Le soir, quand l'Italie est triste, elle ressemble à Rimini une soirée de printemps où des autrichiens forcenés, fan de rugby, se pintant gaiement et sans mansuétude aucune, élaborerait le projet de traverser la rue, afin d'amener des filles de peu de moeurs à se glisser dans leur duvet, sur la plage.

Ces gens là, d'ailleurs, ressemblaient aussi surement à des rugbymen, qu'un chameau pourrait compter fleurette à un dentirostre sans que miss Bretagne n'y voit un quelconque souci. Ainsi, pensaient-il naïvement, lors de leur escapade, ils pourraient rencontrer des italiennes, des bolcheviques ou autres, le fan de rugby ne se laisse pas déstabiliser par une quelconque hétérogénéité. Leur dessein final était de leur proposer une veillée d'ordre coïtale.
Puis, pensais-je, si leur cerveau le leur permettait, ils sortiraient du bar en utilisant la téléportation tantrique, ce qui leur éviterait d'avoir à trainer leurs guenilles et leurs crampons. Le problème, c'était que leur capacité intellectuelle interdisait cruellement l'accès à toute forme de méditation, ainsi, à défaut de résoudre un sudoku, ils auraient seulement pu tenter d'en additionner tous les chiffres, mais je m'écarte du sujet.

Rien à voir, en sommes, avec des vacances du coté du bassin méditerranéen ou je me trouvais actuellement, à moins d'avoir un bandeau sur les yeux.

Le tableau est peu plaisant, je vous l'accorde, mais c'est pas comme si c'était grave. A force de prendre les choses à bras le corps, sans cote de mailles, et d'enfoncer à brule pourpoint des portes ouvertes, je me laissais tenter par une autre framboise. "Grand Dieu, mais cette mayonnaise pue !" dis-je sans détour au groom. Je surenchéris ensuite en menaçant d'appeler la réception, le groom s'en allait sans demander son reste. L'affaire était bouclée ! Oui, je le confesse, quand j'ai la trique, donner un pourboire au groom n'est pas une activité des plus réjouissante. Mais ces deniers chèrement gagné grâce à mon poulailler, je ne cesse de le répéter, ils remplissent la main d'un honnête homme ! Combien de fois m'avait on interpelé, sans prendre mes mensurations, pour me dire : "arrête de toujours dire ça... ". Ce à quoi je répondais souvent "c'est parce que tu n'as connu que les pigeons de Paris" en usant du mépris le plus profond.

On me prenait donc souvent pour un pingre, un vile homme, et lorsque j'étais contraint d'accueillir une personne chez moi, j'avais pour habitude d'éteindre tous les radiateurs, histoire qu'on ne médise pas sans raison. Souvent, alors, on ne me reprochais pas directement la température qu'il faisait dans ma chaumière, mais on préféré faire allusion au coup d'aspirateur que j'avais du oublier, ou encore à cette marmite que j'avais du renverser sur le tapis.
Oui, je n'ai jamais été très ordonné. Ma mère, lorsqu'elle posait les yeux sur ce qu'elle appelait la foire au bestiaux, qui me servait de chambre, me tenait un regard proche de la léthargie.
J'avais parfois l'impression qu'elle se shootait, ou qu'elle prenait des substances hallucinogènes. Lors d'un Noël en famille, elle m'avait punis une fois, dans un excès de folie, et ordonné de me mettre un entonnoir sur la tête, d'aller dans le coin du jardin, et d'attendre qu'il neige. J'avais attendu dehors quelques heures, et pour faire passer le temps, je m'étais branler plusieurs fois, jusqu'à ce que ma mère me surprenne et me dise d'un ton sévère "Tourne-toi !". J'avais obéis. Elle ne m'avais plus rien dit jusqu'au repas. Cet évènement m'a marqué aussi surement que si un plombier m'avait mis un coup de furet. Je me souviens encore du plat de ce soir là, un rissoto d'encornet....

Là encore, j'eus des raisons de douter de l'état mental de ma mère, surtout que mon père eut la bienséance de sortir quelques plaisanteries vaseuses visant à comparer le met préparé, à l'organe génitale masculin. Prenant un malin plaisir à décrire chaque partie de l'encornet, puis de demander ensuite à sa femme si le gout lui rappeler quelque chose. C'est alors que pris dans un élan d'enthousiasme, je commis l'irréparable. Je ne compris que plus tard la portée de mes actes. Il faudrait au moins pèleriner jusqu'au mont Carmel, marchant pied nus sur des quartz pour me faire pardonner.
C'est donc ainsi que j'eus l'idée de saisir un de ces calamars à la main, pour en démontrer l'élasticité. Ma mère alors excédée, se leva brutalement, et hurla un "T'aurais quand même pu te laver les mains avant ! A vraiment, je vous jure, ce garçon, le grappin l'a choisi !". Puis elle quitta la cuisine sans autre forme de procès. Elle revint un peu plus tard, les yeux écarquillés comme si elle avait eu une apparition de Dieu dans les toilettes, pour me dire "En avant guingamp !, dans ta chambre."