Rapide CR des 100 miles du Sud
Après une TDS plutôt heureuse l'an dernier, c'est décidé: 2016 sera l'année des trails courts, 60kms maxi.
Du coup, après quelques papotages, motivation mutuelle...je m'inscris sur le 100 Miles du Sud, pour faire cette longue balade avec Santroll. Logique.
Le parcours donne plutôt envie (traversée des Pyrénées depuis Font-Romeu jusqu'Argelès sur mer), et la course, bien que jeune (c'est la 3eme édition) semble commencer à être bien rodée (finies les erreurs de balisages ou les ravitos foireux, apparemment, problèmes vus sur les 2 premières éditions).
L'année se passe bien, malgré une Montagn'hard 60 vécue un peu dans la souffrance, et j'arrive relativement bien entrainé et motivé à l'échéance début octobre.
On se retrouve à Argelès le mercredi avec Santroll, l’hôtel est à 100m de l'arrivée , le proprio nous propose de conserver nos valises jusqu'à notre retour (que l'on espère être le samedi soir....), il fait beau, chaud juste ce qu'il faut, de bonnes prévisions météo....on est chauds!
Le jeudi....pluvieux passera assez vite, on prend la navette de l'orga pour rejoindre Font-Romeu (départ de la course, à Bolquère plus précisément), retirer nos dossards, la bouteille de pif offerte (un indice sur la qualitance: c'est une capsule en plastique en guise de bouchon ), les minis-brioches offertes aussi, le joli TS en coton orange, et on va se poser au gite...à 200m du départ (ouais entre le gîte et l’hôtel, on a plutôt assuré ).
Repas sérieux le soir, une bonne nuit de sommeil après 4 ou 5 faisages-defaisages-refaisages de sacs de base de vie (3 bases sur la course), un petit dej sérieux lui aussi (alors que y'a pas mal de choses qui donnaient bien envie de se péter le bide....), puis direction le départ pour y laisser nos affaires, sacs, écouter le briefing...etc
Départ - Bordeeeeel - Vernet les bains (km 54)
Beau soleil au départ, température à peine fraiche (3-5°C), donc on part en TS, à un petit rythme tranquille, le début de la course étant plutôt très roulant, à profil à peine descendant.
Le passage par le fort avec la vue sur les Pyrénées derrière est particulièrement joli, à l'image de tout ce début de parcours.
A la première descente à peine marquée, Santroll s'arrête pour s'étirer les cuisses
Il a pas la tête des bons jours, j'essaie de positiver en disant que ça va vite passer avec le parcours tranquille que l'on a pour débuter.
Du coup on repart tranquillement, on fait quelques pauses...les premières montées arrivent, cela semble aller un peu mieux...et paf grosse cascade de Santroll, admirablement gérée avec enroulage du bras et tout au milieu des caillasses, presque sans heurts....Mais ses quadri n'ont pas aimé.
Je descends tranquillement (je me sens pas super léger dans ses descentes...), et Santroll la fait en marchant.
Je sais que ça regrimpe derrière, et qu'il reviendra sans peine...c'est le cas, il est 3 lacets derrière moi...cool!
Mais ça ne va pas bien mieux derrière, on se re-sépare...sans savoir à ce moment là qu'on ne se recroisera plus
Je continue mon bonhomme de chemin tranquillement et rallie la première base de vie de Vernet, où j'apprends que Santroll est environ 1h00 derrière...ça fait chier, mais j'ai confiance en ses cuissots et vu la montée qui attend derrière, je pense encore le voir revenir...
Je prends mon temps, mets la montre à charger, change de TS, prends les manchettes et embarque en plus un bonnet pour la nuit qui arrive (pas un bonnet pour dormir hein!)
Une bonne soupe....enfin...un bouillon avec des pâtes dans lequel ils ont la magnifique idée de mettre des knackis à chauffer...du coup, le bouillon a le gout de knacki...c'est moyen moyen
Je passe une grosse demi-heure à la base (avec la pause physiologique obligatoire ), sans trop trop chercher à me presser.
Je me motive à encaisser le petit morceau de 10km et 1500+ qui m'attend, clairement pas le genre de passage dans lequel j'avance le plus
Par contre, je suis vraiment bien frais...mais j'ai fait qu'un tiers de la course
Vernet - Arles sur tech (km90)
C'est donc parti pour l'ascension vers le refuge des Cortalets, qui est un tronçon l' ascension complète vers le Canigou auquel nous ne passons donc pas.
Je repas de Vernet avec un coureur, on papote un peu en avançant. Il connait cette partie pour l'avoir faite en reco. Au bout d'un moment, on remarque que l'on a pas vu de balises depuis quelques temps
Putaaaaaaaaaaain les boulllleeeeeets!!!!
Il enquille un chemin sur la gauche pour chercher des balises, je chercher un peu de l'autre côté. Je l'appelle plusieurs fois pour savoir si il a vu quelque chose...pas de réponse.
Du coup je repars comme un dératé en rebroussant chemin jusqu'à voir la dernière balise...Résultat 2km de rab et 15' de perdues comme un con
Tant pis, sur la durée de la course ça va pas changer grand chose....
L'ascension se passe plutôt pas mal, j'avance bien, sans peiner, en gérant bien l'effort, ce qui m'étonne pas mal.
La frontale est désormais sortie, je me couvre doucement en arrivant au ravito des Cortalets, la partie suivante étant plutôt "facile", assez plate/descendante jusqu'à Arles.
Bon en fait c'est juste un merdier de pierrier par endroits où il est difficile d'avancer correctement
Comme tout se passe étrangement bien, je décide de pimenter un peu la course en pétant un bâton dans un des pierriers
La féminine espagnole devant moi me demande si il est cassé: "ah ben ouais...tant pis!"
On est autour du 70eme...je vais devoir mes trimbaler les bâtons à la main pendant 20 bornes et hésite encore sur quoi faire après....Garder un bâton et meubler avec une branche (idée vite éliminée), larguer les deux à la base de vie, piquer le bâton d'un coureur parti se ravitailler
La prochaine petite côte m'aiguillera vite: je largue les deux bâtons à la base et terminerait sans...de toutes façons vu comme je monte, avec ou sans bâtons ça changera pas grand chose
Un coureur a l'air tout stressé à coté de moi car il est en dehors des clous pour son plan de course, il devait repartir à 2h d'Arles pour boucler la course en 34h, et ça a l'air de bien l'emmerder!
Perso j'ai pas de plan de course, mais quelques repères en tête, et je me dis qu'il a pris vachement de marge quand même...
Ca déroule pas mal jusqu' Arles où l'on arrive à ....2h et où l'orga nous a préparé un parcours qui doit passer par toutes les rues de la ville avant d'arriver à la base...
Là, je vois un message de Tyler me disant que Santroll est 1h40 derrière
Petite routine à la BV, un gros popo, un ou deux bouillons, changement de chaussures, recharge de la montre, largage des bâtons, changement de la batterie de la frontale en avance pour éviter d'être emmerdé après...
Je passerai un peu plus de 45' sur cette base de vie...là encore je ne verrai ça qu'après la course, sur le coup je ne cherche pas spécialement à me presser.
Tout va encore pas mal, les jambes OK, pas de fatigue, pas sommeil, j'enquille un petit café lyophilisé et c'est parti pour la 2eme partie de la nuit...qui va démarrer par une bonne ascension bien sèche dans la forêt, et donc sans bâtons
Arles - Le Perthus (km 132)
Bon, ça démarre effectivement bien sec, mais je me sens pas si mal sans les bâtons. L'impression d'être u peu plus agile, pas encombré comme d'habitude, preuve de ma grande dextérité avec ces appendices
L'ascension me parait quand même super longue, en pleine nuit dans la forêt, ma frontale éclaire des balises qui donnent l'impression de flotter en l'air, de plus en plus haut...mais je ne me fais pas rattraper (rare en montée), et n'ai pes encore trop l'impression de subir.
Petit ravito qui suit une descente, et c'est reparti pour une deuxième ascension, assez costaude qui me sèchera bien vers Roc de France.
J'en profite pour inaugurer le popo dans la forêt, une première pour moi. Pas de frontale derrière, je prépare mon coup en chopant quelques feuilles d'arbres, et hop ninja-poop ni vu ni connu (mais peut-être senti par les suivants ).
Le reste n'a pas un intérêt fou, je suis juste content de voir enfin le jour se lever, et on alterne passage en forêt, passages qui pourraient faciles mais qui sont blindés de caillasses que du coup t'avances pas, et pour terminer une magnifique descente sur une piste bétonnée à en faire pâlir les organisateurs de l'ecotrail de Paris.
J'arrive à la base de vie du Perthus avec les quadri bien éclatés, mais bien motivé à tout donner sur la dernière partie du parcours.
J'avais prévu une paire de godasses de rechange qui ne quittera finalement pas le sac, le reste est classique: popo (les toilettes en sous-col, pour ceux qui aiment descendre des escaliers après 130km de course ), changement de TS, bouillon, café...etc
J'aurai été plus efficace à cette base en n'y passant que 25'
Mais j'y apprend aussi que Santroll a rendu les armes, les crampes auront été les plus fortes malgré les kinés
Le Perthus - arrivée
On sort de la base de vie....pour grimper! Mais la côte est tout douce, sans difficulté et ça passe finalement super vite.
S'en suit la partie atroce de ce parcours: 11 bornes (15 annoncés par les "gentils" bénévoles du ravito) de piste de 4x4 qui fait 15m de large, avec...des cailloux au sol pour te défoncer les pieds...Le genre d'endroit où il n'y a que la tête qui te fait courir.
Je papote avec un anglais qui m'a l'air salement frais, du coup on se motive un peu à trottiner et ça fait passer le temps un peu plus vite.
Heureusement, les bénévoles était bien à la rue et il n'y avait que 11km de calvaire à passer...
Au ravito suivant, je prends un peu de temps car la descente qui suit est décrite comme la pire du parcours...et vu ce que l'on a mangé déjà, je n'ose pas trop imaginer ce qui m'attend...d'autant que je n'ai vraiment plus de cuisses.
Au moins, on a magnifique point de vue sur la baie d'Argelès où le soleil et la mer nous attendent.
Je ne suis pas déçu, après un début bien traitre genre "pas si difficile que ça", la descente devient simplement atroce. Des caillasses dans tous les sens, des racines, des marches à sauter, j'avance à peu près aussi vite que si je descendais avec ma grand-mère.
Cela dit la fin est proche, et je n'ai pas spécialement envie de me faire une cheville ou m'éclater la tête maintenant...je reste donc prudent. C'est aussi le moment que choisi ma montre pour s'arrêter, plus de batterie...Les recharges aux bases de vie n'auront pas suffit.
Par contre, vive la Finlande, c'est super bien géré: ça me met "Enregistrement de l'exercice", et la montre se bloque en affichage de l'heure...j'aurai pas plus d'infos que ça mais ça m'ira bien pour terminer la course
Derrière cette descente et le ravito, je suis dan un groupe de 5-6 coureurs du 110km, et on jardine un peu par manque de balise...y'a bien 500m de parcours sans une indication...avant d'attaquer la dernière grimpette de 400+ qui ressemble vachement à un excès de zèle des organisateurs
Je suis en tête du groupe et essaie de maintenir un bon rythme, mais je suis bien cramé et tout heureux de voir enfin le bout de cette dernière côte.
La descente derrière est pourrie pendant 1km, puis...se transforme en une belle piste bitumée...
La pente diminue doucement pour terminer sur le bord des routes qui nous mènent jusqu'à l'arrivée. Je cours, je cours toujours, pas question de lâcher quoique ce soit maintenant. J'essaie de prévoir un peu mon heure d'arrivée, mais n'ayant pas trop de repère sur la distance restante...c'est pas très productif.
Un passage plein de zig-zags sur le port d'Argelès (qui m'a semblé être le plus long port du monde là ), et on se retrouve sur la promenade le long de la plage...L'arrivée n'est plus loin, je donne tout, vois deux coureurs 50m devant, je me doute que ce sont des coureurs du 110km, mais je cavale à grandes enjambées pour leur passer devant, juste pour être seul au moment de l'arrivée, pour avoir mon moment.
Du coup c'est con, vu comme je cours là, je me dis que j'aurai pu faire l'effort un peu plus tôt de courir comme ça, ça fait pas plus ml aux jambes
Je retiens le flot d'émotions qui monte, pense à plein de choses, cherche et trouve Santroll du regard, dualité des émotions et tout à ce moment là...
Ca bouillonne très fort dans le dedans de moi, je savoure...malgré les question de l'animateur à l'arrivée
Je récupère mon lot finisher (une médaille, un plaquette en bois gravée et une casquette cycliste ??) et commence à baffrer comme un cochon.
Santroll avait déjà récupéré mes sacs, le temps de prendre une douche et de retourner à l'arrivée voir duckjerry et Laurette boucler leur 72kms de belle manière avant d'aller prendre une bière et manger un morceaux ensemble.
Après une bonne nuit de sommeil, Santroll et feront un véritable carnage au buffet petit-dej de l'hôtel avant d'aller prendre le train pour regagner nos pénates.
Bref, c'était bien, même si certains passages du parcours laissent un peu à désirer.
C'est quand même un peu long, mais arriver à cet instant où la tête se détache du corps et où tu avances sans trop y penser est quand même très particulier et donne fortement envie d'être vécu à nouveau
Et merci, désolé, fait chier, et plein d'autres choses à Monsieur Santroll