Reprise du message précédent :
J'ai longtemps été attaché au style, je le suis toujours un peu mais au final je ramène ça à un solo de guitare.

Si le style est bon mais que l'intrigue est mauvaise, tout comme les personnages, ça ne sert à rien.

Sinon on fait comme les innombrables guitaristes dont le seul but est d'aller plus vite que le précédent.

Après lire un bouquin distrayant n'a rien de honteux, disons que ça fait plaisir de manger une pizza de temps en temps. Mais parfois tu vas quand même au resto parce que tu sais pas faire toi même.

Perso je n’ai lu que les 2 premiers dans une trad fr qui m’avait également paru très lourde voire difficile pour mon âge. J’avais bien aimé, après le côté 5000+ pages pour de la fantasy « premium » m’avait un peu refroidi à l’époque et j’avais lâché. Après avoir visionné la série, je n’ai pas non plus regretté ! Même si elle doit être assez éloignée de l’œuvre originale.
 
Au niveau du style de Martin pas mal de potes anglophones m’ont dit qu’il était un « charpentier » alors que tolkien un conteur épique chantant. Très proche de l’horreur / Sci - fi américaine du 20eme avec un style très direct : beaucoup de phrase courtes, points très marqués avec des phrases qui manquent de transitions/liant. Du lovecraft en plus sec encore    du coup qu’on le retiendrait plus pour son formidable univers que pour son style !
C’est exagéré ?  
Je suis allé checker un pdf en anglais et cnest vrai que ça fait un peu script notamment certains dialogues très austères  

Y a aussi des lecteurs qui ne se sentent pas à l'aise dans un resto gastronomique.

 
Oh non j'ai réveillé le Monstre    

Yep. C'est pour ça que l'éditeur se soigne une poule aux oeufs d'or et qu'il se sert de la thune pour publier des trucs à public plus restreint à côté.

Question d'équilibre avant tout.

 
Tout ca parce que t'as pas recu d'I/P, et bien merci  

C'est ça, j'ai décidé de pourrir TOUS les topics en signe de vengeance  

 
Mais on a rien fait nous, on est des gens gentils qui lisont des livres dans des chaises longues avec des gens qui viennent nous apporter des whisky, sans glacon, et un verre d'eau à coté    
 
 
 
Pour revenir dans le topic, pour qui aime un peu l'histoire de l'Escalade, à lire absolument Punk in the Gym, la biographie d'Andy Pollitt. C'est écrit sans talent mais avec une énergie folle. Il retrace ses frasques et sa carrière, et surtout cette période 80/90s qui a vu une explosion et une transformation de l'escalade moderne. C'est plein de cailloux, de femmes, d'alcool, d'amis, de rêve de gloire et d’échec, de doute... C'est épique dans le sens premier du terme. Polllitt est mort a 56 ans, en fin d’année dernière. Chapeau a cet artiste du rocher    
 
Un film docu sur cette période avait été produit par le BMC, Statement of Youth, qui se trouve sur Youtube et qui vaut le coup pour qui est intéressé.

Je vois pas bien pourquoi on laisserait le monopole de la distraction (l'anglais entertainment serait plus approprié) à tout ce qui comporte des images : BD, télé, cinéma. Le système éducatif n'apprend à respecter et étudier que la littérature, ce qui la sacralise et rend beaucoup de gens constipés dès qu'ils parlent de romans. Ca me désole.
 

C'est assez juste. Mais ils n'ont de toute façon pas grand chose en commun, à commencer par le public pour lequel ils écrivaient.

Pas vraiment de rapport avec l'horreur/SF mais surtout avec l'économie de style qui se développe à partir des années 50/60, les générations d'auteurs marquées par Elmore Leonard dans ses polars et westerns. On apprend à ne pas écrire ce que le lecteur peut déduire de lui-même. Et en conséquence à soigner ses phrases pour exprimer plus de choses en moins de mots. Sinon, je vois pas du tout Lovecraft comme un dialoguiste "sec". Je le trouve d'ailleurs mauvais dialoguiste. Quant au formidable univers, je l'appliquerais plutôt à Tolkien qui a des personnages en carton-pâte et rien à dire de neuf mais enrobe le tout avec une vertigineuse érudition et un immense soin du détail. Mais là où Tolkien n'emploie que des clichés romanesques au premier degré, public enfantin oblige, Martin les emploie aussi mais pour les tordre, s'en jouer et emmener le lecteur là où il ne s'attendait pas à aller. Et ce tout en commentant son époque, ce que Tolkien, qui vivait dans sa bulle de religieux intégriste, était incapable de faire.
 
Parmi tout ce que j'ai lu dans ma vie, l'auteur de littérature dite "populaire" qui a le plus de points communs avec Martin est pour moi Dumas. Même virtuosité dans la charpente, même recul vis-à-vis des clichés avec lesquels il aimait jouer (la fin du Comte de Monte-Cristo, putain ), même manière de dire son époque l'air de rien, même capacité à créer des personnages inoubliables.
 

On en avait parlé il me semble sur le topic écriture. Des auteurs américains ont été les premiers à rechercher le réalisme dans les dialogues, ce qui n'est pas simple même si le résultat le paraît. Le genre "Comment ? Dans la cuisine avec de la margarine ? s'exclama-t-elle indignée. Tu n'y penses pas !", ça ne passe plus. Déjà, si tu as besoin de préciser le ton employé (s'exclama-t-elle, s'indigna-t-elle, sussura-t-elle d'un air gourmand etc.), c'est que la réplique est mal écrite. De plus, la précision du ton employé vient de l'auteur omniscient, ce qui le remet en permanence au premier plan et casse l'immersion. Ensuite, si tu lis cette réplique à voix haute, tu comprends bien qu'elle sonne faux.
 
En France, des auteurs comme Hannelore Cayre, Laurent Chalumeau ou Virginie Despentes sont de bons représentants de ce style épuré et précis. Des écrivains "à oreille", qui saisissent le langage parlé pour le retranscrire et donner de l'épaisseur à leurs personnages. Un dialogue qui paraît sorti d'un script, c'est bon signe : il a été suffisamment travaillé pour sortir de la bouche d'un acteur sans que celui-ci se trouve en porte-à-faux. Elmore Leonard accumulait toujours une grosse documentation sur les endroits où il situait ses romans et en particulier notait tous les tics de langage, les accents, l'argot etc.

J’ai trouvé également la traduction de Sola choquante - on m’avait prêté le 1er tome en vf, je l’ai poursuivi en vo et j’ai été sidérée par la différence de style - ce n’est pas le même bouquin.
Ceci dit, je trouve Martin très surestimé. La charpente, elle tient sur les 3 premiers tomes (je parle du découpage US), ensuite, ça part totalement en cacahouète, beaucoup de longueurs, beaucoup de répétitions, c’est tellement bien charpenté qu’il ne sait pas comment finir
Je n’aurais pas pensé à faire l’analogie entre Hemingway/Céline ou Leonard/Cayre. Je vois une différence entre la volonté d’épurer et de s’effacer (à l’opposé du narrateur omniscient xixe) des premiers et l’imitation du langage parlé des seconds - parce que ce langage parlé est très stylisé en général. Mais bon, pour moi, on n’a jamais fait plus clair que La Bruyère et Rousseau et j’ai souvent du mal avec les écritures « blanches », neutres, sujet-verbe-complément actuelles. Ce qui passe bien en policier (beaucoup aimé le style de Leonard), j’ai tendance à le trouver pauvre en littérature plus classique. On peut perdre du sens en épurant et on peut se cacher de façon un peu lâche derrière un style objectif, je trouve, en tout cas j’ai eu souvent cette impression de truc très léger, vide, fade, en lisant de la littérature contemporaine - des types comme Modiano, par ex, ou Hemingway, d’ailleurs, que je trouve totalement creux.

Bon, je vais devoir hypothéquer mon appart et vendre mes enfants : une librairie s'ouvre à 100m de chez moi

Ouais c'est pas con en somme. Parce que ça peut inciter les gens à ne pas lire. Mais est-ce que le fait de devoir lire beaucoup ne rend pas la distraction plus difficile ?

On peut rester totalement passif sur un programme visuel parce qu'il n'y a qu'un "effort" d'écoute à faire. Même sur un livre simple, il faut faire l'effort de lire et d'imaginer.

Je ne sais pas si je suis clair ?

On peut aussi lire sans vraiment y penser, sur des livres "simples" de loisir comme ceux de GB (no offense je les trouve très bien justement pour ça), ou des BD pluscontemplative style le gout du chlore de Vivès. On est en passif sur ce genre d'oeuvres. Et pourtant... La question que je me pose face à une oeuvre c'est "qu'est ce que ça m'apporte ?" et ça peu importe le medium. C'est pour ça que j'aime autant les fast and furious que les ingrid bergman. J'y trouve du plaisir, mais pas le même. Comme j'adore macdo mais j'adore autant les pâtes aux truffes. Etc etc.

Ingrid ou Ingmar ? C'est pas pareil  
 
(J'aime les deux, mais Le Septième Sceau est dans mon top 2 des films préférés de tous les temps.)

Eh meeeeerde.  
Bon t'avais compris quoi. C'était pas le coeur du propos.

 
"Ingrid" Bergman, autant que Fast & Furious. On dirait que tu joues au Kamouloxx, moi je trouve pas ca credible  

Et on peut combiner les deux (Höstsonaten).  
 

Idem, tout pareil  

Je connais aussi bien les visiteurs 2 les couloirs du temps que la poésie de Rimbaud et je trouve ça cool.

Oui mais l'accès au média est plus complexe non ?
 
Voir un film ça demande juste d'ouvrir les yeux et les oreilles. Lire ça nécessite de faire travailler l'imagination, de faire l'effort de lecture.
 
Je me fourvoie peut être complètement hein.

J'ai pas tellement l'impression que ce soit plus complexe. Une fois qu'on a décodé le truc : appris à lire, appris à regarder, ça depend juste du degré de complexité du message que veux faire passer l'auteur.

Si tu prends du recul à mort le cinéma ça a rien de logique et c'est assez dur de comprendre la narration qui est tout sauf naturelle.

Mais bon là on arrive dans des études de médias comparés un peu chaud.

"- Lire c'est croire, voir c'est pire"
Une réplique de la scène cinq, plan quatre du film le Sixième seau.

 
None taken
 
Et c'est bien là que les profs commencent à se bouger. Des dizaines de classes étudient mes romans (ou ceux d'autres auteurs jeunesse contemporains, hein), et ça contribue à amener à la lecture des gens qui n'auraient jamais accroché à (au hasard de mes souvenirs de collège) la Princesse de Clèves, Mateo Falcone ou Rhinocéros.
 
On le voit notamment sur les romans Fortnite. Le gamin est fan de Fortnite donc, poussé à lire par ses parents, il va prendre le livre dont on est le héros parce qu'après tout c'est rapide à lire et ça parle de son jeu. Il va accrocher, il va revenir en demander d'autres. Puis il va lire d'autres livres dont on est le héros, avec le même mécanisme, mais sur d'autres sujets. Puis il va passer à des romans, toujours jeunesse, mais des romans quand même.
 
Et un jour, peut-être, il viendra à lire Bel Ami (que je surkiffe, d'ailleurs). Mais il faut fonctionner par étapes.

Bel ami, l'histoire de la réussite sociale d'un baratineur
 
Mais je comprends la démarche en effet. C'est vrai que Ionesco pour débuter la lecture, c'est pas top.
 
A l'âge adulte par contre je doute que ça fonctionne.

Moi je viens de débuter 1Q84.
Cette page turnance  
160 pages entre hier midi et ce matin, ça faisait longtemps que je n'avais pas enchaîné comme ça.

On est pas beaucoup mais on fait beaucoup de bruit.  
Après, se battre contre les collègues profs PLUS l'administration. je te cache pas que cécho.

 
Je lisais cet article a midi et j'ai tout de suite pense au roman: https://www.bbc.com/news/world-asia-51733145    

 
Je sais pas trop, je me demande si un truc avec un style qui dépoterait ne serait pas suffisant pour moi. Peut-être que non, je n'avais pas aimé certains bouts de Jerusalem pour ça justement.
 
En tout cas, en relisant Zola en ce moment, j'ai des moments de grâce où je m'arrête sur une phrase en me disant que tout de même, ohlala que c'est bien écrit, ohlalalala. Mais j'ai grandi avec la littérature XIXe, c'est ma maison, et je suis souvent rebutée par des styles plus simplistes / minimalistes / épurés parce qu'ils ne génèrent pas des images qui font pop pop dans ma tête. J'aime les trucs avec des couleurs, des métaphores, des comparaisons bling, des mots qui sortent de n'importe où.

Lire White Jazz. Comprendre le ressenti. Envie de fascisme, bruler des livres.
 
Ça me fait pareil avec Damasio. Mais j'adhère aussi au discours derrière.
 
Steinbeck aussi.
 
Du coup t'arrives à lire des livres "distrayants" ?

Ah oui, bien sûr, et j'adore ça, mais il y a plein de livres distrayants du XIXe siècle, donc ça tombe bien

J'adore ces moments là.

Je peux lire n'importe quoi si j'ai des moments comme ça. Même une liste de courses. Mais j'en trouve plus souvent chez Racine qu'à Monop'  

 
c'est quoi un livre "distrayants" ?

Un livre que tu peux lire en travers sans trop te poser de questions.
 
Genre "Comment je suis devenu stupide" de Martin Page.

 
Je suis pas trop certain que Zola soit un auteur distrayant, mais quand je lis ce qu'en dit le posteur du dessus, je me dis que sa lecture semble tout aussi distrayante... même si il ou elle se pose des questions.

Oui, mais c'est vrai que ce n'est pas la même lecture que Le Bossu ou Les Pardaillan par exemple, ou ce sont les rebondissements qui gouvernent le lecteur, tu veux savoir ce qui va se passer, etc. Ou bien des polars à suspense.

 
Ça dépend comment tu te distrais en fait. Si c'est l'éclate quand tu retrouves un univers fantastique ou si tu aimes l'époque victorienne, tu seras pas forcément regardant sur la profondeur des persos si le critère principal c'est "je veux retrouver les fastes et les costumes" ou "je veux kiffer les arches stellaires".
 
Le livre cité précédemment, il doit faire 60 pages, en une heure c'est lu, c'est relativement drôle et simple. Ça peut rentrer dans cette catégorie.

Abe Kobo, Rendez-vous secret : assez opaque mais intéressant. Je commence à apprécier les thèmes de cet auteur ! Ça m’a beaucoup fait penser au Nouveau Roman d’ailleurs. A réserver à ceux qui aiment les labyrinthes donc. Assez rapidement Les Murs

Bah j'avoue que la lecture, pour moi, c'est une distraction. Si je prends un livre et que je passe un mauvais moment... c'est que mon choix était mauvais.  

Il y a des gens qui aiment se faire mal

A vous lire, j'en doute pas

 
Si seulement on ne pouvait jamais faire d'erreur
 
J'ai lu Le portrait de Dorian Gray jusqu'au bout