ALERTE PAVE TDS 2015
Je me lance dans un petit pavé TDS 2015, sans l'expérience des CR(istes) expérimentés qui sévissent ici !
Contexte :
Après 3 CCC (si si !), dont une seule finie -lors de mon premier essai en plus-,
je voulais retourner dans les Alpes, car ça a beau être un barnum, c'est sympa de faire le 1/2 tour du Mont-Blanc. Cette fois-ci ce sera dans l'autre sens.
Je ne peux pas le faire en off, alors autant que ça soit "bien" organisé, la semaine UTMB s'en sort pas trop mal pour ça.
Etat général avant le départ: bof, 40 km en juillet, quelques km de plus début août, m'enfin l'objectif c'est bien de finir, vu l'exigence du parcours. Lors de ma CCC l'an dernier, j'ai abandonné suite à des quadris complètement figés à Trient.
J'espère qu'ils tiendront cette année.
Prologue :
Mardi, retrait des dossards. Ca commence moyen, car il me faudra près d'une heure pour avoir le précieux sésame, dont 30' en plein soleil...
On va dire que ça prépare au temps du lendemain !
- La course -
Bus à 4h30 à Chamonix pour aller au départ sur Courmayeur. C'est tôt, mais mon bus est un des derniers à partir, d'autres ont dû se lever plus tôt !
Départ - Courmayeur 6h00
Je suis placé dans le dernier tiers des coureurs, et à vrai dire peu m'importe, je ne compte pas partir vite et même profiter du repos lors des probables bouchons plus loin !
Ca part d'ailleurs plutôt cool à ce niveau, on commence aussi à percevoir le début du jour.
Courmayeur - Maison Veille/Checrouit
Ca monte sur un chemin large, c'est plutôt facile. Je pensais passer en 1h20, j'y suis en 1h13... bon tant que je me sens bien cela me va. Je ne force pas, et ce sera le cas tout du long. Je veux vraiment y aller à l'économie si je veux finir !
Maison Veille / Checrouit - arrete Mont-Favre
Ca monte encore, le soleil se lève, pas de notre côté, il fait frais et d'ailleurs il reste des traces de givre par endroit, on est au dessus de 2000m et j'ai un peu de mal à prendre mon souffle...
J'ai connu ça l'an dernier. Vivant toute l'année à la limite de la Beauce, et n'ayant pas l'occasion de faire de l'altitude, je sais que ça me limite... Pour autant, ça permet à mes guiboles de pas souffrir !
Arrete Mont-Favre - Lac Combal
Première grosse descente, je préserve mes quadris en allant pas trop vite, du coup on me double un peu. Je regarde un peu le paysage, c'est toujours aussi chouette, des glaciers qui laissent place à de superbes cascades.
Désolé, pas de photos, j'ai fait ma feignasse à ne pas sortir le téléphone lors de la course.
Ravito rapide, j'étais parti avec le plein d'eau (2L !), et comme il fait frais, je n'ai pas bu tant que ça.
Lac Combal - Col Chavanne
Nouvelle montée, encore le souffle un peu court... tant pis, j'y vais à mon rythme, les jambes sont au ralenti, mais au moins ça ne les fatigue pas !
A un moment, quelqu'un crie "Pierre !". C'est qui ce Pierre ? Et là arrivant d'un peu plus haut, un caillou roule sur la pente, et chacun visé par ce fameux Pierre s'écarte .
Tous les coureurs dans la pente sont arrêtés et regardent la bête qui stoppe net à un moment. Puis tout le monde repart...
Col Chavanne - Col du Petit St Bernard
Une descente + une montée, de quoi perdre des places pour moi, mais finalement je ne trouve pas qu'il y ait tant de coureurs qui me double (à peine 20 selon le pointage), pourtant je me trouve lent !
Là un coureur m'interpelle me disant que mon sac est ouvert. Ah bon ? Très sympathiquement il me le referme. Et là un doute arrive : mon gobelet (équipement obligatoire) est sur le dessus, j'espère qu'il n'a pas disparu... je vérifierai ça au prochain ravito.
Col du Petit St Bernard - Bourg ST Maurice
Ravito au col : check du gobelet, argghhh il n'est plus là. Bon je vais faire sans jusqu'à BSM. J'aviserai ensuite, car je sais qu'il y a un contrôle du matériel là-bas, si jamais ça tombe sur le gobelet, ce sera pour ma pomme !
Fin du ravito, commence alors LA grosse descente de la course. En lisant les CR d'anciens participants, elle est décrite monotone et peu intéressante. C'est un peu vrai, mais juste après le Col du Petit St Bernard, ben ça descend pas tout de suite tout le temps, il y a quelques petits raidillons histoire de corser les choses on dirait.
J'y vais calmement, et quand ça n'est plus que de la descente, j'alterne marche et course pour me préserver (les quadris).
Plus BSM s'approche, plus il fait chaud, et je pense à LA grosse montée qui suit... et à mon gobelet.
Je me dis que je pourrai en acheter un dans une boutique quelconque à BSM, puis me ravise. Et voilà le ravito.
BSM - Ravitaillement
Premier ravito, avec assistance pour ceux qui peuvent. Je suis solo pour le coup et me faufile entre toute la foule, je me prends ce qui sera finalement la recette gagnante pour mon alimentation sur la TDS :
- du saucisson
- un bol de vermicelle (pas trop plein)
- un verre de coca
- 2/3 tucs
- 2/3 quartiers d'orange
- du fromage (Beaufort à priori)
Pour le gobelet, ça m'embête car il me faut ma ration de coca : je finis alors mon vermicelle et utilise la petite assiette comme un verre... hé hé me voilà sauvé ! Je la garderai tout du long pour mon coca !
Pour info, le contrôle du matériel ne concernait que la veste imperméable, les frontales et le téléphone.
BSM - Fort de la Platte
Tout le monde dit que c'est là que la course commence. J'ai encore de bonnes jambes, mais je sais qu'à partir de 1500m/2000m je respirai moins bien, alors je vais y aller cool... en plus il fait bien chaud, c'est le milieu de l'après midi.
Je m'hydrate par petites gorgées très régulièrement, alors que j'ai l'impression que les autres coureurs le font beaucoup moins... de vrais chameaux ?
Le Fort de la Platte est bien visible de BSM, et semble proche... mais c'est quand même drôlement raide pour y parvenir. Il y a même une buvette (non officielle), à 5 euros les boissons (gloups). Je continue à l'eau claire gratuite juste à côté non mais !
Fort de la Platte - Col de la Forclaz
Tiens, ça continue de monter... bon je continue toujours à mon rythme de sénateur, les jambes répondent bien (elles ne forcent pas...), le souffle lui n'est pas là... A ce rythme, l'arrivée semble bien loin...
Col de la Forclaz - Passeur de Pralognan
Un de mes objectifs est d'arriver au Passeur avant la nuit, j'ai de la marge, mais ça monte encore pas mal juste avant le Passeur, et sur une portion on n'a pas le droit à l'erreur, sinon direct ravin... un poil dangereux quand même.
J'arrive enfin au Passeur, et fait un point sur cette fameuse descente : en effet c'est raide, y'a pas vraiment de chemin, juste une corde au début pour sécuriser les appuis. Car là aussi, si on chute, on ne doit pas bien se remettre !
Passeur de Pralognan - Cormet de Roselend
Go pour la descente... A un moment, le coureur devant moi tombe et lâche la corde... de justesse le coureur devant lui parvient à le reprendre d'une main... Belle frayeur pour le gars en tout cas !
Il est vrai que ce passage, connu, reste quand même dangereux. Il y en a d'autres sur le parcours, mais pour autant pas référencé comme tel, ce qui est dommage, car sur ce genre de parcours, on ne peut plus avoir forcément la même vigilance tout du long.
Une fois le plus raide passé, la descente s'effectue dans de la caillasse, pas forcément agréable... mais bien moins risqué.
Cormet de Roselend - La gitte
Marrant, pas de gros souvenir de cette portion hors Passage du Curé (de nuit c'est impressionnant, alors de jour...). Quelques troupeaux de vaches traversés, belles bêtes !
Je devais être plus ou moins en mode "automatique"
La gitte - Col Joly
Petit arrêt à la Gitte pour faire le plein d'eau, et je repars pour une longue longue montée... elle est tellement monotone que je commence à sentir le sommeil arriver, j'ai un peu de mal à garder les yeux ouverts.
J'aimerai bien faire une petite pause, je tente de continuer, mais non les paupières sont lourdes et j'ai croisé pas mal de coureurs allongés sur le côté...
Je me décide alors à m'arrêter un peu, mais j'ai froid.
Je tiens à peine 5 minutes les yeux fermés, sans réellement m'endormir : le bruit des bâtons qui passent n'est pas spécialement reposant !
Je repars, bien refroidi, il doit faire dans les 6/7°C, j'ai dû mal à me réchauffer, mais je ne peux pas vraiment aller plus vite avec le souffle court. Et pourtant mes jambes répondent toujours bien.
Puis au loin, j'aperçois le ravito du Col Joly, mais vu le kilométrage je sais que je ne l'atteindrai pas tout de suite, bien qu'on entende très bien la miss qui assure l'ambiance au ravito ! La ligne de frontales des coureurs devant m'indiquent clairement le long chemin à parcourir.
Col Joly - Ravitaillement
La fille qui fait la sono annonce qu'on m'attendait !! (elle fera le coup à tous les coureurs...)
Bref, je lui fait un petit bonjour et m'éclipse au ravito, le premier gros depuis un moment d'ailleurs.
J'y passe pas mal de temps, et je me dit que le suivant aux Contamines sera vite expédié, car pas si loin que ça.
Col Joly - Les contamines
Et me voilà reparti pour une nouvelle longue descente vers les Contamines. Les jambes sont toujours en bon état, et je ne suis pas trop fatigué.
Je sais maintenant que si je passe les Contamines, même s'il reste une grosse montée (Col du Tricot), je devrais être finisher ! On se motive comme on peut
Je me surprend encore à vouloir fermer les yeux, la fatigue revient juste avant les Contamines, le ravito devrait me remettre en route...
Les contamines - Ravitaillement
Etant pas trop éloigné du précédent ravito, je prends le minimum pour manger, faire le plein d'eau et je repars !
Les contamines - Col du Tricot
La dernière grosse montée, et bizarrement en sortant du ravito j'ai une pêche d'enfer. Ca monte certes bien raide jusqu'aux Chalets du Truc, mais je double à un bon rythme les quelques coureurs qui sont là !
Ensuite, la montée finale entre les Chalets de Miage et le Col du Tricot sera plus lente, car on remonte assez haut, et j'ai toujours ce foutu souffle court
Entre temps, le jour est revenu, c'est plus sympa pour profiter du paysage !
Col du Tricot - Bellevue
Nouvelle descente casse pattes, mais je tiens encore le coup. Au début de la descente, un bêêêêê se fait entendre derrière moi : je me retourne et voit un mouton descendant à fond les ballons, il fait la course ou quoi ?
Il me double, mais c'est son terrain de jeu, je ne lutte pas.
Peu avant Bellevue, passage par la passerelle suspendue au dessus du torrent de Bionassay, sympathique ce pont qui bouge !
Un peu plus loin je croise un randonneur/coureur (barbu à la julientaperio me dis-je) qui m'encourage ("Allez super !" ), il passe un peu vite je trouve, mais avec une agilité décontertante.
Il est suivi quelques secondes plus tard par un autre gars du même accabit (pas barbu par contre...).
Je croiserais aussi d'autres vrais randonneurs et surtout 2 filles en VTT, sur un terrain qui me semble pas du tout adapté pour ça. Venant de franchir un passage avec un câble pour se retenir, je ne vois pas trop comment elles pourront y passer...
Bellevue - Les Houches
Dernière grosse descente, je me dis qu'il faut absolument assurer les appuis pour pas se blesser inutilement si proche de l'arrivée... Le terrain se transforme avec de multiples racines et évidemment je me vautre pour la 1ère fois sur l'une d'elles.
Bon, plus de peur que de mal, je peux repartir sans bobos.
La fin de la descente se fait sur du goudron, fort peu agréable d'autant que la chaleur revient (fin de matinée).
Les Houches - Ravitaillement
Un ravito expéditif, car je sais qu'il ne reste que 8 km, pas la peine de s'engourdir les jambes en restant longtemps.
Les Houches - Chamonix
Je découvre que ce n'est pas si plat entre les 2 villes, j'ai choisi de faire cette portion en marchant, c'est pas plus mal. Je suis un groupe de 3 coureurs étrangers qui n'arrêtent pas de discuter, on a l'impression qu'ils viennent à peine de partir... blablabla !
Chamonix - Arrivée - 860ème en 30h 27min 27s
Ce qui est top, c'est d'arriver vers 12h00 sur Chamonix : tu passes pour un héros (alors qu'en fait je viens de faire une grosse rando quoi ), tout le monde t'encourage, ça fait chaud au coeur, je passe mes derniers hectomètres à dire merci à tout bout de champ !
A 100m de la ligne, je récupère mes 2 fistons avec leur dossard des minitrails (qu'ils ont fait la veille), et nous franchissons la ligne ensemble en trottinant !!
Anecdote : pour être sûr que la photo de l'arrivée soit correcte, je me retourne plusieurs fois pour vérifier qu'aucun autre coureur ne vienne pas s'incruster au dernier moment
Bilan : super content d'être finisher, malgré un entraînement qui laisse à désirer... l'an dernier mieux préparé je n'avais pas pu finir la CCC, comme quoi !
Le seul bémol sur la course concerne les passages "dangereux", où tout écart peut se solder par une chute très vilaine.
La course est dite technique, oui car beaucoup de descentes sont raides, avec des appuis fuyants (eau qui s'écoule sur les sentiers, caillasse) : quand à cela s'ajoute des ravins de plusieurs centaines de mètres, le plaisir en prend un coup tout de même. Il y a 3 passages comme cela, ce n'est pas beaucoup, mais ils demandent une très grosse vigilance. Peut être mon point de vue est biaisé car je ne suis pas montagnard
On pense à la famille et on s'assure au max.
J'ai donc beaucoup regardé mes pieds (enfin devant), bien plus que sur la CCC.
Cela reste toutefois une superbe épreuve, bien organisée.
Suite : bon maintenant avec les 4pts supplémentaires de la TDS, j'en ai assez pour faire l'UTMB, il paraîtrait qu'elle est plus facile En plus hors PTL, je suis finisher CCC/TDS, manque que l'UTMB !