Le groupe AZF a rompu le silence qu'il devait garder jusqu'à aujourd'hui, en reprenant contact la semaine dernière avec les autorités françaises.
 
Dans un nouveau courrier, adressé à la fois à l'Élysée et au ministère de l'Intérieur, les mystérieux terroristes ont réitéré leurs menaces de faire exploser des bombes au passage de trains ou devant des « sites symboliques » hors SNCF dès cette semaine.
 
Dans cette septième lettre, le « groupe AZF » demande une rançon plus importante à l'État français. Jusqu'à présent, il exigeait 4 millions de dollars et un million d'euros. Il réclame désormais un million d'euros supplémentaire. Le ministère de l'Intérieur s'est refusé à confirmer ou infirmer ces informations samedi.
 
La menace est prise au sérieux par les pouvoirs publics. Depuis vendredi, le plan « Vigipirate » est passé au rouge dans les gares et les aéroports. Interrogé le même jour à la télévision, Nicolas Sarkozy, qui venait de s'exprimer sur les attentats de Madrid, a assuré que le gouvernement ne prenait pas « cette menace à la légère » et que « beaucoup de choses étaient sous surveillance ». Le ministre de l'Intérieur a refusé de dire si les contacts avaient été renoués. « Nous avons besoin de travailler dans la discrétion », a-t-il réaffirmé. Le 21 février, sur les indications du groupe, la police avait découvert un engin explosif sous le ballast d'une voie ferrée Paris-Toulouse, à Folles, en Haute-Vienne. Le 3 mars, les 32 500 km de voies ferrées étaient inspectés sans découvrir d'autres bombes.

PARIS (AP) - Un engin explosif a été découvert mercredi à la mi-journée sur la ligne ferroviaire Paris-Bâle, ravivant les craintes d'un attentat par le mystérieux groupe AZF. Le ministère de l'Intérieur a assuré que le dispositif ne correspondait pas à celui de l'organisation, même s'il en est proche, tandis que la SNCF a décidé de lancer une nouvelle campagne d'inspection des voies "dans les meilleurs délais".
 
L'engin a été trouvé à 12h35 par un agent de l'entreprise publique lors d'une des tournées de surveillance renforcées après les menaces d'attentat d'AZF. Il était semi-enterré et bloqué entre le ballast et le rail sur la commune de Montiéramey, à une vingtaine de kilomètres à l'est de Troyes (Aube), a précisé le ministère de l'Intérieur.
 
Les démineurs, qui ont neutralisé l'engin, ont constaté en première analyse la présence d'une boîte en plastique translucide de 20 centimètres par 20 centimètres qui contenait un mélange nitrate/fioul, une pile plate reliée à six détonateurs pyrotechniques et un détonateur transformé en inflammateur, ainsi qu'une minuterie "domestique", a ajouté le ministère qui précise qu'un fil était "désolidarisé", laissant entendre que l'engin n'était pas en état de marche.
 
La place Beauvau a affirmé que "ce dispositif ne correspond pas à ce qui avait été annoncé dans les courriers signés AZF", reçus entre décembre et février derniers, même si des observateurs soulignent qu'il y ressemble beaucoup.
 
"Il y a deux grosses différences, c'est que dans ses écrits, AZF a indiqué que ses engins explosifs étaient enterrés sous le ballast et invisibles. Et effectivement lorsque nous avons trouvé un engin en Haute-Vienne le 21 février, il était enterré à une trentaine de centimètres et absolument invisible. Le ballast avait été soigneusement remis en place", a expliqué sur France-Info Claude Guéant, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy.
 
Deuxième grosse différence, selon lui, le système de minuterie. "La minuterie qui a été trouvée dans l'Aube (mercredi) était une minuterie domestique, une minuterie qu'utilisent les ménagères en cuisine par exemple. Ce qui a été trouvé dans la Haute-Vienne (...), c'était une minuterie beaucoup plus sophistiquée, cyclique, reposant sur un rythme mensuel et également pour partie aléatoire", a-t-il poursuivi.
 
M. Guéant a néanmoins reconnu l'existence de "similitudes". "La première, c'est la présence de nitrate/fioul dans une boîte en matière plastique. Les détonateurs pyrotechniques semblent également être ressemblants".
 
En déplacement électoral à Lille, Nicolas Sarkozy a confirmé qu'il y avait "effectivement un certain nombre de différences" entre l'engin découvert dans l'Aube et celui "retrouvé sous le sigle AZF" le 21 février en Haute-Vienne, près de Limoges, sur la ligne Paris-Toulouse. "Je ne peux pas donner des informations qui ne sont pas vérifiées. Pour l'instant, nous travaillons", a ajouté le ministre de l'Intérieur. "Ceux qui font cela s'attendent à une réaction de psychose" et "il faut être extrêmement prudent".
 
L'ensemble du dispositif découvert mercredi a été pris en charge par la police judiciaire et le laboratoire central de la préfecture de police. Ce dernier procède aux examens qui permettront de déterminer la dangerosité de l'engin. De source judiciaire, on précise que le procureur adjoint de la section antiterroriste du parquet de Paris s'est rendu sur place.
 
Par ailleurs, les différents responsables de la police, ainsi que les chefs de la Division nationale antiterroriste (DNAT), l'Office central de la répression du banditisme (OCRB) et du RAID se sont réunis en fin d'après-midi au ministère de l'Intérieur en cellule de crise.
 
A la SNCF, il a été immédiatement décidé de procéder "dans les meilleurs délais à une nouvelle campagne approfondie d'inspection des voies, identique à celle menée au début du mois, en mobilisant l'ensemble des agents". Après les révélations début mars sur le chantage du groupe AZF, qui menaçait de faire sauter neuf cibles ferroviaires et deux symboliques si le gouvernement ne lui versait pas l'équivalent de cinq millions d'euros, près de 10.000 cheminots avaient inspecté le 4 mars les 32.000km de voies du pays.
 
"En cas d'anomalie constatée lors de cette inspection visuelle, les agents prennent les mesures de sécurité qui s'imposent et avisent les autorités compétentes. Cette inspection concerne en priorité les lignes sur lesquelles circulent des trains de voyageurs et de marchandises dangereuses", a précisé la SNCF dans un communiqué. Le dispositif Vigipirate reste en vigueur dans les trains et les gares.
 
Le trafic SNCF, interrompu toute l'après-midi, a repris vers 18h45. Les trains qui devaient circuler pendant cette période ont été annulés.
 
Cette découverte est intervenue quelques heures avant que le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin ne se rende dans l'après-midi -en avion- à Troyes dans le cadre de la campagne pour les régionales. Le chef du gouvernement a déclaré sur place que "pour le moment, nous n'avons pas d'information quant à la dangerosité de cet engin. Donc, j'invite tout le monde à la sérénité tant que nous n'avons pas la fin des expertises".
 
Interrogé sur la piste AZF, M. Raffarin s'est refusé à toute réponse, ajoutant cependant: "Ceci ne correspond pas aux informations que nous ayons". AP

Trois personnes ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête sur les menaces de chantage à la bombe du mystérieux groupe "AZF", a indiqué vendredi une source policière, confirmant les informations de la radio RTL.
 
L'une de ces personnes, pilote d'avion, a été interpellée en région parisienne, tandis que sa compagne et le second homme, un brocanteur, l'ont été dans le Loiret, a précisé cette source, ajoutant que les trois suspects avaient été placés en garde à vue dans les locaux de la Division nationale antiterroriste (DNAT) à Paris.
 
 
Les trois personnes, "plus ou moins liées au milieu de l'aéronautique", étaient sous surveillance depuis plusieurs jours car leur présence avait été remarquée à des moments précis dans certains endroits signalés par "AZF", notamment l'aérodrome de Lognes (Seine-et-Marne).
 
Le pilote avait décollé de cet aérodrome le vendredi 12 mars, jour où un hélicoptère avait été prépositionné sur place pour une éventuelle tentative de remise de rançon, a expliqué cette source.
 
Avec ces trois interpellations, "il s'agit davantage d'une fermeture de piste, par précaution" que du démantèlement du groupe "AZF", note-t-on de source policière où l'on reconnaît n'avoir "pas beaucoup d'éléments."
 
Ces arrestations interviennent au lendemain de l'annonce par "AZF" de la "suspension" de son chantage. Dans un courrier parvenu jeudi au ministère de l'Intérieur, le mystérieux groupe terroriste a annoncé qu'il suspendait ses actions, sans pour autant cesser ses menaces, promettant de réapparaître et de réclamer une rançon.
 
Ce mystérieux groupe "AZF", dont l'existence a été révélée début mars, réclame depuis la mi-décembre aux autorités françaises une rançon de plusieurs millions de dollars et d'euros, sous peine de faire exploser des bombes sur le réseau ferré.
 
Sur les indications d'"AZF", les policiers avaient retrouvé le 21 février sur la voie ferrée près de Limoges un engin explosif sophistiqué. Mercredi, un autre engin a été retrouvé sur la voie ferrée dans la région de Troyes, sans qu'il soit possible pour le moment de le relier avec certitude à "AZF".
 
Début mars, le groupe avait affirmé avoir disséminé 10 bombes sur le réseau ferré français. Dans son courrier jeudi, "AZF" assure qu'il n'y a plus aucun engin sur les voies.