Dora Doralina a écrit :
Borabora > Tu ne l'as pas lu, et je pense même que tu n'as pas lu Ulysse non plus. Tu aimes Jean Teulé, moi j'aime pas, mais au moins je l'ai lu Jean Teulé. Et je t'embête pas à chaque fois que tu parles de lui ![[:spamafoote] [:spamafoote]](https://forum-images.hardware.fr/images/perso/spamafoote.gif)
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Je parle très rarement de Jean Teulé et je n'ai de toute façon aucun problème à ce que des gens cassent des auteurs zé autrices que j'aime, voire que j'adore.
Récemment encore, quelqu'un (Parappa il me semble) a chié sur Hammett que je considère comme l'un des plus grands auteurs américains du 20ème siècle et je lui en veux absolument pas.
Nous ne sommes pas ce que nous lisons (ni écoutons ni visionnons), il n'y a rien de personnel dans les appréciations que l'on porte sur les auteurs préférés des autres.
Citation :
J'espère que c'est pas moi qui t'a fait découvrir Catherine Guérard aujourd'hui, comme Jean-Pierre Martinet, comme Katherine Mosby, comme Ferenc Molnar. Libraire n'a jamais été mon métier et je suis un pauvre clampin de 35 ans
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Ca, c'est quelque chose que tout libraire a entendu 1000 fois : "comment ? Vous n'avez pas lu untel alors que vous êtes libraire ?". Toujours des hommes, d'ailleurs, ça doit participer du concours de quéquettes. C'est encore pire en librairie spécialisée où la plupart des clients sont des passionnés et veulent se mesurer au pékin payé pour leur vendre leur dose (en l'occurrence le pékin derrière le comptoir n'est jamais assez digne de leur clientèle de kicikonés
).
Mais je vais tout de même répondre à ta question : oui, c'est toi qui me fait "découvrir" Guérard (je ne connaissais que Michel qui est beaucoup plus savoureux
). Il faut dire que tout le monde l'avait oubliée à raison bien qu'elle ait fait si lontemps partie du gotha parisien et quand elle a été rééditée en 2021 je n'étais plus libraire et j'avais cessé d'être payé pour m'intéresser aux 1500 livres (vrai chiffre) qui sortent chaque semaine, préférant écluser mes PALS accumulées au fil des années et relire quelques-uns des livres qui ont compté pour moi à un moment ou un autre. Mon avis aurait néanmoins été le même si je l'avais découvert par un ou une repré. Je l'aurais peut-être pris pour la librairie mais ne l'aurait conseillé à personne.
Certes je ne l'ai pas lu mais les extraits sont plus que parlants et c'est bien pour ça que tu en as posté un, non ? L'effet a été contraire à celui que tu espérais mais sans cet extrait, je n'aurais pas réagi à ton post, pas plus que je ne réagis à la plupart des posts de ce topic (et on fait tous pareil). Il y a là tout ce qui me hérisse au plus haut point. Côté style, le flux de conscience est une technique d'écriture que je trouve extrêmement casse-gueule et rarement intéressante. Là c'est carrément ridicule, avec ces répétitions et surtout ces changements continuels tous les dix mots entre le monologue intérieur et l'adresse au lecteur. Le tout additionné de fausse naïveté pour faire parler la bonne comme une attardée, dans sa grammaire ("ça était", "j'ai dit en moi" etc.) que dans sa pensée. Bien dans le ton de l'époque et des maniérismes - entre autres - de Duras, mais quelle misère. J'avais dit il y a quelques temps à quel point j'avais eu du mal à lire un roman de Christiane Rochefort, une autrice dont j'avais pourtant adoré plusieurs romans dans les années 70. Vieilli, trop lyrique, mais à aucun moment le livre ne m'a hérissé le poil, il m'a juste ennuyé.
Je ne connaissais pas non plus Martinet et j'avais réagi aussi à ton amour fou (40 smileys coeur ou à peu près) pour son roman pour la même raison : tu avais posté un extrait qui en l'occurrence m'avait évoqué la laborieuse noirceur hystérique des pamphlets céliniens. La littérature monochrome ne m'intéresse pas, ni les romans à l'eau de rose ni ceux à l'eau de merde. Et à tout prendre, je préférerais encore les premiers. Les Garçons de la rue Pal, pas lu et j'ai rien contre, mais je doute que je le lirai un jour. Katherine Mosby je la connaissais déjà et je suis à peu près sûr que j'aimerais ce qu'elle écrit s'il n'y avait pas déjà tant de livres à lire. C'est déjà beaucoup plus ma tasse de thé que la littérature française contemporaine.
Ceci dit, juste un point de vocabulaire : tu ne m'as pas fait "découvrir" Martinet et Guérard. Tu m'as juste appris leur existence. Ils ne m'intéressent pas et je ne lirai rien d'eux au-delà des extraits postés. C'est le cas de la plupart de nos posts à tous ici, ne te fais pas d'illusions. Ceux qui partagent leurs musiques ont bien plus de chance : un lien Youtube, 30 secondes pour voir si ça a une chance de te plaire, 3 à 10 minutes d'écoute et au suivant. Forcément, t'as plus de chances d'avoir des retours. Mais un CR de roman sur ce topic très peu fréquenté qui va susciter un achat ou un emprunt puis une lecture, bah... ça arrive mais faut pas rêver c'est pas le cas le plus courant. Puis ça fonctionnera par affinités électives, contrairement à Babelio, sa foule de posteurs anonymes et ses notations sur 5. Chacun fera confiance à tel ou tel autre posteur après avoir remarqué des similitudes de goûts et d'opinions.
Dans ton cas, je lis toujours tes CRs et il y a parfois des romans dont je me dis que ça pourrait me plaire mais on est très souvent diamétralement opposés donc je peux pas me fier à tes avis et je préfère retenir des idées de lecture de bouing_bouing, Bordel, K_raf, talbazar ou Biezdomny (et d'autres,hein, que personne ne se vexe
Puis les récits de voyages ne sont pas mon truc donc mes CR préférés de Parappa sont ceux où il descend en règle un bouquin et je pense ne pas être le seul sur ce topic
).
Une autre de tes illusions, outre que les libraires lisent les mêmes livres que toi (ou d'ailleurs, et je dis pas que c'est ton cas, qu'ils ont plus de temps pour lire que les non-libraires, une idée assez étrange très répandue
), c'est que ces auteurs exhumés sont bien connus. Je sais pas où tu vas chercher ça.
Le micro-buzz de la semaine dans le gotha littéraire ? Un tour sur Paris Librairies est toujours édifiant. Renata n'importe quoi, réédité en 2021, n'a pas été réédité en poche ou semi-poche et n'est plus présent que chez 28 libraires sur 187. C'est pas l'enthousiasme, visiblement. Au niveau national (Place des libraires) c'est 9 libraires indépendants sur 10 qui ne le stockent pas. Sachant que chez un libraire indé, surtout en province où les surfaces sont plus étendues, une vente par an peut suffire à décider de garder un livre en rayon. Jérôme fait un peu mieux, quoique sans poche non plus depuis sa réédition en 2018 (un bon indicateur de ventes) : chez 43 libraires parisiens sur 187. Un livre exhumé qui fait le buzz restera au mieux une décennie en vie dans une indifférence croissante puis retournera à l'oubli quand il ne sera plus rentable de le rééditer. C'est comme ça, ça pousse au portillon.
Pour finir, que tu penses que je n'ai pas lu Ulysse (c'est le cas mais je trouve l'extrait que tu as posté assez superbe même si je n'ai pas pour autant envie d'en lire 1500 pages du même tonneau) m'a amusé parce que ça m'a rappelé une scène de l'un des romans de la trilogie universitaire de David Lodge (Changement de décor, Un tout petit monde, Jeu de société). Je les ai lus à leur sortie donc ça remonte à loin mais je me souviens de cette scène, il me semble à la cantoche, où des profs à une table commencent à rigoler en avouant qu'ils n'ont jamais lu tel ou tel livre qu'ils font pourtant étudier à leurs élèves depuis des décennies. Ils sont de plus en plus audacieux genre fuck it!, jusqu'à ce que l'un d'entre eux (le personnage principal, il me semble ?) éclate de rire en avouant qu'il n'a jamais lu Shakespeare. Et là, silence consterné, il ne sait plus comment se rattraper aux branches et il devient ensuite le paria de la fac ou quelque chose dans le genre.
Bref, oui, on peut avoir été libraire une partie de sa vie, avoir lu quelques milliers de livres depuis le primaire mais jamais Ulysse de Joyce. Et contrairement au prof du roman de Lodge, je ne vois pas en quoi j'aurais gagné en crédibilité en tant que libraire si je l'avais lu. Ce qui fait un bon libraire, c'est de trouver le bon livre pour la bonne personne au bon moment et la voir revenir en disant : "j'ai adoré le livre que vous m'avez conseillé, vous en avez un autre du même genre ?". Pas d'aligner des listes universitaires de classiques qu'il "faut avoir lus". De toute façon, personne n'a besoin de conseils pour lire Ulysse, tout le monde le connaît de réputation et sait que c'est une lecture... hum... exigeante, on va dire. La médaille en chocolat que je me décerne, c'est bien plutôt d'avoir vendu 2000 ex de Lonesome Dove et 3000 ex d'Eureka Street. 
Message édité par BoraBora le 22-02-2025 à 01:30:26
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Qui peut le moins peut le moins.