turing1 | fpo a écrit :
j'ai compris que j'ai commis une erreur en arrivant pour mon stage au club dans une voiture de "sport" rouge immatriculée au luxembourg... on a senti le mec qui allait rentabiliser le moulin, faut dire que deux trentenaires qui débarquent en traversant la france pour apprendre dans un petit club perdu, ça doit être une occasion à ne pas rater
à titre d'info, je ne suis pas riche... je devais l'être moins que mon instructeur...
ça se passait dans les pyrénées, y avait des morveux d'une école d'ingé de toulouse qui puaient le fric et étaient dans le genre mal élevé, ils volaient gratos... leur école subentionnait beaucoup... je suppose qu'il ne fallait pas se fâcher avec l'école
moi je payais le vrai prix, le prix fort et effectivement, l'heure d'instruction était gratos et était comprise dans la location du planeur, mais mes vols étaient de très courte durée (fallait que "j'apprenne à atterrir" ) donc je décollais souvent, alors que je voulais rester en l'air jusqu'à en gerber...
il va de soi que c'était nous les "étrangers" qui nettoyons les planeurs ramenés par les "réguliers" et nos amis les jeunes qui n'avaient pas le temps de rester puisqu'ils devaient retourner à toulouse (le fait qu'il fallait se taper 40 bornes pour trouver un hôtel décent ne les génait pas)
l'équipe sur le terrain était super sympa, je ne la ramenais pas, modeste, j'étais en face de "spécialistes" qui connaissaient leur "métier" et je n'avais qu'une envie, apprendre à piloter les cercueils du club
mais je n'aime pas qu'on abuse de ma "bonhomie" apparente
au club de thionville, pareil, des bras cassé et des gros ploucs, tu ne peux pas venir du luxembourg sans qu'on considère que tu doives payer ta taxe pour le bien être du club
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On a eu le même problème chez nous avec les élèves de l'ENAC, débarquaient avec leurs King Air, et mettait un foutoir monstre.
Ne respectaient pas les consignes élémentaires du vol, genre c'est nous planquez vous.
Partaient sans nettoyer le planeur, débarquaient quand à l'heure où on avait mis tous les planeurs en piste (trop fatiguant pour eux)
Faisaient un point fixe devant le hangar ouvert, et toutes les ailes de planeurs sur leurs berceaux, démontées pour la visite anuelle qui tombent comme des chateaux de cartes, les verrieres en re polishage rayées, fendues, des rampes infra rouges pour le sechage du gelcoat qui tombent dans le bidon qui nous servait de poubelle pour chiffons et produits usagés.
N'hésitaient pas à faire passer la dérive de leur King Air à 1 mètre du nez d'un planeur d'une nana à son vol de laché.
Même le chef pilote a failli les lyncher.
Il y en a même un qui a posé son King Air sur le ventre parce qu'il avait "oublié de sortir le train" !!!!
Devant nous ! On l'a tous vu !!!
Des catas de ce genre chaque fois qu'ils décollaient.
Il y en a un qui ne m'a pas vu, je terminais mon épreuve de 5 heures quand l'un des ENAC m'a obligé à sortir de ma dernière ascendance. Normalement en réglementation aérienne, c'est à l'aéronef le plus manoeuvrant à s'écarter, en l'occurence le King Air puisque il a des moteur puissants. Mais non, je l'ai vu dans son cockpit le gars, le nez sur le chrono de son manche et sa carte, a viré au top, sans regarder dehors !!!
Et j'étais là !
J'ai pu serrer à l'interrieur de son virage, passer en dessous et me poser direct.
J'ai été voir le chef, qui s'en est pris à leur instructeur. Ca à fumé !!
Bref, chaque fois que les ENAC étaient de sortie, fallait se planquer sérieux.
Mais un jour, pas de chance, on les a humiliés de chez humiliés.
Un matin, nous étions 4 en train de siroter une boisson fruitée au bar de l'aéro club voisin.
Nous avions fini les vols de chauffe des remorqueurs, et ceux d'essais des planeurs remontés après visite annuelle. Il n'y avait plus qu'à manger et attendre que les ascendances démarrent, en général vers midi / 1 heures.
Bar tenu par un très ancien pilote de chasse de la guerre de 40. Il pilotait un Dewoitine, s'est fait abattre plusieurs fois, emprisonné, évadé, blessé, et retourne à sa base pour recommencer.
J'étais avec notre chef pilote, une autre pilote qui venait de pulvériser le record du monde de vitesse en planeur sur 100 et 300 km, et une jeune stagiaire fana de pilotage et super douée.
Deux des ENAC arrivent. Le genre foulard de frime autour du cou, chemise blanche avec des tas d'insignes à la con, montre en titane kevlar, 36 millions de rubis, la frime de gland quoi.
On ne les connaissaient pas, mais nous jetaient un regard noir de haine quand même.
A un moment, dans un grand silence des conversation, on entend l'un deux sortir "ah oui, j'ai vérifié au fait, t'as raison, 1000 mètres de piste en béton pour faire décoller un Rallye c'est franchement juste".
Hors, nos avions remorqueurs SONT des Rallye, nous avons une piste de 800 mètres d'herbe dont seulement 500 utilisables en début de saison, et nous décollons avec des planeurs en remorquage.
Cherchez l'erreur.
Le barman qui les regarde avec un mépris non dissimulé.
Les deux nanas qui les regardent interloquées, la stagiaire qui fait : "mais chef, c'est bien des Rallye nos remorqueurs ?".
Lui ne répond pas.
Moi je regarde les deux clones très 16ème avec une expression de mépris très exagérée.
Le chef les regarde, avec ces petits yeux plissés à la Chuck Yeager quand il prépare une énorme conseté.
Il me dit "Tu prend le Charlie Hotel, je prend le Bliq et tu me suis".
Le Charlie Hotel c'est mon bon vieux Rallye 180 cv que j'adore.
Le bliq, abréviation de Schmill Blicq, parce que série de Rallye montée avec des séries de pièces de séries d'avions non vendus.
Une soupe de Rallye quoi, et en plus immatriculé IQ. D'où le surnom de Schmil Bliq.
Bon, je rale, bien sur c'est le chef qui prend l'avion neuf et moi je me traine avec le vieux.
Fallait bien dire quelque chose malgré que faire un quart d'heure de mon ch j'étais super heureux.
Les énormes portes fenetres du bar donnant pile sur les pistes, ils n'allaient pas rater le spectacle.
Moi je suis le chef, il s'installe dans son blick et m'attend.
Me fait le geste de mettre en route. Il fait tourner son bras en l'air.
Pour que je mette en route en meme temps que lui, style armée de l'air.
Je commence à percuter qu'il nous la joue décollage patrouille de chasse et qu'il va falloir le suivre dans une conseté maison.
Bon.
Acheve, mise en route, cris, roulage, annonces radio, tout ça quoi.
Je le suis sur le taxiway, et au moment de faire normalement le point fixe, il accélère et s'aligne à bien 50/60 km h sur l'axe de la piste et met les gaz à fond sans baisser les volets.
Je me demande il nous fait quoi là il va éclater les pneux ?
Ah ouiiiiiiii, une démo de décolage super short !
Bon, ça je ne sais pas faire, et puis j'ai un vieux moteur un peu faible.
Je le regarde, je m'aligne et direct le moteur à fond.
Et hop je le vois sortir tous les volets d'un seul coup et arracher le Rallye comme une fusée accroché à son hélice.
Par reflexe je prend des reperes au sol pour calculer la distance de décollage après.
J'essaie de faire pareil mais pas terrible.
Je mets 150/200 mètres de plus que lui qui nous l'avait enlevé en 350 mètres.
Il a pris de l'altitude et se mets en vent arriere très haut.
Moi je me dis, conseté pour conseté à moi d'en faire une.
Et je fais une ptu courte et basse qui m'amene dans son aile en finale alors que lui a fait sa prise de terraim haut et large.
Il fait un battement d'aile pour que je m'écarte, et je grimpe un peu en sortant tous les volets pour ralentir.
Et il nous fait non pas un atterrissage pépere peinard d'avion de ligne, mais un véritable appontage au seuil de piste, freins bloqués, volets sortis à bloc, grands angles, manche au ventre, le patin d'étambot sous la queue qui frotte l'herbe avant la piste et le béton.
Et il freine à mort se retrouvant pile à bonne vitesse pour tourner au taxiway.
Moi ça je ne sais pas faire.
Je me pose le plus court possible quand meme.
Il m'attend au tarmac pour couper en meme temps que moi.
Nous revenons au bar, les deux clones sont là et nous regardent avec la haine.
Le barman est mort de rire.
Et le chef, bien fort " t'as raison ma belle c'est bien des Rallye nos remorqueurs ! J'ai eu un doute tout à l'heure !"
Les mecs, enragés, ont jeté un énorme billet sur le bar et se sont barrés.
Sans blague ! Message édité par turing1 le 05-02-2006 à 11:23:04
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