Gants homologués, de qui se moque-t-on ?
 
 
Depuis quelques temps maintenant, les rayons des accessoiristes moto voient fleurir des gants de toutes marques arborant un logo d’homologation « CE » :  Alpinestars, Furygan, IXS, Halvarssons, Ixon… tous les manufacturiers s’y sont mis, et ce sur une large partie de leur gamme.
Voilà de quoi rassurer le motard lambda, souvent déjà bien perdu dans la jungle des équipements, sur la qualité de ces protections…
Pourtant, ceux d’entre vous qui ont lu avec attention notre introduction aux normes CE (lien) n’auront pas manqué de relever la rigueur des tests appliqués aux gants afin de passer la norme EN-13594. Comment est-il possible que tous ces modèles deviennent soudainement homologués alors qu’ils n’ont visiblement pas subi de modification majeure par rapport à leurs prédécesseurs ?
 
Pour en avoir le cœur net, nous [ndlr : motosicurezza] avons contacté les fabricants concernés afin d’en avoir le cœur net.
De ceux précédemment cités, seuls Halvarssons et  Ixon ont daigné répondre, pour confirmer la conformité des produits qu’ils commercialisent avec la norme (« "All our gloves with HP at the end of name are EN 13594 certificated gloves." 2 , Ixon, 22 avril 2009»)
 
Malgré tout, nous restions sceptiques : des failles flagrantes dans le design de ces gants (tels que des empiècements mesh,  des cuirs de types différents cousus ensemble, des perforations de ventilation sur les doigts) les rendaient de toute évidence difficilement compatibles avec une homologation en bonne et due forme.
 
Et la rencontre avec l’expert britannique Paul Varnsverry (lien http://www.pva-ppe.org.uk/paul.htm ) (un des plus éminents spécialistes en équipement de protection du motard) lors du salon EICMA 2009 ne fit que renforcer nos doutes : à sa connaissance, seuls les Halvarssons Safety Grip sont  réellement homologués.  
Pire : en examinant plus attentivement les livrets d’information fournis avec tous ces gants, on s’aperçoit qu’ils mentionnent des « tests réalisés selon les prescriptions de la norme 13594 », mais on n’y trouve nulle trace du pictogramme « motard », aucune mention du laboratoire ayant réalisé les tests, des résultats de tests d’abrasion exprimés en cycles et non pas en durée, bref, aucune confirmation de leur homologation réelle !
On y retrouve cependant bien la mention d’une « homologation de catégorie 1 selon la directive 89/686 ». Seulement voilà, cette norme concerne normalement les équipements protégeant d’un « risque minime » et s’applique donc par exemple aux gants de jardinage !
Interrogé sur ce point, Paul Varnsverry est catégorique :  
«  Ixon ne peut pas déclarer à la fois que leurs gants sont des EPI de catégorie 1 et qu’ils sont certifiés selon la norme 13594. Ce qu’ils ont de toute évidence fait est une auto-certification en affirmant que leurs gants atteignent les performances requises.  
Cependant, les gants pour motocycliste sont destinés à protéger de risques sérieux et  sont donc  des EPI de catégorie 2. Ils doivent donc impérativement être testés et certifiés par un laboratoire Independent. Par ce mail, Ixon s’expose à des poursuites et toute personne ayant souffert de blessures aux mains alors qu’elle portait leurs gants aurait un très solide dossier devant une cour de justice britannique. «  
Rien que ça…
 
Il est donc désormais très clair que pour être homologués, des gants de moto doivent impérativement être testés et certifiés par un laboratoire indépendant selon les critères de la norme EN-13594, ce qui n’est pas le cas des modèles en vente actuellement.
Mais comment en est-on arrivé à pareille situation ?
Vraisemblablement une fois de plus à cause des méandres de la bureaucratie : tout comme les bottes non homologuées n’ont désormais plus droit de cité chez eux (lien), les commerçants n’ont plus le droit de vendre de gants non homologués… seulement voilà, contrairement aux bottes, les fabricants n’arrivent pas à produire de gants capables de passer les tests (ou du moins pas dans des conditions de confort/esthétique/coût satisfaisantes à leurs yeux).
Ils se sont donc rabattus sur cette « pseudo-homologation » de niveau 1, qui n’a aucune légitimité et n’apporte aucune garantie de qualité mais qui semble néanmoins suffire aux services de la DDPP.  
 
On ne peut que souhaiter que cette situation évolue rapidement car comme le prouvent encore trop fréquemment les « essais » en « conditions réelles », bien trop de gants cèdent de manière tout à fait anormale, sur des petites chutes, et laissent ainsi exposée un des membres le plus fragile et le plus important de notre organisme.
 
Article original, collecte des documents annexes et différents contacts par Alaxandair pour motosicurezza.com (http://www.motosicurezza.com/?q=guanti-omologati-en-13594-le-finte-omologazioni#en-13594 ), traduit et adapté de l’italien par Gamerfou pour lequipement.fr