Allez zou, c'est l'heure du CR. ET vous avez de la chance j'ai mis ma copine en guest-star dedans
Donc voilà, 2019 c'est une année Paris-Brest-Paris alors après un BRM200 chez Mika (in extremis, le dernier de l'année à Béthune) il a fallu stresser pour les préinscriptions ( ), puis rouler un 200 (à Béthune, en février, un des premiers de l'année), puis faire mon premier 300 (direction la Normandie pour un tour des caps du Cotentin, big up à Stéphane du clyclo Montebourg qui fait des tracés de fou) sachant qu'entre temps j'ai fait quelques 200 dont un second BRM à Noisiel histoire de tâter l'organisation de l'ACP.
Le 300 avait été assez dur, entre des soucis au boulot et un déménagement dans les 2 semaines ayant précédé, mais c'est aussi ça la rando longue distance, t'as 3/4 des mecs qui suivent pas un schéma rationnel avant d'attaquer le truc. Donc le 300, roulé avec ma gow, que j'ai commencé à psycho-tracter au bout de 50km avait un peu été une épreuve mais on s'est presque pas engueulés
Avance rapide jusque début mai, là on se rend compte qu'il reste 2 mois pour faire le 400 et le 600, sachant qu'en mai j'ai la bonne idée de faire la Hamster classique (440km 6000d+ 36h je crois) et qu'en juin on fait l'Ardéchoise en mode 4 jours. Ca limite le choix de BRM et samedi dernier on se décide pour le 400 de Noisiel. Je prépare ma meuf à l'idée que je vais pas la tracter pendant les 400 bornes mais que c'est pas grave elle trouvera bien un ou deux papys pour rouler avec elle
Samedi direction Noisiel, vu le temps on y va en RER. Arrivés sur place y'a un peu de soleil, espoir. Moi je suis parti habillé comme pour le Printemps, j'ai regardé la météo j'ai vu 5 à 10°C, donc ça passe. On croise le préz' du club sur sa randonneuse en acier et un autre gars qui est venu chargé comme pour un trip de 3 jours avec une sacoche de 20L bourrée à ras-bord. Mouais. C'est pas aujourd'hui que je vais trouver des roues .
On part à 15h15, à peine le temps de monter la côte de Torcy et c'est le drame: averse de grêle. Je m'arrête, je mets la veste de pluie. Je repars. Je croise ma meuf 50m plus loin, arrêtée sous un abribus, en train de mettre le Gore Tex qu'elle avait embarqué. Je sais que si je l'attends pas elle va lâcher l'affaire. Alors je l'attends, puis je lui dis que je l'a remonte au moins jusqu'au préz' du club. Sympa le mec .
Je suis trempé (ma tenue = jambières en mérinos, parfait sauf quand c'est mouillé) et j'ai les cuisses qui brulent avec le froid. On est en mai bordel. On roule vers Villeneuve Le Comte, pas trop vite, pas trop fort (genre pas plus de 30km/h) et je sèche. On dépasse une mamie. Elle prend la roue. Direction le Sud, vent dans le dos. Au bout de 5 minutes j'entends un bruit. Ma meuf a paumé son coupe-vent, elle s'arrête, je lui crie "à demain", j'ai fait ma part du job. Je continue à rouler, pause pipi en plein pays de Brie, elle me rattrappe. Du coup je fais comme si j'avais prévu de l'emmener au CP1 .
Bref, on roule jusqu'au CP1 à Pont-Sur-Yonne, 95km. RAS à part une seconde averse de grêle (ça passe tout seul), un peu de soleil, du vent dans le dos. 18h45, soit 3h30 pour faire 95 bornes. On s'arrête au bar, un coup de tampon, un café, un coca et on y ret... ah merde ma meuf vient d'attaquer un sandwich. Je lui dis "je vais aux chiottes et je repars, tu fais ce que tu veux"
Je repars, elle est derrière, direction Joigny. Plein Sud, vent dans le dos, jour qui décroit, on roule à 2, puis 3, puis en petit peloton de 6 à plus de 32 km/h. Au bout de 30 minutes je quitte la tête de ce peloton puis je reste au chaud dans les roues, z'avaient qu'à bosser un peu. Arrivés sur Joigny le groupe prend une direction pourrie, je leur dis que j'ai retracé la map mais ils veulent pas me suivre. On arrive au CP2 5 minutes avant eux. 1h40 pour faire les 47 bornes .
Tampon, café, direction le kebab à côté. Erreur stratégique, les mecs mettent au moins 20 minutes à nous servir pour un kebab tout sec
La pause aura duré 55 minutes, ça y est il fait nuit. 21h30. Gilet jaune, feu avant, feu arrière, en voiture Simone. Je grelotte sur le vélo, il fait entre 0 et 5°C. Prochain CP dans 85 bornes lol. J'éteins le cerveau et j'allume le régulateur. 150W sur le plat, jamais plus de 200W dans les montées. Mode machine, tout seul. Je rattrape des morts, dont quelques-uns viennent s'abriter dans ma roue. On part à deux, à la fin on est 4. Toujours tout seul devant, je me retourne pas sinon je suis ébloui. D'ailleurs c'est relou, pas moyen d'être sur que c'est bien ma meuf dans la roue vu qu'elle a changé ses roues (on les a montées le matin du BRM) et que le DT Swiss 240 est ultra-silencieux et ne fait pas le bruit des roues de base. Je la prépare mentalement à l'abandonner au CP3 si elle veut dormir
Rien à dire, c'est la nuit quoi. Je manque d'écraser un blaireau. Première fois de ma vie que j'en croise un vivant d'ailleurs. J'ai vu une étoile filante aussi. Et c'était marrant de rouler dans la forêt. Et j'ai eu envie de taper les mecs derrière, surtout quand ils roulaient plein phare et que leurs merdouilles éclairaient plus fort que ma Zebralight machin (merci Mika pour le tip). Le parcours se fait un peu accidenté, d'où l'importance du pacing. Les 10 bornes avant d'arriver au CP3 se font le long du canal à partir de Briare. Interminable. Arrivé à Briare j'avais noté que le CP était planqué sur les hauteurs de la ville (toujours retracer les maps soi-même). Dans la montée je croise une fouine. Km 225. Arrivée au bar du chateau de Gien à 1h10
Un coup de tampon, un café, un coca, un passage aux chiottes, je mange la Clif bar au chocolat blanc que je me gardais pour la mi-parcours (parce qu'on y est). Ma meuf s'est pris une soupe. Y'a des mecs qui dorment partout, les bénévoles de l'ACP nous disent qu'on est dans les 50 premiers à pointer, ça va. Je checke que ma coéquipière va bien, j'ai à peine ouvert la bouche qu'elle me regarde avec un regard plein de pitié mais je la rassure en lui disant qu'elle peut finir sa soupe et qu'on n'y retourne que dans 5 minutes
Je dis à un des mecs qui squattaient ma roue qu'on repart dans 5 minutes et qu'il est le bienvenu. Il prend peur et va reprendre une soupe au bar
Du coup on repart à deux. Prochain CP dans 100 bornes, à Moret sur Loing. D'ici là le jour sera levé. Je découpe le trajet en deux, avec une pause express à Montargis. Comme on ne change pas une recette qui gagne, je reste sur la même stratégie. 200W pas plus en montée, 150W sur le plat. La machine se remet en route et dès le départ c'est 5km de côte. Comme précédemment on rattrape des morts mais maintenant ils n'accrochent plus les roues. Au bout de 35 bornes ma meuf me dit qu'elle s'endort. Je lui propose d'allumer l'écran du Garmin pour garder un point lumineux (ça marche avec moi) mais elle veut même pas. On attend Montargis, jusqu'à ce qu'on en puisse plus. On s'arrête dans une ZI, pause pipi, sandwiches, 5 minutes d'arrêt. 50m plus loin le panneau d'entrée de Montargis
3h50, on repart, le temps se contracte et le jour se lève peu à peu, je commence à trouver le temps un peu long mais je tiens le rythme. Arrivée à Moret-sur-Loing à 6h30, on aura mis 4h40 pauses comprises pour rouler les 100 bornes. Un café doucle, un mars. Ma zouz' sort des chiottes et s'effondre en larmes quand elle voit que je lui ai pas commandé de café, je lui dis de se reprendre un peu et que ce genre de trucs ça va pas commencer aujourd'hui
Reste 72km à faire, ça devrait aller. C'est sans compter sur les 5 bornes de montée, interminables. Et mon capteur de puissance marche plus, faut croire que je l'avais mal chargé la veille. Arrivés en Seine et marne combo de ses morts: la fatigue + le vent de face. J'arrive pas à garder le fil de mes pensées plus de 10 secondes. Arrivés à Mormant on est à la maison, je m'énerve tout seul, je sais pas pourquoi je me dis qu'on finira jamais en moins de 19h ( alors que c'est même pas un objectif ).
On remonte encore un peu vers le Nord. A Chatres on croise tous les cyclix du dimanche et les triathlètes qui descendent de Villeneuve-le-comte vent dans le dos. J'ai envie de leur faire des doigts. Ma meuf prend le premier relais depuis le départ. Je fais quand même la pancarte à VLC
A VLC on s'arrête et on prend un café. Dans ma tête c'est comme quand Asterix prend de la potion magique, j'ai la moustache qui frétille et les ailes du casque qui font des tours. Je repars super fort. A genre 22 km/h de moyenne, mais dans la tête ça passe. Reste 20 bornes jusque Noisiel et la délivrance. Verdict: BRM400 bouclé en 19h25
RER, maison, bière, douche, dodo, j'arrive pas à dormir, RDR2, au lit à 21h et voilà
Conclusion:
Bah franchement je suis content du truc. Roulé seul / en tête sur la quasi-totalité du brevet. L'utilisation de la puissance c'est pas mal pour optimiser et pas se cramer. Pour aller plus vite je vois que rouler en groupe ou rogner un peu sur les arrêts. Mais c'était pas le but. Assez content de la bouffe et de l'hydratation aussi.
Niveau matos ça marche bien, les seules douleurs c'était à la nuque et encore... au f*ion aussi, j'aurais du re-crémer mais je partais avec 1 ou 2 restes d'une sortie mercredi avec un bien mauvais cuissard. Combo phare avant/lumière arrière parfait.
J'aurais du me couvrir plus (= mettre un gros merinos en sous-couche) mais ma veste coupe-vent a fait le taf. Embarquer les couvre-chaussures intégral aussi, plutôt que les couvre-orteils. Mais la casquette coupe-vent a fait le taf, et je pense pas refaire des 400 en mode hivernal de sitôt donc...
Prochain truc à tester c'est les roues que je devrais recevoir bientôt (trouvé des 30mm carbone / pneus, moyeu DT240 à bon prix, que je vais monter en GP5000 32mm), et une petite sortie avec sacoche en vue de la Hamster.
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