CR Fly Chablais Challenge 2024: 31 mai - 2 juin
Avant-course
2ème manche du CdF de marche et vol, j'arrive en bonne forme physique, mais assez peu d'heures de vol: une compet cross avec seulement 2 manches volées (Piment paragliding open début mai), puis la Bornes to Fly mi-mai, finie avec des erreurs évitables à une décevante 39ème place sur 100.
Cette fois c'est PPPEP aka Cyril qui me fait l'assistance, un gros merci à lui
A J-4 j'ai la gorge qui commence à me gratter comme un début de grippe, c'est nickel
La météo prévue est pas géniale: Vendredi pluie avec quelques "éclaircies", si on arrive à faire quelques fléchettes ce sera déjà bien. Samedi pas trop mal, pas de gros plafs mais ça devrait voler pas trop mal. Dimanche potentiellement volable mais pas ouf non plus.
Le parcours part de Morzine, fait une grande boucle par la Suisse, le bord du Léman, la pointe d'Andey et Samoëns, avant un dernier aller-retour Morzine-Nord du Chablais.
Au briefing, les orgas insistent lourdement sur le fait de voler en sécurité, de ne pas voler sous la pluie, qu'il y aura des pénalités etc
J1: Un bon départ 60km 2800D+, 2 fléchettes de 5mn
https://www.strava.com/activities/11539901197 https://www.strava.com/activities/11540686255 https://www.strava.com/activities/11542211329
Le départ est donné sous la pluie à 10h, on est frais on part à fond
La première balise est en Suisse, je pars comme la plupart des concurrents droit vers Chatel par le col de Bassachaux. Il pleut tout le long.
Cyril fait la première montée jusqu'au col avec moi, puis je l'envoie me rejoindre vers St-Gingolph, je ferai la 2ème montée seul.
Je suis comme attendu vers le premier tiers des concurrents. Au moment de basculer, Cyril me file le matos non obligatoire, et on se rend compte qu'il manque la batterie externe
.
Au col, il y a des endroits décollables mais il pleut toujours, je tergiverse même pas et j'attaque la descente à pieds. Certains volent, après avoir attendu plus ou moins longtemps une "ouverture", mais concrètement tous ceux qui volent le matin prennent la flotte.
En plus ils ne gagnent même pas de temps, au contraire, je double pas mal de monde en descendant à pieds et je garde mon matos au sec.
Un peu de descente-plat jusqu'à Chatel puis j'attaque la montée vers la tour de Don, d'où je pense décoller.
Un peu avant d'y arriver (vers 13h30), on reçoit un message de l'orga: Vol interdit jusqu'à nouvel ordre suite à plein de vols sous la pluie dont un a fini dans les arbres.
Du coup plan B, je commence à descendre en suivant une crête avec des décos possibles en chemin. Au bout de la crête, un télésiège avec un beau déco, puis ça descend plus raide. Nouveau message de l'orga: Interdiction de vol levée à 16h. Ca fait long d'attendre tout ce temps, je commence à descendre en espérant remonter le la crête suivante et être prêt à décoller à 16h.
Sauf que, dans la descente je me rends compte que j'ai plus beaucoup de batterie sur mon tel. Je panique un peu, passe en mode avion et descend en suivant en suivant la boussole à la montre vers Torgon. On est dans les nuages, j'envoie un dernier message Zello (un genre de radio par téléphone) à Cyril juste avant que ma batterie meure: "Je suis dans la purée je pense que je vais descendre à pieds, mais suis moi bien sur le live tracking au cas où je change d'avis". Je ne le saurai que plus tard mais en fait l'enregistrement a coupé à la virgule
Finalement à 15h30 et vers 1100m je repasse sous la couche nuageuse, et je trouve un champ décollable. Je prépare ma voile nickel et patiente jusqu'à 16h. 16h et 5 secondes, je suis en vol, pour une fléchette vers le Léman!
Maintenant il va falloir faire du plat pour avancer vers la balise suivante à Thollon. Pas mal de pilotes posent aux alentours. Je pensais que ceux qui avaient patienté en altitude iraient plus loin, mais finalement c'est kif kif, et même mieux pour moi car beaucoup derrière moi ont pris la pluie et volé dans les nuages, ce qui vaudra quelques pénalités...
Je retrouve Cyril quelques minutes plus tard, qui me dit qu'il a paniqué de ne plus me voir bouger sur le live, il était à 2 minutes de route de me rejoindre quand j'ai décollé et donc a du refaire la route en speed dans l'autre sens
Pas très grave, il n'y a qu'une route de toute manière donc il ne pourra pas me rater. Il me rejoint pour un ravito, charger le tel, et je retrouve plusieurs concurrents dont mon pote Phil, on décide de finir la journée ensemble lui et moi.

(c'est pas Phil sur les photos, lui c'est un mec qui voulait pas courir donc on l'a vite largué
)
On avance à bon rythme, en courant sur le plat et marchant dès que ça monte. On envisage un temps un déco du soir du déco de Thollon, mais ça nous éloigne un peu trop de la trajectoire optimale, donc on se ravise. Nos assistants respectifs se regroupent à Thollon, ça facilite les ravitos. Puis on avance vers le mont Benand au dessus de Bernex, avec une possibilité de petit vol. L'assistante de Phil nous ouvre la route, c'est reposant de pas avoir à réfléchir pour quelques km après une journée éprouvante.
On voit un rideau de pluie au loin sur le lac, donc le premier champ décollable qu'on trouve on y va. Il est ~20h, préparation express, vol de 5 minutes et on a juste le temps de plier avant la pluie, c'est toujours quelques km de grattés!
On continue à marcher/courir jusqu'à 21h pile, dans un coin qui fleure bon la France profonde (Chez les Girard
). Il y a un spot à plat pour le camion c'est parfait. On va choper des pizzas pas loin, "douche" aux lingettes et dodo.
Rétrospectivement, super journée, de bons choix et pas une seconde de vol sous la pluie! Avec Phil on est 6 et 7ème, mais il a une heure de pénalité donc on fera route à part le lendemain.
La nuit n'est pas très bonne, je tousse pas mal et j'ai probablement de la fièvre.
J2: La degringolada 55km, 3200D+
https://www.strava.com/activities/11561587028 https://www.strava.com/activities/11561580825
Départ 7h, je pense initialement monter au mont Billiat, mais je me ravise en voyant les nuages bas de partout. Je prends direction la montagne d'Hirmentaz, pour 15 bornes de plat puis une montée.
C'est le bon choix, je double 2 concurrents qui tentent de petits vols tôts, mais ils perdent du temps.
A ce moment je suis 4ème et déterminé, faut bien profiter ça va pas durer car la journée des erreurs va commencer
Déjà, je monte pas du bon côté d'Hirmentaz. Erreur d'analyse météo et de la topographie de la montagne. Cyril est monté avec moi, on se retrouve entre les 2 crêtes de la montagne, avec le vent de Nord qui s'engage dedans, ça fait un vent fort, et c'est très chargé en nuages. Je décide de temporiser en attendant que ça s'ouvre. C'est une erreur, des concurrents vont décoller un peu plus bas sur la face Nord, il y a moins de nuages et ça marche bien. Je finis par décoller dans une ouverture nuageuse pour un mini vol, aller poser sous le vent de la crête Nord et remonter 50m voile en bouchon pour me retrouver au bon endroit. Presque 1h de perdue dans l'histoire.
Bref, je décolle cette fois-ci pour un vrai vol, avec objectif de taper la balise d'Habère Poche en vol et continuer le plus loin possible vers la balise suivante.
Poussé par le Nord, ça défile vite, je fais que descendre au début, puis trouve un petit thermique au-dessus d'une ferme qui me remonte bien. Je vois la balise sur mon instrument mais je me dis que je vais la taper plus tard car elle est pas loin sur ma droite et je continue de trouver des petits thermiques.
Problème, je me fais pousser à mort vers le Sud en enroulant mes thermiques, et plus au Sud le relief remonte au niveau du rayon de la balise:
Ma trace est en vert, celle des gens intelligents en bleu et turquoise: Ils vont faire la balise beaucoup plus tôt que moi.
Je me rends compte de ma connerie trop tard, je pars droit sur la balise mais ça passe plus, je pose dans un mini champ sous le vent et dois remonter à pieds pour faire la balise. Une bonne demi-heure perdue.
Je trouve un champ pour redécoller, mais je sais que ça va être chaud car je suis sous le vent. Il y a une grande haie de sapins qui protège le champ donc j'ai un petit vent de face pour décoller, mais dès que j'arrive en haut des sapins, pas de miracle: ça dégueule à mort et c'est très turbulent.
Je fais un vol de 3 minutes vraiment pas agréable pour aller poser dans la vallée plus bas. Les gens qui ont fait la balise en vol sont arrivés pour la plupart à aller poser pas loin du Môle, passage quasi-obligé pour la balise suivante.
Pour moi ce sera donc direction le Môle par le sol, pour encore une bonne heure de perdue.
Cyril m'attend au pied, on monte ensemble vers le sommet. Mais arrivés dans les champs vers 1600m, soit 300m sous le sommet, on voit des voiles en train de remonter en dynamique puis thermique.
Pas d'hésitation, il faut décoller! Préparation rapide et c'est parti. Ca monte bien, je suis vite au plaf à 2000m. J'ai Justin un peu devant moi, un excellent pilote local, et 2 concurrents qui arrivent sous moi dans mon thermique. Justin part côté Nord-Est du Môle, je le suis mais je ne le vois plus, ça marche pas trop donc je fais demi-tour. Entre temps les 2 derrière moi ont fait le plaf et partent déjà vers la pointe d'Andey. Dans l'histoire j'ai perdu 200m mais les suis comme un débile. Je vois Justin qui est ressorti de l'autre côté de la montagne encore plus haut, j'aurais dû le suivre jusqu'au bout
Bref, au début je me maudis, puis dans la vallée entre Môle et pointe d'Andey je retrouve des petits thermiques, donc je les travaille bien patiemment, et finalement je rattrape mon déficit d'altitude, au prix de quelques minutes de retard, un moindre mal.
Une fois la balise d'Andey faite, il faut partir vers Samoëns. On longe le relief, il y a du soleil, ça devrait marcher. Je vois les 3 voiles devant moi qui trouvent des petits trucs, et arrivent à bien ressortir. C'est encourageant, je suis le même trajet qu'eux, ça devrait marcher pareil. Oui, mais en fait non, je croise quelques bulles qui meurent rapidement, rien de consistant
Donc c'est la fuite en avant, je continue à longer sans rien trouver, et finit posé à Cluses. Encore 2h de perdues par rapport aux 3 pilotes avec qui j'étais 20 minutes plus tôt...
C'est un peu la déprime, mais je sais déjà d'où redécoller: Croix d'Agy. J'y serai environ 2h plus tard, pour un vol du soir assez agréable: Plus de vrais thermiques, mais une masse d'air qui porte bien, et la brise qui pousse dans le bon sens. Ca fait un vol à finesse 15 pour finir posé pile à la balise de Samoëns.
Cyril est au rdv, petit point stratégie dans le camion: Il y a 2 options: Monter vers la pointe d'Angolon pour un déco demain matin tôt, ou repartir en arrière pour la vallée des Gets.
Je choisis la 2ème option, visant un déco sur les faces Est du roc d'Enfer entre 10 et 11h. Les prévis sont pas folles, mais il n'y a pas de pluie annoncée, donc avec un peu de chance ça pourrait voler correctement.
Je finis donc la journée sur une douzaine de km de plat/montée légère.
Je croise un spot très correct pour le camion à 20h59, j'attends Cyril qui arrive avec les burgers/frites 2 minutes après
Cette fois-ci vraie douche à l'eau tiède, il fait froid mais ça fait du bien d'être vraiment propre
Début de nuit horrible, je tousse encore plus, j'ai super mal à la gorge. Je trouve par miracle une pastille pour la toux dans le camion, et une boîte de doliprane oubliée par Cédric après la Bornes to Fly
. C'est un coup de bol, ça me sauve ma nuit! Je me note pour les prochaines compets de toujours avoir du Doliprane dans le camion.
J3: Promenade en montagne 29km, 1800D+
https://www.strava.com/activities/11561594652
Le réveil pique un peu mais c'est la dernière journée, alors le moral est là. Pas trop de réseau là où on s'est posés, alors je peux pas refaire la météo. Il y a encore un peu de plat à faire avant la montée au roc d'Enfer, Cyril me rejoint au pied.
On attaque la montée, le rythme est pas mal et l'ambiance est bonne, jusqu'au drame: Il commence à tomber des gouttes et on est encore assez loin du déco prévu
Je me dis que ça va passer, la météo n'indiquant rien (mais je check toujours pas sur mon téléphone, ça serait trop intelligent).
On continue jusqu'à l'endroit prévu, il y a des névés à traverser, moi avec les bâtons ça va mais Cyril est en PLS. La pluie est toujours pas très forte mais toujours bien présente.
On croise 2 types qui me disent que la météo a bien changé, je check sur le tel: pluie annoncée jusqu'à au moins 14h, confirmée au radar
.
Du coup je me dis qu'il faut décoller tant que c'est pas trop fort pour aller poser en bas et continuer dans la vallée à pieds.
On trouve un déco correct, je commence à déballer ma voile, la pluie se renforce juste à ce moment là. Ca fait un déclic dans ma tête, je décide de replier et j'accepte que ma course est finie.
Mon nouvel objectif est de continuer à avancer tranquillement en suivant les crêtes, pour au moins pouvoir redescendre en volant avant la fin de journée (15h30 le dernier jour).
Je mets donc mon itinéraire dans la montre et c'est parti.
Problème: la redescente côté Nord du roc d'Enfer est... infernale
.
C'est ultra raide, il y a un gros névé sur le chemin donc je passe à côté. Je descends à moitié assis mais avec le gros sac dans le dos c'est pas pratique du tout. Il pleut toujours donc en plus c'est glissant.
Bref j'avance pas, je me dis que si je glisse je me fais très mal et je me demande si j'aurais pas mieux fait de voler sous la pluie
Finalement je finis par m'en sortir, non sans mal: dans la descente j'ai décollé une grosse pierre qui vient me taper le bas du tibia gauche. A chaud j'ai l'impression que ça va, et puis entre ça et les douleurs de partout après 120km en 2j, je sais pas quelle douleur vient d'où
J'ai mal aux releveurs des 2 jambes depuis le 2ème jour, donc sur le coup je pense que c'est ça.
Une fois en bas, la suite de la journée est plutôt tranquille: Je marche sous la pluie en suivant le chemin sur ma montre, en attendant une ouverture qui n'arrivera jamais.
Vers 14h, et après 7h de marche éprouvantes, il pleut toujours, donc je décide de redescendre à pied. Dans la descente, je sais pas pourquoi j'y pense mais je décide de finir en musique avec un album de Deftones que j'ai pas écouté depuis au moins 10 ans. Ca me rappelle des souvenirs d'une autre époque, cumulé à la décompression de fin de course je lâche une petite larme
Je retrouve Cyril en bas. A froid, je me rends compte que j'ai un hématome énorme et j'arrive presque plus à marcher
On se dirige vers Morzine pour la remise des prix, le buffet et surtout le massage
Bilan
Je finis 23e sur 47, soit un plutôt mauvais classement par rapport à d'habitude. Encore une fois le top 10 était largement atteignable avec un peu moins d'erreurs le 2e jour.
Mais j'ai innové dans l'erreur, c'est bien
Bref, mes velléités de classement au CdF de marche et vol sont envolées, avec 2 scores très moyens sur les 2 premières manches, j'en conserverai au moins un des 2 vu que les 3 meilleurs résultats comptent et qu'il me reste que 2 compets.
Tant pis ou tant mieux, ça me permettra peut-être de moins me mettre la pression sur les suivantes.
Dans le positif, le physique a super bien tenu, malgré la grippe j'ai quand même fait un bel ultra sur 3 jours avec un total de 141km, 8000D+, 4600D- en 28h18 au sol, avec un sac de 6-8kg sur le dos.
J'ai eu des douleurs musculaires bien sûr, mais rien de grave. J'ai du faire une pause de 2 semaines après compet pour recourir mais juste à cause de l'hématome.
Dans le négatif, j'ai pas été très bon en vol. Il y a peut-être un petit manque de réussite sur le vol du Môle, mais rétrospectivement je pense aussi que je manque de volume de vol. Je me suis focalisé sur l'entraînement physique depuis 2 ans, mais l'entraînement en vol est super important aussi (voire plus). Cette saison je n'ai volé qu'une quinzaine d'heures à fin juin, et j'ai pas fait une seule sortie cross, quand Phil est à plus de 100h. Ca doit être mon pire volume depuis que j'ai commencé le parapente.
Bref je vais pouvoir arrêter le parapente pour me consacrer au trail 
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Il y a quelque chose que je ne comprends pas