Citation :
Relevons la tête ! Nous avons la tolérance, la sincérité, l’ouverture, la réflexion et l’envie de construire.
A tous ceux de l’intérieur ou de l’extérieur qui veulent encore croire que la Guadeloupe vit aujourd’hui une page capitale de son histoire vers un monde meilleur. (9 février 2009)
Depuis trois semaines, l’économie de l’île s’est arrêtée.
La Guadeloupe a déjà connu de nombreuses périodes d’agitation sociale violente, et cette expérience passée est une donne fondamentale de ce qui se passe aujourd’hui. Les émeutes se déclenchaient, à l’initiative d’un syndicat l’UGTG, à l’occasion d’un conflit particulier: augmentation des dockers, licenciement d’un salarié, revendication commerciale (!), exigence d’un nième jour férié supplémentaire, etc. Dès le début sous une forme d’ultimatum plus ou moins acceptable, qui créait un rapport de force insoluble. Rien ne se solutionnait, personne ne voulait perdre la face, l’escalade se poursuivait et ça se terminait en violence, émeutes, tabassages. Jusqu’à ce que la population prenne peur et «lâche» le syndicat auteur des troubles. Et on se séparait sur un compromis jugé inacceptable par tous au début de l’opération, et sur un sondage qui disait que les trois quarts des Guadeloupéens considéraient l’état français comme seul recours pour maintenir la cohésion sociale, et le désignant ainsi comme grand vainqueur de l’opération.
Cette fois-ci, les stratèges de l’UGTG ont digéré la leçon. D’abord ils ne sont pas partis seuls. Ils ont créé un « collectif », qui leur redonne la légitimité apparente qu’ils avaient perdu, et qui accepte de ne parler que par son représentant… celui de l’UGTG. De plus, elle appuie son action sur une revendication très populaire : «lutte contre la vie chère» accompagnée de 143 revendications du même acabit que personne ne peut rejeter en bloc et dont certains couvrent des réalités réellement scandaleuses plus ou moins connues du grand public ! Elle est ainsi persuadée que toute résistance du gouvernement produirait un échec des négociations et un pourrissement du conflit, qui serait sévèrement jugé par la population et qui, cette fois, lui serait profitable. L’UGTG a largement confirmé cette stratégie en exigeant des négociations à 15O dans une même salle, avec débat télévisé et le déblocage de 126, puis 143 points? Après 10 heures de «négociations» de nombreuses personnes étaient passées à la télé et rien n’avait vraiment avancé.
Quand le préfet a annoncé après quelques jours son retrait en laissant le collectif face aux élus locaux, l’affaire était entendue, tout le monde jouait le pourrissement. Les différents atermoiements ministériels, l’annonce de l’entrée tardive des mouvements martiniquais et les petites phrases lâchées de part et d’autre ne laissaient aucun doute : minimum trois semaines? et ce, quelle que soit l’avancée des négociations (pour ceux qui croient encore qu’elles sont au coeur du problème).
Au milieu des protagonistes, les élus locaux sont impuissants : Ils n’ont pas les moyens financiers de répondre aux exigences des grévistes, ni celles électorales de s’opposer à des revendications aussi populaires. Alors ils essaient d’être du bon côté pour le cas ou ça dégénérerait.
Et les guadeloupéens dans tout ça ?
Il faut savoir à quelle réalité cela correspond. Les Antilles ont une société particulièrement hétérogène. A cause de la mauvaise répartition des richesses comme cela est souligné fréquemment, mais à cause aussi d’une société à deux vitesses, avec, d’un côté, des fonctionnaires avec sécurité de l’emploi et hauts salaires (40% de sursalaire) et les autres avec moyenne des salaires très bas et forte précarité.
Face au conflit en cour, il y a trois catégories :
- Les meneurs et partisans. Pour l’essentiel des fonctionnaires qui toucheront pendant toute la durée de la grève leur salaire agrémenté de 40%. C’est notamment le cas de tous les meneurs, et notamment depuis des générations, ceux du syndicat « indépendantiste », payés par le gouvernement, confortablement sécurisés dans leurs fonctions et qui ne souffriront pas des conséquences du mouvement.Ce qui ne veut pas dire que tous les fonctionnaires soient des grévistes. Mais les administrations ont été vidées de force de leurs occupants. Les enseignants qui veulent retourner à l’école tombent sur des milices, voire font face à des menaces sur les enfants.
- Il y a ceux qui travaillent encore dans des conditions difficiles ; l’habitude fait qu’ils prennent leur mal en patience mais certains espèrent qu’il en ressortira quelque chose de positif pour leur porte-monnaie. Et même si il est difficile à mesurer, ce soutient existe.
- Et puis il y a ceux qui souffrent en silence parce qu’ils savent qu’ils ont déjà perdu leur travail ou leur salaire pour la période, soit parce que c’est leur congés qui sont déjà mangés. Certains parce que leur société a préféré fermer par risque des mouvements violents ou faute d’activité, d’autres parce que leur établissement a été fermé de force ou pour cause de faillite. Cette partie de la population, de loin la plus nombreuse est sans porte-parole, ils ne sont ni acteurs, ni fédérés. Les médias ne les évoquent que sporadiquement.
Les medias, la télévision en particulier, sont sous contrôle. Des journalistes se sont fait agresser. Seuls certains d’entre eux, toujours les mêmes, présentent les journaux. Pas question de trop disserter sur la catastrophe économique en cours.
L’important défilé des fonctionnaires et des chômeurs le week-end dernier reflète une grande mobilisation attendue sur un sujet aussi consensuel. Mais en même temps, en faisant de ce défilé l’élément unique d’information, on occulte les 400 000 Guadeloupéens qui n’ont pas défilé, et dont il reste impossible d’évaluer leur degré de soutient au mouvement, d’autant que toute velléité d’opposition a toute les chances de trouver en face d’elle la violence et l’intolérance du mouvement.La plupart des établissements fermés le sont par la menace. Menaces qui a été jusqu’à la menace de mort et d’incendie sur des gérants de stations services obéissant à un ordre de réquisition préfectoral.
Le plus souvent les grévistes se contentent de menaces. Ils ne peuvent pas se permettre de rendre leur mouvement trop impopulaire comme les précédents ou alors le temps jouerait à nouveau contre eux. Difficile de prétendre défendre le peuple Guadeloupéen en tabassant des Guadeloupéens. La réputation des «tontons macoutes» qui, ils n’y a pas si longtemps s’attaquaient à des restaurateurs, des chauffeurs de camions, des vigiles, des touristes, ou de simples citoyens etc. suffit. Ils cherchent à éviter la mauvaise image que leur ont donné ces exactions, mais ils n’accepteront jamais la résistance et chacun le sait.
L’idée d’un mouvement consensuel est donc une illusion difficile à évaluer aujourd’hui, mais les éléments suivants sont assez parlants.
De l’intérieur certains croient vivre un grand moment parce que pour ce qui leur semble être la première fois, sont évoqués en publique des dysfonctionnements de la société guadeloupéenne (antillaise?) qui sont pourtant de notoriété publique, mais habituellement peu mis en cause autrement qu’en petit comité. L’espoir est beau, mais les faits et la réalité le nuance fortement. De plus, comme souvent, la perception guadeloupéenne est nombriliste et n’a pas conscience du sens dans lequel va aller la pression extérieure.
Le spectacle donné à la métropole est pour le moins ambigu. Un grand défilé au chant de «la Guadeloupe n’est pas à vous, laissez notre pays » (chanté en créole mais consciencieusement traduits par la commentatrice).Qui peuvent-être les «vous» si ce n’est les non-Antillais présents dans le système? Les métropolitains? Difficile de comprendre que ces gens qui chantent cela, le font pour réclamer un supplément d’aide financière à la métropole? Aux «vous»? Si en Guadeloupe on estime n’avoir que des droits et aucun devoir vis-à-vis de la métropole et que de ce fait, réclamer le beurre, l’argent du beurre et la crémière avec, n’a rien de choquant, la contradiction à toute les chances d’être moins bien perçue de l’autre côté de l’Atlantique ! Le tout agrémenté de quelques images de passage à tabac de touristes ayant l’outrecuidance de tenter de passer à pied un barrage à la sortie de leur hôtel chèrement payé? Entre le ridicule et la révolte, il se pourrait que l’envie des spectateurs rejoigne la demande des manifestants - pourtant par ailleurs largement démentie par la population dans les urnes - et que les «vous» finissent de décider de laisser aux «nous» le pays en question. Surtout si en période de crise un opportuniste pervers leur annonce que ces «danseuses» coûtent 20% des impôts sur le revenu !
Le soutien de l’île soeur martiniquaise est largement aussi relatif. Les journaux montrent des manifestations d’assez grande ampleur et donnent une image de solidarité active. La vérité est plus nuancée et même franchement différente. D’abord, le contexte est particulier : lors du récent mouvement visant à diminuer le prix des carburants, la Guyane avait fait une grève lourde, suivie de la Guadeloupe (quelques jours, histoire de récupérer les mêmes avantages que la Guyane), et la Martinique s’était contentée de bénéficier du mouvement des autres départements, sans avoir à souffrir d’un jour de grève. Ce qui avait déclenché l’ironie de nombreux observateurs. Aujourd’hui les Martiniquais ont l’orgueil de se montrer «solidaires» ! ? Mais avec discernement. Le mouvement de soutien est annoncé le 5 février pour soutenir la Guadeloupe en grève depuis le 20 mars. C’est dire à la fois, l’intention originelle de faire perdurer le mouvement avant même le début des négociations ; et aussi le désir évident de ne pas payer le prix faramineux de ces 16 jours de grève. Solidaire n’est pas suicidaire. Jusqu’à ce jour la réplique Martiniquaise reste mesurée. Le 5 février, Fort de France est en manifestation rideaux baissés par sécurité, le reste de l’économie tourne. Bien sûr, les fonctionnaires qui défilent sans risque et sans perte à Fort-de-France affichent une motivation certaine. La majorité de ceux qui doivent payer de leurs personnes sont au travail. Le lendemain deux opérations «Molokoï» ont ralenti la circulation entre 7h00 et 10h00. Je me suis retrouvé près d’un bouchon. Une dizaine de voitures avec des gens autour et des drapeaux? et des milliers de voitures derrière qui essayaient de contourner le barrage, y compris en provoquant parfois des incidents. En agissant dans les deux sens, sur l’axe principal, moins d’une vingtaine de véhicules ont fait des ralentissements spectaculaires. On a vu à la télévision danser quelques individus devant les voitures, très fiers de leur éphémère pouvoir. La mobilisation réelle correspond elle, à quelques dizaines d’individus.Cela peut paraître anodin, mais mieux vaut éviter d’avoir besoin d’un transport rapide, d’une ambulance à ce moment là. Mais en Martinique on supporte mal le diktat des grévistes (qui dépasse de loin le cadre du droit de grève !). Dès ce lundi, on a vu des heurts entre manifestants et non-manifestants.
En attendant, tous les bateaux de croisières qui faisaient escale en Guadeloupe, on décidé de transférer définitivement leur escale en Martinique, on parle même de créer une deuxième escale au Marin. Mieux encore, dans certains secteurs (comme l’eau en bouteille) les usines guadeloupéennes sont en rupture de production. Leurs concurrents Martiniquais, qui disposent de stocks et de moyens de livraison, font un forcing commercial pour prendre les marchés en Guadeloupe! Entre l’enthousiasme partisan des premiers et l’opportunisme indéniable des seconds, il y un discours plus réservé qui montre surtout l’incompréhension. Pourquoi les Guadeloupéens commencent-ils toujours par détruire leur pays avant même de négocier. La Martinique a toujours su obtenir plus avec des lobbies, des politiciens, etc. sans s’autodétruire. Pourquoi toujours faire passer la forme du mouvement avant son but ?
Ceci n’exclue pas que le mouvement prenne de l’ampleur. Cette cohabitation entre un mouvement aux réactions imprévisibles, affectives, et souvent extrémistes, et une réaction plus affairiste ou réaliste, peut être explosive elle aussi.
Là aussi, on est loin des seuls commentaires ayant le droit d’être relayés par les médias, qui se contentent de relater voir de mesurer un degré virtuel de solidarité. L’illusion est entretenue avec la complicité des médias nationaux qui, souvent de bonne foi et dans le souci de respect, présentent ce conflit comme le simple résultat d’un malaise financier et populaire, alors qu’ils ignorent l’essentiel du malaise social et tout du rapport de force qui se joue.
Il est difficile d’anticiper le bilan d’une telle opération. Les gains sont encore incertains et les pertes déjà sensibles, mais pas encore chiffrables. Ceci étant, il existe déjà des éléments concrets qui laissent peu de doute quand au résultat final.
D’abord, il y a l’impact immédiat sur le tourisme. Le plus spectaculaire c’est le départ définitif des bateaux de croisière et la mise au chômage à court terme des équipes qui les recevaient. Dès la première semaine, les réservations hôtelières ont chuté de 30% puis à 70%. Seuls persistent ceux qui n’ont pas de possibilité d’annulation! A court terme c’est bien sûr catastrophique, nous sommes en haute saison, à la veille de Carnaval, la période la plus festive de l’année. Mais sur le long terme aussi : l’expérience des crises précédentes est là : c’est un déficit de visiteurs important et pour plusieurs années. Cela va se traduire en récession de l’activité et en pertes d’emplois conséquentes. Pas chez les syndiqués qui bloquent le pays.
Le tourisme n’est pas le seul touché : les maraîchers qui perdent leur récoltes sur pied, parce qu’ils ne peuvent pas la livrer (faute de carburant) à des magasins qui sont de toute façon fermés ; ces mêmes commerçants à qui on impose la fermeture ; les petites entreprises et les artisans qui sont privés d’activité parce que leurs clients sont fermés ou se désengagent, parce que leurs employés ne peuvent plus venir travailler, parce qu’ils ne peuvent plus se déplacer, parce que leurs chantiers sont arrêtés ; ou que leur matériel n’arrive plus et au final parce que l’investissement va connaître un coup d’arrêt. Et il ne faut pas compter sur les collectivités locales, ruinées par le mouvement pour compenser par de grands chantiers.Jarry, plus grande zone industrielle de France, qui regroupe l’essentiel de l’activité économique de l’île, est ville morte. On parle déjà de plus de 500 entreprises en dépôt de bilan. A l’échelle de la Guadeloupe c’est énorme. Gageons qu’il faudra longtemps avant que soient publiées les statistiques locales du chômage pour cette période.
La première semaine on parlait de 150M de perte, puis de 300M. Depuis les chiffres ne sont plus donnés? Difficiles à estimer? On a doublé, triplé ? A l’échelle de l’île c’est là aussi, énorme, et 50 à 80% de ces sommes vertigineuses? c’est de la masse salariale ! C’est autant de salaires qui ne sont pas versés. On veut nous faire croire que la Guadeloupe est en guerre contre le patronat, accusé d’enrichissement abusif. Mais, si ceux-ci perdent leurs marges, si certains craignent (à juste titre) pour la pérennité de leur entreprise, le gros des pertes est mathématiquement en salaires. Pertes sèches pour les salariés, avec parfois la possibilité, de prendre des jours de congé pour tous les jours de grève. Ce qui signifie pas de congé en été, pas d’intérimaire pendant cette période, et là , les patrons rentreront partiellement dans leurs frais sous forme de salaires non versés alors que les salariés C’est aussi autant d’argent qui n’est pas réinjecté dans la consommation locale, vecteur primordial de l’économie de l’île.
Il faut bien prendre conscience que si cette lourde perte ne concerne pas les barragistes, elle affecte une partie importante de la population.
Et ce sont les plus petits qui trinquent. C’est le peuple au nom duquel on dit se battre qui souffre. Les plus gros et les fonctionnaires s’en sortiront sans trop de problème ; ceux qui sont autour de la table de négociation, ceux qui ont la parole, et qui continuent à faire croire qu’il s’agit d’autre chose qu’une lutte de pouvoir et d’influence, que la population va en tirer bénéfice.
Autre ennemi désigné, les békés. Détenteurs majoritaire du pouvoir économique en Martinique, et dans une moindre mesure en Guadeloupe. Leur position et leur rôle ont été mis en exergue par un reportage diffusé en pleine grève, où en plus, l’un d’eux se ridiculisait en affichant des positions racistes d’un autre âge sur le métissage.Mais là aussi, on va imposer pendant quelques semaines la fermeture des grandes surfaces qui leur appartiennent (sans tenir compte de l’avis du personnel de ces grandes surfaces qui bouclera ses fins de mois comme il peut), on va imposer la baisse des prix sur quelques produits de grande consommation (ils auront l’obligation de proposer une brosse a dent à 0,50 € mais les autres produits resteront en rayon et les antillais - parmi les plus gros consommateurs de France - continueront à acheter « ce qu’il y a de mieux »). En bref, même pas un dérangement dans la vie de ces grosses fortunes qui depuis longtemps ont investi sur d’autre marché. Et après ce beau mouvement de révolte, on n’aura pas agit d’un iota sur ce qui fait leur pouvoir et leur nuisance : leur hégémonie sur l’économie du pays. Là encore: un grand vacarme aussi onéreux qu’inutile ! il ne calmera même pas les frustrations.
Autres traditionnels ennemis désignés : les blancs. Les insultes racistes font partie intégrantes des débats. Dans une assemblée antillaise, les insultes racistes ont pour effet de déclencher les bruyantes approbations de la foule (plus spécialement encore chez certains fonctionnaires d’état indépendantistes). Pas la partie de la foule la plus élevée spirituellement certes, mais c’est étonnant comme des gens qui réagissent si fort aux propos d’un Le Pen applaudissent à des propos que celui-ci n’oserait pas tenir en public, et qui sous d’autres cieux vaudraient condamnation. C’est moins étonnant quand on considère que l’argument principal des campagnes du Front National : «La France aux Français», est aussi celui des meneurs : «La Guadeloupe aux Guadeloupéens». Mais bien qu’imitateurs ils sont foncièrement anti-lepéniste !Ces propos, qui n’aurait pas leur place dans un débat de société, si celui d’aujourd’hui en était un, n’ont pas l’approbation de tous les antillais. D’ailleurs ils ont été immédiatement désapprouvés par d’autres intervenants aussi légitimement antillais que leurs émetteurs. Il y a aussi une belle Guadeloupe qui ne se compromettrait pas dans de telles bassesses, mais qu?est ce qu?elle est silencieuse ! Et comment peut-elle ne se résoudre à suivre, même partiellement, de tels orateurs? et fustiger le Front National ?…Les blancs visés sont indifféremment l’état, les entrepreneurs blancs surreprésentés parmi les créateurs d’entreprises, et tous les métropolitains en général? y compris les touristes payeurs mais envahisseurs.
Bien sur l’état est souvent incompétent et spectaculairement ignorant de la réalité antillaise. Mais il fourni 92% du budget de ces départements et c’est à lui que, ceux là mêmes qui le désignent comme ennemi, demandent de financer en plus, directement ou indirectement l’ensemble des 143 mesures qu’ils réclament.
On nous présente une situation absurde ou il y aurait un gouvernement accusé d’être colonialiste mais qui tient à bout de bras l’économie artificielle de l’île tout en affichant sa volonté de désengagement, et qui aurait en face de lui un parti qui se dit indépendantiste et dont l’ensemble des actions conduisent à une dépendance financière accrue!
C’est de l’illusionnisme : le truc n’est pas magique, c’est juste de faire en sorte que personne ne le voie malgré l’évidence, en assénant des idées fausses qui s’appuient sur des poncifs démagogiques.
Au-delà de l’illusion. On peut toujours épiloguer sur qui est visé par ces mouvements de grève, désignés le plus souvent par des termes abstraits et généraux : les patrons, les riches, les colons. Mais pour connaître les victimes réelles, il suffit d’ouvrir les yeux.
C’est un autre point des réclamations et négociations en cours’. C’est à l’état de payer pour compenser les anomalies avérées ou non. Mais personne ne parle de s’attaquer aux problèmes de fond.Ces dysfonctionnements, on les invoque comme argument, pour réclamer un saupoudrage des fonds publics.
Pour faire face aux exigences du collectif, et montrer leur implication dans la résolution de la crise, les collectivités locales ont sacrifié le budget au développement de la Guadeloupe et une partie de l’octroi de mer (fraction de la TVA reversée par l’état aux collectivités locales).On remet en cause le seul budget consacré à l’évolution de l’île et supposé la faire sortir de son impuissance économique, et les budgets des communes, déjà presque toutes fortement endettées, pour saupoudrer des «mesures exceptionnelles», c’est-à-dire des aides momentanées à fonds perdus et à l’efficacité limitée.
Par exemple les transports en commun. Malgré les récentes et bien tardives réformes, le transport en commun de Guadeloupe est remarquablement inefficace. Améliorer ce qui a été mis en place demande des moyens’. Le collectif à obtenu que ces moyens soient distribués pour fournir des tickets à mi-tarif aux étudiants et à d’autres catégories de personnes. Tant mieux pour elles, mais cette mesure ne contribuera en rien à améliorer le système de transports en commun, et ne solutionnera finalement pas le problème des usagers, même de ceux qui bénéficieront de ces tarifs. De plus, on peu penser, que le système de transport amélioré avec ces budgets, aurait pu devenir plus rentable et ainsi obtenir un vrai service à tarif réduit pour tout le monde.Parallèlement, le collectif, toujours soucieux de ménager les intérêts privés de ces adhérents, réclame la légalisation des transports «pirates» qui concurrencent le système officiel de façon déloyale sans assurer de service public! L’intérêt des Guadeloupéens qu’ils disent?
Conséquence (entre autres) immédiate de ce saupoudrage, la construction et toutes les opérations de restauration d’établissement scolaires, et les investissements communaux sont stoppés? au moins pour un an.
Aujourd’hui le tourisme en Guadeloupe est détruit pour des années, des milliers de gens vont se retrouver au chômage, et des dizaines de milliers pénalisés dans leurs revenus, l’évolution de l’île est figée pour au moins un an et si l’état n’intervient pas on se dirige tout droit vers la faillite des communes et des collectivités locales.On pourrait aussi évoquer les dégâts collatéraux comme la déscolarisation des enfants. Certes, on pourra toujours trafiquer les résultats du bac 2009 pour «montrer» que le niveau général n’a pas souffert de cette pagaille. Ça ira pour la nécessaire autosatisfaction, mais quelle crédibilité pour nos enfants qui l’année prochaine devront s’inscrire dans des écoles nationales ?
Mais vous verrez que dans peu de temps, un certain comité nous offrira un baroud d’honneur en brandissant les tickets à tarif réduit et une brosse à dent à 0,50 € en chantant : «on a gagné». Et cette minorité là aura moins perdu que les autres.
Le seul point qui devrait faire l’objet d’une réflexion c’est le fonctionnement de l’approvisionnement pétrolier de l’île et de la Sara qui en a le monopole. C’était le point d’achoppement du mouvement social précédent qui avait obtenu une baisse du prix de l’essence. Et cette baisse du prix des carburants est un vrai résultat d’un mouvement précédent.On en est encore au stade des promesses. Mais si des mesures sont finalement prises, et si ces mesures sont autre chose que de l’agitation spectaculaire et une condamnation théâtrale de l’un ou l’autre des acteurs, et si elles aboutissent vraiment à un bon fonctionnement de cet approvisionnement au bénéfice des consommateurs (ça fait beaucoup de «si»!)? tant mieux. Mais même dans cette hypothèse le résultat restera maigre?
On est loin du grand renouveau de la société Guadeloupéenne annoncé ou espéré par certains. Un syndicat, parti politique, en quête d’une nouvelle légitimité après s’être beaucoup déconsidéré, un état finalement maître du jeu, mais qui a une crise à gérer et un réel souci de désengagement, des élus pas toujours de mauvaise foi, mais qui gardent comme préoccupation principale leur prochaine échéance électorale. Chacun faisant mine d’ignorer avec cynisme le drame qui se joue derrière. Personne pour s’attaquer aux problèmes de fond, personne pour dire les vérités qui fâchent, personne pour porter un projet de société. Et une population divisée entre une minorité protégée, bercée d’idées fausses et une minorité qui courbe l’échine sans savoir à quel saint se vouer.
C’est du rôle des élus de présenter au peuple un projet de société. Mais les élus Guadeloupéens ont souvent été élus pour leur vénalité par dans électeurs aussi vénaux qu’eux qui espéraient profiter des miettes des fonds détournés par ceux mis au pouvoir. Faut-il rappeler que la «première dame» de Guadeloupe s’est longtemps vanté d’avoir bloqué toute évolution de la commune dont elle était conseillère, vexée de ne pas récupérer son fauteuil de maire, et que ses concitoyens ont réélu celle qui se vantait de les avoir fait stagner ! Que cette même élue se vante aujourd’hui de bloquer les projets d’amélioration de la circulation parce qu’ils émanent de son concurrent élu au conseil régional (à sa place!). Que dans le cadre du débat qui nous préoccupe, la même personne s’est vantée sans gêne, d’être au courant des dysfonctionnements de la Sara depuis 12 ans sans jamais avoir agi ou même dénoncé?Nous avons les représentants que nous avons élus ! Quand nous élisons des gens au discours facile et démagogique, sans projet et uniquement soucieux de leur devenir personnel, nous avons le résultat que nous méritons !La faillite des élus guadeloupéens c’est la faillite des Guadeloupéens? c?est la règle démocratique. Les élus qui ne gèrent que leurs intérêts n’ont pas été élus par les patrons, les békés, ou les blancs? et encore moins les métropolitains. En tant qu’électeurs, nous les Guadeloupéens sommes une caricature? Même si les autres français sont mal placés pour donner des leçons dans le domaine?
C’est à l’état de faire respecter les droits des Guadeloupéens. Comment peut on croire des gens qui prétendent se battre pour le peuple sans respecter les droits élémentaires de ce peuple? le droit de grève et de protestation n’est pas le droit d’entrave et de violence?Si une cause est juste et populaire, pourquoi doit-on utiliser la contrainte, la menace et la violence envers la majorité ?L’habitude de cette contrainte est telle, que personne ne semble se demander si elle fausse les données d’appréciation du mouvement. Pour mesurer la vrai mobilisation de la population, il faudrait libérer cette population, lui donner le choix de son action et celui des conséquences.
L’histoire nous a déjà montré ces mouvements politiques qui utilisaient les frustrations des gens; braillaient leur racisme, en faisant appel aux plus bas instincts de leurs partisans; prétendaient soutenir le peuple et la nation et imposaient par la force et la menace l’adhésion à leur mouvement ; bâillonnaient les médias ; le tout sans jamais solutionner les problèmes qu’ils brandissaient et qui étaient leur fond de commerce. Ils n’ont jamais conduit au bonheur d’un peuple. En 1936 en Allemagne, ils avaient des chemises brunes, et déjà les autorités fermaient les yeux et le peuple faisait mine d’y croire, plus tard et ailleurs les chemises sont devenues rouges. Il en va de la couleur de la chemise comme de celle de la couleur de peau elle importe peu.
Bien sur la vie économique et sociale des Antilles est pleine d’anomalies et de scandales et c’est sur de telles bases et aidés par la faiblesse des autorités en place que sont nés tous les régimes totalitaires.
Alors Guadeloupéens réagissons, diffusez ces lignes, commentez-les, critiquez-les, il n’y a pas de copyright, vous êtes libres sur Internet.
Les chaînes qui alimentent notre folklore et dont ceux qui nous oppriment aujourd’hui brandissent le spectre en permanence, sont rouillées, et aucun d’entre nous n’en a jamais vu qu’au musée.
Alors que celles qui nous brident aujourd’hui sont invisibles mais bien réelles. Essayez en ce jour d’exercer votre droit au travail et vous sentirez rapidement les fers.
A quoi sert-il de déplorer sans cesse les brimades d’un passé qu’aucun vivant n’a connu si c’est pour plier peureusement sous le joug d’une minorité de privilégiés bien à l’abri de leur prétendu ennemi! Relevons la tête. Il est inutile de combattre par la violence la haine et l’insulte, nous avons la tolérance, la sincérité, l’ouverture, la réflexion et l’envie de construire.
|