En attendant le début de la diffusion TV de la course pro... CR Paris-Roubaix Challenge 2019.
L'ayant déjà fait en 2017 (voir CR) je sais malheureusement ce qui m'attend. Ayant changé de vélo entre temps et le faisant seul cette année, j'ai toutes les raisons du monde de paniquer. Résultat je passe une nuit de merde avec un mal de bide terrible. A 5h quand mon réveil sonne je suis déjà sur les chiottes à vider mes pâtes locales de la veille
J'ouvre la fenêtre, comme annoncé par la météo il fait froid, c'est gelé. Mais ils annoncent du soleil. Mais ils indiquent du ressenti négatif.
Chaussettes hiver, jambettes, veste hiver, aluminium sur les orteils et sous gants. Ça devrait le faire. Je déteste rouler quand il fait froid, c'est pas pour rien que j'ai mis tout ce pognon dans mon install Zwift
Direction la gare pour prendre le tramway jusqu'à Roubaix. Au moment de monter dans le tramway un mec de la sécurité m'interpelle et m'explique que c'est interdit de monter à cette station, je dois aller à l'autre. WTF man ! Je lui demande quel problème je cause, la gare est absolument vide en dehors du SDF qui fume OKLM mais qu'on va pas faire chier hein, et il insiste, il me barre la route.
Le tramway partait dans 4mn, le temps de ressortir de la gare sur les pavés avec les cales, d'aller à la station d'après, j'arrive sur le quai alors que le tramway repart. Le prochain est dans 15mn
Avance rapide jusqu'au départ avec le speaker qui annonce les départs groupés en français et dans un anglais que je ne comprends même pas alors que j'ai eu la VF juste avant. Finalement on part tranquille. Il fait ultra froid. Après 1km j'ai les mains gelées.
Ça roule tranquillement, on n'est pas très nombreux et contrairement à la dernière fois, aucun groupe qui double. Tout doucement mes pieds se refroidissent.
Pour me réchauffer je décide d'accélérer le rythme mais après 2mn je suis en sueur mais je n'arrive plus à appuyer sur les pédales. Je retourne à l'abri comme une victime
Arrive le premier ravitaillement. Cette année le sponsor nutrition c'est NamedSport et si leurs produits sont visuellement dégueulasses, ils le sont également gustativement. Et la flotte qu'ils distribuent est gelée à traîner dehors par ces températures
Je repars dans la roue d'un petit groupe qui n'avance pas et que j'abandonne rapidement. Me voilà tout seul, personne devant et malgré mon rythme aucun groupe qui me dépasse et auquel je pourrais m'accrocher. J'arrive à rien, j'ai envie de crever, j'ai froid. Il y a un peu de soleil mais ça ne réchauffe absolument pas
Finalement on arrive à Wallers où nous attend la Trouée d'Arenberg, premier secteur pavé du jour. Mais avant, ayant gonflé à 5 bars pour la partie route je descend du vélo et essaye de faire sortir un peu d'air avec mes mains gelées. J'arrive pas bien à savoir ce que je fais, j'ai l'impression d'avoir vidé mes CAA
Bref, c'est parti. Plein d'enthousiasme j'attaque comme un bourrin et après 300m j'ai perdu quasiment toute ma vitesse. Heureusement il n'y a pas grand monde, les dépassements à réaliser sur les côtés encore plus pourris sont limités. J'ai plus rien dans les jambes mais je dois continuer à avancer. Impossible de voir la fin du secteur, je souffle comme un bœuf... Finalement la fin arrive
Malgré tout l'effort m'a à peine réchauffé alors je prend une gorgée d'eau glacée au bidon et continue ma route en moulinant. Le reste est une énorme galère avec en plus le vent qui s'invite à la partie, venant me refroidir encore un peu plus et ralentir sur les pavés.
Est-ce le fait d'être parti beaucoup plus tôt qu'en 2017 ou les conditions climatiques ont-elles convaincu les gens de rester chez eux ? Quoi qu'il en soit il y a beaucoup moins de monde sur les pavés. Exactement comme la fois précédente, c'est les mêmes têtes qui reviennent : ils me dépassent sur la route et je les double sur les pavés. Question équipement ça a bien évolué, il doit y avoir à peine 50% de vélos de route, le reste étant des gravel et des VTT. Une bonne dizaine de machines en Ti et un grail. Ce qui ne les empêche pas de rester bloqués dans les pavés. Le pire étant un immense FDP à VTT qui roulait absolument n'importe comment en changeant de ligne sans aucune raison et qui sur trois secteurs différents s'est jeté devant moi quand j'allais le dépasser et qui s'est jamais excusé quand je gueulais
Au troisième ravito je chope une gaufre et un godet puis je m'affale sur un banc. J'ai envie de gerber, j'ai envie de chier, j'ai les dents qui claquent, des frissons de partout...
Après un temps indéterminé à je décide finalement de repartir, rapidement on arrive sur un secteur pavé où un VSAS avec les gyrophares est arrêté sur le côté. J'hésite à leur demander de m'emmener avec le mec qui s'est vautré
Finalement arrive le Carrefour de l'Arbre, dernier secteur 5 étoiles. Je n'ai plus rien dans les jambes, plus rien dans les mains, plus rien dans la tête. Je subis absolument chaque pavé, l'impression de me faire boxer par 20 personnes sans pouvoir réagir. J'évite trois mecs qui se vautrent. Aucune idée de comment j'arrive au bout. Je crois avoir entendu des gens qui applaudissaient
A peine terminé, on traverse une route et on arrive sur un autre secteur, seulement 2 étoiles. Avec des bandes sur le côté couvertes de gravillons. Mais comme je vois flou j'ai l'impression que c'est lisse. Tous les 30m mes GP4000 me rappellent qu'ils ne sont pas faits pour ça et je perd l'adhérence. Obligé de passer sur les pavés pour retrouver du grip
Juste avant le dernier secteur je me retrouve derrière un groupe de touristes. Ca n'avance pas fort alors je suis souvent en roue libre. Visiblement le bruit de ma RL les dérange puisqu'ils en discutent et l'un d'eux dit : "sa roue libre doit être morte !". Je regarde son vélo il a un vieux B'twin en cannette ce sale gitan de ses morts
. A peine on entame le secteur, ces débiles n'arrivent pas à enchaîner
alors je les fume ces grosses baltringues des cageots de leurs morts
. Et je me retrouve dans la roue d'un mec qui a la pêche. Mon coup de pression était la pire des idées, je me prend un gros mur, je roule en autopilote en essayant de suivre la roue devant moi. Aucune idée de ce qui m'entoure, des trajectoires, de ce sur quoi je roule. Suivre... la... roue...
Après ce n'est plus que de la route jusqu'à l'arrivée. Mélangés entre les bagnoles. Avec un feu tous les 300m. Le dernier passe au vert, je m'échappe rapidement du groupe qui m'accompagne, virage à droite pour rentrer dans le parc, les peintures au sol, les gens le long des barrières qui encouragent et applaudissent, virage à droite pour rentrer dans le vélodrome, THIS IS IT MAN !!!!!
Maintenant que je sais rouler sur une piste je monte un peu avant le virage et balance quelques derniers watts pour passer la ligne
Plus qu'à rentrer
Encore une preuve qu'une sortie où on ne peut synthétiser de la vitamine D est une sortie inutile.
Mais bon, au moment où j'écris ces lignes je me dis que c'était cool finalement. Après tout le vélo on fait ça pour souffrir. Et j'ai survécu. Alors c'était pas si dur. ![[:azyl:1] [:azyl:1]](https://forum-images.hardware.fr/images/perso/1/azyl.gif)
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Roads aren't just for vehicles—they are for people.