CR Marathon de la Lauzière
C’est au cœur de la charmante station de Valmorel qu’a lieu l’évènement Madtrail, regroupant plusieurs courses allant du KV au 63km (3900d+). Pour ma part, je pose mon dévolu sur le format marathon avec 4 mois pour le préparer. La prépa se déroule bien au point que j’envisage même de monter en gamme. Bon finalement, je reste raisonnable et bien m’en a pris, le weekend est annoncé caniculaire et je ne suis pas bien acclimaté à la chaleur faute à un entrainement principalement en soirée. Mon objectif est de sub 7h, hautement spéculatif vu le nombre d’inconnu et la chaleur.
Ce sera mon premier trail alpin
, j’ai bien quelques trails court pour la plupart à mon actif effectués dans les Vosges, mais le profil de la course m’indique clairement qu’on est un cran au-dessus avec sans surprise des montées/descentes plus longues et plus raides.
Le profil est assez simple, une grande bosse puis une petite puis une autre grande et une dernière petite, le tout relié par des portions assez roulantes.
Je me lève à 4h45 après une très courte nuit (j’ai dû dormir 2h pour un coucher à 22h ☹). Petit déj diététique travaillé à l’entrainement : une tranche de brioche industrielle généreusement arroser de Nutella et une banane
. J’effectue avec succès un passage aux toilettes, mais je n’étais pas trop inquiet. J’avais déjà réussi le triplé la veille
. A 5H30 je quitte la location sur place pour descendre dans la rue du bourg où le départ sera donné à 6h.
Un petit café et zou, direction la ligne de départ. On est peu nombreux, c’est une petite course avec seulement 79 partants pour 88 inscrits. On ne va pas se marcher sur les pieds ! Je note que je suis un des rares coureurs randonneurs sans bâtons. Je n’ai pas encore franchi le cap d’investir là-dedans. Très certainement un point à envisager serieusement pour du plus long!
Le départ est donné, on part pour une boucle d’environ 16k 1100d+ qui nous ramènera sur le lieu du départ, il fera frais à cette heure et la boucle est exposée nord, il s’agira de ne pas s’emballer car les conditions vont se durcir par la suite. On dévale donc tranquillement la rue du bourg, j’ai prévu de faire la première montée au cardio et ce dernier est déjà bien trop haut à mon goût. Je ne m’affole pas et me laisse doubler pour me retrouver au 2/3 du peloton à la louche. On se retrouve vite à marcher, le début du parcours empruntant un court passage commun avec le KV (la partie la moins pentue du KV
). Avec aussi peu de monde, les écarts se creusent déjà et le peloton est déjà bien étiré. Au bout de 3km, je repère un petit groupe de 5 en file indienne mené par Tshirt rouge. Ça m’occupera jusqu’au ravito au col du Gollet (km ~6.7) d’aller les grapiller un par un, tout en restant dans ma plage cardio. Il n’y a qu’à l’occasion d’un arrêt prolongé de TShirt rouge au ravito que je le dépasserai enfin. Parlant ravito, je suis parti avec 4 flasques de 500 d’isotonic. 2 remplis et 2 juste avec la poudre que j’ai prévu de remplir respectivement aux ravitos 27 & 35 + une petite flasque de 250 remplis de St Yorre. A ma bonne surprise, il y a de la St Yorre à tous les ravitos (j’avais aucune attente particulière sur le contenu des ravitos), j’en profite pour remplir ma flasque bien entamée d’isotonic par ce précieux liquide.
On entame la réelle difficulté de cette première bosse, le final allant du col du Gollet à Crrève Tête. Environ 350d+ sur 1.4k avec un dénivelé qui s’accentue fortement dans les 300 derniers mètres. On retrouve la trace du KV sur le final et je finis les derniers mètres avec les mains au sol, c’est pas franchement le moment de tomber, on sait pas trop où on s’arrêterait.
Au sommet, premier pointage et rapide pose photo le temps de faire redescendre le cardio et je repars assez vite. Pas trop regardé mais ça a été l’occasion de doubler quelques coureurs supplémentaires. On entame un magnifique parcours de crête avec vue sur le Mont Blanc et levé de soleil. Il faut rester vigilant cela dit pour bien négocier les quelques passages techniques. Je recolle un groupe de 7/8 coureurs qui n’avance guère vite. Après un petit repos bien mérité en fin de peloton
, je me décide à couper droit dans la pente à l’occasion de petits lacets pour doubler ce beau monde et pouvoir dérouler à mon rythme.
On quitte la crête pour plonger dans les bois, il reste environ 6km de descente. Les écarts entre coureurs sont désormais bien creusés, je n’aurais jamais plus d’un ou deux coureurs en visu à tout moment. Je m’attèlerai à aller les grignoter un par un, c’est assez grisant de remonter ainsi. Pendant la descente, ma ceinture cardio va littéralement sauter de son attache et tombé par terre, du jamais vu, je décide du coup de le ranger au fond du sac, à ce stade, elle a rempli son boulot, ne pas partir trop vite.
Juste avant le retour au bourg, revoilà Tshirt rouge qui est revenu sur moi et me dépose. Je n’ai clairement pas son rythme ! On arrive au second ravito et pointage du 16ème km. Acheter à la va vite 3 jours avant la course, je trempe complètement ma casquette premier prix décat dans la fontaine, une mesure anti-canicule qui aura été assez efficace. En effet fini la fraicheur, la température grimpe en flèche et on va attaquer un versant exposé sud et bien exposé. Arrêt rapide juste le temps de recharger en St Yorre, je repars une nouvelle fois devant TShirt rouge.
Après une portion roulante où je dépasse un concurrent à l’occasion de son arrêt pipi, on entame une montée pas très longue mais assez raide. Je n’ai qu’un seul coureur en visu et je mettrai presque toute la montée à le rattraper. Après un court échange de banalité sur la chaleur et la recherche du moindre arbre pour rechercher la fraicheur, je fais l’écart sur une portion plus roulante. Mais Tshirt rouge est en embuscade et me doublera de nouveau sur cette portion, avant d’entamer une descente assez sèche en lacet en direction du massif de la Lauzière. Je recolle peu à peu dans cette partie plus pentue et le double définitivement lorsqu’il s’arrêtera pour sa pause technique.
S’ensuit une petite partie vallonée, l’occasion de doubler un duo de coureurs et d’arriver à un ravito surprise vers le 23ème km. N’ayant pas prévu ce ravito, je me contente de remouiller ma casquette, estimant que je pouvais tenir les 4km suivants avec l’eau en stock. Je comprends par la suite (au 35ème
) qu’en fait c’est tout bêtement le ravito du 35, le passage dans la Lauzière étant une boucle. Je fais un petit point à ce stade, on est +/- à mi-course tant en distance qu’en D+ et la montre indique moins de 3h25. Pour l’instant dans les clous pour sub 7h, mais le plus dur reste à venir.
J’arrive plein d’entrain dans cette 2ème grande bosse, avec 3km de montée assez raide pour parvenir au ravito du 27ème. J’ai un coureur en visu (pour ne pas changer) et un nouveau challenger « Tshirt bleu » au loin derrière moi. Rapidement, je comprends que la course commence réellement maintenant pour moi. Je suis rapidement dans le dur
, je n’avance plus et mon eau descend à vitesse grand V, je regrette de ne pas avoir refait le plein. Le coureur en visu a vite disparu et Tshirt bleu a recollé puis me double. Je suis à la peine, même si c’est boisé ça chauffe fort dans ce versant sud. Les kms ne défilent plus comme avant. Tshirt bleu fait l’écart petit à petit, mais fini par s’arrêter dans un lacet. Il a des débuts de crampes, je le redouble mais il ne tardera pas à me redoubler un peu plus loin. Le ravito arrive enfin, l’allure moyenne a bien chuté, ça va être dur pour sub 7h mais j’espère me refaire la cerise sur la seconde partie de la montée, qui de mémoire paraissait plus abordable sur le papier
.
Arrêt plus long au ravito le temps de tout recharger, notamment une flasque d’eau dédiée pour m’asperger régulièrement
. Je repars du ravito devant Tshirt bleu. Il y a un km plus roulant, mais en fait pas vraiment, ils n’ont pas fauché, le sentier est un peu piégeur puis il y a un petit passage en balcon où la chute me parait peu recommandable. On quitte les parties boisées pour avoir de nouveau un magnifique panorama sur le Beaufortain et Mont Blanc au loin. Ca grimpe encore, Tshirt bleu me redoublera, ça serpente dans la montagne, j’avance pas trop. Léger replat ou je redouble à nouveau tshirt bleu suite à ses crampes, je me dis chouette on va enfin basculer pour la descente, mais c’est plutôt une succession de bosses qui chacune masque la suivante qui nous attend. Je rage, on n’en voit pas le bout ! Guess what, Tshirt bleu me redépasse. Sur la fin de cette maudite montée, on rattrape des randonneurs (des vrais
). On les double assez facilement, ça me remonte légèrement le moral, je suis dans le dur je n’avance pas mais quand même un peu finalement ! (J’écarte mentalement le fait qu’ils ont 60ans+).
On aborde enfin la descente ! Faible au début puis très pentu, environ 650d- sur 3km pour arriver au ravito. Là je réalise que le sub 7h est plus que mort. La descente est un vrai chantier
, à la limite du pierrier. C’est raide et technique, aucune chance de rattraper un quelconque chrono. J’entrevois du positif : outre que ça soit toujours un paysage magnifique, on a une vue assez lointaine et j’aperçois 3 concurrents dont Tshirt bleu devant et personne en vue derrière. J’ai une révélation : tout le monde est dans le dur
, pas juste moi ! Je repars donc à l’assaut et vais doubler tout ce beau monde sur 2 kms à une allure impressionnante de 6/7km/h (Tshirt bleu encore une fois sur un arrêt crampe, mais ça compte pareil, ne chipotons pas). Reste un km de descente, plus personne en vue, j’accuse un peu le coup, je maintiens juste l’effort pour pas me faire rattraper. Ça commence à taper sévère sur les cuissots.
Enfin le ravito du 35 et enfin de l’ombre ! Ma plus longue pause pour tout recharger. Mes 3 poursuivants arrivent également mais je repars en premier du ravito. Il reste 9km à faire, je ne le sais pas encore, mais je ne croiserais plus personne, ni devant, ni derrière. Je m’estime dans le premier tiers, vers la 20/25ème à ce stade. Avant de rejoindre la dernière petite bosse, il y a 4km vallonées. On repasse côté versant nord, dans la forêt. Enfin une relative sensation de fraicheur ! Je relance à chaque replat ou descente, persuadé de faire le trou avec mes poursuivants. Je me suis trouvé un nouvel objectif : sub 10min/km
, chaque seconde grattée tendant vers cet objectif modeste booste le moral. Le plus dur est passé, je prends beaucoup de plaisir dans cette partie. J’entame la dernière bosse, une montée tout en lacet qui me confirme que ça ne revient pas derrière. Je prends une allure de sénateur, pas vraiment capable de plus à ce stade. Au sommet, il y a un petit point d’eau improvisé. Ils commençaient à s’inquiéter, ils n’avaient pas vu de coureur depuis un bon moment. Je note donc que mon classement ne bougera plus à ce stade, même si il reste 4km, principalement en descente avec juste un coup de cul.
On repasse côté sud, ça cogne sévère désormais
, on approche des 13h. Je déroule avec plaisir sur un chemin forestier qui serpente la montagne. Je reprends mon objectif de sub 10min/km. Je finis par ne plus apercevoir de marquages, l’idée de devoir rebrousser chemin me fait peur. Comme ça serpente, je pousse un peu plus loin voir si je retrouve une trace. Et en effet, je la retrouve ! Il fallait tracer droit dans la pente, j’ai raté la bifurcation un peu plus haut. Ouf, rien à remonter. Il n’y a pas de chemin cela dit, c’était facile à rater. Arrive le dernier coup de cul, trop long à mon gout, je vais le maudire et j’oublie mon sub 10min/km c’est mort aussi
. J’arrive à un croisement où se tient un signaleur. Il me demande comment ça va. Bof je lui réponds laconiquement. J’en ai un peu marre à ce stade, même si la fin est proche. Il m’informe qu’avec les conditions du jour, il y a beaucoup d’abandons, notamment à cause des BH. Le soir même je jette un œil aux résultats du long parcours, en effet, presque 40% d’abandons, la chaleur a fait des dégâts !
Me voilà à la station. L’arrivée dans le bourg est toute proche, mais non, on passe en dessous
! En effet il faut aller au bout du bourg pour remonter la rue principale, acclamé par une foule en délire pour finir les derniers hectomètres. Mes filles me rejoignent pour terminer main dans la main les derniers mètres et passer la ligne d’arrivée en 7h24. Je stoppe la montre et elle affiche 9’59min/km. Mini objectif réussi alors que je n’y prêtais plus attention, je me classe donc dans la catégorie coureur plutôt que randonneur
Bien content d’en finir, je me classe 11ème. Le précédent à 15min d’avance sur moi et les 2 suivants (Tshirt bleu et rouge le retour) sont 5min derrière. La deuxième partie fur dur, je n’ai gratté que deux places mais ça a tenu. Tout le monde a souffert. Le parcours était super. J’y reviendrai dans quelques années, pour tenter le 63 assurément, qui passe également au col de la Madeleine, bien connu des cyclistes.
Cf le strava pour quelques photos des paysages
.
https://www.strava.com/activities/7485385556