CR Marathon Maxi-Race
Contexte :
A la base je n'avais pas prévu de courses sur ce week-end vu que je boycotte qu'elle tombe à une période où je suis en récup normalement. Mais cette année j'ai beaucoup plus couru cet hiver et à la reprise début mai après ma pause post saison de ski, j'avais une bonne forme et j'ai pu envoyer de grosses séances assez rapidement.
Lorsque Parinou a proposé son dossard il y a quelques semaines j'ai donc sauté sur l'occasion de tester ma forme sur le marathon. Je tiens d'ailleurs à remercier Parinou pour cette proposition
Ces dernières semaines à l'entraînement je sens que je tiens la meilleure forme de ma vie, je pense pouvoir faire une bonne perf (je vise le sub5h), le seul point qui me fait peur c'est les crampes
La course :
Nous voici donc avec l'équipe HFR au départ du marathon chauds bouillants après avoir vu les XLers perfer la veille
Étant donné que l'on est 1600 au départ et qu'il n'y a que 3km de plat avant d'attaquer la première montée en single, on se place tout devant derrière les élites pour éviter de trop bouchonner. Nous avons le dossard de Chou Andy récupéré la veille (pendant qu'il faisait la fête à son mariage), mais point de Chou à l'horizon, alors que l'on s'apprête à laisser le dossard sur le bord du sas, Chou Andy se pointe enfin à 5min du départ juste à temps pour rentrer dans le sas.
Le départ est donné, ça part assez vite devant, je suis pendant 500m avant de plafonner et de ralentir un poil pour éviter d'exploser en vol. Les 3 premiers kilos sont avalés en 12min (heureusement que j'ai ralenti ) et arrive enfin le début de la montée. Je sors vite les bâtons même si la montée est roulante, on courre tout le long mais les bâtons m'aident bien. Mon départ rapide m'a bien aidé, la vitesse des autres coureurs me convient et je n'ai pas besoin de doubler, on passe quelques concurrents partis trop vite et quelques flèches nous dépassent également.
Je gère cette première montée, ma tactique étant de rester sage jusqu'à Menthon (km 26) et d'envoyer la purée sur les 15 derniers kilos. Je suis le plan d'alimentation à la lettre, la montre sonne toutes les 6min pour me dire de boire et toutes les 45min je prend une barre ou un gel. On passe le col de la Forclaz (8km 700d+) en 50min et on attaque une petite descente bien roulante de 150d-, sur la fin je sens les quadris qui tirent un peu, j'ai un mauvais pressentiment mais pas trop le temps de tergiverser, on passe le premier point d'eau et on attaque la montée suivante. Je remplis une flasque et on enchaine, on commence à rattraper les derniers coureurs de la XL partis une heure avant nous, la journée va être très longue pour eux (et pour moi aussi mais je le sais pas encore ).
On passe le premier pointage en 1h18 (11.5km 1050d+), je visais 1h15, mais on m'annonce 42ème ce qui est mieux que ce que je pensais donc je reste confiant, d'autant plus que sans vraiment changer de rythme je commence à remonter des coureurs. Une nouvelle petite descente arrive, j'essaye de pas trop forcer pour préserver les cuisses, mais idem arrivé en bas après 150d- ça tire de nouveau, heureusement ça recommence à monter rapidement.
Cette dernière portion de montée précède une descente raide, cassante et longue (mais pas technique) donc je décide de marcher pour m'économiser et aborder la descente en étant le plus frais possible. Un peu avant le sommet je double Victor (ex-coloc de Tyler) qui est sur la XL et je l'encourage, il a l'air bien frais. Au sommet nouveau point de contrôle, je suis bippé en 1h50 et 32ème position (15km 1450d+), pile poil dans le temps de passage que j'avais envisagé.
Je range les bâtons sur la première portion en plat descendant bien sympa dans une prairie, puis on attaque la descente de merde sur un gros chemin large constitué de gros cailloux et bien raide. Je prends un rythme prudent mais je sens que les cuisses chauffent de plus en plus, je double Tanguy qui est frais mais qui est obligé de marcher à cause de son pied. Et 500m plus loin la sanction tombe : crampes aux 2 cuisses
Je marche 50m, je m'arrête 30s, je marche 50m, je m'arrête 30s, ... Au bout de 10min je me rend compte que j'irais pas bien loin comme ça, je ressors les bâtons et m'en sers de cannes pour claudiquer vers le bas de la descente. J'avais eu exactement le même soucis au trail des Glières il y a 2 ans, j'avais dû abandonner au bout de 15km, mais cette fois j'ai qu'une idée en tête, aller au bout coûte que coûte : je pense à Parinou qui n'a pas pu prendre le départ à cause de ses problèmes de dos et je me dis que je peux pas m'arrêter là, je dois aller au bout pour lui La perspective des 25km restant me réjouis pas vraiment, j'espère secrètement que ça ira mieux plus tard.
Je commence à me faire rouler dessus par tout le peloton du marathon, un copain qui fait la XL me double (il m'avouera à la fin de la course qu'à ce moment il me voyait pas du tout rejoindre l'arrivée), puis Duckjerry, puis Chou Andy, puis Victor, puis Tanguy. La descente me parait interminable, j'en profite pour échanger quelques sms avec Parinou qui me remotive bien
Après presque une heure de souffrance j'arrive au point d'eau au km21, je remplis mes flasques, et je reprend mon chemin de croix. Passage en 2h45 et 214ème, je suis surpris que le boucher ne m'ait pas déjà doublé, je me dis qu'il a dû me passer pendant que je faisais le plein d'eau.
Après encore quelques descentes, il y a 2 ou 3 bosses, je m'arrête 5min en bas pour m'étirer (au passage merci à tous les coureurs qui m'ont encouragé et demandé si tout allait bien, esprit trail toussa ) et en repartant dans la montée ça va mieux d'un coup, je me met même à courir et je redouble pas mal de monde, je reprend Tanguy et Victor à qui j'annonce fièrement "C'est bon les gars, c'est reparti ". 500m plus loin la descente reprend et au bout de 3min les crampes font de même
Tous les gens que j'ai remonté me redoublent de nouveau, j'arrive au ravito en boitant misérablement devant le regard rempli de pitié des spectateurs qui osent à peine m'encourager. Passage en 3h27 et 252ème à l'entrée (26.5km 1700d+). Je retrouve Burblee à l'intérieur qui est mal en point également, je prend le temps de bien me ravitailler, on discute un peu et on se motive à repartir ensemble. J'ai fait une pause de 12min, je repars en 340ème position.
Il reste 15km et 1000d+ / 1000d-. On attaque la montée en marchant et petit à petit je me sens de mieux en mieux, je dis à Burblee que je prend un peu d'avant dans la montée et qu'on se reverra en descente et je commence à accélérer gentiment. Physiquement je suis super frais, et en montée la douleur dans les cuisses est supportable, je me retrouve rapidement à courir et à remonter pas mal de monde. Plus la montée avance et plus j'appuie, tout répond super bien, je double des wagons entiers de coureurs (pas forcément évident vu qu'une bonne partie de la montée est en single), le moral remonte un peu. Un peu avant le sommet, une petite descente de 50m d- réveille les crampes
En bas je reprend la montée en marchant et petit à petit ça s'estompe, je recommence à trottiner puis à courir et j'aperçois Duckjerry devant, je suis surpris je le pensais bien plus loin, il m'annonce qu'il est cuit, je le remotive, la descente c'est pour bientôt (moi ça me motive pas vraiment quand les spectateurs m'annoncent ça ). Puis 5min après je rattrape Chou Andy qui est toujours facile, ne force pas, je lui donne rendez-vous dans la descente mais il m'annonce vouloir faire une pause au sommet pour manger un sandwich Je lui fais vite passer l'envie en lui annonçant qu'il ne restera que 5km, 1000md- et 25min, prévision digne des meilleurs bénévoles . Et là je repense à Perrout et son prono, je me dis "Eh mais il a le tiercé de tête", puis je me souviens qu'il reste la descente
Je passe au sommet en 4h55 et 114ème (35km 2700d+) mais j'appréhende vraiment la descente à venir (Verticale Race à l'envers). Heureusement, Robin des genoux dans le gifs m'attend là-haut et m'accompagne un bout, ça m'aide à surmonter la douleur (j'ai l'impression qu'on me plante un poignard dans les cuisses à chaque pas), dans les passages les plus raides je descend en marche arrière, je vais plus vite et en plus j'ai moins mal. Il me laisse à 3km de l'arrivée pour attendre les suivants (Burblee qui en aura bien besoin aussi).
Me retrouver seul est dur pour le moral, j'ai plus de mal à supporter la douleur, c'est une véritable descente aux enfers, j'ai la tête qui tourne, des fourmis dans les mains à force de peser de ton mon poids sur les bâtons, j'ai l'impression d'être au bout de ma vie Chou Andy me dépose (comme pas mal d'autres d'ailleurs) et va me coller 15min en 2km Je me force à ne pas m'arrêter, si j'avance au moins j'arriverais bien en bas à un moment ou à un autre. Ça me parait interminable, cette descente qu'on fait toutes les semaines à l'entraînement en 25-30min me prend 50min et enfin j'arrive en bas, il reste un bon kilomètre de bitume à plat et c'est l'arrivée.
Et comme à chaque fois, je marche, puis je trottine, je cours et je finis même en sprint pour taper 2 concurrents 1m avant la ligne
Finish en 5h46 151ème (41km 2750d+)
Lien Strava
Je m'effondre après la ligne, épuisé d'avoir enduré tant de souffrances dans les descentes, j'en ai jamais autant chié sur une course mais très content de retrouver la team à l'arrivée qui me réconforte.
Bilan :
Forcément je suis un peu déçu de ne pas avoir pu donner ton mon potentiel mais très content d'être allé au bout malgré tout. Je pense que j'ai payé le manque d'échauffement surtout vu le départ très rapide ou alors c'est la malédiction du sub5h
En tout cas ça conforte bien le planning prévu de la saison : plus de long à intensité moindre et peu de courses courtes pour la perf (j'irai quand même mettre une branlée à Julien à Courchevel )
Encore un grand merci à Parinou pour son dossard et ses messages d'encouragement pendant la course
Et désolé Perrout d'avoir fait foirer ton "easiest prono ever"