Ladies and Gentlemen: CCC 2014 - The race report!
Prologue
L’UTMB c’est le Disneyland du trail. Avec ses avantages (orga parfaite, logistique, popularite internationale, des stars, des parcours mythiques) et ses inconvenients (blinde de monde, cher). Ca peut etre ecoeurant pour certains, mais une fois de temps en temps, c’est divertissant.
Le jeudi je vais chercher mon dossard a 10h. Grosse file mais la mecanique est bien huilee : contrôle d’identite, liste de 4 items de matos (tires au sort) a presenter, retrait dossard, retrait du sac de delestage du depart, ticket navette pour Courmayeur et tickets navette pour mon assistant qui lui permettra de voyager entre les differents ravitos.
Ensuite on flane au salon du trail, on regarde les arrivees TDS, puis OCC. Resto, petite biere et dodo.
Depart
Mon pote me depose au depart des navettes et me voila a Courmayeur en 30min. Beaucoup se dirigent vers le centre sportif pour attendre au chaud (alors qu’il ne fait pas froid). Je me dirige vers la ligne de depart a un petit kilometre. Je mange et bois. Enfin je paracheve ma tenue de course et vais deposer mon sac de delestage a l’endroit prevu. Bien pratique ce système pour y laisser sa tenue d’attente et sa creme solaire par exemple. Le sac est a recuperer a Chamonix a la fin.
Je serai dans la 2eme vague (donc avec 15min de retard sur la 1ere vague). J’avais renseigne un temps de 19-20h. Le 1er sas est pour les sub19h… vu comme il est rempli, il y a de la surestimation dans l’air. Les commissaires de course font des controles de matos dans le sas, donc je prends le temps pour y entrer. 30 minutes avant, tout le monde entre. Hymnes nationaux, departs filme par des petits drones. Ambiance plutôt tendue. Beaucoup de coureurs internationaux, ca ne facilite pas les echanges.
Tete de la Tronche – 2h30 – 830eme
Le debut dans Courmayeur est roulant. Ensuite la route monte, on peut toujours courir et c’est plutôt large. Y en a plein déjà dans le rouge…les gars il vous reste 98 bornes. Inexorablement le sentier se rétrécit et tout aussi inexorablement les bouchons se forment. Des gros bouchons ou on reste immobiles plusieurs minutes. Ca monte lentement. Au lieu de pester je me dis que ca me permet de réguler l’effort et de ne pas se cramer dans cette tres longue ascension. Le ruban de coureurs sur le flanc de la montagne est assez esthétique. Au dessus, je commence a devoir chier.
Bertone – 3h04 -752eme
Enfin ca se decante. Il y a plusieurs sentiers parallèles, je peux un peu me faire plaisir en descente. Pas grand-chose a dire sur cette portion rapide. Au refuge je prends un coca, demande pour des toilettes car je dois chier. Il n’y en a pas.
Bonatti – 4h10 – 722eme
Partie roulante tres agreable. On a vue sur les glaciers du Mont blanc (ce dernier est, helas, caches par des nuages). Une petite pluie s’invite. Je crois que je l’ai déjà mentionne mais a ce moment je dois chier. Ce n’est plus tenable. Donc je m’eclipse pour deposer trois superbes etrons sur les pentes du Val Ferret. Coca au refuge (je ne le mentionnerai plus : c’est un coca ou deux a chaque ravito)
Arnuva – 4h53 – 619eme (5 min d’arret)
Toujours tres agreable en balcon au dessus de la vallee. La descente sur le premier gros ravito est tres plaisante aussi. Depuis le debut je me sens bien, je gere et je depasse (clairement j'aurais du etre dans la 1ere vague de depart). A Arnuva, plein de supporters attendent et nous encouragent. Je rempli la poche a eau et fait le plein de sale et de protéine (dont une tres bonne viande sechee et maigre, j’en prends en rab dans ma poche ).
Le gros bond au classement (plus de 100 places) doit etre du a mon arret plutôt bref la ou beaucoup prennent leur temps.
Grand Col Ferret – 6h12 – 600eme
Montee redoutee de beaucoup, elle ne pose en fait aucun probleme par beau temps. Je monte au train avec 2 Francais et on rattrape un Jap qui nous pete violemment dessus. Ca devient assez sauvage sur le dessus du col et le vent se leve.
La Fouly – 7h22 – 553eme (5 min d’arret)
Descente roulante, extremement longue. Je reprends peu a peu les coureurs qui sont moins a l’aise dans l’exercice pourtant je reste prudent. Mais que c’est long ! Enfin a La Fouly, mon pote vient m’encourager (il ne peut pas m’assister ici), ca me rebooste, tout comme les encouragements des spectateurs.
Champex – 9h32 – 503eme (20 min d’arret)
A la sortie du ravito, je discute avec un type puis je sors le mp3. Dans la manœuvre je perds mon gobelet sans m’en rendre compte. Un coureur me le fera remarquer. On monte puis redescend une moraine et la c’est le drame. Dans cette petite descente, une tendinite (type TFL, au genou gauche) revenue du passe se manifeste. C’est parti, je boite des que la pente devient forte. Je vais blamer une hydratation plutôt pauvre depuis le debut (je n’ai pas encore pisse). Heureusement ca se radoucit jusqu’au debut de la montee de Champex. Je vais l’avaler assez vite, booste par la musique. Et puis je suis presse d’avoir le ravito car j’ai faim et il pleut.
Dans la tente il fait bien chaud, mon pote me fait le service : 2 assiettes de pates, un sandwich maison et un kinder bueno pour la route . L’assistance est un vrai plus moralement, a cote des autres coureurs qui mangent tout seul, face a leurs douleurs existentielles.
Bovine – 12h08 – 462eme
A partir d’ici la course change radicalement et je bascule dans le dur . La reprise est difficile j’ai trop mange. Apres quelques km de plat, la pente s’infléchit, la pluie redouble et la nuit tombe. Ce n’est clairement plus agreable. Dans la foret, c’est le brouillard je suis aveugle par ma propre frontale. Une fois sorti du bois, c’est ultra boueux et mes chaussures n’accrochent plus. Je patine, je me debat et c’est tres usant physiquement et mentalement. J’entends les cloches de vache de supporters. Une bande de fous montes jusqu’ici ? Non ! Qui dit Bovine, dit bovins. Obstacle supplémentaire : contourner ou chasser les vaches au milieu du chemin.
Trient – 12h53 – 446eme (8 min d’arret)
Les descentes ce n’est plus mon fort mais la pente n’est pas tres forte. Elle le deviendra apres le passage de la route au col de la Forclaz. A Trient mon assistant n’est pas la a cause de problemes de bus. Heureusement je n’ai rien mange depuis le gargantuesque ravito de Champex et je n’ai donc pas besoin de ravitaillement.
Catogne – 14h30 – 396eme
Montee penible, similaire a la precedente. Peu d’interet, de nuit, brouillard, pluie, vent . Mentalement tres difficile. Au dessus, 2 benevoles avec un petit feu de bois me pointent. J’en profite pour remercier tous ces bénévoles qui sont tous tres charmants et serviables .
Vallorcine – 15h29 – 402eme (12 min d’arret)
J’emmerde les descentes. C’est bien la premiere fois que je me fais depasser ainsi en descendant. Les conditions sont tres difficiles (pluie quasi horizontale) mais ca se calme vers le bas. Il y a un grand feu de joie et mon pote est la pour me ravitailler en gels, barres, une nouvelle montre, changement de chaussettes et… un red bull.
La Tete aux Vents – 18h02 – 388eme
Il y a 3 bornes +/- plates jusqu’au col des Montets. C’est marrant car ici plus personne ne court, on sait qu’on a course gagnee et qu’on ne fera pas demi tour . Le red bull me donne littéralement des ailes dans la montee. C’est tres pentu, beaucoup de marches. Mais c’est la derniere ! Un supporter nous gueule dessus avec un megaphone : « Allez on lache rien ! ».
La Flegere – 18h56 – 391eme
La traversee pour la Flegere est une veritable merde. A ce stade on reve d’une petite traversee en faux plat descendant sur sentier propre. Et bien non ! C’est un sentier tres technique ou il faut enjamber des rochers, desescalader des grosses marches, naviguer sur des dalles mouillees et glissantes. J’en ai marre de ne pas avancer et je renonce a mon objectif 20h alors que je me savais dans les clous.
J’ai vraiment eu l’impression que la course devenait techniquement de plus en plus difficile. Je fais du 4 km/h sur cette portion a majorite descendante…
Chamonix – 20h15 – 400eme
J’encule les descentes. Ca commence tres raide puis ca devient regulier mais avec des racines. Une fois qu’on shoote dans une racine, ce sera toujours ce meme pied qui se prendra dedans. En l’occurrence mon pied droit va cogner 100x et mon gros orteil me faire tres mal . Deux jeunes me depassent a fond les ballons, je ne sais pas comment ils font pour etre si frais, dans une descente pas evidente et de nuit. Je subis et je perds quelques places. Mais je sais que la delivrance est proche.
Enfin du plat et des lumieres. Quelques Chamoniards sont déjà dehors. Le pied sur le bitume, tout devient facile, on vole (a du 7’/km ). Je l’ai fait putain ! A l’arrivée, gros spots dans la gueule, une trentaine de personnes qui crient, des mecs bourres tapent sur les barrieres. Dur retour a la realite.
Epilogue
Je recupere la veste finisher verte et vais rechercher mon sac de delestage. Mon pote vient me chercher en voiture. Le soleil se leve et je contemple quelques frontales qui descendent de la Flegere. A l’hotel, la douche est appreciable mais il est fastidieux de tout decrasser. Petite nuit de 6h a 11h avec un sommeil tres leger (coca, red bull, effort ?).
Vers midi, on va voir l’arrivee des derniers de la CCC. Ca me fait drole de voir ces gens qui sont partis en meme temps que moi alors que je suis la, tout propre et plus ou moins repose. Ils doivent vraiment en chier, bravo a eux. On reste ensuite pour l’arrivee de Monsieur D’Haene, tout sourire.
Le lendemain, je ne suis que douleur : les jambes, les bras, le dos Mais la mission est accomplie. Un beau classement a chiffre rond (comme ma 100eme place au TGV). Pas loin des 20h finalement.
Le Strava (a partir de 2 .gpx recolles) : http://www.strava.com/activities/187851372
Envoyez les kudos, c'est mon annif en plus !
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I live on the frozen surface of a fireball where cities come together to hate each other in the name of sport.