CR fleuve SainteLyon 2013
As-tu vraiment envie d’aller faire cette course tout à l’heure? Toute la nuit, dans le froid, sans rien à regarder autour? Pourquoi tu t’es inscrit déjà? Parce que c’est une classique? Ou tu as été pris dans la tornade d’inscriptions HFR? Ou tu voulais des points pour la CCC que tu ne feras finalement pas l’an prochain? Idée de con tiens
Voilà grosso modo ce qui a occupé mon esprit pendant les 2h de TGV Paris-Lyon. Surtout quand la réponse est clair comme du jus de boudin et que les dernières séances d’affutage ont été laborieuses, sans jambes, sans souffle, un genou qui commence à faire mal, un stress pas croyable que je ne m’explique toujours pas. Peut-être le fait de m’être donné un objectif qui me paraissait « ambitieux », à savoir la Sainte d’argent et ses sub 9h, mais au fond je voulais bien accrocher le sub8h…et tant qu’à faire sub 8h…pourquoi pas une sainte d’or si tout se passe bien…mais le vrai objectif était la Sainte d’argent, et surtout, pour une fois, essayer de tout donner sur une course longue.
C’est donc sur une base mentale assez bancale que je rejoins Parinou (merci pour le dossard mec!) et laurette à Lyon, en dépit d’une prépa made in Heubi customisée maison qui est super bien passée, et l’Intégrale des causses 5 semaines avant en accompagnement que j’aurai finalement pas mal digérée et qui auraient du me booster.
L'avant course:
On arrive à Saint-Etienne avec parinou et Laurette, on y rejoint le reste des HFR-iens du 75, tyler, tanguy, perrout (merci de t’être proposé pour le dossard et de m’avoir sauvé la pasta party! ) et victor, le pote à Tyler. On pense que l’attente jusqu’au départ va être longue, mais finalement, le temps de manger, d’aller se mettre au chaud, escales techniques (qui me stressera puisque pas de popo pour moi, ce qui est anormal ), de se changer et tout, finalement l’heure du départ arrive assez vite. Tellement vite que lorsqu’on se pointe vers le sas 7-9h (on pose les ballz sur HFR ), ça dégueule de monde. On resquille un peu pour se retrouver idéalement placés.
Début de course:
On passe finalement la ligne de départ en un peu moins de 2 min, et il faudra bien 300-500m pour que ça se décante et que l’on puisse courir comme on veut.
Là, le stresse qui me tiraillait depuis 10 jours s’envole, j’y suis et j’ai dit que j’y allais pour tout donner, donc je donne et j’essaie de monter tranquillement vers 12km/h, bref footing rapide sans se cramer, la stratégie que je voulais suivre. En gros chacal que je suis, je ne me retournerai jamais vers les copains, même si j’y pense en espérant que tous fassent une bonne course. Je regarde juste autour si je vois un visage connu, mais j’avais décidé d’aller à mon rythme, de ne pas me chercher d’excuse pour ralentir. Juste moi face à mon objectif, bien décidé à l’assumer.
Départ - St Christo
Ca déroule pas mal sur toute la partie goudronnée du début, y compris sur les premiers faux plats montants que j’arrive à avaler plutôt correctement, avec toujours un oeil sur le cardio pour éviter l’enflammage du début de course et éviter d’accélrer sans arrêt en remontant des coureurs. C’est dommage de ne pas avoir son classement au départ d’ailleurs, j’aurai bien aimé savoir combien de personnes j’ai pu remonter sur cette première partie.
Jusque Sorbiers tout va bien, puis arrivent enfin les premiers sentiers, et les premières plaques de verglas. « gaffe à gauche!! » « ‘tention à droiiiiite!! » ça glisse à tout va et me rend vite compte que ça va pas être évident d’avancer à bon rythme là dessus, mais j’essaie de ralentir le moins possible, ce qui me vaudra assez rapidement une première chute, sans gravité. Elle sera suivie par 2 autres je crois, mais ça ne me refroidit pas. J’attaque quand même, surtout sur les parties enneigées où l’adhérence est par contre excellente.
Je double plusieurs coureurs arrêtés sur le côté qui mettent/enlèvent leur chaines, ce qui me conforte dans mon choix de ne pas utiliser ça: je ne me serai pas vu les mettre et retirer tout le temps, vu la diversité des revêtements.
Je suis bien en cannes, donc j’avance, marche dans les montées les plus longues ou pentues, et trottine dès que c’est du faux plat. J’essaie d’envoyer en descente avec plus de prudence qu’à l’habitude quand même. Je gère la frontale à l’économie (mini en montée, moyen en descente/plat, éteinte en ville )
J’arrive à St Christo en 1h31, un chouille en avance sur mon plan de marche Sainte d’or, et passe le ravito sans m’arrêter.
Saint Christo - Sainte Catherine
Bon là, j’ai plus vraiment de souvenirs de cette partie de course à vrai dire
Il fait nuit, je ne vois rien autour, mais je suis bien dans la course, je remonte des gens, pas de soucis de jambes, de fatigue ou autre, donc tout va bien. J’arrive à Ste Catherine en 3h01, toujours en avance sur mon plan secret pour conquérir le monde
J’avais décidé de m’y arrêter pour remplir les gourdes, mais de perdre le moins de temps possible. Je fais donc au plus vite, et repars du ravito pour attaquer…mon gros passage à vide.
Ste Catherine - St Genoux
A peine sorti du ravito, j’ai l’impression qu’il fait -15 dehors, et j’ai beaucoup de mal à me remettre à courir correctement. Les sensations sont mauvaises, et la première petit montée après le ravito me mettra vraiment à mal. Je n’avance plus, des gens me doublent, mon genou gauche qui me titillait pendant la dernière semaine commence à me faire mal, et mon mollet droit a une folle envie de crampe
Du coup, le mental s’y met aussi. Je cogite, je ne comprends pas ce qui m’arrive. J’ai bien bu, j’ai mangé régulièrement, j’ai fait gaffe à ne pas trop forcer, pourtant je suis claqué, sans énergie ni rien.
« Merde, c’est peut-être la course de trop cette année finalement, les Templiers avant c’était peut-être une idée à la con…pis t’as mal au genou, tu pourrais t’arrêter. Un abandon pour blessure c’est pas vraiment grave quand même, personne ne t’en voudras. Prochain ravito tu rentres au chaud en bus…».
Et tout ça arrive pendant la effectivement terrible montée du bois d’Arfeuille, dans laquelle j’ai l’impression de faire du surplace.
Mais non, je me suis déjà mangé les baloches en ayant abandonné sans vraie bonne raison sur une course, c’est fini ce genre de conneries. Pas question de reculer à la moindre difficulté sinon tu réussira jamais une course. Je fais le dos rond, laisse passer la tempête, et finalement une fois en haut de cette montée, je me force à relancer, et je sens la forme revenir. Je voulais initialement sauter ce ravito, mais j’y ferai finalement une rapide escale pour reprendre un peu d’eau, et surtout y boire deux tasses de thé chaud qui me feront un bien fou.
J’arrive donc à St Genoux remonté comme un coucou, mais en 4h30, soit bien en dehors des clous pour objectif secret. Pas grave, on calcule pas et en envoie ce que l’on peut, advienne que pourra, et les 8h sont toujours à portée.
St Genoux - Soucieu
J’avais en tête le profil de la course, et je savais que ça allait encore être un peu cassant après le ravito. Je commence à avoir du mal à mastiquer mes barres rendues assez compactes par le froid, et enquille mon premier gel Gü gadé au chaud dans une poche et qui, hasard ou pas, a coïncidé avec le retour définitif de la forme et de la niaque. Aller plus que 30 bornes à faire, tu te sors les doigts et tu vas chercher ce pour quoi t’es venu!
J’essaie de passer la partie encore bien bosselée en laissant le moins de forces possibles, car je savais que j’allais avoir besoin de mes jambes ensuite sur toute la partie descendante pour grapiller du temps. Les chemins deviennent plus praticables, parfois bien boueux en forêt, avec des pierres glissantes à souhait, mais c’est pas grave, je prends de plus en plus de risque et j’y vais franco.
Je zieute les dossards des mecs qui me doublent pour voir si ce sont des solos ou des relais, bien décidé à ne pas me laisser doubler par un solo.
Le ravito de Soucieu arrive assez rapidement, mais je n’aurai finalement pas repris de temps puisque j’y pointe en 5h54. La faute entre autre à mon genou toujours douloureux, et surtout mon mollet droit qui m’oblige régulièrement à m’arrêter pour l’étirer et appuyer bien fort dessus pour faire passer la crampe. J’hésite même à baisser les booster en me demandant si ça venait pas là…A moins que ce soient eux qui évitent que la crampe explose complètement…finalement je ne toucherai à rien. L’heure de passage me booste quand même le moral, puisqu’il reste 20 bornes, il suffit de les faire à 10 à l’heure et c’est bon. Et sur le moment ça me parait carrément jouable. Optimiste je suis.
Je passe pas mal de temps sur ce ravito (environ 6 ou 7 min je pense, donc de loin la plus longue pause que j’aurai faite) car je préfère y changer en avance ma batterie de frontale pour éviter la panne plus tard. J’avais prévu ça depuis le début de la course, histoire de pouvoir l’allumer plus fort sans crainte sur la fin de course quand je serai moins lucide. J’avais gardé la batterie de rechange au chaud dans une poche du gilet, donc facilement accessible et en ayant évité la décharge dues au froid. 2 gobelets de thé, gourdes remplies avec de la poudre, et c’est maintenant qu’on s’accroche.
Soucieu - Beaunant
Je repars super motivé, en pensant à voix haute
« Aller tu t’accroches et tu déconnes pas. T’as 20 bornes à faire, 10 à l’heure, tu peux le faire, tu t’enflammes pas pour éviter l’explosion mais tu t’accroches ».
J’essaie de garder un maximum de rythme. Je prévois de reprendre un autre gel sur la première partie légèrement montante, mais finalement cette portion s’avèrera plus longue que prévue. Je pense que l’un des panneaux indiquant « Arrivée à XX kms » était mal placé, mais ça aura au moins eu l’intérêt de me donner du baume au coeur pendant quelques minutes. Bon par contre j’ai faim, mais ne veux pas manger de barres…tant pis, c’est juste l’estomac, t’as du sucre dans le sang donc ça va.
On commence à traverser de plus en plus de patelins, et donc à faire de plus en plus de bitume, et je sens les articulations qui commencent à se plaindre, avec toujours le genou qui pique et surtout le mollet qui crampe, qui m’oblige à m’arrêter régulièrement pour l’étirer, cassant bien mon rythme sur les parties roulantes. J’arrive à Beaunant à 7h23, sachant que le sub8h était hors d’atteinte maintenant.
Beaunant- Arrivée
Pas grave, fuck le sub8h, je fais comme prévu, je saute le ravito, prends mon gel mulebar avant la terrible (surtout par son positionnement en fin de course) montée de l’aqueduc et passe en mode bourrin, la respiration super bruyante à mi-chemin entre le grognement et le râle animal par moment. Bon finalement ce gel me filera plutôt des sensations de légère hypoglycémie (pic d’insuline?) au lieu de me filer le gros coup de boost attendu. L’un dans l’autre, ça n’aurait pas changé grand chose dans la montée à vrai dire
La fin de la montée se transforme en léger faux plat, mais qui ne veut pas en finir. Une superbe vue sur le Rhone, Lyon et le massif alpin éclairés par le soleil levant s’offre à moi. Enfin un joli point de vue sur cette course!
J’attends avec impatience la descente dans laquelle je lâche tout, tant pis pour les articulations! Les derniers kilos tout plats seront avalés au forceps, pour enfin passer la ligne en 8h07 bien bien lessivé
Niveau technique, pas une seule pause pipi de la course malgré tout ce que j'ai pu boire.
Après course
J’irai m’allonger un peu par terre le temps de réaliser que je viens de faire une belle course, peu importe les objectifs secrets un peu chauds.
Je termine bien fatigué, plus que sur n’importe quelle autre course courue jusque là je pense, c’est ce que je voulais, j’ai donné ce que j’avais aujourd’hui, je suis content
Je vais épancher la faim qui me tiraillait depuis Soucieu au mini-buffet de l’arrivée, avec une bonne dizaine de madeleines, autant de pâtes de fruit et un litre de thé.
Je récupère le TS finisher que je trouve sympa, tourne encore un peu en rond dans le palais des sports de Gerland. Direction les osthéo (15 min à poireauter avant de passer), histoire de profiter de ce qui est proposé, récupère le « panier repas » miteux de l’orga (un bout de main, 2 mandarines, et des noodles jap avec de l’eau chaude pas vraiment chaude…bref), ma valise sous une tente qui fuit, laisse tomber les douches qui nécessitent d’aller je sais pas où dehors et me change dans le palais des sports.
Je croise Perrout, bien lessivé mais content de sa course qui filera chez son pote, et enfin Tyler qui m’apprendra son super temps. On attendra les autres de la team HFR ensemble bon sauf Tanguy dont…tyler je crois m’apprend le chemin de croix. Le temps de récupérer les bagages, laurette et moi filons vers la gare nous enfiler un bon gros burger au Quick (bon OK, 3 bons burgers pour moi ).
Bon j’ai rarement eu mal comme ça aux jambes après une course, je pense que la dureté des revêtements rencontrés y est pour beaucoup. Les chaussettes de recup et le massage à l’huile d’arnica ont bien soulagé les muscles qui picotent juste légèrement le lendemain matin, au contraire du genou qui se fait encore bien sentir. Il aura donc droit à sa poche de glace régulièrement. Sinon, une fois le sommeil rattrapé (au pieu à 22h dimanche soir histoire d’assurer ce matin au taff ;D), ça va pas si mal. Le corps humain est formidable
Conclusion
Je pense que je ne referai jamais cette course, pas par dégout, mais plutôt par manque d’intérêt profond en dehors de son côté classique et de la tronche des gens à qui tu annonces que tu vas cavaler 75kms en pleine nuit par -2°C
Au final, c’est fun de courir de nuit et tout, mais je ne retiens quasiment rien du parcours…
Je suis malgré tout content de l’avoir faite, l’orga était globalement pas mal, la rencontre HFR fort sympathique, et puis bon…voilà quoi, la Saintelyon, c’est fait
Les liens strava et movescount
Retour matos
J'ai beaucoup hésité sur la tenue, au final j'ai fait: collant et maillot wintertrail raidlight, TS manches courtes en dessous, booster et gilet softshell. Bonnet, buff et gros gants. Coupe vent dans le sac. Je n'utiliserai pas ce dernier, et ne toucherai pas au reste, pas d'ouverture de fermeture clair ni rien. La seule variation aura été le remontage du buff pour en faire une cagoule quand il y avait du vent de côté, ou le sortage des oreilles du bonnet en cas de chaud pour faire dissipateur thermique.
J'avais déjà dit tout le bien que je pense du sac salomon, tout comme les mantra qui ne m'ont pas déçues, mais qui montrent peut-être leur limite de polyvalence sur une course telle que celle-ci avec pas mal de bitume et de zones dures.