Compte rendu du taranis argatrail 2015 (attention, pavé à lire )
Introduction : de mémoire, tout à commencé par un post du Boucher-à-pieds qui a aiguisé ma curiosité, juste mentionnant ce trail. Site internet propre, pas de fioriture et l’essentiel est là. Un concept que j’attendais depuis longtemps, qui peut convenir pour de multiples usages (notamment courses à plusieurs personnes de niveaux différents) mais surtout à la base et pour moi : pouvoir se tester sur du long tout en pardonnant les erreurs d’inexpérience et en évitant au maximum l’effet hamster (pas vraiment possible de faire que des traces isolées sauf à rallonger les boucles à 20k). 10 boucles en espace natura 2000 (qui seront légèrement modifiées ; edit : je viens de voir que la fusion des gpx a donné n'importe quoi en fait. heureusement que j'ai géré boucle après boucle pour le pilotage ...), centrées sur le camping "la marette" point de départ-ravito-secours (et zone de spectateurs), sur des profils qui passent leur temps à monter et à descendre. Facile de “mettre le clignotant” si on en peut plus ou si on se blesse, facile de pouvoir peaufiner le matos en cours de route (se débarrasser de la frontale et des manchons, prendre un buff en plus, prendre ou pas des lunettes ou une veste …) et donc de se tester en conditions “semi réelles” pour des trails classiques. J’aime pas faire 40 courses dans l’année (loin la plupart du temps) juste pour augmenter progressivement les distances. Cette course était mon objectif principal pour cette année, me permettant de réfléchir aux possibilités de l’an prochain. Parce que bon, à l'entrainement ça va, mais en course j'ai au mieux des marathons sur bitume quoi, donc avant de faire le TGV ...
Préparation : depuis que je suis passé végétalien (juste après avoir casser avec mon ex ) en décembre, je constate une récup nettement meilleure de tous mes entrainements. Je prend également mon pieds avec les chaussures wide toe box et zéro drop. Du coup j’ai rallongé énormément les durées de mes sorties et j’ai pu être plus assidu également. J’ai inclu également nettement plus de vélotaf (si possible en EF, pas évident quand on est à la bourre le matin ) dans mon volume de sport. Je suis monté en gamme (tout en perdant du poids) jusqu’au stage de trail UCPA et la bonne grosse sortie longue à jeun que je me suis farci après. Quelques écarts alimentaires (famille, vacances) plus tard, les entraînements étaient moins bons, des débuts de blessures apparaissent. J’ai pris très au sérieux quand les “coups de poignard” dans les mollets sont revenus en séance de vérification des chaussures pour le trail (au bout de même pas 10k ...) : je me suis imposé deux semaines d’arrêt complet pendant lesquelles j’ai insisté sur massages, nourriture et sommeil. Manque de bol, elles vont coïncider avec un surplus de taf (horaires à rallonge et stress associé). Mais ça paiera car je n’ai eu aucune grosse blessure pendant la course. 1800 km (running+vélo) de janvier à la fin aout, contre 1400 pour tout 2014 dixit strava
Logistique : LA grosse bêtise. 8H30 de voiture à l’aller (avec des journées à ralonge pour le taf juste avant), suivi d’une nuit (dans le camping) sous la tente. Je me lève en ayant fermé l’oeil qu’une ou deux heure(s) et avec le dos démonté, les fessiers froissés et les talons irrités (merci les rafales de vent, le matelas autogonflant et le sac de couchage trop chaud etc). Je pars avec un bon handicap, je suis à ce moment là plus démonté qu’après ma grosse SL de quasiment 40k cet été et la course a pas commencé … La nuit suivante (à la fin de la course donc ) j’ai demandé à recupérer un lit dans un bungalow (grand merci à Marion , qui gère le camping, pour sa disponibilité, sa gentillesse et toujours avec le sourire malgré sa fatigue à elle aussi ) et dormir sur un vrai matelas c’est priceless . Et ils m'ont même fait de quoi manger à quasiment minuit (eux étaient levé depuis 4h du mat) tout en respectant mon régime végétalien. (note : dans le camping il y a aussi la piscine qui doit être bien pour délasser les jambes en lendemain de course)
Matos : altra LP2, injinji trail, short running, teeshirt cardio kalenji, Epix, raidlight 12L, sacaflotte D4, flaske Salomon, pastilles high5, visière kalenji ... : tout est rodé à l'entrainement, j’ai du rab (j’enfile deux paires d’injinji pour mes pbs de talon) et je peaufine au fil des tours. La petzl nao que je testais pour la première fois est juste suffisante en éclairage à mon goût mais largement plus légère que les phares chinois que je me trimballais jusque là. La epix a été au global un pur plaisir (même si elle m’a fait un plantage carabiné vers la fin, me squizzant 2k facile mais redémarrant quand même), j’ai kiffé à fond le guidage pendant la course (surtout quand il manquait clairement de balisage, je suis l’un des seuls à pas avoir fait de gros demi tour ). Alertes toutes les 15 minutes pour boire et manger (globalement respectées) suite aux lectures de CR courses sur le topic et ça a bien fonctionné. J’ai privilégié les electrolytes high5 et l’eau pure en backup uniquement. Complété de barres céréales, gels, banane.
Déroulement de la course : départ tous (140 je crois) ensemble (même les locaux venus courir un 11k) un peu après le speech qui démarre à 6h30. Du coup on a même pas 30 minutes dans l’ombre avant le lever du soleil. La météo sera idéale : beau mais pas trop, chaud mais pas trop (couverture nuageuse juste en début d’après midi), du vent mais pas génant.
Pendant les 6 boucles on aura eu un peu de toutes les configurations de courses :
champs de patates (pour masser les chevilles ),
traversées de rivière (mais au sec ),
chemins forestiers,
single foret,
bitume défoncé,
roche mère bien saillante et pentue (montée et descente à quatre pattes obligatoire ),
descente casse gueule “je me rattrape sur les arbres avant d'aller trop bas” (terre poussiéreuse et pente à 30% mini, ils auraient du mettre des cordes et il va y avoir une première vague d’abandon),
débrousaillage foret ( avec balisage tous les 5m et fallait bien ça, surtout qu’ils avaient changé leur plans par rapport au fichier gpx donc exit le guidage epix),
du sentier de montagne bien rocailleux,
de la descente technique,
du roulant sur sentier et sur single,
du crapahutage (sous les branches/arbres tombés, à contourner des rochers et à chercher les rubalises dans le noir et se demander comment faire pour aller là bas avec les jambes démontées … ça a bien duré 2-3 km comme ça mine de rien ).
ça manquait juste de boue, de torrent pour mouiller les chaussures et de sable (quoique le seul gars qui a fait la 10e a été gâté par une grosse montée dans le sable avec 20% de pente mini, il a eu droit aux bâtons s’est fait pousser par un des organisateurs qui l’accompagnait à ce moment là à ce qu’il parait ), de corde/échelles et de névés (bon, là à par le faire en hiver ...) pour faire un panorama complet du trail. Les passerelles c'est pas vraiment courant non plus.
Pour moi ça aura donné en résumé :
1ere boucle/ mal aux fessiers, au dos, aux talons, cardio haut. Rien de bien notable sinon, c'était la partie la plus facile, sans réel paysage mais très sympa quand même. deuxième paire de chaussette enfilée, qq étirement pour débloquer dos (et essayer pour le reste )
2e/ cardio qui revient presque acceptable. Point culminant tout juste superbe (aussi bien en arrivant en haut qu'en en faisant le tour), fessiers encore plus mal après un atterrissage sur le cul , mal derrière le genou droit suite à un réflexe de blocage sur la patinoire en descente . étirement au ravito, un peu de miam et ça repart.
3e/ le début est spécial, ils auraient dû nous prévenir de venir avec la machette . Ensuite roulant puis grimpe cailloux. Fessiers défroissés, mais maintenant c’est les jambes qui sont raides (surtout en descente), arrière des genoux douloureux et je manque d’eau sur les 3 derniers km de cette boucle qui est la plus dure de toutes. Un gars avec qui j’ai fait la grosse partie de la boucle (et qui visait 6 tours, avec des refs assez proches) va abandonner là : chute au 2e (pas trop grave), chute au 3 (ouvert à la main) et fracture de fatigue au pied droit (diagnostiqué le lendemain) lors de la descente.
4e/ je repars blindé (3L) de flotte (début d’après midi et échaudé par la 3e où j'ai sifflé 2L) et sur un parcours “plus facile” qu’ils disent (mais faut pas se leurrer, le plat/roulant il en a que sur la 5e boucle, tout le reste du temps ça monte ou ça descend). Je suis dans le dur, souvent même sur le plat et roulant je marche. Petits chemins très sympas mine de rien. A un moment je crois voir une rubalise sur ma gauche (ma montre ne me disait pourtant pas de hors tracé), je tourne trop vite la tête+je suis froid (transpirant et exposé plein vent) : cou bloqué à gauche. Un buff par dessus et je me débrouille pour rejoindre le ravito. Finalement ça sera qu’une bonne contracture et ça pourra pas fortement dégénerer même en cas de chute dixit le doc. Mon huile de massage va faire des miracles une fois de plus . Les jambes me font mal partout, mais aussi les avant bras ( )
5e/ je prend le temps de faire une grosse pause repas (heureusement j’avais du surplus dans la voiture parce que c’était un chouillat léger, mais vu le tarif franchement ça aurait été malhonnête de demander plus) et de repos et j’attaque le 5 où je vais enfin pouvoir me mettre à recourir correctement depuis longtemps, le parcours étant plus roulant et les jambes étant revenues. Psychologiquement c’est un beaume au coeur et ça m’a permis d’expérimenter par moi même les phases de beau temps après la tempète que beaucoup décrivent dans leur CR. Parce que depuis le début de la course (46k à la louche à la fin de la 4e) j’ai pas été en situation de confort une seule seconde. Bon, j’ai pas regardé les allures de cette 5e, mais j’ai pu prendre du plaisir à courir quoi .
6e/ lancé par la 5e je décide de partir pour la 6 , qui était mon objectif initial. On me prévient que c’est comme la 3 ou pas loin. Je prend la frontale et une veste mais je passe pas trop de temps à ravitailler. Et je vais en chier. Paumé au milieu de nulle part avec balisage très (très) espacé, pas de phone et la epix qui me décide de faire son plantage quand je sors la frontale. Elle mettra 30 minutes et multiples tentatives pour redémarrer, bon faut dire aussi que j’ai abusé (suivi d’activité pas désactivé, mode haute précision gps, mode 1s, cardio HR-Run, navigation sur toutes les boucles, alarmes bouffe/flotte, recharge en course lors de la boucle 5 ...) et que le firmware est encore jeune. J’entends des pas de course derrière moi au loin : ça devait être des animaux parce qu’on était plus que deux en course à ce moment là (l’autre sur la 8e et il sera le seul à boucler les 10) Mais je l'ignorais et j'espérais que quelqu'un vienne histoire d'être moins seul . Les jambes repartent lorsqu’on revient sur du roulant , qu’est-ce que ça fait du bien au moral . Bien evidemment personne ne m’avait prévenu qu’il y avait un changement de tracé, mais je me suis pas inquiété (les variations sur la 1 et la 3 étaient bien balisées), ce qui a été une bonne erreur. 2k sans le moindre balisage jusqu’à une grosse intersection sans balisage : ? affichage carte sur la montre => fais comme j'ai pu pour reprendre l’ancienne trace => 15 à 25 minutes de perdues (mais les 9 autres qui ont fait la 6e se sont fait aussi avoir apparemment ). Lorsque je rend mon transpondeur on me dit qu’il y a qu’un seul gars qui est encore en course et qu’il est partit pour faire les 10 boucles. Qu’il est spécialiste des 100 bornes sur route et qu’il a gagné (record) la MIL’KIL. J’ai pu discuter 30s avec lui en fin de 4e boucle juste avant le camping (il finissait la 5e) et il trouvait la course pas facile. (teeshirt jaune "kékés du bocage" et queue de cheval en bas à droite)
https://www.strava.com/activities/385755613 : 70 km, 3680 D+ (et faut ajouter un peu suite au plantage de la epix mais je suis pas à ça près)
Bilan :
Je recommande et je reviendrais (ils pensent limiter à 200 toutefois). Rapport qualité prix imbattable (20 roros quelque soit votre objectif). Super ambiance au camping, pas de prise de tête. Des bénévoles aux intersections (quand le gros du peloton est encore là du moins) pour éviter les mauvaises bifurcations et au camping jusque tard dans la nuit. La saison touristique commence son reflux là bas : prenez un bungalow au camping (c’est 4 roros de plus/personne/nuit …) et évitez la tente (à moins d’être ). Reçu un sac kalenji en récompense de tenacité (en plus du bandeau, du teeshirt etc) . Une équipe organisatrice volontaire et super sympa, aux petits soins et soucieuse de connaître les choses à améliorer pour les fois suivantes . De très jolis paysages (boucle 2 et 3 pour les vues de loin, boucle 4 pour certains petits coins sympa).
En amélioration pour la prochaine : je verrais volontiers une hausse de tarif (au moins pour ceux qui sont partis pour 3 tours, et les autres pouvant démarrer plus tard par la 2e boucle) accompagné d’un ravito mieux fourni (pas assez de salé, pas de soupe de pâte). Potentiellement une option “place au frigo” si on veut s’amener sa salade de pâtes, un taboulet, une purée de patate douce … Le balisage en zone "difficile d’accès" était bien mais celui effectué sur le roulant à partir de moto était largement à améliorer (bcp ont fait des marches arrières qui n’étaient pas nécessaires, voire de la débrouille sur le 6). Au moins un point de peinture au sol tous les 300m ça serait pas mal . Et disposer des trajets gpx mis à jour en ligne (et/ou sur pc au point de départ) pour ceux qui seront de plus en plus nombreux à utiliser les montres pour la navigation. La pente casse gueule du 2 à éviter (sauf si ils veulent mettre les cordes, remarquez, pourquoi pas ça fait une expérience de plus ...).
Spoiler :
pour la boue et la traversée de rivière qui mouille les chaussures ça ira comme ça hein |
. spéciale dédicace aux organisateurs : pour vous faciliter le travail en pleine nuit sur la fin essayez de voir si vous pouvez mettre des capteurs de présence 400m en amont pour détecter l'arrivée des coureurs (et prévoyez vous des matelas )
En bref : un concept de trail qui va sans aucun doute faire des petits . Endurance shop et Décathlon qui ont soutenu la course .
anecdotes : le suivi d'activité de la épix compte 12k pas pour 76 km sur la journée, soit des foulées de 6m vais me présenter au JO (=> suivi d'activité à désactiver et ça fera une source de plantage de moins ). J'ai fini en mode batman : mon tee shirt avait une jolie trace de sel en forme de . On a failli se faire (gentiment ) bouffer par une chèvre paumée qui nous a pris pour des distributeurs de sel ambulants.
Un peu moins de 48h après la course (et 10h de route le lendemain de celle-ci) j'ai encore quelques courbatures mais j'ai couru sans pb pour aller faire peser mon raisin quand j'ai vu l'oubli en caisse .
Photos en ligne mais les vidéos en cours d'upload, ça devrait être ok demain
Prochaines grosses étapes (si pas de déconnade d'ici là avec le changement de région/taf) : maxirace puis TGV
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"Il n’y a rien de noble à être supérieur à vos semblables. La vraie noblesse est d’être supérieur à celui que vous avez été auparavant."