Petit CR de ce week-end Maxirace :
L'avant-course
Déjà, cette Marathon Race est mon gros objectif de ce début d'année. Depuis mars j'enchaîne les bornes comme jamais (50-60 km par semaine) et j'ai fait 4 courses préparatoires de difficulté croissante : deux "trails urbains" à Lyon et deux vrais trails. Celles-ci ne sont pas toutes très agréables (les Glaisins, la fin du LUT) mais je remplis mes objectifs et je constate un certain progrès.
Au terme de ces 3 mois de prépa je sens quand même un gros coup de mou, du coup je me fais une bonne semaine de repos et footings soft avant le jour J. J'arrive à Annecy sous le soleil, chaud patate et près à en découdre.
Je découvre avec plaisir toute la clique HFRienne et les affiliés, ainsi que l'incroyable chalet aux 5 chambres, 5 salles de bain et 17 cabinets de toilette. Les XL-racers sont une majorité au chalet, ils prennent les 2 étages du haut pour ne pas nous déranger en se levant à 4h35 du matin. Je me fais une grosse nuit dans la chambre des marathoniens (la seule nuit de la semaine où je ne me lève pas à 4h30 ). Au réveil on se rend compte que les XL-racers sont partis très vite et les premiers ne sont pas si loin de l'arrivée. Laurette, Vignass et Duckjerry filent à Doussard pour les accueillir.
Pour ma part, j'ai un mariage dans les hauteurs de Genoble, un cousin de la mariée doit me récupérer à Annecy à 12h30 pour m'emmener là-bas. Petit temps mort, j'en profite pour prendre un bain qui fait des bulles. Je ne comprends rien aux différents programmes, tous les boutons clignotent, ça éclabousse de partout et de toutes les couleurs (surtout du vert et du violet). Je sors et là c'est la panique ! Je ne sais pas comment faire pour vider le bain
J'essaye plein de trucs, je téléphone même au gérant, mais sans succès. On est un peu à la bourre, je laisse donc la baignoire comme elle est, c'est-à-dire pleine à ras-bord, en train de se remplir continuellement, heureusement il y a une évacuation qui permet d'assurer le niveau et de ne pas déborder. Je croise les doigts pour qu'aucune inondation ne dévaste ce beau chalet.
Donc je me fais conduire à Annecy par Yann, on rate la sortie et on doit plus ou moins faire demi-tour. Comme on a très peu de marge sur l'heure de rendez-vous, et que c'est la galère circulatoire au niveau du village départ, je file ma carte d'identité à Yann pour qu'il retire mon dossard. Je l'aurais bien fait la veille en arrivant, mais on ne pouvait pas
Je vous passe les détails sur le mariage, c'était pas forcément super émouvant mais on a bien rigolé , au repas c'est fruits de mer, gratin dauphinois, canard et Apremont. Je sèche le dessert et la soirée dansante (l'animateur était insupportable de toute façon) pour me retirer dans ma chambre, où après quelques préparatifs je me couche à 0h30.
4h30, réveil comme une fleur, avec la baguette que j'ai acheté la veille en costume je me fais mes tartines de confiture du petit dej ainsi que deux mini-sandwich au jambon/comté que j'emballe soigneusement dans du papier alu. Une petite douche, et à 5h40 je décolle pour Doussard, dans la voiture d'une copine (merci infiniment à elle). Il faut savoir que je ne conduis presque jamais, genre 4 fois par an, et là je me tape d'emblée une route de col à descendre, puis encore une bonne heure d'autoroute/nationale.
Je suis légèrement angoissé mais tout se passe nickel. Le GPS c'est vraiment magique. Je suis juste étonné quand il me fait sortir avant Albertville pour couper par un petit col (Taillé ? Tamié ?). J'avais bien besoin de ça, moi qui ne sais pas conduire. Je vois l'heure d'arrivée estimée s'éloigner peu à peu, jusqu'à atteindre la barre dangereuse des 7h30. Il faut encore que Yann me file le dossard, le timing commence à se resserrer. J'arrive enfin au gros rond-point de la nationale de Doussard. La course est toute proche, mais je ne vois pas de pancartes genre "Départ" ou "Parking". Je sais pas pourquoi, je prends à droite, vers Talloire. En fait ça a l'air nul, il n'y a rien. Demi-tour vers le rond-point. Cette fois-ci, je prends tout droit, ça a l'air plus prometteur. Mais en fait non, il n'y a rien non plus. Demi-tour. C'était à gauche qu'il fallait prendre
Là je commence à m'inquiéter, il est 7h40 passées, il y a des voitures qui tournent partout, et dans mon errance j'avais vu des voitures garées n'importe comment jusqu'à assez loin de la ligne de départ. Je sens la galère pointer le bout de son nez. En désespoir de cause j'entre quand même dans le parking blindé de la salle polyvalente, juste à côté du départ, et... miracle, juste devant moi, une belle place libre bien large ! C'est vraiment un putain de miracle improbable, qui m'épargne une situation compliquée
Entre temps j'avais Yann au téléphone, ils sont déjà sur la ligne de départ et je sens qu'ils commencent à s'inquiéter pour moi. En même temps il est 7h52. Je m'habille et fais mon camelback en 4ème vitesse, je pars en courant, puis je me rends compte que j'ai oublié ma montre, du coup je retourne à la voiture en 5ème vitesse et je repars. Je vais au niveau de la ligne de départ, sur le côté, et le grand Vignass me repère. La HFR team est juste derrière la ligne des gens normaux. Ils me tendent mon dossard devant les regards médusés des autres coureurs. Je l'attache en vitesse sur le t-shirt (heureusement que j'avais mes 4 épingles !) et fous l'enveloppe en vrac dans le Camelback.
7h56, je rentre dans le sas en frottant un peu, et je me retrouve juste 3 rangs derrière la HFR team. Ouf, mission accomplie
La course
Purée ça part vite ! Je rattrape rapidement Laurette et Vignass, avec qui j'échange quelques mots et une poignée de main. Ensuite j'essaye de trouver mon rythme, mais sans succès. Je me sens pas super bien à 4'20, pas à l'aise avec les Wings Pro sur le bitume, et un peu débordé par l'excitation générale. Je décroche tranquillement vers les 5', et enfin la montée débute.
Mais là encore ça va vite !
On est dans un single mais c'est très nerveux, ça court beaucoup, il y a plusieurs fusées qui remontent le peloton. On est nombreux, je suis encombré par mes bâtons (j'avais jamais couru avec des bâtons). Je suis quand même bien placé puisqu'au niveau des féminines 2 et 3 (c'est généralement un bon critère pour moi). Heureusement que je suis parti relativement vite, derrière ça doit être bouchon-land.
Ça monte, ça monte, il y a une petite descente puis ça remonte, je regarde ma montre : 1h déjà ! Wow c'est passé vite. On arrive dans la montée vers le chalet de l'Aulps, le paysage est absolument superbe. Je me sens bien, je pousse sur les bâtons (les 20 pompes que j'ai faites jeudi matin sont bien utiles !) et récupère pas mal de monde. Les gens font déjà moins les malins que dans les premiers hectomètres de montée ! Je commence aussi à doubler les derniers de la XL race. Au chalet de l'Aulps j'entends "Corentin !" (c'est mon prénom ), et c'est Polo qui m'alpague, un très bon coureur que j'avais rencontré aux Coursières. Je suis étonné de le rattraper, mais c'est parce qu'il fait la course avec un pote au doux nom de Kevin.
On se fait la petite descente joueuse à bon rythme, puis ça remonte bien raide dans un vrai chemin de crête, biquettes comprises. J'ai pris un peu d'avance sur Polo et son pote mais je l'attends en haut en bouffant un petit truc. On papote, oh la la que c'est beau, puis on s'engage dans la grande descente. Polo a fait la reco et me prévient qu'elle est pas facile. Lui part à toute allure, je suis comme je peux et son pote est derrière. On l'attend une fois, puis vient la partie vraiment raidasse de la descente. Là je croise Victor, Tanguy sans le voir, puis... Santroll ! C'est la surprise du chef. Il est à l'arrêt, crampé aux deux cuisses
Il fait bonne figure mais la course est encore longue (plus de 20 bornes) et la descente est encore loin d'être finie. Plus bas je recroise Polo, qui attend toujours son pote. On papote encore 30s le temps que mes cuisses arrêtent de trembler (qu'elle est longue et pentue cette descente !), Santroll me redépasse et m'ordonne de courir au lieu de faire des pauses
Bon, je repars seul parce que le pote en question a pris trop de retard. En fait il était dans le dur, dans le gros dur même, et au final Polo l'a tiré jusqu'au bout pour lui permettre d'être finisher, abandonnant son objectif de sub 5h (qu'il avait dans les jambes). Ils ont commencé à 2, ils ont fini à 2. Belle abnégation, certifiée esprit trail
Fin de la descente, c'est la boucle de Menthon, un peu vallonnée. Je m'auto-congratule parce que j'arrive à bien relancer dans les montées, bref je ne suis pas encore dans le dur. Je croise burblee qui a mal aux genoux. Puis je rattrape un grand habillé en blanc. Je lance un "Nico ?" mais il ne se retourne pas :lol. En même temps il n'a pas de flipbelt, ça ne peut pas être Tyler. 2 km plus loin il y a un deuxième sosie de dos, mais toujours pas de flipbelt. En fait Tyler était bien loin devant (logique après son premier jour canon).
Arrivée à Menthon, j'ai un supporteur surprise qui crie "Allez Chou Andy !". Ca me fait bien rire, je me retourne mais ne reconnait pas le jeune homme un peu chevelu qui m'a lancé ça, à moitié hilare
Qui es-tu supporteur anonyme ?
Au ravito y a du pain, du jambon et du fromage. Parfait, ça m'évite de manger mes propres mini-sandwich au pain rassi et au jambon/fromage qui ont traîné pendant 2 jours dans des coffres de voiture sous 30°C à l'ombre. C'est bien difficile de repartir, il n'y a plus d'air, la chaleur devient accablante. Il faut pourtant se faire violence car il y a plusieurs faux plats qui nécessitent de relancer (comprendre : courir). Je fais deux pauses pâtes de fruit, et finis par reprendre du jus quand on s'élève et qu'on passe en sous-bois. Je me cale derrière un groupe qui avance pas trop mal. Je dépasse Duckjerry qui a l'air en difficulté.
Un mec du groupe nous annonce qu'il ne reste plus que 50m de D+ et qu'apprend ça redescend. J'ai mal analysé l'information, en effet ça redescendait pendant 500 mètres mais seulement pour repartir de plus belle
Là j'accuse le coup, ça monte pas plus raide qu'avant mais j'ai vraiment plus de jus, et j'ai l'impression d'avoir faim. C'est l'heure du mini-sandwich rassi ! Je m'assois sur une souche et savoure comme jamais ce don du ciel (ou plutôt de moi-même préparé 8h auparavant). J'ai bien envie de rester sur ma souche, mais arrive une bande d'une quinzaine de randonneurs (des vrais ), et je repars deux mètres devant parce que j'ai une fierté quand même
Ça va un peu mieux, j'avance doucement. Je me fais déposer par Santroll, très impressionnant dans la montée ! Il voit que je ne suis pas super bien, je lui dis que je vais faire une pause au sommet pour manger mon deuxième mini-sandwich, mais il m'en dissuade, "Ça sert à rien"
Mont Baron, vue extraordinaire tout ça. Encore un petit coup de cul et c'est le vrai sommet, avant la descente finale ! (ce que je me fais confirmer par les pompiers, j'en ai marre des faux espoirs)
Pas de pause sandwich finalement.
Au début de la descente j'ai pas un mental de fou, mais petit à petit les sensations reviennent. Je croise Santroll une dernière fois et pars à bloc dans la descente. Je m'éclate et je rattrape plusieurs wagons de coureurs ! Environ 25 de la Marathon race, d'après le livetrail. "A gauche" "A gauche" "A droite" etc. Un grand merci à mes cuisses de m'être restées fidèles jusqu'au bout !
On arrive au lac, passerelle, dernier kilomètre interminable, et là un petit vieux me gratte au sprint. Je lui laisse ce plaisir, d'une part parce qu'il va vite le bougre, et d'autre part parce qu'il ne lui reste plus tant de temps à vivre, je ne veux pas le priver de cette joie. C'est ça aussi l'esprit trail. Sauf qu'en fait j'aurais dû essayer de m'accrocher, ce salaud me grille la 100ème place pour 5 secondes
Résultat final : 5h33, 101ème, je suis parfaitement dans les clous !
Super content, je dévalise le ravito et viens faire bronzette au bord de la plage avec tous les HFRiens déjà arrivés, et en attendant les prochains.
Quelques heures plus tard, deuxième grosse angoisse de la journée : devoir retourner à Lyon en voiture, au terme d'une journée fort chargée. Comme la course, je gère prudemment ma conduite, et je parviens à mes fins en 3h (dont 1h entre Saint-Jorioz et Annecy). Je trouve même une place de parking sur la Presque-île ! C'est le terme d'une journée bien remplie.
Bilan
Je ne vais pas revenir sur le week-end HFR+assimilés, c'était du pur plaisir !
Quand même un merci spécial à Tyler pour l'intendance énorme et Yann pour m'avoir bien aidé dans ma logistique perso.
Très heureux de ma course, j'ai tout donné, j'ai couru à mon niveau, les quelques défaillances ont été assez légères, j'ai pris du plaisir quasiment tout du long.
Sur la course en général, je pense :
+ Parcours superbe, bénévoles au top.
- Beaucoup trop de monde, orga assez déshumanisée.
J'ai passé un très bon moment, mais perso je ne suis pas pressé de la refaire.
Super chaud pour un nouveau week-end HFR en revanche ! Si possible sur une distance raisonnable...
Pour les mois à venir, je pense que je vais me calmer un peu sur la course à pied. J'ai encore un 10km le 14 juin, et pourquoi pas Courchevel en août, mais pas plus. Ensuite j'ai des objectifs sur route en octobre/novembre. En attendant peut-être faire du vélo pour changer un peu.
Désolé pour la longueur du bousin !
---------------
J'aurais voulu être un businessman