MsieurDams a écrit :
Bon, pour Charliànuméro qui me demandait un CR avec un peu plus de recul sur ma F800R, je vais m'épancher un peu plus.
Situation : F800R achetée neuve mi-juillet, presque 6 000 km au compteur trois mois après, répartis en : 1 000 km de rodage, 2 600 de roadtrip bretagne / cotentin / normandie, le reste en balades et daily. Pas d'incidents notables (pas de cadre / bras oscillant pété ni de problèmes de pompe à eau)
Quand j'ai choisi la F800R, j'ai avant tout souscrit à une moto prévue pour être pratique pour un certain nombre d'aspects qui me faisaient envie du temps du SV ou de la kawette. En premier lieu, de la bagagerie fixe capable d'avaler suffisamment d'affaires pour partir en vacances avec, sans devoir me retrouver avec une sacoche de selle, une sacoche de réservoir, un sac à dos, et la viande coincée au milieu de tout ça. Les packs d'accessoires aidant, je me retrouve avec une moto presque GT, la protection et les carénages en moins. Encore que.
Design et équipements
Autant le reconnaître d'emblée, la F800R n'est pas la moto touchée par la grâce pour le design. Ses angles, son phare asymétrique rectangulaire, sa fourche non inversée, ses "hanches" larges (pour accueillir le réservoir) suscitent les moqueries de la part de ducatistes en mal de reconnaissance. Oui, c'est carré et ça semble un peu panzer sur les bords, ça ne fera pas vraiment mouiller les filles (ou peut-être outre-Rhin) et ça ne devrait pas être une moto qui attire les convoitises. A côté de cela, le coloris que j'ai choisi apporte une touche d'originalité et c'est une moto que l'on croise peu sur les routes, à la différence d'un Z, d'une struite ou d'une FZ8. C'est un peu aussi pour ça que je l'ai choisie.
Les équipements d'origine BMW (avec ou sans pack) que j'ai choisi sont les suivants : ABS, ordinateur de bord (conso moyenne et instantanée, vitesse moyenne, température de l'air, chronomètre), poignées chauffantes (deux positions : chaudes et infernales), sabot moteur, béquille centrale, support de valises, porte-paquets. J'y ai ajouté un tapis de réservoir bagster et des Top-Block (montés à l'endroit). L'alarme et les capteurs de pression ont été évités, je les jugeais plus sources d'emmerdes qu'utiles.
Le porte-paquets, les valises latérales et la béquille centrale sont les deux équipements que j'ai le plus sollicité depuis que je l'utilise (le plaisir avec une valise de pouvoir laisser une partie du bordel que trimballe un motard quand il s'arrête est appréciable
Les valises : elles ont une forme arrondie, ce qui, disons-le tout de suite est un peu contraignant pour le chargement. On la réservera pour des objets souples ne craignant pas d'âtre compressés (le linge). Elles sont semi-étanches, c'est à dire qu'elles tiendront sans problème la pluie, mais BMW fournit des sacs en toile pour assurer l'étanchéité complète de vos affaires. Elles sont extensibles et l'on peut ajuster l'ouverture (en gros on déploie les sangles pour refermer les valises en mode étendu et on repousse jusqu'à ce que ça bloque, un peu comme un collier rislan. Autre point, n'espérez pas récupérer quelque chose au fond d'un des sacs sans devoir tout refaire, ou devoir rouler avec une valise plus large qu'au départ. Amateurs de l'optimisation à la tétris, c'est pour vous.
Instrumentation : déjà vue sur toute la série des F650/800, deux compteurs ovales et un placard digital. Les versions avec l'ordinateur de bord ont un indicateur de rapport engagé, très lisible. C'est sobre, ça ne transpire pas du tout la sportivité (sauf pour le fond blanc du compte-tours), mais c'est lisible (un peu plus que l'afficheur bizarre de l'ER6 2e génération). Petit gizmo rigolo, l'éclairage du compteur ne s'active que lorsqu'on est dans le noir (ou qu'on passe dans un tunnel) et s'active avec une petite progression. L'affichage des infos de l'ordinateur de bord se fait au guidon, celle des trips sur le bloc compteur. Le phare diffuse un pinceau de lumière large et semble plutôt efficace de nuit (comme d'hab, on aimerait que le croisement porte un peu plus loin).
La position
Je suis plutôt grand et l'un des reproches les plus récurrents que je faisais à la kawette était de me plier les jambes. En balade ou sur du daily, ce n'était pas tellement un souci. Celui-ci se révélait surtout sur les longues étapes de liaison, autoroutières ou non. Combinée à la protection minimale, je m'en étais rendu à mettre les pieds sur les cale-pieds passager, le ventre sur le réservoir et la tête dans le compteur pour supporter l'appui du vent et étendre un peu les jambes. Sur la F800, j'ai l'impression que mes jambes sont légèrement moins pliées, j'ai eu moins à me plaindre de ce point lorsque j'ai enquillé trois heures quasi non-stop sur les voies rapides pour aller de la Bretagne au Cotentin (pauses vidages et remplissages exclues bien entendues). Au guidon, la position reste droite, et le guidon bien plus large et bien moins cintré que celui de l'ER6 participe au confort de conduite, on se sent moins coincé par l'étroitesse du guidon. On dit que la position impose d'être légèrement en appui sur les poignets, je ne l'ai pas ressenti au final. Le faux réservoir à l'avant ayant une forme particulière, on s'insère vraiment dans la moto et les cuisses l'entourent sans difficultés. C'est plus large que l'ER6 mais ça n'est pas comme un gros réservoir de Z750 ou de GSR 750 sur lequel je cherchais sans cesse ma prise. Le saut de vent fait son job, j'en prends moins la quiche que sur la kawette et j'ai moins le besoin de m'aplatir sur le réservoir même sur de l'autoroutier.
La maniabilité et la partie cycle
Là, je pense que je touche un point un peu limite de la moto, au niveau de la mania à basse vitesse. Bien que je vais pouvoir la retravailler dans des conditions sereines à la Casim cette année, je trouve la F800R beaucoup moins maniable à l'arrêt où à très basse vitesse. Le rayon de braquage semble plus large que l'ER6 que l'on pouvait faire tourner dans un mouchoir de poche. A travailler, je n'ai pas encore d'avis définitif sur ce point. Mais le parking chez moi entre deux voitures impose un peu plus de manœuvres que pour la kawette.
A vitesse moyenne par contre, c'est du bonheur. Le train avant est léger (bien aidé par le fait que le réservoir soit à l'arrière et la moto répond très facilement aux impulsions sur les repose-pieds, bien aidée je pense par la monte de pneus (Power). La mise sur l'angle est vive et facile. A haute vitesse, l'impression de stabilité est présente.
Au niveau des suspensions, je dois encore me prononcer : j'ai l'effet "suspension neuves" (contrairement à la kawette, raide à l'avant et dotée d'un combiné arrière qui fatigue), donc j'ai forcément l'impression de passer mieux et plus vite sur des routes où je dansais un peu la lambada avec la kawette (dans le Morvan après avoir essayé la moto de chasse de N-mi qui filtrait tout et la Shiver de Gam'1, j'avais l'impression d'avoir une saucisse en lieu et place d'une moto). Après, sur de la route défoncée, l'ensemble paraît raide (en tout cas, je l'apprécie plutôt ainsi), je roule avec précontrainte +2 par rapport à l'origine (ce qui explique aussi pourquoi Creator, qui doit être plus léger que moi l'a trouvée dure comme un bout de bois). La dernière sortie dans le Vexin avec une route en lacets défoncée m'a permis de voir la différence en termes de qualité d'amortissement et je n'ai pas senti la moto se désunir. Je ne sais que penser de l'amortisseur de direction (d'origine, non réglable) dans le sens où je ne sais pas s'il participe à la qualité de la partie cycle (il doit certainement y concourir, tout comme le nidificateur de fourche). Autre point pratique : la précontrainte se règle avec une molette sur le côté, la détente avec une vis à main.
Le moteur
On touche un point sensible : c'est un bicylindre, qui n'a pas une grosse allonge (8 500 tours), et qui vibre pas mal. On aime ou on déteste. Il compense ses défauts par un couple sensible dès 4 000 et la puissance max à 6 000 et se sent très bien pour enrouler efficacement entre ces deux plages. En dessous, le moteur est très souple (il est possible de reprendre à partir de 2 000 sans que ça hoquette de trop) et il se montre peu glouton (je tiens une moyenne à 5.0-5.1 là où je faisais du 5.5 avec la kawette). L'autonomie selon qu'on fait attention ou non doit pouvoir assurer 300 kms quasi garantis. On doit pouvoir toucher les 320 en allant presque au bout du réservoir.
Après, la sonorité et le caractère vont faire fuir les amateurs de mécaniques de caractères, le moteur est là pour faire son job, point. Il tire 87 cv au vilebrequin (soit un peu plus de 80 si on s'en tient au comparo de Moto et Connards) et l'on sent bien lorsqu'il tracte (cela implique de connaître un peu ses gammes de vibrations et de sonorités). On sent que le moteur pourrait prendre plus haut en tours, mais qu'en même temps, passé 6 000, on se dit qu'on pourrait passer la vitesse supérieure et profiter tout de suite du couple. La boite de vitesse est assez douce, bien qu'elle requière une impulsion bien marquée pour le passage des vitesses, faute de quoi, quelques faux points-morts peuvent apparaître (entre la 4 et la 5 le plus souvent). Le passage du point mort ne raclera pas comme sur une Yamaha. J'ai largement de quoi voir venir avec le moteur tel qu'il est, mais je me dis qu'une F900R (donc avec le moteur de la Nuda) lui donnerait un petit piquant bien appréciable (en tout cas pour les moants pilotes de course). La sonorité avec le pot stock n'est pas son point fort (comme tout bi en ligne au passage). Moins désagréable que le proutproutprout d'une ER6, ici, ça tient plus du motoculteur ou du moteur de bateau. Mais c'est discret, donc je mets au défi de se faire emmerder par la maréchaussée avec cette moto. Un pot d'échappement un peu plus libre (un Akra ou autre) peut rattraper la chose
Le freinage
Brembo 4 pistons à l'avant, secondé par l'ABS, brembo 1 piston à l'arrière et durit tressées. Le freinage est dosable et efficace. Je ne l'ai pas trop mis en contrainte (dû à la conduire faite d'enroulé et de frein moteur / frein arrière), mais lorsque l'on serre un peu plus fort, on sent bien le mordant. Je ne pense pas avoir de gros reproches à lui faire. L'ABS semble prendre la main rapidement, surtout sur le frein arrière (les premières fois c'est déroutant, vu qu'il s'agit de ma première moto avec ce dispositif). A voir dans le temps mais ça ne sera pas un point négatif.
Les "irritants"
Comme toute moto, il y a des petits trucs qui agacent :
- Les clignotants : ils ont un rappel automatique (passé une certaine vitesse, ils se désactivent tout seuls, ce qui est un tantinet chiant lorsque j'annonce un changement de direction à l'avance type sortie d'autoroute). Il faut vérifier qu'ils ne se sont pas désactivés au passage pour ne pas passer pour un GC dans les ronds-points.
- L'emplacement sous la selle. forcément, avec un réservoir à l'arrière, il n'y a pas la place nécessaire pour ranger un antivol. Donc je l'ai installé sur un support latéral qui gène un peu mon talon (et c'était pire avant que je bricole quelque chose pour empêcher que les vibrations dévissent la patte de maintien et le fassent glisser plus en avant). Il n'a pas été prévu de possibilité d'utiliser l'espace à l'avant du faux réservoir pour stocker des trucs.
- Le bloc compteur qui vibre. La manière dont BMW a conçu son support de compteur (une grosse patte en plastique vissée sur les tés et formant un bras central sur lequel est fixé le compteur et le saut de vent) est juste pénible. Au ralenti, ça vibre, lors des freinages, on le voit gigoter. Ce sera corrigé avec l'adjonction de deux pattes métalliques venant renforcer le bloc compteur.
- L'instrumentation. Bon, passe sur le style, très sobre, mais cette petite aiguille dans un compteur de forme ovale, ce n'est pas le plus précis pour contrôler sa vitesse surtout en ville.
[b]Conclusion générale[b]
Une moto conçue pour être pratique, discrète et efficace en tout point. Une bonne suiveuse, prête à accepter de partir en voyage longtemps et suivre sans trop peiner les motos qui ont mis l'accent sur le caractère moteur ou une partie cycle encore plus affutée. Et pareil, pour les tl;dr, mettez vous des wade 
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