perrout BBQs everyday | Allez hop je vous livre ce dernier (long) post MDS avant le dénouement de la diag!
35e Marathon des Sables - "Survival of the fittest" edition
Introduction (voyage et contrôles)
Stage 1
Stage 2
Stage 3
Stage 4
Repos
Stage 5
Samedi 9/10 - Stage 6 “Solidarité” (8km, https://www.strava.com/activities/6100953302 )
Dernier lever de soleil sur le camp avant la réunification. Les aventuriers préparent leur dernier repas. Un drôle de rituel se met en place: beaucoup dégagent leur matériel et les Marocains qui démontent le bivouac le reprennent pour eux. Bon ben je laisse mon tapis de sol découpé, si ça peut faire plaisir. Notre tente, située au “midi” du cercle, est démontée en priorité car la course va traverser le bivouac.
L’étape solidarité ne compte pas pour le classement mais est obligatoire. Alors, oui, 8.5km de marche ce n’est pas un souci. Mais ça peut l’être pour certains vraiment mal en point (certains ont des fractures de fatigue ) et c’est justement l’occasion de démontrer la solidarité entre concurrents. C’est surtout fait pour mettre en lumière l’association solidarité MDS (promotion du sport, alphabétisation au Maroc).
On va tout marcher avec mon pote en se remémorant notre semaine épique. Un parcours d’abord plat, des dunettes et enfin arrivée à un village où nous attendent les bus pour Ouarzazate.
Comble, nous ferons la connaissance d’un Wallon qui dormait… dans la tente d’à côté. On ne s’était jamais vus de la course. Comme quoi on était vraiment dans notre bulle, à récupérer, cuisiner, dormir, pas le temps de socialiser.
Avant les bus, des Marocains proposent des taxis pour Ouarzazate, no way on reste avec l'orga même si ce sera plus lent.
Le trajet sera marqué par une route impraticable (demi-tour en bus dans la caillasse), un déjeuner avec un scorpion et de superbes paysages (canyons, reliefs). Cependant, tout le monde est claqué et s’endort, sans doute grâce à l’airco. Après 4h de route, nous voilà dans notre hôtel, avec les Belges, les Marocains et les Russes. Ces derniers me proposent directement de la vodka, mais je préférerai une bière (ces clichés… ). Dans la chambre, enlevage des elastos qui font maintenant partie intégrante de mon épiderme et enfin une douche. Quelle crasse! Mais l’élément le plus salvateur fut d’avoir de l’eau FROIDE couler du robinet, une denrée oubliée après 9 jours à boire de l’eau tiède.
Enfin nous faisons connaissance avec toute la délégation belge autour de bières. Dîner buffet avec des légumes, de la viande et du vin (assez médiocre mais qui ravit les cœurs).
La nuit ne sera pas si bonne malgré un matelas, la vie de camp n’était pas le plus difficile pour moi.
Le lendemain, petit dej pantagruélique où Rachid El Morabity himself (le vainqueur) nous salue et demande comment on va. Une crème ce gars . Ensuite, retrait du t-shirt MDS non sans avoir laissé quelques euros à la boutique. Petit tour au souk et bien sûr, éclusage de bières toute l’aprem. Le surlendemain, on prend l’avion et on retombe sur B1, il est resté 5 jours à Ouarzazate en tombant malade.
A mon retour, je n’ai pas tant perdu de kilos, par contre cela fait 2 semaines que je me goinfre sans aucune activité physique et je ne prends rien. Les vers ont disparu (petit Vermox à la maison, pour valider). Mes pieds sont plus lents à la guérison par contre. J’ai passé mon temps à essayer de faire comprendre à des gens qui ne courent jamais, la difficulté de cette édition. Mais rien que dire “en fait c’est pas juste un marathon”, et ils ne comprennent pas pourquoi on se lance là dedans.
Si c'était à refaire, je changerais de chaussures (encore plus larges) et préparerais encore plus mes pieds (orteils). Essayer d'alléger encore le sac (duvet plus léger) mais peut-être prendre un petit matelas gonflable pour assurer de bonnes nuits. Prendre un vermifuge . Autrement, tout a bien marché: je valide le matos et les lyos sans réchaud.
Quelques opinions à froid:
J’ai aimé
- L’aventure, le format. Ce format sur 5 étapes avec des bivouacs est franchement plaisant et contribue à l’immersion (autrement qu’une simple course). Je n’exclus pas de renouveler l'expérience mais sur une autre course (“Grand to Grand” est un candidat… mais encore une fois l'implication financière et en terme de temps est conséquente).
- La solidarité spontanée. Comme dit en intro, je n’étais pas là pour l’aventure humaine. Mais il faut concéder que l’ambiance est plutôt relax quand on fréquente les mêmes personnes durant 10 jours, et a fortiori dans des conditions difficiles. Beaucoup courent pour des associations, choses qu’on voit moins sur des ultras classiques.
- La vie de camp. Manger des lyos, préparer son sac, dormir par terre, chier dans la nature… Tout ça j’ai adoré. J’aurais pu continuer sur ce point, contrairement à certains qui trouvent cet aspect usant.
- Le ciel étoilé. Pas de pollution lumineuse = un ciel magnifique toutes les nuits, surtout quand il faut courir lors de la longue étape.
- L’organisation démentielle, les bénévoles. On a beau snober une grosse organisation mais celle-ci est simplement monstrueuse. Tout est réglé comme du papier à musique: le montage des bivouacs, les commissaires qui viennent communiquer les infos, les docteurs, la sécurité, etc.. Et le tout dans la bonne humeur: ils savent qu’ils sont nos seuls supporters sur place et agissent en conséquence. Même avec 20% qui étaient out à un certain moment, l’orga était toujours solide.
- Patrick Bauer. Un personnage émouvant et passionné qui, à la suite d’une expérience dans le désert, a construit un monument de la course à pied. Il en a bien chié durant cette crise et il n’a pas baissé les bras pour livrer une 35ème édition. Un directeur de course vraiment humain, qui a un mot pour chacun. #fanboy
- Les paysages… plus variés qu’il n’y paraît. Cailloux, plateaux, dunes, oued, herbe à chameaux, jebels, lac asséchés, villages, ruines… On en prend plein la vue. Quand j’y repense, c'était vraiment irréel d’évoluer dans un tel environnement.
J’ai moins aimé
- ...qui sont parfois trop immenses. L’immensité du désert est parfois difficile à appréhender. Cela mène à des sections qui semblent interminables car la vue porte loin. Parfois un sentiment d’ennui s’est installé (surtout entre CP3 et CP5 de la longue, je me suis juré d’embarquer des podcasts pour mes prochains ultras). J’ai vraiment aimé, pas de malentendu, mais il ne faut pas s’attendre à faire “ouaaah” tous les kilomètres, c’est intrinsèque à l’environnement désertique qui se laisse déguster.
- Les fioritures. Séances bi-quotidienne de Tai Shi, concert de musique classique… cela n’a rien à faire dans une compétition sportive selon moi.
- La difficulté de cette édition. Je ne regrette pas d’avoir pu finir une des éditions les plus dures, au contraire c’est plutôt une fierté. C’est plus un regret de ne pas avoir profité de la “vraie” expérience MDS. C'est-à-dire pouvoir courir plus (moyenne de 5.26 km/h pour un terrain plutôt plat... ) et pouvoir socialiser un minimum avec les tentes voisines. Obligé de revenir!
- Certaines personnes très loin de l’humilité. Une course mythique doit-elle attirer nécessairement les m’as-tu-vus? Courir en tongs, apporter une radio, revêtir un coiffe amérindienne, en rajouter des tonnes car une caméra vous suit etc... Ça a tendance à me gonfler . Ce n’est pas spécifique à cette course, mais comme on reste 10 jours ensemble, ça se remarque plus.
- La pauvreté. Le différentiel entre les coureurs avec des milliers d’euros de matos sur le dos croisant les villageois qui vivent dans la pauvreté totale, cela peut être gênant. D’un autre côté, le MDS apporte à ces régions, notamment la tente des médecins qui leur est ouverte et l’association solidarité qui investit sur place. Puis, on ne va pas s’interdire de courir dans des pays où le PIB/habitant est en dessous d’un certain seuil, cela n’a pas de sens. Mais il faut être conscient de ce fossé.
- L’écologie. On a tendance à regarder cela plus attentivement. Il faut pourtant être conscient que dans le fin fond du désert marocain, cela ne se passe pas comme en Europe. Il n'y a pas de recyclerie et donc le MDS dispose d’un camion incinérateur. Avant je pense qu’ils enterraient tout dans le désert (comme le font les locaux). Des efforts sont faits mais voilà, il y a une grosse flotte de véhicules, des hélicos, on arrive en avion. Enfin rien de pire que pour un grand raid de la Réunion. Il y a aussi le côté des concurrents qui abandonnent l'équipement sur place (qui sera ramassé et utilisé par les locaux qui démontent le bivouac). Certains participants utilisent des gros matelas gonflables D4 pour les 2 premiers jours pour ensuite s’en débarrasser, je ne trouvais pas cela très en phase avec le fait de courir dans la nature.
Last but not least, merci d’avoir lu mon long CR (16 pages sous Word ) et de vos retours positifs. On a partagé un bon moment, je trouve . Ce fut un vrai plaisir de prendre des notes en m’imaginant comment le topic allait réagir. La livraison de ce CR pharaonique conclut définitivement cette incroyable aventure qui m’a occupé durant près de 2 ans. Je peux enfin passer à autre chose.
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I live on the frozen surface of a fireball where cities come together to hate each other in the name of sport.
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