Reprise du message précédent :
Je vous le dis, le monde court à sa perte  

Mais le luxe du contenant peut être justifié ou pas, c'est ce que je me tue à dire. Parce que contenant et contenu ne font qu'un. le vin, tu peux l'amener à table dans une carafe, ce sera toujours le même vin.
 

Le "donc" est de trop. Les coûts de fab en BD sont bien plus élevés en pourcentage du prix total, même s'ils sont souvent surestimés. Déjà parce qu'on parle de petites séries. Les ventes moyennes en BD, c'est 5000 ex. Les ventes médianes, je ne sais pas, mais c'est forcément beaucoup, mais beaucoup moins, plus proche de 2000 (ce qui aurait déjà de quoi faire rêver en littérature mais bon...). Tu payes la non-standardisation des formats, le coût de papiers très chers et en option la quadri, le pelliculage, les vernis sélectifs etc. C'est aussi un coût plus élevé en heure-personne : un One Piece ou un Astérix, tout est calé une fois pour toutes. Pour avoir suivi ces 15 dernières années le travail de l'éditeur d'Actes Sud, dont la fabrication de chaque BD est différente, j'ai pu voir le nombre d'heures passées pendant 2 à 3 mois entre la livraison des planches et le BAT. Et même après le BAT, c'est pas gagné. Encore une fois, contenant et contenu ne font qu'un en BD. Une marque de bière ne change pas de bouteille tous les 2 mois et sauf, j'imagine, un micro-marché local, vend beaucoup plus que 2000 ou même 5000 bouteilles en moyenne nationale.
 

Mais la question n'est pas là, celle-ci s'applique à n'importe quoi. Il n'y a pas de bières pour enfants.    
 

Pourtant le vin à 3/4 € est le plus consommé. Et l'amateur de BD qui achète un Vivès ou Delisle en collection Shampooing ne sait la plupart du temps pas combien il coûte avant de sortir sa CB (il n'y a qu'un code au dos, pas de prix). Donc oui, il l'achèterait quand même si le prix reflétait le format cheap. Pour ça que je parlais de contre-exemple : c'est le cas d'une BD qui se vend beaucoup malgré l'aspect cheap (mais grâce à la renommée de l'auteur) mais par ailleurs dont le prix est élevé pour le format. Double exception, donc.
 
Sinon, oui, les prix littéraires sont presque tous aussi arrangés que les concours de vin.  
 

Outre que si, les coûts de fab' influent sur le prix, ce qui m'intéresse dans l'évolution du marché de la BD ces 40 dernières années est le rapport qu'ont les gens aux biens culturels. Le vin et la bière font partie de la culture au sens civilisationnel mais ne sont pas des biens culturels. Les livres en général, y compris ce que l'on appelle "les beaux livres" (art, photo, mon cul vu du ciel, Béloutchistan terre de contrastes etc.) ont globalement baissé de prix et les éditions bon marché représentent le plus gros des ventes. En BD, c'est le contraire : on est parti d'un marché à prix doux, très populaire et où le public a rapidement plébiscité ce qu'il y avait de plus cher et plus luxueux. J'y vois une surcompensation culturelle dont on a déjà abondamment parlé sur ce topic.
 
Là où l'ironie est assez grinçante, c'est que cette surcompensation n'a plus lieu d'être depuis des décennies alors que la présentation prétentieuse et inutilement luxueuse de beaucoup de BDs anodines de ces 10/20 dernières années redonnerait des billes aux Finkeilkraut-staÿle qui parlaient autrefois de la BD comme un art mineur blablabla...
 

Ah OK, un pro ! Je comprends mieux pourquoi tu prenais le vin et la bière comme analogie.

Alors, si, je rejoins Fourer sur le parallèle bière/BD.
 
Les deux produits étaient bon marché et méprisés. Désormais il y a eu une énorme inflation, tant sur la qualité que sur les prix. On trouve couramment des NEIPA, excellentes certes, pour le prix d'un pack de 26 Kro les 44 cl. Il y a même des lambics belges tellement recherchés qu'ils atteignent le prix d'une bouteille de champagne.
 
Il y a trente ans, qui aurait imaginé une BD ou une bouteille de binouze à 50 balles?

#Team Bora, c'est pas du tout la même chose.
 
Je ne vois pas trop ce qu'il y a de comparable entre des alcools et des BD.

C'est en grande partie le même public, qui s'est assagi, a des enfants et plus de moyens, et peut dépenser davantage pour ce qui était futile et bon marché pour la génération précédente.

Quand j'achète une bouteille de sky et une BD à 50 balles. Ça n'a strictement rien à voir si ce n'est le prix. Mais rien.
 
La plus grande étant que j’achèterai une BD si j'ai envie de la lire quasiment à coup sûr, alors que pour l'alcool ... Comment dire, je n'ai pas les finances. Rien que ça, ça rend caduque la comparaison selon moi.
Mais il y a en d'autres, une bouteille je la vois, une BD je la garde. Le prix d'une BD est proportionnel en général à son prix de fabrication, beaucoup moins pour l'alcool qui va surtout être basé sur sa rareté. Et puis franchement, acheter une bière 50 boules  

Je ne dis pas que c'est ton cas - perso je ne mets pas cinquante balles ni dans une BD ni dans une binouze (même pour de l'alcool c'est ma limite haute, rarement dépassée).
 
Mais Fourer a raison, il existe un public pour ce genre de produits à ces tarifs, public qui n'existait pas il y a trente ans. Et ces consommateurs (Occidentaux blancs mâles CSP+ en général), avaient 20 ans il y a trente ans : ils achetaient de la bière de merde et des BD format Dargaud à 45 francs nouveaux ; ils ne sont pas mis à snober leurs amours de jeunesse, au contraire leur snobisme a été accompagné en leur proposant des versions premium.

Je ne suis pas d'accord. Il y a 30 ans, il y a avait déjà des passionnés et qui avaient les moyens, soit pour acheter de l'alcool, soit des BD.

De l'alcool oui, mais il n'y avait pas de bière de bonne qualité, en éditions limitées, etc...
(Encore que whiskies et rhum ont subi la même bulle spéculative que le vin).

De même, certaines BD pouvaient devenir chères pour certains tirages avec la collectionnite, mais l'édition n'avait pas encore versé dans La Pléiade des p'tits miquets.

soit les deux  

La plupart des biens de consommation peuvent être vendues dans des versions deluxe, ce n'est pas pour autant que les marchés sont le mêmes.

C'est un peu comme si vous compariez le marchés des voitures et des vélos parce que dans les deux cas on peut avoir des roues stylées pour plus cher que la version de base.

Pour les voitures il y a toujours eu un marché de luxe. Pour les vélos certains mordus des générations précédentes pouvaient mettre 10k dans un vélo de course, mais les vélos de ville coûtaient 1000 balles max. Alors que maintenant tu as des trentenaires qui mettent le prix d'une Dacia dans un Brompton ou un triporteur.
 
Les temps changent, les goûts de la classe moyenne/sup aussi, avec les générations.

Putain j'étais parti deux minutes et c'est encore un topic bière!

C'est simplement que Donut n'admets pas son côté hipster élitiste  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Oué, "hipster" ça sonne très vintage en 2020  

Et puis ça marche aussi pour les Lego, les pizzas, les chaussures de sport... Suffit de regarder les gros topics loisirs d'HFR pour savoir où les enfants des babyboomers claquent leur pognon

Mais c'est toute la BD "adulte" qui est devenue "premium", pas juste celle destinée au marché des quinquas thunés. Qu'il y ait des bières collector, de luxe et tout et tout n'empêche pas que la Kro se vend toujours par palettes. Les Folio à 2 € se vendent comme des chewing-gums, aux adultes de tous les âges. Ils se foutent de l'objet, ils veulent juste passer un moment intéressant ou distrayant. Ca n'impressionnera personne dans leur bibliothèque.
 
Des éditions BD premium, il y en a depuis les années 70. Futuropolis sortait des éditions très chères de Baru, Tardi, Calvo et leur collection 30x40 qui est devenue légendaire (avant que Robial devienne millionnaire grâce au logo de Canal+ et plaque Cestac pour une jeunette ). les Humanos faisaient des albums beaux et chers aussi, de Tardi, Druillet, Moebius, Caza and co. Mais seuls des artistes dont le trait gagnait à être valorisé par le format, l'impression, le papier, bénéficiaient de ces éditions hors série.
 
Le passage à des éditions plus luxueuses et plus coûteuses est maintenant généralisé, quel que soit l'intérêt des graphismes à reproduire. Le moindre blogger au trait approximatif a droit à du beau papier et un format avantageux (et un prix qui ne l'est pas   ). La Kro se vend toujours en bouteilles cheap, et coûte toujours aussi peu cher, c'est là qu'est la différence.

Je me saignais déjà pour acheter les volumes Akira chez Glenat à 13 ans. J'avais 100 balles d'argent de poche et un tome valait 100 balles
 
J'étais déjà un hipster élitiste  

+1

oui, c'est un domaine où j'ai quelques années d'expériences industrielles, et j'ai du mal à me faire entendre/comprendre. je vais donc arrêter là après ce message et continuer de lurker tranquille.
 
Juste, la problématique des petites séries, je t'assure que c'est similaire, sauf à un facteur 10 ou 100, mais c'est exactement la même chose.
Le prix d'un moule en verrerie c'est un facteur 1000 par rapport au prix d'une empreinte de découpe de carton et du cliché 6 couleurs qui va avec.
ainsi que le nombre de personne impliqué dans son développement.
 

C'est exactement ce parallèle que je voulais faire au départ !
Le monde de la BD n'est pas le seul où il y a ce phénomène. Merci de me comprendre.  
 

Parle donc pour toi.
Pour l'alcool, tu es l'équivalent du lecteur de l'album de l'agent 212 acheté en supermarché = tu le prends pour le lire une fois et te faire un plaisir ponctuel, l'écrin t'importe peu. Sans aucun mépris : chacun se concentre sur ces points d’intérêts. Je suis largement moi exigeant en manière de BD que toi.
Avec une bonne bière ou un bon vin, je mets plus d'argent pour avoir une belle bouteille, une belle étiquette, voir un beau coffret et je me souviens souviens du moment où je l'ai bu et surtout avec qui. Je me remémore ces souvenirs comme je relis une Bds. Le millésime suivant est comme le tome suivant d'une BD : plus ou moins bon, mais rarement aussi savoureux. Et il n'est pas rare que je garde la bouteille vide.
Ça me ferait chier d'avoir un excellent vin ou bière dans une canette quelconque. Et vu les évolutions marketing des 20 dernières années, je suis loin d'être le seul....

Tout ça ne me dit pas où trouver une édition de qualité des Blueberry  

Non mais laisse tomber, je ne comprendrai jamais le fétichisme du collectionneur  

Le premier truc que je fais quand j'achète une bonne bouteille de sky, c'est de me débarrasser du joli emballage qu'il y a autours  
Et je mets la bouteille au récup verre une fois terminée, bien sûr.

 
Priceminister, ceux que j'avais achetés trop tard (papier glacé dégueu et nouvelle colorisation) dans les 90's, je les ai tous rachetés à pas cher dans les premières rééditions des 70's.
 
Couvertures et tranches défoncées, ce qui me convient parfaitement    

Bon, quand est-ce qu'on boit un coup pour parler du prochain Donjon ?
 
et de ma belle mère qui m'offre le tome 38 de Thorgal et une ré-édition de ZaiZaiZaiZai :  
entre la série que je n'ai jamais lu et l'album que j'ai en première édition dans ma collection... je vais aller noyer mon chagrin dans un pack de Kro pour tout oublier

Ah oui, une dernière chose. C'est sans compter que Rusty Brown à 50€ enfonce n'importe quel tome de Donjon à 12€ si on ramène ça au prix de l'heure de lecture  

Edit : et du prix de la page, ça va de soit  

Mais je te comprends parfaitement. Allez, un dernier coup pour la route (hips) :
 
* Le marché de la bière est maintenant segmenté. Il y a des bières chères et des bières pas chères. OK. Mais les plus consommées restent les bières pas chères et l'emballage reflète au moins en partie la qualité du produit.
 
* Sur le marché  de la BD pour plus de 15 ans, il n'y plus rien de pas cher. Et l'emballage reflète que dalle. Une BD dessinée avec le pied gauche et colorisée sous Photoshop recevra les mêmes soins de présentation qu'un émule de Michel-Ange (tiens, Liberatore, par exemple).
 
Il n'y a pas que les 30/40 ans urbains CSP+ qui achètent de la BD. Il y a un glissement sociologique à comprendre, d'autant plus si l'on fait une analogie avec le reste du monde du livre, y compris les livres illustrés.
 
Aux USA, même des auteurs très cotés comme Miller ou Mignola ont encore une édition cheap en comic-book avant la parution du TPB souple, puis du TPB cartonné avec bonus puis de l'édition collector anniversaire super-deluxe etc. Chez nous, c'est fini.

Je l'ai ouvert tout à l'heure... J'étais satisfait de ne toujours pas avoir de lunettes (42 ans), mais là quand-même, la taille des cases, ouch    

42 aussi  

Pas de lunettes encore. Mais c'est quand même chaud parfois, surtout sur les routes petites case fond noir, police en blanc.

Certains on reposé le bouquin, n'ayant pas envie de sortir la loupe  

C'est surement là que nous sommes pas forcément d'accord : quand je vois les tonnes d'albums à la con dans les rayons des supermarché (juste après les Kro) et Fnac (la dernière fois que j'y suis allé), je me dis qu'il y a quand même un marché pour ces lectures faciles : Les gendarmes, les rugbyman, ... J'y ai même vu une BD Hanouna une fois... C'est quand même pas pour - de 15ans ?
Mais là c'est toi le chef, chef, (en tout cas, c'est pas Donut   ) donc je te ferai plus confiance sur ce point.
 

Tu fais confiance à un boomer ?!  

39 et 351 jours, j'ai des lunettes et du mal à lire les petits caractères tard le soir (surtout après une bière)...
Je laisse tomber ?
(ou j'attends une édition de luxe grand format....   )

Plus qu'à un gars qui jette le carton de sa teille de sky avant de l'avoir finie !

Franchement c'est chaud. L'édition grand format tu oublies. Chris est un freak control sur les éditions. Il n'y touchera jamais.

J'avoue c'est le truc qui m'a fait peur à l'achat, on verra à la lecture.

Oui, il y a ces séries pourries (les blondes, les pompiers, les gendarmes, les proctologues etc.). Certaines sont destinées aux enfants (les profs, par exemple) d'autres aux adultes buveurs de Kro. Et puis quelques autres exceptions comme les albums Fluide Glacial que je citais plus haut, qui sont restés au format traditionnel. Les vieux fourneaux, aussi, rare best-seller format tradi. Mais c'est pas grand chose en termes de ventes du marché BD adulte.
 
Tiens, chez Glénat, même les albums pour ados de la minable collection "Sagesse des dieux" supervisée par la pourriture le philosophe Luc Ferry, bien que faisant 48 pages, donc le standard Astérix, sont au format 24x32 à 14,50 €.  

Cette semaine sur Heritage, spéciale cacedédi à Biez, Egyptian Queen : https://comics.ha.com/itm/original- [...] ts-012417#
 
Une reconstitution minutieuse d'un réalisme historique saisissant.   J'ai tenté les enchères mais quand ça a passé les 5 millions j'ai décroché. Après le Van Gogh que j'ai acheté le mois dernier, ce n'aurait pas été raisonnable...

7 miyon  

Oué, et quand tu penses que Frazetta l'a peint pour la couverture d'un magazine à 2 balles imprimé sur PQ :
 

Y a(vait ?) la collection Poisson Pilote qui demeure éditée en format Astérix quand même.

Et puis les Donjon.

WHAT DEATHLESS SECRETS FILL THE CATACOMBS

Rien que ça

C'est marrant parce qu'on est dans une tradition séculaire d'orientalisme + femmes à poil, le musée d'Orsay a acheté il y a quelques années un tableau du même genre, La Fiancée de Bélus (1885).

À part que celle du tableau a l'air plus cruchasse, on est à peu près dans les mêmes ingrédients et on pourrait coller un sous-titre bien pulp au tableau aussi

Sauf qu'avec la première tu écoutes Aérosmith et l'autre du Brahms