Reprise du message précédent :

Oui. Mais je t'héberge, t'as que le blablacar à payer    
Et si t'es au chômage la plupart des musées sont gratuits  

C'est trop gentil, j'ai aucune excuse

Oui, oui, je ne m’attendais pas à autre chose dans un petit musée comme Jacquemart-André, mais tu as raison de le signaler.
Il y a quelque chose qui t’enflamme toi cette saison ?

 
Il y a l'expo du Grand Palais sur Venise au XVIIIe siècle qui va sûrement être fastueuse.
A l'expo sur la collection Campana (au Louvre, co-organisé avec l'Ermitage), il devrait aussi y avoir de la belle pièce.
 
La petite expo sur Bourdon à Port-Royal m'intéresse (mais faut traverser le périph   ).
 
Mucha (Luxembourg), Schiele (Louis Vuitton), Picasso (Orsay), ça me fait pas forcément rêver. En plus, va y avoir plein de monde.
 
Par contre, je coche Khnopff (Petit Palais) et Marc/Macke (Orangerie) pour le premier semestre 2019.

ah oui, elle m’intéresse aussi l’expo « un rêve d’Italie » au Louvre, j’avais zappé parce qu’elle commence plus tard, merci pour le rappel.
Faut pas que j’oublie Jakuchū au Petit Palais aussi, ça va se terminer assez tôt.
Mucha, ça ne me tente pas du tout. Je ne me fais pas de souci pour Schiele, la fondation LV peut supporter une grande affluence, en revanche j’appréhende un peu pour Picasso, effectivement.

Jakuchu ça dure encore 3 semaines. C'est la folie, ça a quitté 3 fois le Japon et c'est la première fois qu'on le voit en Europe. Même au Japon c'est pas en libre accès.

Ça mérite un petit coup d'œil

Quand tu dis « c’est la folie » je dois comprendre qu’il y a un monde fou  
ou que c’est un événement exceptionnel ?
Les deux, peut-être.

 
On m'en a dit beaucoup de bien aussi.

Je sais pas du tout si y'a du monde, j'ai eu la chance de visiter le truc avant l'ouverture avec seulement quelques personnes à l'intérieur, genre 5.

Je veux dire que j'aime beaucoup, ( sans savoir l'expliquer, Nice try biezdomny) et qu'à mes yeux ça vaut le détour.

De toutes façon mon avis est biaisé j'aime à peu près tout ce que fait le petit Palais j'ai l'impression de me sentir comme à la maison là-bas  

T'es un homme de goût

+1 pour la peur de ce que peut donner l'expo Caravage dans ces espaces mais tenté quand même
 
Je n'avais pas vu Jakuchu et pour le coup ça peut vraiment me tenter, alors merci pour l'info

Les photos des gens qui ont visité l'expo de Jacquemart-André (Caravage) et celle du Grand Palais (Venise) donnent vraiment envie.

Du coup je réponds ici plutôt que sur le topic Paris, c'est plus approprié.  

Tout ça a l'air chouette. Du coup il faut que je case les 20,21 et 22 octobre. Je pensais partir sur une journée Louvres, une journée Orsay (à voir faut que je me renseigne sur les expos qu'ils font pour voir si ça colle avec ses gouts) et la dernière journée plus light avec des plus petites visites.  
Sachant qu'on veut aussi faire des resto en même temps, que j'habite loin (en gros faut pas se louper sur le train de 23h à Montparnasse quoi ).  
Bref ton programme panaché me semble parfait.

 
Orsay un samedi/dimanche pendant les vacances de la Toussaint (c'est fermé le lundi), il va y avoir une bonne queue. Et encore plus avec l'expo Picasso.
 
Même pour le Louvre (où le débit d'entrée est meilleur qu'à Orsay), je conseillerais d'éviter le WE et d'y aller dès l'ouverture le lundi matin. Ou tenter le passage Richelieu avec un billet ou le Pass'éducation. J'ai l'impression que les gars laissent passer un peu tout le monde quand il n'y a pas trop de monde (en principe c'est réservé aux porteurs de cartes prioritaires et aux groupes).

Comme j’ai dit sur le topic Paris je vais pas lésiner sur les coupe file.  
Après en regardant un peu, Orsay c’est pas tellement son genre les trucs proposées.  
Par contre le Louvre je pense que si elle se fait enfermer dedans ça lui posera pas de problème.

 
Je viens de découvrir que le Louvre et Orsay avaient mis en place des tickets coupe-file.  

Ca dure encore trois semaines mais y'a déjà plus un seul créneau cette semaine pour l'achat de billets en ligne, et pas mal de créneaux déjà pleins les semaines suivantes. Faut pas trop tarder à prendre les billets

En théorie je rentre en scred sans payer, mais j'ai pas essayé encore

De toute façon j’ai le pass éducation. Mais je me suis fait refouler de Versailles une fois « faites la queue ». Ils m’ont dit que c’était pas un coupé file. :c  
Du coup j’ai pas encore fait Versailles. :c

Alphonse Mucha (Musée du Luxembourg jusqu'au 27 janvier)
 
C'était une visite privée donc pas d'avis sur les conditions de prix, fréquentation, toussa. Et il y avait une conférencière, d'ailleurs passionnante, donc no comment non plus sur les cartels.
 
L'expo passe rapidement sur ses années de Bohème (la région, pas la situation sociale), son arrivée à Paris à 48 ans, en 1887 et les années de bohème qui s'ensuivent (la situation sociale, pas la région). Des oeuvres intéressantes quand on connaît la suite mais qui en elles-mêmes ne cassent pas trois pattes à un canard boîteux. On arrive rapidement à Noël 1894, quand on lui demande une affiche pour Gismonda, la nouvelle pièce avec Sarah Bernhardt. C'est le coup de bol, tous les illustrateurs un peu cotés de la place sont indisponibles et il dira lui-même qu'il avait été choisi par dépit. Il trousse l'affiche en une semaine et le 1er janvier l'affiche est placardée dans Paris, suscitant un intérêt non feint (y'en a même qui vont venir les voler dans la nuit).
 
A partir de là, on rentre dans le gros de l'expo (ou la partie un peu enveloppée, si l'on préfère) : la période où il va développer ce style si particulier qui va être à l'avant-garde de ce que l'on appellera rapidement l'Art nouveau. Beaucoup de lithos mais aussi des pubs, emballages, bijoux, une déco de boutique (en photo seulement : la bijouterie Fouquet, transférée au délicieux musée Carnavalet malheureusement fermé jusqu'à fin 2019), étiquette de pinard, calendrier, on en passe et des meilleurs. C'est beau, gracieux, et aussi assez provoquant en se replaçant dans le contexte. Le jeu avec les chevelures, en particulier, qui se muent en éléments de décor, à une époque où les femmes doivent se couvrir le chef. Un régal pour les amateurs de ce style, en tout cas on n'a pas boudé notre plaisir.
 
On arrive à 1900, date charnière où il est chargé de réaliser le pavillon de la Bosnie-Herzégovine pour l'expo universelle. Mucha est un artiste engagé dans la cause des peuples slaves, opprimés depuis des siècles. Il va du coup se lâcher et réaliser des oeuvres noires, au propre et au figuré, qui mettent en lumière (noire) les souffrances du peuple. Tronche des édiles "euuuh, m'sieur Mucha, c'est vous qu'on voulait parce que vous faites des jolies femmes coquines avec des jolies couleurs, alors comment dire... votre représentation de la peste au fusain, là, ça va pas le faire, je vous le dis tout net". Mucha encaisse le coup, revoit sa copie mais son lien avec l'époque Art nouveau est brisé, même s'il en fera encore un peu aux USA pour maintenir son train de vie. Il dira d'ailleurs plus tard que sa période d'illustrateur était du gaspillage.
 
Une petite pièce avec des oeuvres de sa période américaine, où Mucha va surtout s'employer à trouver de très riches mécènes pour pouvoir s'atteler à ce qu'il considère maintenant comme sa vocation et dont il ne veut plus dévier : l'Histoire et l'âme des peuples slaves. Coup de bol (encore), il va tomber dans les bonnes grâces d'un Onc' Picsou qui va lui offrir pour Noël (encore Noël, décidément) un chèque de x millions (j'ai oublié le chiffre).
 
On passe à la salle spiritisme. Oui, lui aussi a eu sa période où il faisait tourner les tables (on n'avait pas encore pensé à faire tourner les serviettes, ce qui est moins plombant. Quoique...). Il a rencontré ce gai luron de Strindberg et les deux s'amusent à causer aux morts. Les oeuvres présentées n'ont rien de bien intéressant. Quelques sombres évocations de rêves, un peu de dessin automatique, bof bof...
 
On finit avec son retour en Bohème (la région, pas la... oui, bon, on a compris), chèque d'Onc Picsou en poche. Il s'installe à Prague et entame l'oeuvre de sa vie (dont tout le monde se bat les breloques aujourd'hui) : une série de toiles monumentales de 6x8m intitulée "L'épopée slave" qui lui prendra 18 ans. On en voit des projections à l'expo, les toiles sont à Prague. La dernière pièce, outre la projection, présente des oeuvres annexes de cette époque. Ces toiles naviguent entre art pompier et réalisme socialiste mais j'aime bien et j'irai les voir si je vais à Prague un jour. Les couleurs sont très kitsch et d'après la conférencière ont beaucoup inspiré les illustrateurs de couvertures de fantasy dans les 70's (et au-delà, sans doute).
 
Il deviendra une star slave, réalisera les premiers billets de banque tchèques (pour lesquels il fera poser sa fille), les premiers timbres-poste etc. Il meurt en 1939 des suites d'un interrogatoire musclé par la Gestapo (il est nationaliste slave, Franc-maçon et philo-sémite, ça fait beaucoup) et son cadavre est jeté à la fosse commune avec interdiction de cortège.  
 
Belle expo, donc, même si ce ne sera pas la tasse de thé de tout le monde (mais quelle expo l'est, après tout). Il est frappant de voir l'impact encore aujourd'hui de Mucha dans les arts populaires (BD, illustration et spécialement les comics, de Kaluta dès les 70's à Adam Hugues). Le mouvement Art nouveau n'a pas duré longtemps, il est rapidement passé de mode sur le plan de l'Histoire de l'art mais son esthétique a imprégné toute la société à travers des dizaines de milliers d'artefacts, de pastiches et parodies. Et puis il était intéressant, au-delà de l'illustrateur et affichiste consensuel, de découvrir un artiste engagé, humaniste et capable de remises en questions.
 
Pour ceux qui voudraient aller plus loin dans l'Art nouveau, une seule destination : Nancy. Une belle et agréable ville et la capitale mondiale de l'Art nouveau, avec entre autres un musée génial. Pour les parigots, c'est 1h30 de train seulement, ça vaut vraiment un week-end.

Versailles c'est surfait

En vrai j'ai trouvé d'autres châteaux bien plus beau, Chantilly par exemple. Par contre les jardins de Versailles sont magnifiques (et gratuits, sauf lors des jours de grandes eaux/jardins musicaux). Et même quand c'est payant il n'y a pas 3h de queue.

Merci d'avoir pris le temps de rédiger ce super CR.

Ah ben tiens j'en sors. C'était juste un repérage (je suis resté 30 minutes).
Pour l'entrée, c'était 45 minutes d'attente un mercredi à 16h...(Je suis rentré direct, combo carte culture+ femme enceinte) puis après, ambiance sardines du 3 ème âge...pas évident.
Ils ont fait une scéno dans le thème on va dire.
Ce que je retiens après avoir visité le musée matisse de Le Cateau Cambresis, c'est que certains ne sont jamais rentrés dans le xxème siècle. Bon mais après c'est du bon travail d' Illustrateur, on aurait pu avoir des parallèles avec les sciences, les découvertes botaniques, même si c'est pas l'art nouveau le thème de l'expo.
Mucha, je préfère quand il fait de la femme à poil et de l'illustration/design, parce que la partie plus «Art» et fresques historiques, tout ça après les révolutions cubiste, suprématiste, surréaliste... Bah ça sonne pas.
Mais sinon, expo à voir, bien entendu.

Ça j’ai déjà fait. Plusieurs fois. Dont une fois avec les grandes eaux.  
 
Le grand trianon bordel cette claque.

Prend un gosse et une poussette meilleur coupe-file jamais

Pour une fois que je n'ai pas procrastiné jusqu'au moment de me dire "boh, c'est plus la peine, c'est déjà vieux".

Mucha est tellement inspirant pour tous ceux qui dessinent. Merci aussi, parce que j'ignorais les causes de sa mort, du coup, ça me rend plutôt morose.

C’est sûr que sa vie n’a pas été une partie de plaisir.

J'aime bien ta citation de Wolinski.

Merci pour ce super CR

Et je me rends compte que je ne sais rien sur Mucha à part ce que tout le monde a vu partout. J'ai hâte de découvrir tout ça.

Edit : c'est un peu dommage pour la salle spirite, j'aurais aimé en savoir plus. La période spirite de Hugo est un des trucs qui me perturbent le plus dans la vie de tous les jours (c'est pas une blague, j'y pense tout le temps) et je trouve que ce serait intéressant d'avoir des parallèles. Mais le sujet est souvent effleuré sans plus alors que bon, on parle de types qui ont peut-être bien eu des hallus collectives pendant des années, ça mérite qu'on s'interroge.

D'ailleurs, s'il y en a parmi vous qui sont à Los Angeles, sachez qu'il s'y ouvre aujourd'hui une exposition de dessins de Victor Hugo
 
https://hammer.ucla.edu/exhibitions [...] ctor-hugo/
 
Il est partout

Jakuchū  
 
J'ai eu un genre de Révélation là-d'dans  
 
CR à venir. Allez-y si vous pouvez, et démerdez-vous pour avoir un billet coupe-file si vous pouvez itou (pas mal d'attente).

Je vais y aller  
J’ai réservé quand xxantoinexx a prévenu que les créneaux disparaissaient à vue d’oeil.
J’ai vu la vidéo du Petit Palais sur ioutioube, ça l’air épatant  

Je suis passé hier après-midi voir l'expo Willy Ronis au Carré de Baudouin (à Ménilmontant), c'était plutôt sympa, entrée gratuite, quelques textes de présentation intéressants. La circulation était un peu encombrée, surtout à l'étage, mais si vous passez dans le coin ça vaut le coup d'y jeter un œil.

Donc j'ai vu Jakuchū (1716-1800). Le Royaume coloré des êtres vivants (Paris, Petit Palais, jusqu'au 14 octobre 2018).

Je ne sais pas vraiment par où commencer donc je vais y aller dans l'ordre et ce sera très personnel.

Au départ j'étais là pour ma culture, ce n'est pas spontanément une exposition que j'aurais été voir à tout prix, mais le bien qu'on en entendait et le fait que c'est au Petit Palais, qui fait souvent des choses bien, me décident à y aller. Donc me voilà à faire la queue un vendredi soir avec des vieux un peu chiants derrière moi (« ohlala il faut refaire la queue, c'est mal organisé », « qu'est-ce que c'est mal organisé », « c'est mal fait tout de même » et toutes les variations imaginables). Un public assez âgé attend là, et pas mal de gens qui ont l'air un peu japonais aussi. Il y avait la queue devant le musée à mon arrivée (vérification des bagages) et une deuxième queue à l'intérieur. Je ne fais que la deuxième, j'ai dû attendre une grosse demi-heure entre l'attente au vestiaire et l'attente pour le billet, un dredy de nocturne vers 18h30 : il y a du monde. Les gens qui ont déjà un billet acheté sur Internet entrent directement, mais je joue la carte de la gratuité estudiantine donc il me faut ma contremarque.

Je descends ensuite : l'entrée est en bas, et il y a un grand écran avec un documentaire qui attire les foules et que je décide de regarder ensuite. J'ai deux heures et deux expos à voir, faut gérer un peu son temps. L'exposition Jakuchū débute par un long couloir peint de couleur claire, avec quelques citations au mur et surtout une série de kakémonos avec des peintures de nature et sous lesquels on passe comme autant de portails. Je me dis que ces gens ont bon goût. À la fin du couloir, on tombe sur un panneau explicatif plutôt bien lisible et d'une texture particulière : il est imprimé sur toile et pas sous forme de décalcomanie au mur. Je me dis que ces gens font attention au détail. Le cœur de l'exposition est dans une grande salle, les trente rouleaux accrochés au mur dans des niches avec un cartel subtilement rétroéclairé. Ayant la vue qui baisse avec l'âge je me dis que ces gens ont vraiment pensé à tout et que je les aime très fort.

Il s'agit donc de rouleaux de soie peints, réalisés autour de 1760 et offerts au trésor d'un temple. Ils sont maintenant dans les collections impériales et ont été prêtés à l'occasion de l'année Japonismes 2018 (fête des relations diplomatiques entre les deux pays). Ils sont organisés dans une demi-rotonde : un mur à droite avec plusieurs rouleaux, puis une place d'honneur pour trois d'entre eux dans un redans particulier, puis de nouveau les autres, et en face un grand arc de cercle où d'autres sont accrochés l'un à côté de l'autre. Il y a peu de texte, à part le panneau à l'entrée on a simplement les cartels et les peintures, et je trouve que c'est un très bon choix. L'espace est grand, on y circule bien et un visiteur en chaise roulante à côté de moi ne semble pas du tout gêné pour la visite. Je me dis que c'est une bonne idée d'avoir laissé cet espace : on peut passer d'une peinture à l'autre, venir et revenir, réfléchir et comparer. Les résultats des efforts des scénographes pour diviser un espace pour une expo ne sont pas toujours aussi heureux. L'absence de texte incite à regarder les peintures pour elles-mêmes, et c'est ce que je fais en commençant par le mur de droite et des peintures d'arbres et d'oiseaux, comme des branches de prunier avec des grues ou des branches de pin avec de petits oiseaux.

Les peintures sont impeccables. Aucune usure, aucune marque, des couleurs éclatantes, elles sont fraîches comme si elles venaient de se lever après une grasse mat' et de prendre leur petit café. Les traits sont nets et le traitement extrêmement graphique. C'est ce genre de peinture qui fait dire à première vue : « quel réalisme, on dirait qu'ils sont vivants ! » et changer complètement d'avis dès qu'on y regarde de plus près. Car rien n'est réaliste même si tout en a l'air. Quand on examine les détails séparément, ils sortent de l'ensemble et deviennent un motif géométrique ou tout autre chose. La texture d'une branche de conifère évoque un tentacule avec ses ventouses. Le plastron d'un coq a des écailles géométriques et la rondeur d'une pomme de pin. Les branchettes sous la neige ressemblent à du fer forgé. Bref, d'une part, c'est d'une virtuosité sans nom, d'autre part, à ce stade, je suis dans une appréciation toute intellectuelle de la chose, en faisant des comparaisons mentales avec l'art égyptien, mvoyez, bref. Et je me dis : tout de même c'est joli, mais c'est pas mon truc, en particulier à cause du manque de profondeur, alors qu'un petit Saint Michel de Raphaël, quand je le regarde, ça me prend au tripes.

Des fois j'ai l'illumination, des fois non. Quand ça marche, je peux rester le cul par terre sur la moquette douteuse et froide d'un musée pendant 25 minutes, à regarder un bout de caillou taillé sur lequel on voit un bout de vêtement aux plis délicats et un ventre au nombril souple. Bon, je me dis, tant pis, j'aime bien ce que je vois, mais y a pas cette magie.

Spoiler :

Je change de côté pour voir et je m'amuse des détails comme cet adorable bébé poulpe tout mimi accroché à un tentacule d'une pieuvre plus grande. Des poissons, comme suspendus dans la soie laissée nue pour figurer l'eau. Des branches sous la neige (cf les canards plus haut).

Et là, au milieu du mur, je tombe sur le rouleau qui fait l'affiche de l'exposition et ça fait clic, et je la prends ma baffe. C'est la représentation d'un vieux pin avec un phénix. Quelqu'un, à côté de moi, fait remarquer à quelqu'un d'autre le quart de soleil rouge vif dans un coin de la toile. Je ne l'avais même pas remarqué, tant le phénix m'accroche l'œil et il se passe quelque chose. Je ne sais pas bien ce que c'est. La délicatesse et la netteté des plumes blanches, les cœurs rouge et vert vif au bout des plumes, la grâce de leur courbure, je sais pas ce qui se passe mais il se passe un truc et je reste plantée là à regarder à quel point tout ceci est brillant, jusqu'aux petites taches rondes parfaites qui décorent la poitrine de l'oiseau. Et, après l'avoir vu, je regarde les choses différemment. C'est marrant, il y a un truc qui a fait clic

J'ai refait un tour ensuite pour m'intéresser à l'accrochage et je le trouve très bien. Le phénix et le paon, les deux grands oiseaux blancs, sont au centre du mur de gauche, face aux trois grandes peintures bouddhistes. De part et d'autre des oiseaux, les rouleaux ont été organisés de manière très équilibrée, avec des symétries et des alternances de composition. C'est l'un des intérêts de l'ensemble : certaines des peintures sont extrêmement denses, remplies de fleurs et d'oiseaux, tandis que sur d'autres un ciel tout entier est en réserve pour laisser le champ à un vol de papillons qui monte du bas.

Bref, ça m'a vraiment plu : la matière, les choix des commissaires, et jusqu'aux détails de la scénographie, j'ai trouvé que c'était un sans faute et qu'on pouvait bien profiter des œuvres.

L'exposition se poursuit avec un cycle de gravures très sombres encore avec des motifs de nature. À la sortie, j'ai été regarder le documentaire, qui donne des clés supplémentaires en particulier sur le fameux phénix, mais aussi un rouleau fantastique couvert de petites feuilles d'érable rouges, oranges et de toutes les couleurs entre les deux. On se rend compte qu'outre les variations de composition, le peintre joue avec des pigments innovants et surtout peint des deux côtés de la soie, ce qui donne une qualité vibrante à ses couleurs et joue sur l'effet surprenant qu'elles ont.

« Le catalogue est en rupture de stock » tu m'étonnes, je voulais leur jeter tout mon argent en sortant de là moi et un petit tour sur Paris Librairie m'a permis de le réserver à côté de chez moi, mon porte-monnaie ne me dit pas merci. Je ne l'ai pas encore lu (j'ai regardé les images ), il est bizarrement organisé mais montre, encore, une grande attention au détail avec une couverture toilée qui rappelle la texture de la soie.

Je ferai un CR plus tard pour les Impressionnistes à Londres, mais je peux vous dire qu'en sortant de chez Jakuchū j'avais l'impression de pas avoir perdu ma soirée.

Mais il te fait plein de cœurs avec les doigts sur sa queue  
C'est beau

Le truc qu'a 260 ans oklm

Ca a l'air somptueux.  

Ça l'est.

Ensuite je suis passée voir l'autre exposition, encore une fois en casu et sans prendre de notes, faudra faire avec

Les Impressionnistes à Londres. Artistes français en exil, 1870-1904 (Paris, Petit Palais, jusqu'au 14 octobre 2018)

J'ai déjà eu l'occasion de dire combien j'aime souvent la scéno des expositions du Petit Palais, donc c'est entre autres pour ça que je suis là, parce que bon, Monet, c'est pas trop mon truc.

L'exposition traite de la période d'exil de nombreux artistes français, la plupart après la guerre de 70. Quand on fait toutes les expos qui passent, on peut reconnaître du monde qu'on a déjà croisé, comme ces dessins de Londres par Gustave Doré, cette Flore de Carpeaux, le Siège de Paris par Meissonnier, l'impératrice et son fils en Angleterre (expos Gustave Doré et Jean-Baptiste Carpeaux à Orsay, expo France-Allemagne au musée de l'Armée, expo Spectaculaire Second Empire à Orsay), mais il y a beaucoup d'œuvres que je ne connais pas.

Le parcours commence avec la défaite de 70 (certains des artistes exposés, comme Dalou, sont des communards) puis quelques salles d'introduction sur qui est là (par exemple le peintre Daubigny, mais c'est dommage que les toiles exposées soient si jaunies). Ensuite, ce sont des salles thématiques sur un artiste et son œuvre. Carpeaux, Tissot, Legros, Dalou, Pissarro, Monet, Derain. Ce qui me réjouit, parce qu'il y a donc deux salles Tissot au milieu et j'adore ce peintre À la fois c'est super kitschouille froufrous parfois, et il y a de vraies audaces de cadrage, comme dans ce portrait de Burnaby composé comme une photographie.

J'aime bien Dalou aussi, qui semble s'être bien intégré au bazar. Il y a quelques très jolis Whistler (des vues de la Tamise très bleu et argent, qui sentent sacrément leur Turner) et le clou de l'exposition est bien sûr l'avant-dernière salle avec cinq vues du Parlement de Londres par Monet, venues de cinq musées différents : ce genre d'expo est justement intéressant pour ce type de regroupement exceptionnel. L'une d'elle en particulier est frappante, avec un effet de soleil jaune doré qui fait penser, pour la couleur, à un tableau symboliste.

Au chapitre du décor et des installations, on peut noter des cimaises de couleurs vives et contrastées, j'aime toujours. La salle de la traversée de la Manche avec Monet, une sorte de gif animé géant, est dispensable. Ça m'horripile, à vrai dire, il y a un type quelque part qui a dû développer une app pour faire des animations de tableaux, et depuis on ne peut plus voir un documentaire sans avoir quelque part un tableau animé à la truelle

Des bornes sonores permettent d'écouter un bruitage d'ambiance et des dialogues commentant les événements, c'est pas trop mon truc. Ça sent la fin d'expo : plusieurs bornes ne marchent plus, ainsi que la table tactile dans le salon. Car il y a, au milieu de l'expo, un salon avec de gros fauteuils et un décor façon club d'époque, à côté d'une reconstitution d'atelier avec des objets à toucher et des activités (dessin, sculpture) récurrentes. Ces deux salles sont très classe et c'est appréciable de pouvoir s'asseoir. L'absence de sièges est un facteur limitant pour des gens que je connais et qui renoncent parfois à une visite pour cela.

Bref, j'étais là en touriste et au final j'ai appris des trucs et passé un bon moment.

Bonjour à tous,
 
Dites moi, ça vous dit quelque chose cette peinture vue dans "Rosemary's baby" ?
 
https://www.google.fr/search?q=rose [...] _E_BS_42M:
 
Je penche pour quelque chose en rapport avec le grand incendie de Londres, mais sans conviction.
 
 

 
 
Je ne te remercie pas... Je vais devoir retourner à Paris.