Reprise du message précédent :
C'est le deuxième que j'avais chopé en promo sur Kobo mais je vais faire un break émotionnel avant

Dans le Monde, un article sympa sur Bécherel, une cité de granit où le livre est roi. 15 librairies pour 678 habitants et aucun lien quel qu'il soit avec Bescherelle.
 
Un autre article parle d'Actes Sud, qui ne va pas très bien, mais pas à cause de la conjoncture économique ou de ce serpent de mer cher aux journalistes qu'est la "crise du livre" (on l'attend toujours   ).

 
Pour comparer deux marchés culturels, le CA de la musique enregistrée en France en 2022 a été de 0,92 milliard (3/4 numérique, 1/4 physique). Pas demain la veille que les gens arrêteront de lire...  

Je pense être en partie responsable de cette situation

Avec les réseaux sociaux et internet en général les gens n'ont jamais autant lu/écrit de phrases en fait
Je parle pas de la qualité produite par contre
Mais statistiquement parlant on lit beaucoup plus qu'il y a 40 ans

J'ai grandi à 2km   C'est un joli village et il y a plein de librairies même si c'est beaucoup d'occasions et de trucs spécialisés/livres rares. J'ai remplis ma bibliothèque de vieux poches de SF grâce à cet endroit. Il y a pas mal d’artiste aussi : peintre, relieur,...
Il y a le marché du livre le 1er dimanche de chaque mois. Si vous passez dans le coin ça vaut l'arrêt, il y a quelques restos sympa aussi.

Non mais là on  ne parle même pas d'internet ou de presse, c'est le CA de l'édition à elle seule, donc des livres vendus.    

Si je voulais partir de la grande ville, c'est typiquement le genre d'endroit où j'aimerais m'installer : Bretagne + librairies + restos sympas, que demander de plus.  

Bon allez, petit retour sur ces dernières semaines.  
J'avais aimé le Joueur d'échecs mais La Confusion des Sentiments m'était tombé des mains. j'ai décidé de tester d'autres Stefan Zweig pour me faire mon opinion sur cet auteur :
 
Lettre d'une inconnue  
Vingt-quatres heures de la vie d'une femme
La Peur
J'ai tout aimé. Je ne suis pas férue de grandes passions amoureuses mais la profondeur de l'analyse des sentiments et des caractères m'a plu et la plume de Zweig est tellement délicate.  
 
Le Meurtre de Roger Ackroyd d'Agatha Christie
J'ai du mal avec les personnage de monsieur-je-sais-tout donc ma rencontre avec Hercule Poirot n'a pas été heureuse. L'intrigue est efficace mais les personnages et le style ne m'ont pas emballée. Je me suis tout de même laissée mener par le bout du nez et la révélation finale m'a surprise. Sacrée Agatha !
 
La Robe de marié de Pierre Lemaître
Si vous cherchez un roman à suspense qui ne soit pas un polar, en voici un qui est efficace et très bien mené, en plus d'être bien écrit. (Attention, ça n'a rien à voir avec Au Revoir là-haut. C'était le deuxième roman publié par l'auteur.)
 
La Cloche de détresse de Sylvia Plath.
Ca fait des années que j'entends ce livre mentionné çà et là mais je craignais le style de Plath (j'imaginais une prose très poétique). Je me disais aussi qu'une partie des louanges était influencée par la mort de Plath. Difficile de critiquer un livre si intimement lié au triste sort de son autrice.
Méa culpa, j'avais tort.  
Comme le titre ne l'indique pas, il y a de l'humour dans le livre ! Mais évitez quand même de vous lancer si vous êtes déprimé    
(D'ailleurs, à propos du titre, je trouve le choix français assez laid. Il est fidèle à l'une des métaphores contenue dans le roman mais j'ai toujours une seconde de surprise quand je le vois apparaître.)
 
Le Tour d'écrou d'Henry James
Une histoire de fantôme très plaisante. Après avoir lu quelques avis je réalise que je suis peut-être passée à côté d'un aspect intéressant du texte qui me l'aurait fait aimer davantage, je le relirai donc probablement dans quelques années.
Le nombre d'adaptations que ce roman a inspiré est assez fou !

Si vous aimez Marseille côté populaire (très populaire), je conseille Cinq dans tes yeux, premier roman d'Hadrien Bels, très court et qui se lit vite. Immersion totale et réaliste dans le panier et autres quartiers d'immigrés.
Un seul défaut à mon goût : ça manque d'une histoire de fond, on lit surtout à une galerie de portraits et des tranches de vie façon documentaire.

 
Je suis en train de terminer, j'aime beaucoup aussi !  
En effet ça se lit tout seul, et mine de rien ça me fait un peu réfléchir    
Bref, encore une chouette découverte made in Monsieur Toussaint Louverture, décidément un de mes éditeurs préférés.

Le nouveau roman de Jean Baptiste Andrea sort ce mois-ci, à voir ce que ça donne    
 
J'avais beaucoup aimé son précédent, Des diables et des saints  

Ca a l'air génial.

Terminé Lorsque le dernier arbre, premier roman du canadien Michael Christie. C'est une saga familiale qui s'étend sur une centaine d'années (de 1930 à 2040 environ) et quatre générations, des personnages dont la vie va surtout tourner autour de la nature et plus précisément du bois (canadien), avec plus ou moins de succès. La construction donne envie de relire le livre une fois terminé : on commence en 2038, on remonte par étapes jusqu'en 1930, et on termine en reprenant l'ordre chronologique jusqu'en 2038.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre. C'est une histoire familiale qui se mêle à la "grande" Histoire et à l'actualité, un petit pavé (700p) découpés en petits chapitres très facile à lire. Sur la couverture un bandeau évoque Steinbeck : alors c'est un peu exagéré je pense, mais j'ai fini par voir le rapprochement qu'a fait le journaliste, une espèce de fatalité qui pèse sur à peu près tous les membres de la famille. Je recommande fort !

Terminé Glacé de Bernard Minier, vachement bien Roman policier made in France à propos de la traque d'un tueur en série, qui ne sombre jamais dans l'imitation des maîtres américains du genre et qui conserve tout au long une identité propre, ainsi qu'une certaine crédibilité. Bon, 730 pages, est-ce bien raisonnable ? mais j'ai beaucoup aimé.
 
Je commence Circe de Madeline Miller (aucune idée de ce à quoi m'attendre, mais tant mieux je crois, parce que des quelques recherches que j'ai faites je crois qu'il s'agit du genre "qui a fait beaucoup trop de bruit sans vraie justification", ce qui provoque souvent des déceptions s'y on en attend trop), et derrière on verra mais j'ai deux Grangé (Kaiken et Le serment des Limbes), qui est un auteur que je n'ai jamais eu l'occasion de lire.
 
J'aimerais bien relire Le seigneur des anneaux aussi, et essayer "The Farseer".

J'ai enchainé avec Bien sûr que les poissons ont froid de Fanny Ruwet. C'est une personne qui fait beaucoup de choses : elle fait du stand-up, des podcasts, des chroniques sur France Inter, elle a écrit un livre donc, elle a tourné un court métrage, bref un tas de trucs pour une fille de moins de 30 ans. (Ça m'épate.)
J'aime beaucoup son humour, j'ai été la voir sur scène, elle vendait son livre, je l'ai acheté. Ce n'est pas dans mes habitudes (un grand format neuf c'est beaucoup trop cher ), mais c'était l'occasion (hinhin). Je savais en l'achetant que ce ne serait pas tout à fait mon genre, mais allez, ça m'a fait plaisir.
À la lecture peu de surprises, ce n'est effectivement pas tout à fait mon style. C'est l'histoire très autobiographique d'une fille de ±25 ans qui part à la recherche d'une personne avec qui elle discutait 10 ans plus tôt sur MSN, qui a beaucoup compté pour elle et qui n'a plus donné signe de vie depuis fort longtemps. Il est beaucoup question de la vie personnelle bruxello-bobo-hipster de l'autrice du personnage, de ses doutes, de ses difficultés sociales, de ses sentiments. Beaucoup de choses qui me parlent (difficultés sociales, besoin de reconnaissance), des choses qui m'intéressent à propos de l'autrice, mais je pense qu'une personne qui ne la connait pas ne sera pas particulièrement touché à moins de rencontrer les mêmes soucis.
Le livre est souvent écrit comme un spectacle de stand-up, ça se sent dans le ton, dans le rythme notamment. Pas mal d'humour forcément, mais pas que.  
Je l'ai lu en une journée, c'est très court ; j'ai bien aimé, et puis la fin est un peu surprenante, mais je ne le recommanderais pas, enfin pas ici je veux dire, je ne pense pas que ce soit un livre pour HFR. Je ne pense pas qu'elle fera carrière dans l'écriture (je doute que ce soit son but), je ne pense pas qu'elle aurait été éditée si elle n'était pas connue par ailleurs, mais pour autant je l'ai lu avec plaisir, donc de ce point de vue c'est réussi.  
 
Et pour l'anecdote : j'ai oublié le livre que j'étais en train de lire sur sa table, au moment d'acheter son livre à elle. C'est une soirée qui m'a coûté cher.

J'ai lu Achille de la même autrice et c'était super, j'ai adoré. J'ai commencé Circé mais ce n'était pas le bon moment donc je l'ai reposé ; j'y reviendrai bientôt.

Le chant d'Achille, très apprécié ici aussi. refilé à ma fille qui a adoré, hypée par d'autres de son âge (17-18 ans) pour qui il semblerait que ça soit un livre à avoir lu (???).

"Le léopard des neiges" de Peter Matthiessen
 
Peter Matthiessen, naturaliste américain et adepte du bouddhisme zen raconte ici son voyage en Himalaya effectué en 1973 avec le biologiste George Schaller, peu après la mort de sa femme.
L'expédition scientifique entreprise au départ pour étudier la faune himalayenne (les bharals), dans un environnement propice, rude et baigné de culture bouddhiste, vire en quête spirituelle.
Un livre de voyage dépaysant dans des cols enneigés et un coin reculé ("un autre siècle" ), sur la piste du léopard des neiges, véritable incarnation de l'éveil pour Matthiessen.

 
Dans le même genre en Belgique, dans les Ardennes belges, il y a Redu, le village du livre : https://www.redu-villagedulivre.be/fr/

Le docteur Jivago
J'ai dû m'accrocher pas mal au début, j'en ai lu des romans russes mais là ça va très loin :

(wiki), la trame des personnages et de leurs interactions vaut le détour.
J'ai beaucoup aimé pour quelques passages mémorables mais j'ai un peu l'impression d'être passé à côté. Le docteur demeure un sphinx pour moi.

Je me demande si je n'aurais pas mieux fait de lire la récente traduction. En tout cas, n'espérez aucune aide sur le contexte historique avec l'édition folio, faut se démerder tout seul

Sukkwan Island de David Vann.
C'est sombre
Un gamin qui accompagne son père sur une île paumée en Alaska. Un roman dur, brutal et très efficace mais ce qui m'a profondément choqué :

Une page d'amour de Zola
Une jeune veuve magnifique, bonne mais froide, sa fille fragile, tyrannique et exclusive, un docteur charmant et marié en tant que voisin : une histoire d'amour au cœur du quartier de Passy.
J'ai beaucoup aimé pour les description du milieu bourgeois, profondément hypocrite et vain-Instagram n'a rien inventé, et pour les incroyables descriptions aériennes d'un Paris souvent perdu au milieu des nuages (Hélène -la jeune veuve -passe des heures à en contempler ses paysages. On apprend un moment qu'elle est incapable d'en identifier un seul bâtiment ) mais il m'en reste un goût désagréable. Zola fait du Zola et...

Enfin, c'est marrant comme chez Zola (et chez Hugo), tout est significatif. Le ciel bleu est chargé d'heureux présages. Au contraire, les jours pluvieux sont souvent dramatiques...on est tellement éloigné des théories "scientifiques" qu'il entendait prouver.

Ah, je ne l'ai pas lu ce Zola tient.

Perso je n'en ai même jamais entendu parler… merci pour le résumé, on pourra l'éviter comme ça

Edit : Docteur Jivago, ça me tente vachement, mais j'ai peur d'être agacée par les personnages, je sais pas pourquoi, je les sens pas.

Une page d'amour, c'est le tome 8 des Rougon-Macquart.
 
Le grand silence - Jennifer Haigh (Gallmeister) Un roman familial (urbain, comme il en sort aussi chez Gallmeister) qui se déroule pour l'essentiel en 2002 à Boston au moment où éclate le scandale de la pédophilie dans l'Eglise catholique. Ce sera l'épicentre de révélations qui secoueront l'Eglise dans le monde entier, avec des dizaines de milliers de victimes révélées sur des décennies, cachées par la hiérarchie, les violeurs recasés dans une autre paroisse quand ça devenait trop voyant. Une autre paroisse où ils pouvaient bien sûr recommencer, mais sans doute seulement après avoir dit 3 pater et 2 ave.
 
Un sujet énorme, donc, que le roman peut aborder sous une multitude d'angles. Seulement voilà, ce n'est pas le sujet du roman, juste un prétexte pour planter un prêtre accusé (à tort ou à raison, on ne le sait qu'à la fin) et ce que cette accusation provoque dans sa famille (la narratrice du roman est sa soeur, par un procédé très malhabile). C'est filandreux, étiré, pas très crédible, plus geignard qu'émouvant et la fin est presque révoltante de niaiserie. Bref, raté.
 
Par contre, je viens de commencer City Primeval d'Elmore Leonard et je bois du petit lait.

Je l'ai lu il y a quelques mois, c'est très dispensable, comme tout Pasternak d'ailleurs. Ce n'est pas un auteur russe que je recommande. On reste loin du GOAT Gogol  

Cholokhov Rulez !
A+,

Jusqu'ici mon préféré toutes catégories confondues reste Boulgakov. J'ai adoré Tolstoi et beaucoup aimé Cholokhov, mais je n'ai lu qu'un roman de ces deux derniers, alors que Boubou je pense que j'ai lu tous les romans et une bonne partie des nouvelles et y avait rien à jeter, russische Qualität.

D'auteurs russes, lisez au moins une fois dans votre vie le somptueux Roman avec cocaïne de M Agueev !  
 

Et ne pas oublier Tourgueniev et Tchekhov.
A+,

 
 
et donc, lorsque le dernier arbre quoi ?

Perso je préfère Gogol et Boulgakov

Tu verras.

Je suis dessus en ce moment. Tome 2 de la Pléiade (acheté car c'était le tome avec le Maître et Marguerite). J'ai beaucoup aimé sa biographie de Molière. Là je lis son théâtre, moins digeste. Je me réserve le Maître et Marguerite pour la fin car j'espère adorer.

Idem ce sont mes deux chouchous.

 
J'espère que ça te plaira  
 

 
Je pense que je n'ai absolument jamais lu de Tourgueniev, et pas grand-chose de Tchekhov. Mais ce dernier a écrit surtout du théâtre, non ? Je pense qu'à part Hugo et Dumas je lis assez peu de théâtre en général. C'est assez particulier à lire, je trouve, et quand c'est pas en vers c'est plutôt chiant  
 
On n'a pas parlé de Pouchkine, si ? J'aimerais bien lire Eugène Onéguine un jour. C'est bien ?

Pouchkine j'avais lu La dame de pique et La fille du capitaine , j'avais trouvé ça chouette

Tchekov a écrit de nombreuses nouvelles

Quelqu'un a t-il lu un été à Baden-Baden de Cypkin ?  
 
Ça vaut quoi ?  

Dans les deux cas, je pensais aux nouvelles. Pour Tourgueniev, il faut lire Récits d'un chasseur (Mémoires d'un chasseur dans les traductions récentes), et on peut aussi lire Premier amour, et Moumou... Et Tchekhov, s'il a écrit du théâtre et est connu pour cela, il a aussi écrit un nombre considérable de nouvelles (en volume, ça doit faire les 2/3 de sa production littéraire je pense), les plus connues étant probablement La steppe et La salle n° 6.
(Je bûchais une édition bilingue de La Steppe quand j'essayais de progresser en russe.)
A+,

Ah oui j'ai une édition bilingue des Œufs du Destin de Boulgakov pour le même usage, mais j'ai jamais réussi à atteindre un niveau suffisant pour en faire quelque chose.

Je ne suis pas fans des couvertures généralement (marketing, tout ça) mais là  après reception de La terre de la grande soif  
 

 
Je souhaite de tout cœur que la qualité du texte soit aussi fort que la couverture, parce que même les dessins sont énormes  

J'ai (fallait bien que j'y vienne un jour) enfin commencé à écouter la série de podcast de France Culture sur Victor Hugo, l'homme qui vit. Le premier épisode parle des maisons et en particulier de Hauteville House, sa baraque à Guernesey qu'il a décorée du sol au plafond en faisant un peu n'imp (les extraits de la correspondance de sa femme à l'époque sont assez rigolos ).

Une partie du docu est consacrée aux lieux de l'enfance de Hugo : un genre de truc miséroïde (*) porte de Clichy, un palais espagnol (son père est colonel puis général napoléonien en charge de mater des provinces espagnoles conquises) et les Feuillantines (ex-couvent dans le 5e à Paris). J'ai trouvé assez marrante la façon dont le passage espagnol est décrit : c'est le moment des contrastes. Le petit Totor passe de la France grise et pauvre à l'Espagne des palais. En Espagne tout est violent, visuellement (couleurs, lumières) et en vrai (cadavres, exécutions). Je pense que c'est probablement un sacré choc pour un petit gamin de neuf ou dix ans, mais je trouve aussi que c'est marrant comme on raconte la vie de Hugo comme lui-même la raconte. C'est son business durant toute sa carrière littéraire, le contraste entre la vie et la mort, entre le beau et le terrible, entre le noir et la lumière, et je trouve marrant qu'on utilise ces procédés littéraires aussi quand on raconte sa vie à lui.

Quelle part, là-dedans, entre ce qui est réellement à l'origine de tout un processus dans sa tête, et ce qui est une reconstruction à partir de la personne qu'il était plus tard et qui reconstitue sa propre légende ?

J'ai pas encore écouté le reste, j'espère que je vais apprendre des trucs.

Épisode 1 : Habiter
Épisode 2 : Aimer
Épisode 3 : Dire
Épisode 4 : Voir
Épisode 5 : Écrire (no shit Sherlock)

(*) Valjean t'es un homme mort !

J'ai fini City Primeval (1980) d'Elmore Leonard et me suis régalé. Un bijou stylistique, une leçon pour les dialoguistes, un rythme narratif qui ne faiblit à aucun moment, sans recourir à des cliffhangers gros sabots, des personnages intrigants. C'est concis, dégraissé et percutant et à aucun moment ne sous-estime l'intelligence du lecteur.