CR TDS
Préambule
La CCC (non y'a pas d'erreur ) est LE gros objectif de mon année. La course que je veux réussir, celle sur laquelle je ne lâcherai rien, pour enfin refermer le chapitre de cet abandon de 2008 (une époque bénie où l'on pouvait s'inscrire sans points...), où je me suis pointé la bouche en cœur, plein d'insouciance pour boucler un trail de 90km en montagne, quand ma course la plus longue était un 10kms sur route
La course par laquelle tout à commencé, quand j'ai appelé ma femme les yeux mouillés à minuit pour lui dire que j'étais mort, et où le lendemain midi à Chamonix, je frissonnais, les larmes aux yeux, en voyant ces gens terminer la course, alors que moi, grosse chochotte de merde, j'avais arrêté parce que "ouhlala c'est dur".
Bref, ce sera pour cette année!
Sauf que j'ai été jeté au tirage
Mais, dans un moment d'excitation digne d'un acheteur compulsif en pleine période de soldes, je me jette sur le transfert CCC -> TDS.
En plus c'est cool, je suis gagnant au change, puisque j'aurai droit à 20km et 1100m de D+ en rab! Quelle bonne affaire!
La prépa
Ben...euh...je me suis bien préparé. Genre comme jamais. Avec des trails les dernières années, en essayant d'augmenter la distance (et qui furent aussi l'occasion de rencontrer pleins de gens vachement sympas qui trainent par ici ), le tout en prenant un plaisir monstre à courir, que ce soit en montagne, forêt, route, chemin, piste...
Et cette année encore plus que les précédentes.
Bref, je suis prêt.
En plus la course a lieu après 2 bonnes semaines de vacances en famille, idéal pour faire le plein de sommeil et de bons moments (moins idéal pour courir, mais ça va quand même).
L'avant-course
Arrivé à Chamonix le dimanche, je ne ressens pas trop de pression. Pas de nœud à l'estomac, pas de caca mou, tout va bien. Je passe une partie du lundi à confectionner mes barres pour la course, à essayer 15 fois différents rangements dans le sac de course, à changer de sac de course...des signes qui montrent que le stress est un peu présent quand même.
Le mardi matin au réveil, je percute un peu: c'est mon dernier réveil "normal" avant la course. Ah ouais...merde j'ai l'impression de n'avoir rien fait, rien préparé. Je continue à me faire rentrer dans le crane ma stratégie alimentaire durant la course pour éviter les coups de mou connus sur les autres trails de l'année: 1 gorgée toutes les 10', une demi-barre toutes les 30'. Je sais qu'une grosse part de la réussite reposera là dessus (car j'ai déjà le mental de winner , et la prépa fut au mieux de ce que je pouvais faire).
Je retrouve Perrout pour le retrait des dossards (orga au top au passage! ), et lui parle de ma botte secrète (la purée de patate douce, approved by François le vigneron lui même!).
il me montre ses tableaux avec plans de cours en 24, 26 et...28h? Bref, un truc bien préparé, dans la lignée de ses statistiques et analyses d'après-course.
je lui dit n'avoir ni plan de course ou de temps de passage à tel ou tel ravito. En toute honnêteté, je pense que je serai très content de boucler la course en 24h, car cela me parait "cohérent" avec ce que je peux faire. Mais je ne m'en fait pas un impératif. Advienne que pourra.
Le mercredi, réveil à 3h après une nuit entrecoupée de nombreux réveils, direction les bus pour Courmayeur. J'ai une bonne heure et demie devant moi avant le départ, je traine donc un peu dans le gymnase. Au bout d'un moment, je me dis que j'irai bien chier
Les seules toilettes que j'ai trouvées sont...dans la patinoire, où il caille, et où la file messieurs fait 30m de long...et ça n'avance pas. Je jette donc l'éponge au bout de 20', tant pis on avisera en course.
Direction la zone de départ, je dépose les 2 sacs, et me faufile plutôt vers l'avant du peloton, je pense quelquepart dans le premier tiers.
La course
Départ - Lac Combal
Le départ est assez rapide mais raisonnable dans les rues de Courmayeur. je déroule tranquillement en essayant surtout de ne pas me vautrer sur un trottoir ou dans les jambes des coureurs car c'est assez dense.
Ca déroule bien, les sensations sont plutôt excellentes bien que je sois parti à froid, tant mieux! Ca fera un échauffement idéal avant d'attaquer la grimpette.
Certains doublent déjà comme des fusées!
On quitte le bitume pour attaquer un large chemin très "propre", genre piste de 4x4. La côte n'est pas trop prononcée mais je décide assez rapidement de sortir mes meilleurs amis du jour: les bâtons (que j'hésitais encore à prendre la veille, ah ah quelle connerie!! )
J'alterne marche et course en tachant de rester sur un effort très mesuré, "en dedans" comme dit. Bref, je monte sans forcer, sans souffler (respiration contrôlée )
Même si je ne m'en sers pas vraiment en course, je jette un œil au cardio pour mettre des faits sur mes excellentes sensations: effectivement c’est sous contrôle, pas l'impression de forcer et le cardio est bon, autant sur les parties marchées que celles courues. C'est bête, mais ça me met en confiance sur ma forme du jour.
J'entends certains coureurs souffler comme des bœufs autour de moi...La stratégie me semble étrange, mais bon, soit chacun fait sa course.
La Maison vieille est rapidement atteinte, j'en profite pour remplir une flasque, et prendre une assiette de soupe avec une rondelle de viande séchée (seul ravito où j'en ai vu d'ailleurs, ça ressemblait à du filet-mignon séché, un vrai délice avec la soupe )
Ca grimpe encore un peu pour atteindre l'arrête du Mt Favre, puis première descente vers le lac Combal. Rien de particulier à signaler, je déroule en gérant mon effort, je sais qu'il faut que j'arrive frais au moins à Bourg St Maurice.
Les paysages sont tout simplement magnifiques avec la lumière du matin, et la roulance des chemins permet de courir le nez en l'air à en profiter, c'est parfait! Je savoure ces instants qui me font un peu sortir de la course et du monde présent autour, façon "On n'est pas bien ? paisibles, à la fraiche, décontractés du gland...?"
Du coup le ravitaillement du lac Combal arrive assez vite. Je rempli 3 flasques car la prochaine portion est longue, prends une assiette de soupe, une ou deux barres du partenaire pour varier un peu les gouts (putain mais quelle horreur leurs barres aromatisées), et c'est parti pour l'ascension du col Chavannes.
Lac Combal - Col du Petit St Bernard
mmmh...ce départ sur le bord du lac, ce panorama somptueux, ces couleurs chatoyantes qui font briller les sommets glacés...c'est vraiment beau à en chialer . Bon par contre on est encore un peu à l'ombre, et il fait frais: vivement la grimpette qui doit nous emmener vers le soleil.
En dehors de ça, je ne garde que peu de souvenir "course" de cette montée.
La descente derrière s'avère être un véritable boulevard. C'est large, propre, on dirait presque un chemin stabilisé sur lequel je déroule au maximum en souplesse et me force à ne pas m'enflammer. Economie est le maitre mot.
"Ah ah quelle bande de nazes les Poletti à nous faire croire que la TDS est technique!!" me dis-je par moment...Mouaip, garde ça pour plus tard jeune impétueux...
Un petit coup de cul au milieu de la végétation pour remonter le col du petit St Bernard, et c'est déjà le ravitaillement. Les jambes sont toujours là, je n'ai toujours pas l'impression de forcer, et demande quand même au pointage où j'en suis niveau classement, n'ayant aucune idée. Le chiffre annoncé (dans les 150) m'étonne carrément, je pensais être bien plus loin vu l'effort consenti.
Cela m'incitera à plus de prudence derrière, d'autant qu'entre 2 mantras nutrition ("t'as pas faim mais mange!", "t'as pas soif mais bois!"), j'intercale un mantra gestion de course: "RàB des autres".
Au ravito, petite pause vidange gastrique dans les toilettes sèches (celle non faite avant le départ hein forcément, et j'attendais quand même qu'il caille moins ), et comme d'hab, la soupe, et le reste à l'envie (St Yorre, pain, un pruneau, un ou deux tucs, un bout de banane, de mémoire). Je prends avec moi un autre gout des barres overstims: la version bio banane/datte (excellente celle-ci!).
Col du petit St Bernard - Bourg St Maurice
Descente tranquille mais un truc ne va pas: le genou gauche commence à coincer. Une douleur qui me rappelle celle ressentie lors de la Saintelyon ("syndrome rotulien" )...Mouaip, à peine à la mi-course, fait chier, ça va être longuet là... Je tente de me détendre au maximum, d'adapter un peu la foulée, mais si ça pique déjà maintenant dans une descente facile, je me dis que la suite, réputée plus technique, ne va pas être très plaisante...
Bref, j'aviserai le moment venu.
BSM arrive très vite, et entre la descente à 800m d'altitude et l'heure (12h30 passées), il commence à faire bien chaud.
Je pose donc mon sac sur une table et vais faire mon marché au ravito.
Alors là ouais petit aparté "classement", mais le truc sympa quand t'es relativement devant en course, c'est que les ravito ne sont pas pleins de gens partout, donc t'as de la place, donc t'es plus tranquille, et tu perds moins de temps...je me souviens qu'en 2008 sur la CCC, au raz des barrières horaires, je voyais même pas où poser mon cul à Champex et que ça m'avait bien gavé, d'autant que j'étais cramoisi
Tournée traditionnelle de soupe (une ou deux d'ailleurs), St-Yorre coupée au coca, grignotage d'un peu de tout ce qui fait envie. Par malheur j'ai voulu gouter une barre salée qui veux te faire croire qu'elle aura un bon gout de cacahuète...disons que ej n'ai pas senti la partie "huète" de la cacahuète.
Je me prépare mentalement à l'ascension qui m'attends (environ 2000+ sur 12kms), je sais que je vais en chier, les fortes pentes comme ça ne sont clairement mon terrain privilégié, mais c'est pas grave.
BSM - Passeur de Pralognan
Il fait quand même bien chaud en sortant du ravito, et si le début de l'ascension se passe un peu sous couvert d'arbre, on se retrouve rapidement exposé en plein cagnard.
Puis merde, ça grimpe fort! J'ai toujours le secret espoir, en course, d'une intervention divine (de dieu santroll et ses Saintes-cuisses) qui me ferait grimper comme un chamois, mais bizarrement ça n'arrive jamais.
J'accepte la difficulté, ralenti, et me force à ne prêter aucune attention aux coureurs qui me doublent, me répétant que c'est normal.
Je met un pied devant l'autre, ne pense pas à la durée de l'ascension, je sais qu'il suffit d'avancer pour en voir le bout.
Malgré ça, je m'accorderai de nombreuses pauses sur les bâtons, ou profitant de me pousser pour laisser passer un coureur pour m'arrêter un peu et soulager les cuisses.
Je pense arriver au fort de la Platte en voyant un bâtiment fortifié, mais manque de pot, c'est pas le bon fort L'autre est plus haut encore. Mais aujourd'hui, rien ne me démoralisera, je n'ai pas de pensées négatives, je continue donc ma grimpette à mon rythme d'escargot pour enfin arriver au fort de la Platte et son point d'eau bienvenu:
Un bon replat bienvenu puis une légère descente m'emmène au dernier bout de grimpette vers le passeur de Pralognan, que je trouverai autrement plus sympa que celle vers le fort de la platte. Le paysage est plus "alpin", et cela participe à me donner u petit coup de fouet: je suis en train de boucler la partie que je redoutais le plus! (avant les suivantes hein, mais j'en fais volontairement abstraction à ce moment là ).
Un truc me fait un peu mal (mais aussi sourire): je me fais déposer par "la galinette"...oui oui, l'espère de grande bouche du sud qui faisait des pompes à l'arrivée de la XL race, qui avait passé la course avec une trompette en se filmant et en faisant un boucan pas possible. Ben elle avance bien en fait! Mais aujourd'hui, elle ne décroche pas un mot, ni n'a apporté sa vuvuzela.
Rappel pour ceux qui auraient manqué ce...grand moment de sport:
https://www.youtube.com/watch?v=vlHtylto4Xk
https://www.youtube.com/watch?v=E-C5bcP2PWg
Passeur de Pralognan - Cormet de Roselend
LA descente dont j'avais entendu parler avant. En effet, ça rigole pas. Je commence à avoir les cuisses un peu raides, c'est bien pentu et plein de caillasses partout, clairement pas courable...j'ai l'impression de me trainer comme pas permis.
En plus, j'ai vraiment mal au genou là les appuis sur cette descente sont douloureux, j'en viens à me demander comment ça va évoluer dans la course...il reste 60kms à faire, et vu le profil ce ne sont pas les plus faciles...mouaipf, je me dis que ça pue, mais je verrai bien au fur et à mesure...
Ca m'handicape un peu sur la partie plus roulante de la descente qui nous emmène au Cormet, où le sac de mi-course nous attend et où j'ai décidé de prendre mon temps.
Deuxième pause caca de la course (ça en fait des minutes de perdues, mais c'est qu'on mange bien, v'voyez ).
Je ne l'ai pas dit le premier coup, mais là il me semble important de le mentionner: les toilettes sèches fonctionnent super bien. Voilà.
J'étais plein d'appréhension avant de rentrer, mais non, ça marche bien. Voilà pour l'intermède écolo.
Je récupère le sac de mi-course, vais m'installer, branche la montre sur la batterie laissée dans le sac et vais me chercher...ma traditionnelle soupe.
Changement de TS, je retourne chercher des pâtes (et confirme ce que perrout en a dit: elles étaient succulentes, j'ai vraiment du me forcer à ne pas trop en manger), retourne chercher une soupe, fais mes petits transferts de barres et de préparation pour les flasks
Bref, c'est la grosse pause. Je rempli 3 flasques car le prochain ravito est annoncé à 19kms (mais un point d'eau se trouve à mi-chemin) et repart gonflé à bloc, en ayant vraiment l'impression d'être frais suite à ces 40' d'arrêt.
Cormet - Col Joly
La montée au col de la sauce ne me laisse que peu de souvenirs, à part qu'elle fut relativement facile. La descente vers la Gitte me rassure sur un point: mon genou ne em fait plus mal. Je ne sais pas pourquoi, mais je m'en fiche: je ne le sens plus. Cela me fait dire que je suis en veine aujourd'hui, et que la course va bien se passer.
Le passage par le chemin du curé est effectivement un point remarquable de la course, mais vraiment très peu dangereux (de jour du moins): si nous sommes effectivement à flanc de falaise, le chemin fait bien ses 3m de large, et n'est pas piégeux.
Je préfère quand même y être passé de jour
J'ai vraiment l'impression d'être dans "le flow" à ce moment là J'avance vraiment bien (ou les autres ont ralenti) et double pas mal de coureurs qui ont l'air assez éprouvés. Sans avoir l'esprit trail , cela me conforte sur ma gestion de la course jusque maintenant, et me booste pas mal. Il reste à peine 40kms à faire, je peux commencer à faire un peu plus d'effort pour ne pas trop ralentir!
Pendant la montée qui suit, plutôt dure, j'essaie de me projeter sur une heure d'arrivée, et pense qu'effectivement mon idée de 24h ne devrait pas trop mal tomber (ouais, j'avais peut-être du mal à calculer à ce moment là ).
Cela fait pas mal passer le temps, que je trouverai assez long pour rejoindre le ravitaillement du col Joly que l'on aperçoit (et entend!) de très loin.
J'emprunte donc à Perrout son #TDS_trop_long, d'autant que la nuit commence à tomber. Malgré cela, j'avance bien, et termine le dernier km avec un anglais qui me demande si on va en boite en pointant le ravito tant la musique y est forte. 200m plus loin, un patou nous aboi dessus depuis le bord du chemin...et vient se foutre sur le chemin en continuant de gueuler, l'air pas super content.
L'esprit trail s'empare de moi, je pousse l'anglais et le donne en pâture au chien afin de passer tranquille et de m'assurer une place de gagnée.
L'ambiance de ce ravitaillement est excellente. Les bénévoles sont à fond, tout comme la sono et la nana qui a le micro.
Soupe, ravitaillement, 2 flasques de remplies, frontale en place, et c'est parti pour 10km de descente jusqu'aux Contamines.
Col Joly - Contamines
Bon beh il fait nuit, la descente est plutôt humide et faut faire gaffe de ne pas se ramasser comme une merde..ce qui ne sera pas loin de m'arriver, 10 secondes après m'être lancé un "allez!" dans la nuit.
J'ai eu l'impression d'être seul pendant quasiment toute cette partie de course, dans la nuit à la lumière de la lune. Il n'y a pas un bruit autour, j'entends juste mes pas et ma respiration..bref, je kiffe à donf!
En plus, je suis bien, pas en souffrance, et je dois dire qu'à ce moment de la course, cela donne la pêche.
Contamines - Bellevue
Aux Contamines, le contraste avec le col Joly est saisissant. Pas d'ambiance, les bénévoles éteints...on sent que la fatigue s'installe pour tout le monde.
Je prends un peu de temps, ingurgite...une soupe! Le plein des flasques est fait...personne ne sait me dire si il y a un point d'eau avant le prochain ravito (prévu tout de même à 16km et 1300+).
Là, je me rends compte que j'ai fait à peu de choses près l'équivalent de la CCC, la course par laquelle tout à commencé il y a 7 ans. Ca me file le frisson et me donne une pêche incroyable.
Je repars du ravito chaud comme une baraque à frites, d'autant qu'on m'a annoncé être dans les 100 premiers! Je trouve cela juste incroyable, et décide de faire mon possible pour y rester jusqu'au bout. Ca permet surtout de s'occuper un peu l'esprit et de se motiver quand la lassitude pourrait commencer à s'installer.
J'ai l'impression de voler dans la montée vers les chalets du Truc . Je m'autoriserai même quelques passages courus, souvent quand je rattrape un coureur (ouais c'est méchant, mais en même temps, à ce moment là, j'ai des jambes, alors j'en profite).
Je déchanterai un peu quand arrivé au Chalet du Truc, je verrai quelques frontales vachement plus bas, et surtout, quelques autres vachement plus hautes, au col du Tricot, avec une grosse lumière qui indique l'objectif, la dernière ascension de al course.
La descente est assez casse-patte, en forêt, avec des grosses racines partout, des cailloux, un peu de boue, c'est bien humide.
J'arrive au pied de ce qui ressemble à un mur dans la nuit noire, et commence tant bien que mal à grimper. Je détache un petit groupe de coureur, et parvient à monter sans me faire doubler, jusqu'à une pause ravitaillement au milieu de l'ascension.
Un norvégien s'allonge par terre devant moi, je lui demande si ça va:il me dit avoir du mal à respirer à cause de l'altitude (mouaip, nous ne sommes pourtant pas trop haut). Je l'encourage à repartir tranquillement et faire des pauses, qu'il est tout proche de la fin et qu'il est interdit de basher maintenant.
Le sommet arrive enfin. Mais je n'ai plus gère de flotte avec moi. Les bénévoles au sommet me disent qu'il y en aura à Bellevue...Bon aller 4km à descendre, c'est rapide...mais j'ai plutôt au l'impression de me trainer dans cette descente que je n'ai pas trouvée très intéressante, si ce n’est le passage sur la passerelle au clair de lune avec le bruit du torrent en dessous.
A Bellevue, pointage, une jeune super motivée va me remplir une flasque pour tenir jusqu'aux Houches, et on m'annonce que la descente est plutôt cool.
Bellevue - les Houches
Je commence à réaliser que je touche au but, mais refuse de me déconcentrer. Je me dis plutôt que c'est le moment de me sortir les doigts, car mine de rien je commence à trouver le temps long, et ces descentes dans les prés et en forêt ne sont guère intéressantes.
Je rattrape la galinette qui semble avoir un petit coup de moins bien (j'ai été un peu déçu de ne pas avoir de trompette à ce moment là), du coup...j'accélère! Enfin du moins j'ai la sensation d'accélérer
Un vieux sur le bord me fait la bonne blague du "ravito à 500m", doublé d'un "ça sert à rien de s'alimenter là". A ce moment là je dois être à 2km du ravito mini....bref
On sort des chemins pour terminer par une magnifique descente sur bitume, un vrai bonheur après quasiment 110kms de course
Au détour d'un virage, j'entends un "Aller Jérém!!" J'aurai à peine le temps de me demander qui sont ces gens qui ne savent pas lire un prénom sur un dossard que je reconnais santroll et burblee!!
J'hallucine complètement de les voir là, à cette heure là!
Les gars je vous le redis, mais cela m'a vraiment procuré une joie immense de vous voir, encore une fois, merci du fond du cœur!
Le ravito des Houches était pas trop loin derrière. Un vrai ravito fantôme: un coureur assis sur le banc, un ou deux bénévoles qui vont trouver la nuit trèèèèès longue et rien d'autre.
Je fais une pause banane, remplissage d'une flask - pas de soupe!! une ou deux photo à faire le con pour le souvenir, et je repars avec mes deux compère pour boucler la dernière partie de cette TDS.
Les Houches - Chamonix
Comment dire...une partie particulièrement inintéressante, heureusement qu'il y avait santroll et burblee (et son cul ) pour faire passer le temps en papotant.
J'essaierai de garder un maximum de rythme et de ne pas me laisser aller ici, encouragé les annéciens.
Le chemin, qui pouvait sembler plat sur le profil, est en fait une succession de petites côtes assez chiantes à ce moment de la course, mais c'est la fin, je ne lâche rien, et m'autorise à marcher le moins possible, uniquement en côte, bien aidé par les menaces de burblee ("tu marches, je te montre mon cul" ). Bon je n'y échapperai pas cela dit.
Enfin, l'entrée dans Chamonix, sous la foule en dé...ah non, il est 2h40 du matin, y'a juste quelques finishers et pochetrons qui trainent dans les rues, c'est tout
Au loin, je vois le dernier virage, les barrières...et 2 petites têtes blondes...et reconnait ma femme et mes filles!
Je n'y crois pas, elle les a réveillé pour venir me voir à cette heure là!! Ca me chamboule tellement que je file droit vers elles, passant à côté des barrières
Un bénévole me le signale, je fais donc demi-tour pour passer au bon endroit et terminer la TDS comme sur l'internet: en courant main dans la main avec mes enfants
Là, je suis heureux, simplement.
En résumé:
C'est une très belle course
C'est un peu long, parfois.
C'est un peu dur aussi, parfois.
Je suis très content de la façon dont ça s'est passé (jamais eu l'impression d'être au fond du trou, pas de coup de mou, pas de soucis digestif...etc)
Je suis touché par le geste de santroll et burblee, vraiment.
Je suis particulièrement touché de ce qu'a fait ma femme pour l'arrivée.
Je suis presque frustré car j'ai l'impression de ne pas avoir du livrer un gros combat contre moi même, à surement trop rester dans le "contrôle"
Pendant la course, je me suis dit que c'était quand même long, et ai décidé de faire des courses plus courtes l'an prochain, en essayant de mettre plus d'intensité. Comme toute décision prise pendant ou juste après une course, elle n'est valable que peu de temps
Pour ceux que ça intéresse:
Niveau nutrition, j'ai tourné avec une flask d'eau, et une avec de la crème sport dej (pas la version maison, mais celle achetée sur diet-energy). 30grs dans une flask de 500ml, un peu de jus de citron, un peu de sel et un peu de sucre en plus. J'ai alterné une gorgée de chaque toutes les 10' maxi, en n'hésitant pas à boire entre temps si j'en avais l'envie. Environ 500ml par heure de course, parfois un peu plus, parfois un peu moins.
Une demi-barre (céréales-amandes maison principalement, recette sur le web ) toutes les 30', envie ou pas envie, ravito censé être proche ou pas. J'ai pris des barres overstims aux ravito pour varier les gouts (j'étais été un peu roots avec mes barres maisons sans gout ), mais juste dans ce but là tant je les ne les ai pas trouvées à mon gout (en dehors de la Amelix simple ou fruits rouges, et la bio "banane-dattes" ).
A chaque ravito (hormis le dernier), au moins un bol de soupe, et le reste à l'envie. Très peu de Tucs pour une fois (4 ou 5 sur toute la course).
Avec ça, ça a tourné impecc du début à la fin. Pas de crampes lors de la période chaude, pas de coup de mou, de soif, de surchauffe ou quoique ce soit.
Cela me permet de relativiser certains discours sur les bienfaits de telle ou telle boisson anti-bidule ou autre sur les ultra.
Niveau matos, rien de particulier et c'est très personnel, mais je suis content de mes choix (sur l'aspect technique/pratique, l'esthétique...c'est autre chose ).
Et j'ai toujours des crampons sous mes chaussures (coucou Altra )