Pavé incoming
CR Cross MB 2014
Départ d'Annecy vendredi en début d'aprem avec mon frère qui court le cross aussi. On pose les valises à la maison puis on va récupérer les dossards au village. Cette année ils ont un peu mieux géré les T-shirts, on nous donne direct le bon T-shirt à la bonne taille (bon d'après Antoine ce ne fut pas le cas pour tout le monde ...).
On décide ensuite d'aller voir le KMV, ce sera l'occasion d'encourager Tyler, sauf que comme un gland je pensais que le départ était à 18h alors que ça partait à 16h, donc forcément on a raté son passage . On se positionne après la portion bitumée, lorsque les lacets commencent sur le sentier (faudrait pas non plus se fatiguer pour le lendemain), juste à temps pour voir passer les élites. Faut croire que c'est une bonne place vu que 5min plus tard Emelie Forsberg et Nuria Picas viennent se poser juste à coté de nous . Emelie est très jolie mais ne paye pas de mine, elle est toute menue, elle encourage quelques filles puis redescend prendre le télécabine pour monter voir Tyler, Parinou et Vignass Kilian à l'arrivée.
La vitesse des élites est impressionnante, on dirait qu'ils courent sur du plat , mais pas facile de dire qui est le plus rapide. Seul Kilian dénote, déjà on l'entend arriver 5min avant son passage par la clameur dans le public (punaise comment ça doit être jouissif pour lui de courir dans cette ambiance) et puis il est tout sourire, il regarde à droite et à gauche, fait un détour pour aller dire bonjour à Nuria (limite s'il lui tape pas la bise), là on se dit qu'il est en balade et se réserve pour le MMB mais sur l'écran géant on le voit gagner quelques minutes plus tard, ce gars est vraiment un OVNI, tant par sa caisse que par son approche de la compétition .
De retour à la maison on fait tous les préparatifs pour le lendemain, on engloutit la ration de pâtes règelmentaire et au dodo.
Petit rappel des objectifs (parce que quand même on est pas là pour enfiler des perles ) :
- Refaire cette course qui fut mon premier trail il y a 2 ans et que j'avais fini en marchant la faute à des crampes au mollet, mais depuis j'ai progressé, les crampes c'est pour les noobs
- Pour les objectifs de temps je me base sur un collègue fondeur qui a mis 2h34 l'an dernier et qui a fini dans les 70ème, ça me semble très ambitieux mais j'ai une bonne prépa cette année, et je l'ai battu de peu au dernier KMV. Donc je vise 2h40. Suite à la modif du parcours, je rectifie à 2h45, selon l'organisation ça ne change pas grand chose donc 5min devraient suffire
Reveil à 5h, pas super bien dormi, le stress a fait son oeuvre, petit déj avec crème et cake sport puis retour au lit jusqu'à 6h. A 6h30 on se met en route pour le départ.
On dépose nos sacs vestiaire et on part s'échauffer 20min, les jambes répondent super bien, c'est bon signe. On se place aux premières loges juste derrière les élites pour pas bouchonner, petit briefing et top départ, c'est parti.
Évidement ça part comme des fous devant, j'essaie de pas trop me faire larguer, je sens que je suis un peu en surrégime mais bon le Cross c'est 50% de roulant donc pour faire un temps il faut pas lambiner au début. J'en chie donc comme un saint-Bernard qui ferait la course avec des lévriers pendant 4km avant que l'on attaque les premières bosses qui me permettent de souffler et de reprendre les quelques places perdues depuis le départ.
Le Lavancher 6,1km 206m D+ : 26min 70ème
Je commence à vraiment me faire plaisir dans ces portions alternant plat, montée et descente, je me fais doubler par quelques coureurs sur le plat et je les redouble en montée, ça m'énerve un peu et je pense que ça doit énerver les autres aussi . Je suis surpris de voir aussi peu de coureurs autour de moi, je ne suis pas du tout gêné comme au MMB l'an dernier ou au Cross il y a deux ans, il y a même quelques croisements où je suis tout seul et je dois donc faire gaffe au balisage, puis enfin on arrive en vue de Tré le Champs que j'attendais avec impatience, je commence à plafonner sérieusement sur les portions planes.
Tré le Champs 12,6km 432m D+ : 1h03 60ème
Au ravito je fais remplir mon bidon, comme il me reste un fond de boisson dedans je me dis "Pas besoin de remettre une pastille, ça suffira", grave erreur, en plus le bénévole ne remplit pas la gourde à fond mais je suis trop pressé de repartir.
Je regarde le chrono qui indique 1h04, incroyable, je visais 1h12, mouais à la rélfexion ne suis-je pas parti un peu vite ? Pas le temps de tergiverser, on enchaîne sur la fameuse passerelle qui nous permet de traverser la route, je l'aperçois et ... mais c'est pas une passerelle !! C'est un échafaudage leur truc Bon on monte donc les 2 étages d'escalier, on traverse puis on redescend tout ça, je courre tout du long, ça fait un gros bruit de métal mais je m'en fous et je double 3 concurrents qui osent pas courir. On enchaîne sur une portion bien roulante, puis enfin arrive la montée, pas trop raide mais en lacet donc assez longue, j'essaye d'en profiter pour manger une barre mais ça passe pas très bien, je suis un peu trop dans les tours, un gel aurait été plus judicieux. Au sommet je demande le chemin à un randonneur et je me lance dans la descente, taihooooo
Je me rends vite compte qu'en fait c'est un vrai chemin de montagne assez technique, pas facile de se lâcher, les jambes en prennent un coup, je double un seul coureur et je ne verrai personne d'autre. Enfin on récupère le chemin habituel en plat montant, ça va mieux pendant 15m avant que je choppe une crampe dans le mollet droit, et merde !! Je soulage la jambe droite et 15m plus loin bingo, la crampe dans le mollet gauche, comme ça pas de jaloux Je suis vraiment dégoûté, j'ai vraiment tout fait pour éviter ça, je sais que je suis en bonne position et que ça va tout gâcher. Je sors ma gourde, il me reste 15cl et plus de 30min pour atteindre le prochain ravito, un rapide calcul me confirme que je suis dans le pâté, à ce moment là je suis à 2 doigts de me jeter dans le ravin .
Je tente alors le tout pour le tout, je met une pastille dans mon restant de bidon et décide de marcher rapidement, de toutes façons il n'y a quasi que de la montée jusqu'au prochain ravito. Ma boisson est super concentrée, ça pique la gorge et il me reste que quelques gorgées, mais soudain , "Et mais il y avait pas un torrent pas loin de là les années précédentes ?". Je prie pour qu'il ne soit pas dans la partie que l'on a shuntée, et au détour d'un virage on entend de l'eau couler je suis sauvé !! Je remplis donc mon bidon et en avant guimgamp, le moral est reboosté, je double quelques coureurs dans la montée finale vers la Flégère.
Mon père est là pour m'encourager, je fais bonne figure pour la photo mais juste avant le ravito il y a un replat, je tente de courir et bim crampes aux 2 mollets, la fin va être longue je sens.
La Flégère 18,9km 1169m D+ : 2h03 45ème
Je suis encore largement dans les temps mais la fin est plus roulante, je sais d'expérience que si on ne peut pas courir c'est le chemin de croix, l'objectif maintenant c'est donc de limiter la casse.
Je fais remplir mon bidon, je précise bien d'en mettre jusqu'au bord et je mets une pastille dedans, je fais des conneries mais j'apprends vite .
J'engloutis 3 verres d'Isostar, je demande aux secouristes s'ils ont des trucs contre les crampes, "Oui, il y a des masseuses dans le refuge là", t'as raison toi et gâcher tous mes efforts ??!! J'enchaîne donc rapidement et la petite pause a fait son effet, je peux courir, pas très vite mais je peux courir. Je repère deux gars qui partent avec moi en me disant "Faudra que je regarde leur temps pour voir ce que j'aurais pu faire sans mes crampes".
Je me cale derrière un groupe et je trottine très relâché (l'avantage d'avoir souvent des crampes c'est qu'on apprend à courir avec), j'arrive à peu près à suivre le rythme, je marche dans les montées mais en courant ils ne vont pas plus vite. D'un côté j'ai l'impression de me traîner avec encore de bonnes jambes mais de l'autre je perds presque pas de places, je tente de contenir ma frustration et de me concentrer sur mes mollets, j'attends avec impatience la dernière montée pour pouvoir lâcher les chevaux.
Enfin on commence à entendre le speaker de l'arrivée et arrive la dernière descente avant le raidard final, je courre sans me retenir pour préserver les mollets et du coup je double 2 coureurs, wahou !! D'en bas on voit l'arche d'arrivée à son nouvel emplacement, ça va ça rajoute pas grand chose, ça devrait le faire.
En montée j'ai pas trop de soucis aux mollets donc j'attaque à bloc, bien décidé à réveiller les cuisses qui dorment depuis 40min et j'aperçois soudain juste devant les deux gars que j'avais repéré à la Flégère comme temps référence à regarder. Gros coup de boost au moral, j'arrive même à courir un peu dans la montée, on bifurque à droite dans un champs dré dans le pentu pour atteindre l'arrivée, je vois devant moi un coureur avec un bandage ensanglanté sur le genou, bon par respect pour les handicapés je vais le laisser finir devant, ça c'est ce que je me suis dit pendant 2s avant de le déposer sans aucun remord . Je finis à 4 pattes dans les derniers mètres tellement c'est raide et m'écroule une fois la ligne franchie. Je regarde la télé qui affiche le classement en live :
Planpraz 23,9km 1500m D+ : 2h42 46ème/1500
Lien Strava, on voit bien que les puls ont bien baissé la dernière heure.
Sentiment mitigé, d'un côté je suis super content de mon temps et classement et de l'autre je sais que sans les crampes j'aurais pu faire mieux. Mais bon après tout les crampes ça fait partie des capacités physique, mes jambes n'étaient pas capables d'aller plus vite c'est tout.
Je me ravitaille un peu, je vais me changer, je retrouve mon pote fondeur qui a mis cette année 2h54 donc 20min de plus que l'an dernier, mon estimation de 5min de plus avec le nouveau parcours était un peu optimiste ! Je me dis que le sub5h pour les marathoniens du lendemain va être très dur à aller chercher. J'ai juste le temps de remonter à l'arrivée pour voir passer mon frère qui termine dans un très beau 3h21, dans le même temps qu'il y a deux ans mais vu le parcours c'est bien mieux et il est 260ème, pas mal pour quelqu'un qui a repris le sport il y a 2 ans et qui a accumulé les blessures depuis.
L'après-midi on va voir la remise des prix du Cross et du 80km, ça fait bizarre d'entendre les hymnes pour les vainqueurs du 80km (Championnats de Sky Running oblige).
En soirée je rejoins Vignass, Laurette, Parinou et La Poutance pour le dessert et leur glisse quelques conseils sur le parcours (même si celui-ci a été largement remanié).
Ce matin je me motive pour aller voir le départ du marathon, surprise il ne pleut pas (encore !), je retrouve la petite troupe (seul Antoine manque à l'appel) :
Je leur souhaite une bonne course et vais me placer quelques kilomètres plus loin pour les voir passer. Il commence à pleuvoir et pas qu'un peu, c'est des trombes d'eau qui tombent, franchement respect à tous pour avoir fini dans ces conditions dantesques.
Les premiers déboulent déjà à une vitesse dingue, Kilian semble moins à l'aise que lors du KMV et tout le monde est déjà détrempé. La file de coureurs est ininterrompue et s'élargit de plus en plus, c'est maintenant plus de 20 coureurs à la secondes qui passent. Je me dis que je suis mal barré pour trouver les coureurs HFR et je décide donc d'une stratégie : c'est La Poutance qui doit passer en premier logiquement (vu que je ne sais pas à quoi ressemble Antoine) et je sais qu'il a une veste rouge, je me focalise donc sur les coureurs en rouge, il y en a plus que 5 à la seconde à dévisager, facile !! Finalement je le repère, l'encourage, j'entend quelqu'un qui m'appelle mais le voit pas dans la foule, c'était Vignass je pense, et juste derrière je vois Laurette qui passe à son tour. Je n'ai pas aperçu Parinou mais 2,5 sur 4 coureurs c'est pas mal vu le peuple.
Voilà, ceux qui m'ont lu jusqu'ici bravo, c'était bien long