Comme dans la course, je suis le dernier pour le CR . J'ai du le torcher vite fait donc ça risque de manquer d'émotion, d'humour et de smiley. Par contre, je vous rassure, il y a aussi de l'étron.
Tour des Glaciers de la Vanoise
Ce week-end, « petit » déplacement de 900km pour moi pour aller goûter aux montagnes de la Vanoise. Je restais sur trois abandons sur trails (très) long : TVSB 2013, UTMB 2014 et Bouillonnante 2015. Le seul objectif cette fois était donc de finir pour retrouver un peu de confiance. Arrivé le mercredi soir, j’ai profité du jeudi et du vendredi pour randonner et m’acclimater à la montagne. A la vue des paysages, je me suis vraiment félicité d’avoir choisi de trailer dans ce coin-là.
Jusqu’au vendredi après-midi, on ne se rend pas du tout compte qu’il va y avoir un trail le week-end. La vie à Pralognan est paisible et il n’y a que des petits vieux à l’hôtel et sur les chemins. Cela change de l’effervescence chamoniarde.
Samedi, retour à la réalité avec les t-shirts et autres polaires finisher qui commencent à apparaitre. Je me rends à la remise des dossards entre deux périodes de glande. Je sais que quelques illustres représentants du topic participent aussi à la course mais n’ai aucune idée de à quoi ils ressemblent à part qu’il y en a un qui a une casquette de cycliste visée sur la tête. Bingo, il est justement pile devant moi aux dossards. Bref, on fait connaissance et rendez-vous est pris pour le resto du soir.
Je ne m’attarderai pas sur ce moment sinon pour dévoiler un scoop en exclusivité : Santroll a mangé une tartichèvre ! A part ça, on discute de la tactique à adopter contre la chaleur avec comme conclusion : il faut partir à fond, comme ça on fait plus de distance quand il fait frais.
Dimanche matin : réveil à 2h40. J’avale un peu de crème petit déjeuner mais j’ai l’impression que le steak de la veille occupe encore beaucoup de place. Ayant un hôtel à 300m du départ, je peux me permettre le luxe de le quitter à 10’ du départ. Je me retrouve donc placé en deuxième partie de peloton.
Départ -> CP1 (Refuge de la Vanoise): 8km, 1000+
La course m’a l’air de partir assez cool. Dans les premières pentes, je regrette même de m’être placé si loin car j’aimerais pouvoir avancer un petit peu plus vite. La montée me semble assez facile et je remonte petit à petit sans devoir faire de grosses accélérations. Dans les premières pentes je transpire quand même déjà à grosses gouttes et je suis soulagé de trouver de la fraicheur en altitude. J’arrive au refuge de la Vanoise en 1h33, soit à peine 5’ après le peloton de tête HFR.
CP1-CP2 (Refuge de l'Arpont), 15km, 500+ 700-
J’ai trouvé cette partie vraiment magnifique avec le soleil levant sur les sommets environnants. En plus, à part un pierrier, le terrain est roulant, ce qui permet d’avancer à un bon rythme. Seul désagrément, j’aurai bien besoin de faire une pause le long du chemin mais ne voulant pas souiller le parc national, je décide d’attendre le refuge de l’Arpont. Bien m’en a pris, puisqu’il s’y trouve des commodités accueillantes et qu’en attendant mon tour derrière une féminine avec laquelle je jouerai au yoyo jusqu’à Chavière, je remplis le camel directement l’évier en évitant l’effervescence du ravito. A partir de là, je remplirai chaque fois 2,5l, me méfiant énormément de la chaleur. A l’Arpont, les voyants sont au vert, je passe en 3h40.
CP2-CP3 (Refuge de Plan Sec) 15kms, 1000+, 1000-
Je subis mon premier coup de dur au départ du refuge. Je commence à avoir très chaud et pourtant il n’est que 7h15 ! A ce moment, un panneau annonce Plan-Sec à 6h (je n’ai pas les mêmes panneaux que Santroll on dirait ). Heureusement, cette impression de chaleur va passer. Le parcours est moins facile que ce que le profile laisserai penser avec une belle montée au milieu de l’étape. Je retrouve le moral et la forme en deuxième partie d’étape. Comme santroll et la poutance, la petite descente sur un chemin terreux peut avant le refuge m’amuse beaucoup. La terre est orange et je m’imagine en train de faire un rim to rim dans le Grand Canyon. J’arrive à Plan-Sec en 6h21 (donc seulement Santroll +33’). Il y a beaucoup de coureurs mais le stand soupe est mystérieusement déserté. Moi je me jette dessus !
CP3 - CP4 (Refuge de l'Orgère) 12km, 400+ 800-
La première partie est très belle en balcon au-dessus des lacs d’Aussois mais aussi exigeante. Je recommence à être dans le dur mais ma position est stable. Il y a une belle descente avant le ravito et je crains d’y laisser des plumes car ce n’est vraiment pas mon fort mais étonnamment ça se passe bien et j’y prends même un certain plaisir. Je m’attends à arriver au refuge tout de suite mais avant il y a deux petites bosses presque invisibles sur le profil. C’est très court mais raide et là je sens qu’il n’en reste plus beaucoup dans la machine. Je suis à l’Orgère en 8h45.
CP4 - CP5 (refuge de Peclet-Polset) 9km, 900+, 300-
Je remplis le camel, mange, bois et veux reprendre mes bâtons sur le tas de bois où je les avais déposé mais ils ont disparu. Je prends un gros coup de stress car je ne me sens pas capable d’avaler 900D+ avec mes seules jambes. Je commence donc à demander dans le ravito mais la réaction d’ensemble est . Heureusement à cet endroit le chemin commence à monter sec avec un lacet juste au-dessus du ravito. Je gueule donc vers les quelques traileurs engagés sur ce chemin et c’est bien l’un deux qui a pris mes bâtons par erreur. Je précipite donc mon départ du ravito pour le rejoindre et faire l’échange de bâtons. Ouf !
La montée est orientée sud-ouest et j’avais peur du soleil sur cette portion. Mais au contraire le ciel se couvre et le vent se lève quand j’entame la montée. Je me demande même si la goretex ne sera pas nécessaire en haut. Point de vue sensations, je suis dans le dur. J’ai mal aux jambes mais aussi surtout aux cervicales. Malgré tout je monte aussi vite (pas plus lentement) que les autres. Je dépasse plusieurs fois l’homme aux bâtons qui est plus fort mais attends des potes. Ça devient un combat pour arriver au sommet mais je suis tout surpris de le voir arriver car dans ma mémoire il était à 2900m. En réalité seulement à 2750, cela fait du bien de se tromper dans ce sens.
La partie qui suit est une descente technique dans des névés et sur des pierres glissantes et c’est un vrai calvaire pour moi. J’ai un gros ras le bol à ce moment et me fait dépasser de tous côtés. L’arrivée au refuge est une délivrance. J’arrive en 11h30. J’ai maintenant 2h10 de retard sur Santroll.
CP5-Arrivée, 14km, 30+, 1100-
Je n’ai plus de jus. Après-coup, je pense m’être pris un gros coup de chaud car le soleil tape de nouveau à ce moment. Je suis partagé entre l’envie de marcher pour avoir moins mal et l’envie de courir pour avoir mal moins longtemps. Finalement, j’applique une sorte de Cyrano à l’envers avec beaucoup de marche, surtout quand la pente est sèche, et un peu de course quand je peux. Je perds 24 places sur cette descente de 12km, elle me semble interminable. Enfin l’arrivée dans Pralognan avec les encouragements qui font du bien. Au final : 156e en 13h40, plus de trois heures derrière Santroll.
J’ai mis la comparaison avec Santroll expressément pour illustrer ce que tout le monde sait déjà. Sur un trail, c’est à la fin que ça se joue, celui qui a encore de l’énergie fera des différences énormes. Je perds 1h dans la dernière descente
Au final, beaucoup de plaisir pendant les 20 premiers kilomètres mais une fin beaucoup plus dure qui est loin de me rassurer pour les objectifs futurs.
En épilogue, je passe trois heures allongé sur mon lit incapable de me lever. J'ai une montée de fièvre et vais même consulter le médecin de la course pour me rassurer. Mais mon séjour en Vanoise se termine quand même par un happy end sous forme d'une bonne pizza à la raclette qui m'aide à me retapper.