Klm a écrit :
Y'a quand meme des trucs qui sont bien spécifiques, et que tu reproduis pas à la moindre occaz'.
Autant, le freinage d'urgence et l'évitement, je veux bien, mais les slaloms, tant rapide que lent, tu en fais bcp en circulation?
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Oui, dans le sens où les techniques mises en oeuvre pour réaliser ces slaloms sont juste fondamentales dans le maniement moto.
Effectivement, personne ne fait de slalom autour de plots dans la vraie vie.
Sauf que le fait de pousser sur ton guidon pour incliner et faire tourner la moto, au lieu de juste pencher le buste, ça sert un peu dans les virages...
Personne ne prend des portes entre deux piquets.
Mais quand tu dois te faufiler en conduite urbaine, contourner des voitures, tourner à angle droit dans une ruelle étroite et en pente, tu es bien content de savoir manier ton point de patinage sans caler.
Quant à l'évitement et au freinage "dit d'urgence", let me lol.
C'est justement parce que beaucoup de motards croient savoir pratiquer un évitement imprévu ou un freinage d'urgence qu'ils jugent inutile de le travailler après le permis, de s'y entraîner régulièrement, et que du coup, quand il s'agit d'en faire un, 80% se mettent au tas (chiffre CEESAR, étude RIDER 2005).
Parmi les équipements que je propose d'occase, certains sont neufs, jamais portés.
D'autres ont été portés une seule fois et sont nickel.
Evidemment, le prix en reste conséquent, même s'il est de moitié (voire plus) inférieur au prix neuf.
Du coup, ce sont ceux qui se vendent le moins bien et me restent sur les bras.
A l'inverse, les "petites merdes" qui ont servi, qui étaient un peu usées et que je vendais à super pas cher, là c'est parti vite !
charli323 a écrit :
Mais tout ça c'est encore de la répression et de l'atteinte aux libertés, si un mec veut risquer sa peau a rouler pas équiper c'est son problème ... Donc là vous allez me répondre : "ouai mais on paye pour eux quand il se vautent" c'est bidons ces arguments, dans ce cas on interdit toutes les caisse de plus de 5ans car elles sont moins secure, et même la moto tout court car ça coûte cher à la société ...
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Tout coûte.
Maintenant, ce qui fait râler, c'est de voir des centaines de mecs se tuer ou se blesser gravement (avec séquelles à vie) connement, inutilement, juste par recherche de sensations fortes, ALORS QU'ON AURAIT PU L'EVITER.
Le débat sur les notions de responsabilité individuelle d’un côté et de liberté individuelle de l’autre peut être ramené (schématiquement) à un dilemme entre sécurité et confort (au sens de confort de l’individu, de la recherche de son intérêt particulier immédiat).
Deux thèses s’opposent:
- le confort procure la sécurité, même si la sécurité impose parfois de diminuer son confort ;
- le confort diminue le sentiment de vulnérabilité et la notion de responsabilité, ce qui impacte la sécurité.
Certains les mettent non pas en opposition, mais en rapport causal.
Selon eux, un trop grand confort diminuerait la vigilance, tandis qu’à l’inverse, un moindre confort maintient éveillé et sur ses gardes.
Un copain à moi se demandait par exemple si le port du casque jet n’aiguisait pas le sens de la prudence, vu le sentiment de vulnérabilité plus grand qu’il procure. Cela peut se tenir.
Sauf qu’en poussant le raisonnement au bout, on pourrait dire que ceux qui conduisent en t-shirt et sans gants devraient rouler plus prudemment puisqu’ils seraient censés se sentir plus vulnérables.
On sait bien que ce n’est pas le cas.
A l’opposé, la recherche systématique de la sécurité à moto, telle qu’elle est parfois menée à nos jours (et qui est en un sens une contradiction interne, puisque ce mode de transport représente intrinséquement un risque), se rapproche du fameux « principe de précaution » invoqué à tout bout de champ.
Là encore, en poussant à fond cette logique, on en arrive à nier la notion de responsabilité individuelle. Après tout, chacun n’est-il pas responsable de son intégrité ? Pourquoi devrions-nous diminuer notre confort, notre plaisir, notre intérêt personnel et immédiat, au nom du respect de notre propre sécurité et de celle des autres ?
Sauf que…
Comme souvent, une argumentation inverse est tout aussi possible.
L’argument qui tend à faire croire que l’on peut s’adonner en toute sécurité à la vitesse de façon isolée n’est valable qu’en milieu protégé, c’est-à-dire sur circuit.
Nous partageons la route. Au-delà des risques qu’il encoure pour lui-même, le motard évalue souvent mal ceux qu’il peut faire courir aux autres. Une moto lancée à pleine vitesse peut couper une voiture et en tuer les occupants. Le motard sera certainement tué lui aussi, mais il ne partira pas seul.
Au total, on ne s’en sort pas, chacun y va de son raisonnement et les positions s’échelonnent tout au long du spectre entre les deux extrêmes, d’un côté les tenants de la liberté individuelle totale à l’américaine (enfin, dans les Etats qui n’imposent pas le port du casque), de l’autre les partisans du tout sécuritaire.
Beaucoup modulent leur opinion selon le sujet, sont plus sécuritaires sur tel point, plus libertaires sur un autre. Cela peut même varier dans le temps. Chacun voit midi à sa porte en fonction de son expérience ou de ses souhaits personnels…
Ma position qui vaut ce qu’elle vaut, c’est-à-dire pas grand-chose : bien sûr, chacun est libre.
Bien sûr, quand on parle de casque jet par exemple, le premier impacté sera le motard qui aura privilégié le confort sur la sécurité.
En cas d’accident, s’il est défiguré ou qu’il prend la bulle dans les dents, il ne pourra s’en prendre qu’à lui-même. Il sera le premier responsable et le premier concerné.
Mais sera-t-il le seul ?
C’est à mes yeux le même débat que celui sur la gratuité des secours.
Un accident coûte de l’argent à la collectivité. Les soins, une hospitalisation prolongée, la rééducation, ça coûte cher, très cher, tous les personnels des services de santé pourront en témoigner.
Quand un mec se plante en montagne parce qu’il a été assez bête pour aller faire du hors-piste alors qu’il y avait un bulletin d’alerte avalanche, il coûte des milliers d’euros à la collectivité. A tel point que maintenant, les communes de montagne veulent faire payer, au moins en partie, les victimes d’accident.
Pour info, un blessé grave (handicapé lourd et à vie) coûte au total entre cinq à six millions d’euros aujourd’hui en France.
Dans la même optique, qu’en est-il du motard irresponsable qui va aller se planter et se blesser gravement parce qu’il aura négligé la combi intégrale cuir pour éviter d’avoir chaud ?
Je pousse l’exemple volontairement très loin, mais l’idée est la même. Les conséquences d’un accident vont forcément coûter au contribuable, c’est-à-dire à tous (enfin presque). Sans compter le temps perdu par les secours qui auraient peut-être pu être utiles sur un autre sinistre, etc.
Nous vivons dans une société organisée. Chacun de nous est un citoyen qui représente à la fois un capital et un investissement pour la société, notre pays et notre nation. Le pays a financé notre éducation, payé pour nos études et attend en retour une production, un travail, des cotisations, des impôts, des enfants pour renouveler le cycle.
Un motard qui se tue par négligence, c’est un électeur, un contribuable, un salarié, un parent qui disparaît.
C'est non seulement une perte sèche de plusieurs dizaines de milliers d'euros gaspillés en vain, mais en plus un manque à gagner avec des cotisations / impôts qui ne seront jamais payés et ne viendront pas rembourser ce que la société a dépensé pour lui.
La moto est une activité à risque, à nous de l’assumer et de réduire le risque au minimum tout en préservant notre plaisir.
Comme ce n’est pas possible d’atteindre le risque zéro, y a pas de règle, de barème, d’échelle, d’évaluation exhaustive. Chacun fait à son idée. Tant qu’elles ne mettent pas les autres en danger et qu’elles ne nuisent à personne, toutes les pratiques de la moto sont respectables.
Sauf que personne ne peut garantir de se planter tout seul comme un grand sans blesser qui que ce soit.
Et qui peut être sûr et certain de ne déranger personne en prenant deux secondes de plaisir égoïste à taper la grosse accélération en ville ?
Alors au final, que pouvons-nous faire pour nous conduire en motards responsables ?
Premièrement, éviter ou réduire les conséquences physiques d’une éventuelle chute (avec ou sans choc, préalable ou ultérieur) en portant un équipement de protection complet dans toutes les circonstances.
Deuxièmement, parvenir à éviter ou réduire l’impact en cas de choc, en sachant réaliser un évitement et en sachant effectuer un freinage d’urgence, à n’importe quelle vitesse, quelles que soient les conditions. Dans ce domaine, rien ne remplace l’entraînement et les stages de perfectionnement.
Troisièmement, et c’est le plus important, en apprenant à éviter les situations d’urgence.
La vraie sécurité, c’est de savoir éviter totalement l’accident. Et là, pas de mystère, c’est l’expérience qui joue. Avec le temps, les kilomètres, on apprend à savoir où et quoi regarder, à repérer les situations qui peuvent poser problème. Il y a les pettis indices qui nous signalent que là-bas devant, se présente un risque, même si on ne le voit pas encore. Au bout d’un moment, cela confine à une sorte de sixième sens. Et on sait prendre de suite les mesures pour réduire le risque, en général ralentir tout simplement, augmenter les distances de sécurité, poser les doigts sur le frein, tomber un rapport…
Le secret de la longévité à moto, c’est de savoir éviter les problèmes, pas de savoir réaliser au dernier moment un évitement ou un freinage de trappeur.
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