Reprise du message précédent :
CR Ultra Trail Vercors
Après une belle après midi à Lans en Vercors à récupérer les dossards, écouter le briefing et rencontrer Kaillou, on va se poser dans la très belle chambre d'hôte dégotée par Julien, un petit repas sympathique avec des Belges venus se balader dans le coin et qui sont persuadés d'avoir vu une trace de loup photo à l'appui, le responsable de la chambre d'hôte (berger et montagnard) a beau lui dire que c'est des traces de chiens, le belge n'en démord pas "Pourtant c'est exactement la même trace que dans le livre qui recense les traces d'animaux...", j'en rigole encore
Départ - Saint Nizier : 17km et 1150+
Bref après une courte nuit nous voici au départ de la course, petit contrôle du matériel obligatoire à l'entrée dans le sas (moi on me contrôle la frontale, la veste et l'eau alors qu'il est 5h du mat, qu'il fait 5°C et qu'on a 20km jusqu'au prochain ravito, bref si j'avais voulu truander c'est pas sur ces items que j'aurais fait l'impasse ).
On se place un peu (trop) devant, le speaker met une très bonne ambiance et top c'est parti. Comme d'hab ça part au taquet sur le plat, on laisse filer gentiment, au bout de 500m je tombe la veste et on attaque la montée de 900+. Ça continue à aller très vite et on se fait encore dépasser, nous on gère pour pas se cramer, 85km c'est long ...
Pas grand chose de particulier à dire, on arrive en haut en un peu plus d'une heure, vue sympa sur la ville de Grenoble et toutes ses lumières dans la nuit, on doit être dans les 50ème environ.
On attaque maintenant la descente, assez raide, pas trop technique et au bout de 3min je sens les cuisses tirer je dis à Julien de pas m'attendre et je m'arrête pour m'étirer. On a fait 8km, record battu je crois ... Bref mon objectif est de pas aller jusqu'à la vraie crampe en espérant que ça passera avec les montées suivantes. Je descend donc doucement en marchant, et je m'arrête 30s toutes les 3min pour m'étirer et je fais quelques portions en marche arrière quand c'est pas trop technique.
Au bout d'un moment le gros du peloton commence à me rattraper alors qu'on est dans un single assez étroit et technique, c'est donc pénible car je doit m'arrêter de longs moments pour laisser passer les grappes de coureurs, j'en profite pour m'étirer et beaucoup me demandent si ça va. Mentalement je suis pas au mieux, déjà je suis un peu dégoûté de pas pouvoir profiter de tout mon entraînement et de cette course mais surtout je me dis "Si t'es même pas capable de faire un petit trail roulane de 85km, qu'est-ce que tu veux t'inscrire à la TDS ou autres trails long ?". Bref ce nouvel échec remet en cause ma saison prochaine et ça j'ai vraiment du mal à l'admettre, il faut que j'aille au bout
Il fait jour, je range la frontale, puis au bout d'un moment, presque plus personne me double, je pense donc être dans les derniers et je m'attends à voir les serres-files débouler derrière mais au final un deuxième peloton arrive et je me fais encore rouler dessus par pas mal de monde, à un moment je m'étire et un gars me dit "Pour faire passer les crampes il faut taper sur les cuisses", devant mon air dubitatif il continue "Sisi, ça fait circuler le sang". J'ai essayé, ça marche pas
Peu après un gars déboule à pleine balle dans la descente en criant "Attention, attention", il a belle allure le gars , il a dû rater le départ me dis-je, puis en connectant 2 neurones je comprend que c'est le premier relais à 2 parti 1h après nous ... J'arrive enfin en bas de la descente, une petite remontée de 200+ nous attend pour nous remonter en haut des tremplins de saut, l'objectif est atteint, j'ai pas vraiment crampé. Comme prévu la montée améliore grandement les choses et je remonte quelques coureurs, pas facile car le chemin est étroit, je profite des coureurs en relais pour doubler dans leur sillage.
Arrivé en haut, la descente est d'abord technique, je me fais redoubler, puis roulante jusqu'au ravito, ça me va bien, je déroule et j'arrive enfin à St Nizier.
Pointage en 3h03, 317ème/350 à 45min derrière Julien
Saint Nizier - Autrans : 21km et 950+
Je prend bien le temps de me ravitailler, je remplis mes flasques et je repars dans la descente qui se poursuit , mais c'est bien roulant et pas trop raide au début donc je déroule bien sans me freiner pour soulager les cuisses, je prends la foulée d'un relayeur et on avance vite en doublant pas mal de monde puis d'un coup ça devient plus raide, j'ai à peine le temps de me dire qu'il faudrait que je ralentisse que je crampe direct aux deux cuisses, je me retrouve immobilisé de force au bord du chemin en tentant de m'étirer avec tous les autres coureurs qui me redoublent et qui doivent se demander qui est ce crétin qui courre comme un dératé en descente avant de se ramasser des crampes 200m plus loin ... Bref si je pouvais me cacher sous terre à ce moment là, je l'aurais fait
La fin de la descente est bien technique en plus, je peux à peine marcher, je rampe jusqu'en bas en attendant impatiemment la prochaine montée. Arrive enfin le petit barrage sur la rivière que l'on traverse pour remonter en face Les cuisses sont bien raides mais la douleur est très supportable donc j'attaque la montée de 800+ sur un bon rythme et je double beaucoup, le chemin est assez large donc c'est pas trop gênant. A la moitié de la montée on sort de la forêt, une petite fontaine pour prendre de l'eau et j'enchaîne rapidement. Le premier relais à 4 (parti 2h après nous) me rattrape, il a une sacré allure. On arrive à la Molière en passant par la piste de ski de fond, ça fait plaisir de retrouver un chemin connu et en plus c'est vraiment joli et même si le chemin est assez large c'est super sympa de courir dans ce coin là. Un peu de plat, 2km de faux-plat descendant et on attaque la dernière petite montée de 50d+ dans laquelle je double 2 relais à 2. Il reste ensuite 600- jusqu'au prochain ravito et je prie les dieux du trail que ce soit roulant et pas trop raide
Malheureusement le début est assez raide, j'y vais doucement, en marche arrière quand c'est pas technique mais je finis quand même par cramper au bout de 10min et pas mal de monde me redouble Le téléphone bipe lorsque l'on retrouve du réseau, tient un message des dieux du trail ? Non c'est les potes qui m'ont envoyé pleins de messages, ça fait chaud au cœur, l'avantage c'est qu'ils ont pas besoin que j'envoie des nouvelles pour comprendre ce qu'il se passe
Bref je continue doucement et au bout de 5min je tilte "Tient mais je suis en train de courir trottiner là ", je comprends pas trop ce qu'il se passe mais ça me permet d'avancer un peu mieux, je double même un coureur , puis un deuxième dans un passage plus raide en marche arrière J'espère que le gars n'a pas cru que je faisais ça pour le chambrer La fin est plus roulante, je peux trottiner et même courir sur la fin sans trop de douleur.
On arrive à Autrans pour le ravito avec pas mal de monde pour nous encourager, c'est sympa.
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Ma maman est même venu m'encourager, elle me ravitaille et me remplit mes flasques, j'ai vraiment une maman en or. Elle me demande si je suis sûr de vouloir continuer, les descentes sont moins longues sur la fin et je suis très frais à part les cuisses donc je décide de tenter le coup encore un peu.
Pointage en 5h50, 173ème/350 à 1h derrière Julien
Il est bon ce fromage :
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Autrans - Méaudre : 11km et 600+
Le début de cette portion est assez roulante, j'arrive bien à courir alors que les autres coureurs semblent déjà bien entamés et dans le dur, on enchaîne des petites montées et descentes avant d'attaquer la difficulté de 400+, je remonte toujours bien, d'abord sur un petit sentier puis en hors trace sur un passage balisé juste pour l'occasion, défriché un peu à l'arrache c'est un enchevêtrement de rochers et herbes avec pas mal de trous, assez piégeur notamment pour les bâtons ( Julien). A la montée ça passe bien mais dès qu'on a passé le sommet ça continue de même en descente et là impossible de passer en marche arrière, donc je déguste pas mal et me fais doubler à nouveau. Heureusement ce n'est pas très long et on tombe vite sur une piste large qui descend gentiment et sur laquelle je parviens à courir et recommence à doubler. On passe à côté de télésièges, signe que la station de Méaudre est pas loin, par contre pour y descendre ils nous font prendre la piste de ski droit dans la pente
Par chance c'est tout en herbe sans cailloux donc je peux descendre en marche arrière presque sans avoir à regarder où je vais. Un autre coureur semble en galère avec les descentes et fait des lacets sur la piste pour que ce soit moi raide, je l'invite à faire comme moi vu que c'est beaucoup plus rapide mais il a pas l'air convaincu
J'arrive donc assez vite au ravito de Méaudre, un spectateur me dit "Bravo t'as une belle allure !" je lui réponds "A l'intérieur c'est moins joli..."
Ma maman m'attend encore, elle me dit que j'ai rattrapé du temps sur mes prévisions, elle m'informe aussi qu'elle a vu Julien ("J'ai eu du mal à le reconnaître avec sa tenue toute bariolée" ) et qu'il a cassé ses bâtons et pris ses anciens bâtons de rando. Elle est désolée de lui avoir filé des enclumes avec des rondelles d'hiver, je lui dis qu'au pire si ça va pas il les lui rendra au prochain ravito.
Pointage en 7h20, 122ème/350 à 1h derrière Julien
Méaudre - Corrençon : 15km et 800+
Une montée qui se passe bien à gratter encore quelques places, la descente qui suit est pas raide et roulante, ça déroule bien pour ma part, rien de spécial à signaler. On fait 2km de bitume en descente avant d'arriver dans un petit village puis on continue sur la route mais en plat montant, obligés de marcher, c'est un peu longuet. Ensuite une longue portion un peu vallonnée, globalement en plat montant, sur cette portion je suis dans le dur, les crampes m'ont fait de bonnes courbatures et les cuisses piquent fortement, très douloureux quand je commence à courir et ça décroit au fil du temps. Le problème ici c'est que l'on court 100m, puis on marche dans la montée suivante, on recourt 100m, ... Donc je douille à chaque reprise de la course mais je refuse de marcher tout du long, on fait du trail pas de la marche nordique
Cette portion me parait interminable, je demande à un relayeur qui me double combien il reste jusqu'au ravito (alors que je le sais très bien mais j'espère un miracle), enfin arrive la descente (non pas que je sois content d'avoir une descente mais ça veut dire que le ravito est pas loin ), je descend doucement mais pas de crampes, juste ces foutues courbatures. Heureusement c'est pas très long et on arrive vite dans le village pour le ravito. Je croise Kaillou et ma maman, ils voient bien que je suis dans le dur même si j'essaie de faire bonne figure. Ma mère me propose à nouveau d'abandonner et de rentrer en voiture mais il ne reste que 20km et j'ai pas fait tout ça pour arrêter ici.
Pointage en 9h30, 84ème/350 à 55min derrière Julien, j'ai repris du temps
Corrençon - Villard : 6km et 300+
On repart direct par une montée, d'abord raide puis plus roulante, je double 2 coureurs dans la montée puis je ne vois plus personne à part des relayeurs qui me déposent avec une facilité déconcertante, j'aimerais bien avoir leurs cuisses à ce moment là. La descente se profile, elle est sympa, un petit chemin parsemé d'aiguille de pin qui serpente entre les sapins mais mes cuisses sont qu'une immense courbature, chaque appui est atroce, au bout de 10min j'ai les larmes aux yeux de douleur, je marche 30s pour récupérer puis je repars en trottinant sur la dernière portion moins raide mais je commence à me demander si je vais pouvoir aller au bout. 2 coureurs me doublent, on traverse une route et un bénévole me dit "A droite avant le poteau", mais je suis plus très net, je ne retiens que "droite" et "poteau" et fatalement je tourne après le poteau, heureusement le bénévole est vigilant et me crie "J'ai dit AVANT le poteau", je remonte et je prends le bon chemin.
Un petit plat et une remontée courte me permettent de remonter les 2 coureurs et d'arriver au ravito.
Pointage en 10h35, 78ème/350 à 50min derrière Julien, j'ai encore repris du temps
Ça me surprend car j'ai pas doublé autant de monde et j'ai eu l'impression de me traîner sur cette portion, je pense que j'ai gagné pas mal de temps au ravito.
Le sourire est un peu forcé :
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Villard - Arrivée : 14km et 600+
Je repars du ravito en lançant "Plus que 10km c'est ça ?" (je pensais avoir fait 10km depuis Corrençon), mais on me répond "Non il reste 14 bornes...". Je sors le profil pour confirmer cette info que je ne peux croire et ils ont raison, encore 14km
Mais bizarrement je commence à me sentir mieux, enfin les courbatures dans les cuisses diminuent un peu en intensité, le reste va toujours très bien :
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Sisi je cours là je vous jure !!
La montée se passe donc très bien, je remonte encore quelques places, dont un relais à 4 mais d'autres continuent à me déposer. On arrive sur un sentier à flanc de montagne, avec vue sur tout le plateau en contrebas, c'est étroit et technique mais très joli, j'arrive à garder une bonne allure et je fais route commune avec un relais à 2, en se relayant régulièrement. Cette portion est beaucoup plus longue que je pensais mais c'est tellement agréable que ça passe tout seul. Arrive enfin la dernière descente, la seule où je peux courir presque normalement avec une douleur supportable, je me fais donc bien plaisir et lâche même mon compagnon relayeur sur les portions plus planes ou qui remontent. Enfin le dernier champs à descendre, je vois l'arrivée en bas, je franchis la ligne et je retrouve Julien, Kaillou et ma maman
Pointage en 12h25, 69ème/350 à 50min derrière Julien
Bilan
A part les cuisses, je suis assez frais physiquement, pas entamé par l'effort, l'entraînement a bien payé
Le matos est impeccable également, le sac Salomon Sense est top, et j'avais encore plein de place dedans
Les chaussures, bâtons au top (les bâtons alu c'est plus solide que les carbones )
L'alimentation et l'hydratation également super bien
Le trail est super bien organisé, le parcours alterne le très bon et le moins bon, au final le TGV est quand même un gros cran au-dessus niveau paysages
Bref tout est validé sauf les crampes, j'ai eu bien le temps d'y penser et c'est difficile de trouver une cause, au final cette année j'ai crampé 4 fois sur les 4 courses "objectif" et rien sur les autres, peut-être est-ce les périodes de repos avant course qui me réussissent pas ou les bâtons (hors de question de m'en passer toute une course, peut-être sur la première montée ?).
Hier soir et aujourd'hui pas trop de fatigue mais les pires courbatures que j'ai jamais eu aux cuisses, impossible de marcher à plus de 0,5km/h et je lutte pour faire plus de 10m