ese-aSH a écrit :
En fait ce qui me *dérange* n'est pas tant ta position que je comprend parfaitement, d'autant plus que -de par ma formation 100% scientifique- je suis globalement sur la même position. la simplicité serait donc pour toi de se dire que des échanges moléculaire du cerveau découle la conscience. Pour avoir fait un peu de neuro, de bio mol et de système dynamique, je t'assure que ça n'est pas si simple que ça ! du moins si, dire : 'la conscience découle des processus cérébraux' est simple, ça permet de coller une modélisation facile, mais en pratique je crois pas qu'on ait réussi à faire un lien tangible entre le domaine du conscient et le niveau matériel (les neurones donc). Au mieux on observe des zones géographiques dans le cerveau réagissant chacune spécifiquement face à des situations différentes. je suis un ancien, et toujours un peu, convaincu qu'en effet la conscience n'est rien de plus, c'est une version que je n'ai pas rejetée, mais qui me semble incomplète. Comment par exemple croire que la conscience peut avoir une influence sur le corps alors qu'elle ne serait qu'une conséquence d'évènements biologiques ? (je veux dire : ce n'est pas parce qu'on pense a quelque chose que telle protéine va décider de traverser une membrane, mais au contraire parce que la protéine a traversée la membrane que l'on va penser a cette chose) Peut être en est il ainsi, mais qu'est ce qui me le prouve (et en plus ça me plait pas tant que ça comme version) ?
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Parce quà moi tu crois que ça me plait ? Cest essentiel ce que tu dis ici, parce que cest inévitable : quand on choisis un modèle dunivers, on na aucun support objectif pour faire le choix entre un modèle ou un autre ; jai dit plus haut que le plus sensé était de choisir le modèle le plus simple. Je nai pas parlé de ce que lon a tendance à faire naturellement, cest à dire choisir le modèle qui nous plait le mieux. Ca arrange tout le monde de dire que les noirs nont pas dâme (enfin, sauf les noirs eux-même, mais après tout ils nont pas dâme alors à quoi bon
), ou que Dieu punira les méchants plus tard. Ces modèles ont été choisis par confort. Je crois que je nai pas besoin dépiloguer sur les raisons qui me font rejeter le mode de choix.
Il nempêche que ça ne plait à personne de se dire que lon nest rien dautre que notre corps. Tu y vois une raison de ne pas croire que la physique explique la conscience, alors quau contraire jy vois une explication flagrante au fait que, depuis 400 ans que la méthode scientifique existe, le sujet de la conscience est demeuré tabou, les scientifiques eux-même nosant que très rarement affirmer que la conscience est un phénomène issu de la matière. Cette réticence naturelle explique assez bien, je trouve, le fait quencore aujourdhui le dualisme cartésien est présent dans tous les esprits. Par ailleurs, cette réticence doit être prise en compte, et nimporte quel modèle de conscience construit devra faire état de la difficulté qua lesprit à se représenter pour ce quil est.
Un tel modèle a été brillamment exposé par Daniel Dennett dans La Conscience Expliquée.
Il me serait très difficile de résumer ce livre en quelques lignes, car en fait lessentiel du travail accompli par Dennett consiste à défaire pas à pas toutes les idées préconçues que lon a de la conscience, et pour cela il faut du temps. En fait, Dennett aboutit à la conclusion que tout le monde craint : la conscience est une illusion, lesprit nexiste pas. Tout est dans la préparation à cette idée, qui consiste à convaincre quelle est tout à fait acceptable, notamment par contraste avec tout ce qui est absolument inacceptable dans les modèles de conscience que lon se donne par défaut, et par confort.
Citation :
Pour moi méditer (autant que l'utilisation de stupéfiants d'ailleurs) est un moyen d'expérimentation (du moins était à la base, il se trouve qu'en plus c'est agréable et que ça fait du bien =]) : essayer de créer des états mentaux qui ne se présentent pas spontanément (ou alors on passe a coté sans y faire attention) pour pouvoir ensuite -a posteriori- réfléchir a ce qu'a fait mon esprit durant cette période (et la on tombe au niveau du ressenti si dur a partager comme on le voit depuis le début de ce topic). et c'est la que je tombe sur un os : je n'arrive pas a trouver de modélisation prenant compte de tout les éléments dont je dispose -> les ptits neurones, mon ressenti, mon absence de croyance dans l'âme, le mode de construction du cerveau tel que je l'imagine...
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Je ne suis sans doute pas le mieux placé pour expliquer la méditation, nayant jamais poussé bien loin la chose (et ça ne risque pas darriver dans les années à venir, jai un agenda un peu trop chargé
), mais je peux essayer à partir de ce que men ont dit les gens autours de moi. Essentiellement, daprès ce que jai compris, la méditation consiste à couper lesprit du corps. Mais lesprit nexiste pas en soi. Lesprit cest, dans les faits, une quantité de jugements faits par le cerveau en parallèle à propos du monde (Parmi lesquels le fameux je pense). Ces jugements, au quotidien, sont fondés en partie sur les données fournies par nos sens. La méditation peut être interprétée comme le fait de forcer les fonctions cognitives à ne plus fonder leurs jugements sur les sens. Faire taire nos sens, cest une chose que lon fait à longueur de temps, quand on focalise notre attention sur quelque chose (un élément sensitif particulier, ou un élément virtuel, de notre mémoire : les données fournies par la mémoires ne sont pas de nature différente que celles fournies par nos sens).
La méditation cest alors une façon de pousser à lextrême cette capacité. Dans ces conditions, je ne saurais pas expliquer précisément pourquoi cela procure un plaisir aussi intense, mais le fait de se sentir flotter, et dêtre capable de voyager en esprit est tout à fait compréhensible : notre monde nest plus fondé sur nos sens, il peut être entièrement fondé sur notre mémoire. Ce que cela nous apprend ce nest pas que notre esprit est libre et peut se détacher de notre corps, mais au contraire que ce que nous indiquent nos sens ce nest pas ce qui est. Cette expérience extraordinaire de voyage dans notre tête, en réalité, on la vit tous les jours, à chaque instant. Cest là que je rejoins entièrement la remarque de Tomlamêche un peu plus haut : la vie par elle-même est extraordinaire, et la fait de juger quune expérience de désincarnation est extraordinaire mamène plutôt à penser que lauteur de ce jugement ne réalise pas ce quil vit depuis quil est né.
ese-aSH a écrit :
Enfin une dernière chose : pourquoi celui qui ne vit pas sur la même modélisation du monde se retrouverait il un jour en contradiction avec toi (ce que tu appelles faire le mal pour toi) ? tu soulignes pourtant que le mal est une notion subjective, plus ou moins propre a chaque individu ; en vertu de ce simple fait je pense qu'il faut s'en détacher, il y aura certes toujours des définitions possible du bien/mal en prenant les éléments commun à une grande majorité des individus (ex : tuer un individu pour le plaisir -> c'est mal), ça n'en demeure pas moins subjectif (pire les notions de bien et de mal se basant toujours sur des actes ayant un effet sur autrui, il devient même dur d'affirmer si la *victime* avait un référentiel lui faisant percevoir l'action comme mauvaise ou bonne).
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Ouh là, tu as le don de mettre 14 questions existentielles par phrases, cest dur de répondre rapidement
Dabord, et heureusement, lessentiel de lhumanité a les même valeurs morales que moi, et le même modèle dunivers, à quelques détails prés. En fait, le rasoir dOkham cest un truc que lon a câblé en nous à la naissance : après avoir jeté par terre 3 fois de suite ses jouets du haut de sa chaise, mon fils ne se demande plus si au bout de 10 fois il tombera toujours. Il a compris que les objets ça tombe, et il en a fait une loi, ça simplifie beaucoup son monde. Les gens qui me disent que si on jette 10 fois une pierre en lair, au bout de la 10e fois elle y reste, ces gens là je les juge fous. Pareil pour ceux qui mexpliquent que torturer cest pas si mal. Mais des fous il y en a très peu.
Avec la plupart des gens, on est daccord sur à peu prés tout, donc en effet, il est tout à fait possible de ne jamais entrer en contradiction avec eux. Dailleurs je passe lessentiel de mon temps à ne pas parler de conscience, dunivers, de bien et de mal. Mais malgré le fait que tout le monde soit daccords sur presque tout, il reste des incompréhensions majeures qui sont la cause de la plupart de ce que je juge être des grands malheurs (les guerres, pour lessentiel). Le seul moyen de réconcilier lhumanité est quelle se mette daccord une fois pour toute sur ce quest lunivers, et sur une éthique. Je vois dans la méthode scientifique le seul moyen dy parvenir efficacement. Ca peut sembler pathétique (mettons ça sur le compte de ma jeunesse), mais jai le réel espoir quun jour tout le monde se rallie au point de vue raisonnable qui consiste à aller au plus simple. Parce quil faut bien en choisir un.
Ca mamène à ta proposition de se détacher de la notion de mal. Cest impossible, fondamentalement. Tu ne peux pas ne pas décider, et décider, cest choisir de plusieurs alternatives, la meilleure. Ou la moins mauvaise. Ce que je taccorde, cest que lidée dattribuer à chaque individu un score sur léchelle du bien et du mal est tout aussi saugrenue que naturelle, et cela jessaie de lutter contre cela aussi vigoureusement que possible. Pour moi un homme mauvais ça nexiste pas. Il existe des fous, dont il faut se protéger, mais il y a surtout des gens que les motivations ont amené là où ils sont, et pour ceux là il faut essayer autant que possible quà lavenir, leurs motivations les emmène vers des actions meilleures. Ca veut dire, parfois, punir. 25 ans de prisons pour le meurtrier de Sohane me semble être plutôt clément.
Citation :
Vous vous triturrez un peu trop qd mm ^^°
Pas besoin de grands principes pour expliquer que certains ont une vision plus ample de ce qui est possible et que d'autres non.
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Le moins quon puisse dire cest que toi tu ne te tritures pas. Le pire, cest quen lisant ton message jai commencé par me sentir coupable, je me suis dit quune fois de plus javais fait mon prétentieux donneur de leçons. Mais merde, cest quand même fou de se faire rentrer dedans parce quon écrit des message trop argumentés :x
Nan mais je te crois là dessus, tu nes pas le premier à me raconter des histoires impressionnantes sur la méditation, je vais même peut-être my mettre un jour. Pour linstant cest juste pas au programme. Par contre, tu mentionnes le fait que létat dans lequel tu te situes lorsque tu médites ne change, je cite, JAMAIS. Dans la mesure où jimagine quon na jamais essayé daffecter en temps réel les neurones du cerveau pendant une méditation, ton affirmation me semble un peu rapide. Par exemple, est-ce que si je texplose le crane tu continues à flotter sans encombres ? Et si je mets des électrodes dans ton cerveau et que je les actives ?
Message édité par hephaestos le 11-04-2006 à 12:46:56