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Arche interstellaire : les étoiles pour nos arrières petits enfants ?| Auteur | Sujet : Arche interstellaire : les étoiles pour nos arrières petits enfants ? |
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Gilgamesh d'Uruk Lui-même | Reprise du message précédent : --------------- Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire. |
Publicité | Posté le 16-09-2011 à 12:19:42 ![]() ![]() |
Nunurs Mega Power Одним из шагов для мужчин, но |
Comme d'hab dans Gundam les colonies sont toujours en L4 / L5 du système terre-soleil ou terre-lune (ce qui est le cas en ce qui concerne ces types d'habitats dans la série). Après j'ai pas pensé au système de mirroir et aux conséquences physiques/mecaniques pour garder le bouzin en état quand ca doit tourner. MAis ca colle avec ton avis sur l'orbite troyenne Message édité par Nunurs Mega Power le 16-09-2011 à 13:08:43 --------------- "La finalité accentue les aspects analytiques de la démarche." |
Profil supprimé | Posté le 16-09-2011 à 13:10:38 ![]() |
alarmclock tzoing | Absolument incroyable, remarquable que ton travail jusqu'ici |
Gilgamesh d'Uruk Lui-même |
C'est moi, j'ai changé de pseudo
Les deux. Mais pour la question d'y croire j'essaye surtout de faire avancer la réflexion sur le sujet. Ce que je dis c'est que SI on y va, on ne peut pas envisager une Isp > 1 million de s = >on est limité à ~ c/100 => le trajet est de l'ordre d'1 al/siècle et on peut difficilement envisager des trajets de plus de 10 al => la planète de destination n'est pas habitable => vaisseau monde => très gros => intérêt d"une croissance naturelle =>...plein d'autres conséquences...=> arche a+ Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 17-09-2011 à 12:14:18 --------------- Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire. |
Gilgamesh d'Uruk Lui-même | Mise à jour de la disposition des écosystèmes (biomes) tenant compte du cloisonnement. Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 18-09-2011 à 00:12:10 --------------- Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire. |
Gilgamesh d'Uruk Lui-même | Un truc très intéressant rapportés par Geb sur Futura...
Techniquement, je résume : le principe est de poster une antenne d'écoute terrestre à ~ 700 UA de l'autre côté du Soleil avec une précision drastique dans le positionnement, à mon sens tout à fait accessible (de l'ordre d'une dizaine de mètres), dans l'axe exact de la source émettrice (sonde, arche...). Cette station d'écoute retransmet ensuite le signal vers la Terre avec un lien conventionnel (radio ou laser). Le Soleil joue le rôle de lentille à focale fixe et permet des gains absolument faramineux : ce serait peu ou prou comme de disposer d'une antenne annulaire du diamètre du Soleil. Pour communiquer efficacement, le Bit Error Rate (BER) doit être proche de 0. Avec un effet de lentille gravitationnel, cela devient concevable avec un puissance de 40 W depuis Alpha du Centaure avec les paramètre suivants : diamètre de l'antenne source : 12 m, band K (32 GHz), débit de transmission (bit rate) : 32kbps. Le gain d'antenne Ga est : avec G la cte de gravité, M la masse du Soleil, c la vitesse de la lumière, lambda la longueur d'onde du signal
Dans ce cas, les gains se multiplient et on peut émettre dans les conditions susdites avec la fabuleuse puissance de 0,1 mW !
edit : ok, images rehostées source : a+ Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 13-06-2018 à 12:06:51 --------------- Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire. |
Witzard Spé procrastination | Les images ne s'affichent pas, il faut être membre de futurama, essaye peut-être de les rehoster |
lokilefourbe |
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Publicité | Posté le 24-10-2011 à 02:14:23 ![]() ![]() |
Witzard Spé procrastination | Ca marche maintenant qu'elles ont été rehostées |
Gilgamesh d'Uruk Lui-même |
--------------- Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire. |
Gilgamesh d'Uruk Lui-même | Quel type de société serait une nation spatiale ? A la lecture de L'Empire greco-latin de Paul Veyne je trouve au chapitre 2 "Pourquoi Socrate a-t-il refusé de s'évader ?" une mise en parallèle intéressante des sociétés antiques, médiévales et modernes. Société moderne : on considère une population donnée sur un territoire donné. Il y a un Etat bien institué dont le rôle consiste à gérer cette population comme un garde forestier gère une population d'arbres. Il n'en est pas le propriétaire et n'agit pas pour son bien propre mais organise la communauté pour le bien être général et celui ci est conçu comme devant maximiser le bien être individuel qui est le but en fonction duquel sera jugé l'action de l'Etat. Le bonheur de la nation se voit en gros comme l'intégrale des bien être individuels. Société médiévale : on considère une population sur un territoire qui sont la propriété d'un Roi dont le rôle consiste à exercer son métier de roi, qui consiste essentiellement en relation avec d'autres familles régnantes, en prélevant les richesses de son royaume. Le bon roi est celui qui "tond sans écorcher" et hors de ce prélèvement il n'organise pas la vie de ses sujets qui peuvent vivre comme bon leur semble, pourvu qu'ils lui donnent leur dus. Société antique : il s'agit d'une cité, qui consiste moins en un territoire (ou une ville) qu'en une communauté, et celle ci n'est pas une simple population dont les contours seraient défini une fois pour toute. On définit une cité idéale comme on constitue une équipe de foot. Ce n'est pas un donné, comme dans la cité moderne. Le but est le fonctionnement optimal de ce tout organisé et non le bien être individuel en tant que tel. On rassemble les meilleurs, et on leur demande de s'exercer activement au métier politique, de même qu'on demande à un sportif de s'exercer en permanence, sacrifiant s'il le faut sa vie privée à l'atteinte d'un but supérieur. Il n'y a pas d'Etat séparé des citoyens, et agissant pour leur bien être. C'est la somme des vertus individuelles et non l'action avisée d'un Etat sur une population de citoyens conçus individuellement comme médiocres, qui fait le bonheur de la cité. Une nation spatiale a donc des accointances profondes avec une cité antique, à commencer par le fondement qui est d'être sélectionné en fonction d'un but et de remplir une fonction. On pourrait appeler cela une citoyenneté fonctionnelle. Nation spatiale
Cette inégalité implique une guerre sociale latente et il faut donc concevoir un fonctionnement moderne (égalitaire) pour la nation spatiale. Chaque citoyen doit donc contribuer à son bonheur par le travail en plus de contribuer au bien être de la cité. D'où un fonctionnement sur deux modes : on peut concevoir que chaque individu doit contribuer à une tâche communautaire qui lui donne la citoyenneté et un minimal social et qu'il puisse réserver une partie de son temps à une activité privée plus ou moins lucrative. La balance entre les deux est fixée in fine par la démographie : le périmètre de l'action communautaire est fixe ou peu s'en faut. Plus il y a de citoyens, plus la part privative peut s'étendre. a+ Message cité 1 fois Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 27-05-2012 à 17:35:18 --------------- Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire. |
Profil supprimé | Posté le 18-03-2012 à 12:21:25 ![]()
Message cité 2 fois Message édité par Profil supprimé le 18-03-2012 à 12:57:22 |
Gilgamesh d'Uruk Lui-même | Pas "largement" idéalisée : idéalisée tout court. Ça forme le substrat théorique de la légitimation de l'Etat : c'est la fonction que ses représentants assument, c'est ce que nous voulons qu'ils fassent et c'est en fonction de ça qu'on juge le fonctionnement des institutions. C'est pareil que la Déclaration des Droits de l'Homme : Tous les hommes naissent libres et égaux en droit. Quel que soit le niveau des inégalités et des asservissements réels, le principe reste valable.
Le principe est autre parce que la société est fonctionnelle mais l'idée n'est pas de faire une société idéale (au sens de plus proche de la perfection).
Non, aucune chance que l'ensemble de l'aventure corresponde à un but militaire, commercial ou même scientifique. Ou seulement dans la première phase, lors de l'ascension vers l'autonomie de la Nation spatiale. a+ Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 06-06-2012 à 16:46:42 --------------- Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire. |
Kromsson Low Frequency Version |
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Gilgamesh d'Uruk Lui-même | Au sujet de l'utilisation du Soleil comme lentille gravitationnelle, j'avais mal lu : tous les points situés sur la ligne passant par le centre de la lentille (le Soleil) et le point focal) au dela du point focal bénéficient de l'effet de focalisation. La précision du positionnement est donc importante uniquement sur 2 axes et surtout, logiquement ça marche dans les deux sens : il devrait être possible d'avoir un communication montante (Terre -> Arche) à haut gain
Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 03-06-2012 à 11:53:38 --------------- Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire. |
Gilgamesh d'Uruk Lui-même |
Message cité 1 fois Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 05-06-2012 à 22:48:53 --------------- Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire. |
Wdralf | Ce topic me fait un peu penser au "papillon des étoiles" de Werber: un voilier solaire pour aller sur une autre planète habitable. |
ash ray cure Life is a bitch |
Message cité 1 fois Message édité par ash ray cure le 06-06-2012 à 00:05:53 |
Gilgamesh d'Uruk Lui-même |
--------------- Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire. |
Gilgamesh d'Uruk Lui-même |
--------------- Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire. |
ash ray cure Life is a bitch | Mais ouaye, carrément |
Gilgamesh d'Uruk Lui-même |
Je n'ai pas lu mais je connais la thématique. La grosse différence qui m'empêche de m'inspirer de ce type de littérature c'est que dans ces cas là, le romancier a procédé dans l'ordre : il trouve un ressort dramatique bien costaux (genre : destruction du système solaire...) et APRES il fabrique le vaisseau, la technologie, le trajet, etc qui vont bien pour tricoter son intrigue. Là mon présupposé de départ c'est que ce sont des gens normaux partant d'une Terre normale, qui voyagent normalement dans un vaisseau le plus normal possible. L'intrigue ne doit pas détricoter tout ça et je dois chercher ailleurs. Message cité 1 fois Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 06-06-2012 à 18:24:38 --------------- Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire. |
SekYo |
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Gilgamesh d'Uruk Lui-même | Mars "RVB" de réputation c'est vrai que ça semble assez proche de mes velléités de "roman hard SF" mais j'ai pas lu. Bon je vide les stocks, y'aura un peu de tout. Un petit bout d'essais tout d'abord.
Lorsque l’on explore le contenu de l’Univers en partant des plus petites structures connues (les particules subatomiques) pour aller vers les plus grandes, on rencontre une succession plus ou moins dense de structures émergentes. J’appelle forêt une succession d’échelles spatiales consécutives où, d’une puissance de dix à la suivante, la Nature offre à l’œil des formes toujours nouvelles et denses d’organisation. Et désert une plage monotone où, d’un ordre de grandeur à l’autre, rien ne change, de sorte qu’on ne saurait déceler du premier coup d’œil à quelle échelle on a affaire. A l’échelle du mètre (de 1 à 100 m) par exemple nous avons l’homme, ses artefacts technologiques et une multitude d’animaux et de plantes macroscopiques. Une photographie de l’environnement à cette échelle métrique est immédiatement reconnaissable. La forêt de structure qui commence à l'homme s’étend vers le bas sur dix ordres de grandeurs : jusqu’à 10-10 mètre on rencontre à chaque étape de nouvelles formes, qu’elles soient vivantes ou non : petits vertébrés décimétriques (10-1 m), insectes centimétriques à millimétriques (10-2 à 3 m), et ceci sans interruption jusqu’aux bactéries micrométriques (10-6 m), aux molécules nanométriques (10-9 m) pour finir à l’atome (10-10 m). Ici s’interrompt cette forêt qui est la nôtre et on aborde un désert subatomique, large de cinq ordres de grandeur. De l’atome au noyau de l’atome on ne rencontre en effet aucune structure remarquable. La Nature reprend racine à l’échelle du fermi (10-15 m) et s’étend vers le bas sur une largeur inconnue. Il se pourrait qu’il ne s’agisse que d’une simple lisière bordant un Grand Désert qui s’étendrait jusqu’à l’échelle de Planck (10-35 m). Mais laissons cela pour remonter à notre échelle et poursuivre au-delà afin d’évaluer la largeur totale de notre forêt. Jusqu’à 10^7 mètres (soit dix mille kilomètres) nous sommes sur Terre, où nous rencontrons à chaque étape des structures caractéristiques : fleuves, forêts, montagnes, continents, océans, manteau et noyau planétaire. A l’ordre supérieure nous avons le système Terre - Lune, puis le Système Solaire tout entier qui forme une structure originale. La taille totale du système solaire est délicate à fixer ; on s’arrête usuellement à l’enveloppe formant « l’atmosphère » du système, l’héliosphère, c'est-à-dire le volume sculpté par le vent solaire soufflant vers l'extérieur et repoussant le flux de particules du milieu interstellaire. Cela porte la lisière de notre forêt à environ cent unités astronomiques (10^13 m). Au delà s’étend un nouveau désert sur quatre ordres de grandeurs, ce qui nous mène à une dizaine d’années-lumière (10^18 m), distance typique séparant les étoiles dans notre environnement galactique. Au désert subatomique du dedans répond le désert interstellaire alentour. La grande forêt de vingt quatre ordres de grandeurs, dont nous occupons le mitan, nous emmitoufle dans son océan de matière dense. L'Homme a t'il pour destin de vivre dans sa forêt pour toujours ou se doit-il d'en sortir un jour ?
Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 06-06-2012 à 22:25:05 --------------- Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire. |
Schimz Bouge pas, meurs, ressuscite ! |
--------------- çà s'est HFR | Music for the Galaxy |
Gilgamesh d'Uruk Lui-même | La mort d’Anki Ce soir, le capteur du bouclier d’eau a enregistré un choc. On était à la troisième nuit de veille de la compagnie. Alijaian, premier capitaine de quart, lut les deux lignes qui s’affichaient sur le cadran central ; son poing s’abattit sur le pupitre et déclencha le réveil. Linen et ses camarades ouvrirent les yeux dans l’atmosphère rougie par le signal lumineux de l’alerte. Il retira la bague d’oreille qui l’avait éveillé. Il y avait cinq navettes dehors, laquelle était-ce ? D’un coup de paume sur la poitrine, il se dégagea des sangles qui le maintenaient durant son sommeil, pour se diriger en apesanteur vers la sortie, en slalomant autour des corps pesants, grognant, des douze hommes et femmes. Personne ne parlait, ou seulement à voix basse. Personne ne commentait, on attendait de savoir. Dans le local des tenues, ils virent l’alerte affichée. La N2 n’était plus sur son câble, elle avait déclenché ses propulseurs d’urgence pour s’extraire de la zone irradiée. Défaut dans le bouclier d’eau. Linen ferma les yeux comme assommé. Pourquoi la N2, Annunakis ? Pourquoi avez-vous pris la N2 ? Dans le noir de ses pensées, il les vit, les six dedans, tels qu’ils étaient la veille. Il y avait en général des survivants. Il y avait eu des survivants. Le mois dernier, Etam et Jamil avaient bien tenu sans protection dans le quartier arrière ; mais ils transportaient de l’eau et le réservoir avait stoppé le flux gamma. N2 était une navette sèche. Alijaian distribuait ses ordres. - Tenue complète pour la première section, les autres à la cellule médicale. Pilote Halim, navette 8. Linen, copilote, vous prenez les six autocivières. Le reste avec le médecin Holtz, Pilote Kelt et moi-même, navette 6. En haut dans dix minutes. Linen tendit les bras vers son coin tenue et enfonça les bras le plus loin possible dans les manches du scaphandre. La tenue rigide se referma sur son dos dans un chuintement. Il baissa la tête et bascula son casque tout en faisant machinalement tous les petits mouvements du corps appris à l’instruction afin d’éviter les plis dans la doublure. Il clipsa le casque sur sa nuque et tourna la tête pour chercher Halim des yeux de l’autre côté du vestiaire. Halim l’avait déjà rejoint de ce côté ci. Linen attrapa le regard qu’il fixait sur lui, dans les reflets de la visière, avant qu’il ne le prenne par l’épaule, doucement, avec la fermeté nécessaire pour accélérer le mouvement de son corps flottant. De son autre main, il lui tendit la plaquette de copilote. Il était plus âgé que lui, de cinq ans et c’était la troisième fois qu’il servait dans la station. Alijaian lui avait fait une fleur en le confiant à lui. Mais Linen connaissait la vraie raison de le faire voyager à part du reste de la section. La voie calme de Alijaian leur parvient enfin. - On y va ! Halim, vous suivez. Laissez 100 mètres. L’instant d’après, Linen vit le gros œuf de la N6 glisser sur le quai devant eux, et refermer sur les trois câbles les poings de ses moteurs électromagnétiques au bout de ses bras disposés en étoiles. Il y eut un temps de mise en charge puis la cabine se propulsa vers le haut. Halim attendit cinq secondes bien comptées et engagea la navette à son tour. Durant les deux minutes du trajet, écrasé sur son siège Linen se représenta brutalement qu’ils allaient risquer leur vie. De là-haut, occupant tout le champ, il verrait l’immense fleur de plasma, constellée de puissance. La Corolle. Il l’avait déjà fait, il était déjà passé dans la zone irradiée. Ils étaient des milliers à le faire chaque semaine, à l’entraînement. Ils avaient les chefs qu’il fallait, le matériel qu’il fallait. Mais réfugié dans leurs coquilles d’eau, jetés dans cet espace balayé du flux lumineux gigantesque qui émanait de la Corolle, on se sentait comme une mouche prise dans un brasier. Il y avait un état d’esprit à prendre qui à son avis manquait à la formation de motoriste. La moindre fuite dans la cuirasse d’eau et le monstre passait son poing mortel et invisible dans l’habitacle, traversant le corps et bouillant les chairs. On retrouvait les malheureux, aveuglés, délirant, pour ceux à qui il restait un fragment de conscience, les chairs calcinées dans leur scaphandre ballonné par l’injection d’urgence d’eau dans la doublure externe. Linen tata machinalement l’ombilic sur la hanche, qui le reliait à la paroi. Puis il ferma les yeux, rendu par ce geste à la réalité de l’instant. Non, il fallait que l’ombilic serve bien à quelque chose, il le fallait. Il se sentait très bête de ne pouvoir contrôler ses pensées en un moment pareil. Ils freinaient. Le quai fragile avançait en haut du bouclier et les deux navettes s’engagèrent puis se déboutonnèrent des câbles pour se diriger vers les deux sas. C’était une petite station, destinée au transit vers la corolle et ne pouvant accueillir que deux navettes en entrée. En temps normal, les navettes complétaient ici leur protection puis la station pivotait pour les jeter dans la fournaise. Ils restèrent prudemment ancrés à la zone d'accès, le transpondeur situait leur proie de ce côté-là. La N2 flottait dans l’ombre, éjectée au-delà du bouclier par ses propulseurs déclenchés en urgence. Linen souffla, se sentant secrètement lâche et idiot. Mais non, ils n’allaient pas en zone irradiée ! N2 les attendait, dans le noir. Il n’avait rien compris à ce qui les attendait, pire, il ne s’en était pas souvenu, obsédé qu’il était de ce qu’ils allaient découvrir. En une manœuvre, ils prirent une impulsion d’envol et foncèrent vers leur proie, dirigés par les robots de guidage. C’était le moment de grâce qui faisait courir des frissons, à se conformer sans contrôle à l’intelligence pilote de la navette, dans le vide. Ils tombèrent dessus en file indienne dans les ténèbres Il n’y avait pas de survivant, comme la dernière fois. L’équipage de la N6 pénétrant en premier affronta l’intérieur dévasté, la vapeur qui s’échappait furieusement de l’habitacle, l’eau bouillante à l’intérieur et la grimace de la mort dans la lumière rouge sur ces corps fauchés par le rayonnement. Les boîtes noires seules révèleraient ce qui s’était passé. Il fallait maintenant ramener le vaisseau pour son dernier voyage. Quel que soit son état, la navette d’un équipage mort partait avec lui. Elle serait enfouie pour ne laisser paraître que son bord découpé dans un coin du cimetière. L’équipage prendrait place au centre. Dans l’Hexagone Sacré, occupant tout le sixième sud dirigé vers la corolle, deux cent vingt cinq coques reposaient avec les corps de deux générations d’équipages. Les constats faits, on laissa le médecin de la section et un assistant dans le vaisseau mort, le reste de la section rembarqua et la navette se désaccoupla pour prendre place à l’avant. Linen et Halim s’abouchèrent à leur tour au sas et pour y faire passer les autocivières de soin automatique. A défaut de les ramener à la vie, elles les accueilleraient les premières pour leur dernier voyage. Halim lui ordonna de rester aux commandes la navette. Ce n’était pas absolument nécessaire ; Linen n’eut pas le courage de protester. Cinq minutes après Halim revenait à bord et Linen désengagea la navette pour se placer à l’arrière. C’était la troisième fois seulement qu’il pilotait en intervention réelle. Le système d’attelage se verrouilla et les autopilotes accordés des deux navettes déclenchèrent les propulseurs pour convoyer le vaisseau vers la station de transit comme deux brancardiers convoyant un blessé. Ils reprirent les câbles, et redescendirent, toujours enserrant la N2. Alijaian démobilisa la cellule médicale qui attendait pour porter les soins de deuxième niveau à d’éventuels survivants. C’était inutile désormais. Ils se rendaient directement à l’hôpital 0G où l’on se préparait pour recevoir les corps. Dépassée la station du départ, le cône tronqué du bouclier se transformait en un vaste disque qui comblait le centre de la corolle motrice, protégeant l’Arche du rayonnement oblique tombant des pétales. Le Mât central, formé de douze immenses tubes cintrés qui transmettaient la poussée de la corolle aux paliers centraux, transperçait en son centre le disque du bouclier. Sur chacune de ces poutres creuses, aboutissait une ligne de câble semblable à celle qu’ils empruntaient. Au point d’ancrage, un sas rond était aménagé pour passer du vide vers l’intérieur pressurisé. Ses bords s’épaississaient en un bourrelet fuselé qui rattrapait la mégatonne de poussée comprimant le tube. L’ensemble faisait penser à un œil. Ils quittèrent leur câble et l’attelage se défit pour permettre à chaque navette de plonger individuellement par la pupille du sas qui les faisait passer en un double battement de ses paupières mobiles vers le milieu intérieur. On était dedans. Après avoir ôté son casque chaque homme d’équipage levait la tête pour pousser le soupir rituel, expirant le souffle vital, que l’on retenait dans le vide, pour le redonner à la précieuse atmosphère. L’attelage se reforma et ils reprirent les câbles pour franchir les cinq kilomètres qui les conduiraient au Moyeu. Au bout du trajet, un autre œil s’ouvrait, ils le franchirent à pleine vitesse pour émerger dans un hall torique. D’ici, on passait de la poutre statique au Moyeu en rotation. Le dessus dessous comme on l’appelait familièrement. Arrivant au centre, ils se situaient en fait au sommet de l’Arche dans laquelle ils pénétraient. Le plafond du tunnel devenait le plancher où l’on s’enfonçait pour descendre vers la périphérie du Moyeu. Comme Dante Alighieri quittant l’antre infernal sur la hanche de Lucifer, au centre exact de la Terre, pour rejoindre le Purgatoire de l’autre côté du globe, on vivait à cet endroit l’intéressante expérience sensorielle de basculer de la verticalité à 180°. Les navettes empruntèrent l’une après l’autre un rail circulaire et se laissèrent attraper les flancs par quatre poteaux carrés encadrant l’ouverture pratiquée dans le plafond qui tournait au-dessus de leur tête. Une fois arrimées elles se laissaient glisser en s’aidant des moteurs. On ne sentait au départ aucune pesanteur et le jeu quand on était de bonne humeur c’était de se regarder et de s’amuser à ressentir le l’infinitésimale force qui commençait de s’imprimer en soi. Dans le Moyeu, on ne ressentait au maximum que le dixième de son poids et en moyenne le vingtième. C’était peu mais suffisant pour augmenter notablement le confort de vie tout en facilitant toutes sortes d’industries. Ils se placèrent en marge d’un immense ascenseur dans la cage duquel circulaient des unités fonctionnelles dans leur entier. A quai, la cellule d’urgence médicale les attendait pour prendre en charge les corps et les mener en bas. Dans le bloc équipé, on pouvait tenir à 50 sans se gêner, soignant et équipages. Le medchir d’urgence et son équipe les attendaient en buvant un thé, tous avec l’air grave et rassis de praticiens expérimentés. Le convoi se défit et les soignants prirent les six corps sur les civières automatiques, accompagné du médecin et de son assistant. Alijaian pris la section pour le remisage des navettes et dit aux deux pilotes : - Halim et Linen, vous les suivez. Linen, avant, venez, j’ai à vous parler. Linen se doutait bien de quoi et le redoutait. Au moins, c’était au Capitaine Alijaian qu’il avait à faire ; Linen l’aimait bien, cette femme. Et, pensait-il, c’était réciproque. Linen se disait qu’elle devait l’avoir dans l’œil ; c’était devenue matière à plaisanterie et faisait courir un sourire entendu à toute la chambrée quand le sujet était évoqué. - Linen, je passerais vous voir après : toi, l’Archame Lela et ta soeur Celi, tu veux bien ? Il acquiesça gravement en baissant les yeux. Pour sûr qu’il voulait bien. Mais cela fit remonter l’énorme bouffée de sentiments qu’il s’efforçait de contenir depuis que l’alarme avait sonné. Il se contenait à toute force pour ne pas s’effondrer devant elle. Elle le vit bien et hocha légèrement la tête pour lui reprocher cette coquetterie de mâle. - Oh, je pleurerais moi aussi avec vous après, et longtemps tu sais ? Tu peux prendre de l’avance si tu veux, vas. Linen lui adressa un long regard vexé et reconnaissant à la fois, acquiesça à nouveau en retenant son souffle. Elle reprit. - Linen, ce sera à toi de leur annoncer. Elles sont en bas, tu sais ? Oui, il savait. Elles savent qu’une navette s’est décrochée, mais elles ne savent pas laquelle. Il le savait aussi. Linen, je n’ai pas voulu que tu voies les corps mais… Ils sont comme d’habitude, tu sais. Elle reprit sa respiration. Il a pris 10 mégawatts.secondes. Je ne voulais pas que tu le voies avant de l’avoir vu moi-même. Je sais ce que vous étiez l’un pour l’autre. Linen leva la tête. - Vous avez dit au Pilote Halim de me tenir aux commandes pendant qu’on posait les corps dans les autocivières ? - Non, ne crois pas ça. Il a pris mon exemple sans que je lui demande, voila tout. Et il a très bien jugé. Tu verras les corps en bas, c’est bien assez tôt et la mission a été menée sans accroc. - J’aurais pu… J’aurais aimé faire les premiers gestes, le placer dans la civière… - Oui, tu aurais pu. Pardonne-nous d’avoir pris cette décision pour toi. S’il n’y avait pas eu autre chose, tu aurais été en première ligne, mais… Elle le rassurait dans sa propre incertitude. Il n’avait pas osé protester. En un sens, laisser un pilote aux commandes à l’arrimage se justifiait dans une procédure de sécurité strictement comprise. Mais il aurait du tout de même y aller. S’il avait montré qu’il le voulait, Halim l’aurait pris avec lui. Pour la seconde fois, il se sentait lâche - … Mais j’ai une mission plus importante à te confier. Linen, ces morts sont importants pour nous. Elle disait nous, c’était ce nous collectif, la Nation. Elle se reprit. - Oublie ce nous. Je vais être très franche. Je vais être mise à l’épreuve, tu le sais. J’ai perdu six hommes et c’est de ma faute. - Capitaine Alijaian, je ne laisserai personne dire cela. Elle le regarda de ce coup d’œil et ce pincement des lèvres qu’il aimait tant chez elle, cette façon de dire « tu oserais ? » à la fois malicieuse et confiante. Elle reprit son souffle ; il se figura brièvement qu’elle aussi subissait l’épreuve et que la confiance qui lui manifestait était bienvenue. - Merci, mais je ne te demande pas de militer. C’est de ma faute parce que c’est ainsi. C’est ce qu’on dira et c’est à moi de me défendre. Mais je veux que ça se passe bien avec les familles. C’était ton ami et c’est presque ta famille en bas. - Pas « presque ». C’est ma famille. La seule que j’ai. - Oui, pardonne-moi, oui. Les autres familles seront informées par moi-même, j’irais les voir personnellement, mais ta famille travaille au H0G. Ils seront peut-être sur le quai et apprendront la nouvelle en voyant les corps. Et je ne peux pas descendre maintenant. Elle fit un signe de tête pour désigner le reste de la section qui attendait derrière. C’est à toi de le faire, de toutes les façons, quoi que je te dise. Mais je voulais que tu saches que je te confie cela. Il acquiesça d’un rapide regard et rejoignit la cabine, qui s’en allait. Il s’installa à côté de Halim en collant le haut de son dos contre la cloison. Les microvillosités des deux surfaces s’agrippèrent et le maintinrent fermement. Devant eux, les six sarcophages s’alignaient autour desquels l’équipe médicale s’affairait comme une poignée d’insectes calmes, s’emparant de ces restes dont personne ne voulait plus. On injectait de l’air dans la doublure de la tenue pour en chasser toute l’eau et Linen détourna les yeux du spectacle obscène de ces baleineaux échoués qui gonflaient comme pris par la fermentation. Cela ne dura qu’une minute puis les combinaisons retombèrent sur les corps comme des linceuls. Linen contempla cette ultime expiration, les yeux dans le vide, fasciné. Un brusque hoquet de détresse se bloqua dans sa poitrine. Il lui semblait que c’était sa vie à lui s’en allait dans ce dernier souffle mécanique. Tous les instants de son enfance, toutes les courses sur l’océan, toutes les baignades dans le fleuve, toutes les balades sous le soleil, tous les fluides doux et lumineux qui le baignaient depuis sa naissance fuyaient maintenant par le tuyau de vidange, avec un bruit rauque. Cela ne faisait que trois mois qu’il avait quitté le sol pour rejoindre sa section, et l’Arche lui semblait un monde lointain, une abstraction douloureusement incompréhensible dans le souvenir. Il y a trois mois, avec cent cinquante futurs étudiants il sautait du Moyeu en planeur, à 4500 mètres d’altitude, pour fêter leur admission à l'académie des Systèmes Vivants. Comme une volée d’oiseaux migrateurs ils avaient tournoyé, rasant le fuseau solaire en deux longues files en V qui enroulaient une double spirale autour du Moyeu. Pendant dix minutes, ils étaient les rois, applaudis au sol par le peuple ravi qui clignait des yeux pour les apercevoir, eux contemplant avec des cris de victoire leur futur domaine. Ils étaient les fils du soleil, couronnés par sa lumière si proche, et fils du vent qui surgissait dans les oreilles quand la pesanteur s’emparait enfin d’eux pour les mener au sol. Voler, noble Art de l’Arche. Noble Art. Son Art. Linen était pilote depuis ses 16 ans, il était précoce et doué à ces jeux dans l’air. C’est lui qui entraînait Anki et, pendant des heures, ils se baladaient en copilotage, prenant le Câble interne vers le Moyeu avec leurs appareils et en chutant jusqu’à trois fois par jour. En ce jour d’alors, c’était la Déferlante, la chute de toute la promotion en planeur individuel. Il était seul dans son appareil fétiche et libre comme jamais Il se sentait bien. Grant’An se dit Linen : et pourtant, je ne me souviens plus de ce que j’étais à moment là. Etait-ce possible ? Il se revoyait de l’extérieur comme au travers d’un carreau poussiéreux, avec un regard presque lassé. Il contemplait le Linen amoureux de tout, de rien, pleinement vivant qui en rajoutait dans l’ivresse de voler, comme un coq, débrayant le système de pilotage pour s’éloigner et se rapprocher de la file des planeurs qui s’égrenaient dans le ciel avec les acrobaties d’un chien de berger. Aujourd’hui, Anki est mort. Anki qui se précipitait vers lui dès l’atterrissage, dans la Grande Prairie du 120°W, pour « lui mettre sa raclée » parce qu’il avait osé lui couper la route, et les grandes bourrades qu’ils se lançaient en hurlant « Enlil ! Seigneur des Vents ! », en gueulant comme des perdus. Son frère Anki avec qui il avait grandi depuis ses sept ans, quand ses propres parents et son père à lui avaient disparu. Anki était mort sans lui. Il avait dû hurler jusqu’à ce que son cerveau ne coagule quand le brutal échauffement avait mordu sa chair. Anki, aussi beau que sa sœur et qui faisait une tête de plus que tout le monde. Anki ne ressemblait plus à rien et plus rien ne ressemblait à rien. Les larmes qui noyaient ses yeux grands ouverts lui semblaient une grande miséricorde pour ne plus rien voir. Message édité par Gilgamesh d'Uruk le 07-06-2012 à 22:53:18 --------------- Nation spatiale : la chaîne de l'Arche interstellaire. |
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