellement, quels accès ?
Je ne prétends pas avoir revu tout le marché. Les deux noms de qualité disponibles régulièrement sont Ardian MultiStrategies, de la maison Ardian leader mondial. APEO d'APAX qui est également une tres belle franchise internationale. Trop jeunes pour juger de la performance en sortie mais bien conçus, bien diversifiés et de frais "convenables". Le marché du PE souffre actuellement un peu comme les marchés cotés, ne pas s'étonner si le démarrage est poussif. Cela s'investit dès quelques milliers d'euros et l'appel de fonds est immédiat.
Autre plateforme, nécessitant des tickets significatifs de 50 à €100k par fonds, Moonfare, plateforme anglosaxonne qui cherche à dynamiter le marché... de très belles signatures disponibles mais avec des frais élevés, parfois très élevés. En revanche les signatures et track record historique des gérants très bons. Par exemple KKR, Lightspeed, HG, CVC... sont des signatures de très haut niveau. L'appel de fonds est progressif et donc optimal pour son TRI. Souci, il faut au minimum 4-5 fonds pour diversifier son portefeuille de PE/VC, si possible étalés sur 2-3 années. Cela nécessite donc des sommes significatives (€400-600k d'engagement)
Enfin, Altaroc, plateforme lancée recemment, est un equivalent français de frais plus contenus et de selection exceptionnelle : HG, Apax, Bridgepoint, Insight sont des signatures que même les plus grandes fortunes mondiales s'arrachent par exemple. Le ticket est de €100k et l'appel est progressif et donc optimal pour son TRI. La diversification est déja clef en main en revanche sur une seule année. Idéalement il faudrait repartir sur 2-3 années donc €300k d'engagement.
Les banques privées proposent généralement des accès mais tout est à analyser. J'ai reçu une proposition SG avec des frais obscènes pour un fonds uniquement français de track record moyen... et quelques semaines plus tard une seconde proposition aux frais contenus d'un top fonds américain au track record stellaire. Il y a donc de grandes variations d'un sujet à l'autre. Le minimum était de €250k par ticket. Construire une portefeuille diversifié est donc vraiment difficile, de l'ordre de €2m d'engagement.
Ouvert à d'autres idées de fonds ou d'accès à analyser 