Reprise du message précédent :
- La baisse du taux directeur de la banque centrale abaisse le coût de financement des banques, leur permettant (toutes choses égales par ailleurs) de baisser les taux de leurs prêts aux ménages et aux entreprises.
- Le QE liquéfie les bilans des banques, en remplaçant des actifs (typiquement des obligations) par du cash. Cela incite les banques à prêter davantage, et à des taux plus bas car le QE réduit les taux longs.
Mais ces 2 mesures ne sont efficaces que si le système bancaire fonctionne correctement. Car des problèmes généralisés de solvabilité et un deleveraging généralisé des banques peuvent les conduire à vouloir/devoir prêter moins, quel que soit leur coût de financement, quel que soit le degré de liquidité de leurs bilans. Des problèmes de solvabilité des banques sont donc une limite importante à l’efficacité des mesures de la banque centrale, conventionnelles et non-conventionnelles.
L’intérêt principal du helicopter money, c’est de contourner les banques, en créant un lien direct entre la banque centrale et les agents économiques. La banque centrale peut influencer leur comportement sans passer par les banques. Cela peut donc être un complément intéressant au QE.
Cela dit, il y a risques / limites importantes à l’helicopter money :
1. L’helicopter money peut être éventuellement efficace comme mesure one-off. Le problème, c’est que si la banque centrale commence à utiliser cette mesure, des anticipations d’utilisation répétée, à la moindre crise, s’ancreront rapidement. L’effet inflationniste de l’helicopter money pourrait ainsi être non maîtrisé.
2. L’helicopter money conduirait à une pression populaire et politique sur la banque centrale, donc potentiellement une menace sur son indépendance.
3. La fourniture d’helicoper money se heurte à une limite technique : toutes les personnes physiques n’ont pas de compte bancaire. L’idéal serait que toutes les personnes physiques aient un compte à la banque centrale.
4. Il y a un problème de confidentialité : les billets permettent un usage anonyme de la monnaie, alors que des comptes nominatifs à la banque centrale ne le permettraient pas.
Les CBDC (Central Bank Digital Currencies / « cryptos de banques centrales ») permettraient de répondre aux problèmes 3 et 4, donc ouvrent la voie à une politique monétaire contournant les banques. En revanche, les problèmes 1 et 2 demeurent.