Capriati proche du suicide(19/07/2007)
 
© AP
Sur la touche depuis deux ans et demi, elle ne sait pas ce qu'elle va devenir
 
NEW YORK Cela ne s'invente malheureusement pas. Sur la touche depuis plus de deux ans et demi en raison de blessures à l'épaule, au poignet et au dos, Jennifer Capriati a songé à se suicider ! La championne américaine, 31 ans, l'a révélé elle-même dans une interview à coeur ouvert parue tout récemment dans le New York Daily News. L'ancienne première joueuse mondiale, lauréa- te de trois levées du Grand Chelem et médaillée d'or olympique aux Jeux de Barcelone, a expliqué qu'elle traversait une terrible dépression provoquée par l'incapacité physique de pouvoir taper sur une balle de tennis, l'inquiétude d'un avenir sans défi et la désagréable sensation d'être abandonnée par tous.
 
"Parfois, j'arrive à un point où je ne peux plus m'arrêter de penser, raconte-t-elle. C'est comme si mon corps était envahi par un démon. Il n'y a plus d'échappatoire, plus moyen de sortir de l'espace dans lequel on se trouve. C'est comme si c'était la fin du monde. Lorsque vous êtes si épuisée de vous sentir aussi mal, vous vous dites que la meilleure issue est de quitter cette planète car vous n'en pouvez plus. Je me sens si affreuse à l'intérieur. Je ne peux même plus supporter ma propre enveloppe charnelle. Je veux juste f... le camp !"
 
Jennifer Capriati ne se rappelle plus quand elle a songé pour la première fois à mettre fin à ses jours. Entre les incessantes visites chez le médecin et la douleur de la solitude, il lui est difficile de tenir une chronologie des événements. Révélée à l'âge de 13 ans par une accession en finale du tournoi de Boca Raton, en 1990, l'Américaine en a connu des déboires dans sa carrière mais, même du temps où elle sombra dans la drogue et la cleptomanie et où elle fut poursuivie par la justice, elle ne s'était jamais sentie aussi mal qu'au- jourd'hui.
 
"Sans le tennis, qui suis-je ?"
 
"Je n'ai toujours connu que la vie à 100 à l'heure. Et voilà maintenant que je me trouve à l'arrêt, dans un endroit où je ne peux pas bouger", poursuit-elle, avouant qu'il lui fut pénible de voir Venus Williams, par exemple, gagner Wimbledon il y a dix jours. "C'est à partir du moment où je me suis retrouvée dans l'incapacité de jouer au tennis que tout s'est effondré. Sans le tennis, qui suis-je ? Que suis- je ? Je n'ai toujours vécu qu'à travers le tennis. Je dois me demander : Qui est Jennifer ? Que va-t-il se passer si tout cela est fini ? Je ne peux pas vivre comme ça pour le reste de mon existence."
 
Jennifer Capriati a tout juste sorti six fois sa raquette de sa housse depuis son dernier match officiel sur le circuit, en novembre 2004, au tournoi de Philadelphie, où elle s'était inclinée 6-0, 6-1 contre la Russe Vera Zvonareva. Abandonnée par IMG, l'agence de marketing sportif qui l'a soutenue pendant vingt ans, elle s'apprête à subir une troisième opération à l'épaule, puis une autre au poignet, et doit également trouver une solution pour son dos. Bref, et elle s'en rend compte aussi, les chances de la revoir un jour sur le circuit sont particulièrement minces.
 
"Je sais que le suicide n'est pas une solution", ajoute encore la New-Yorkaise, qui tient à préciser qu'elle n'est jamais arrivée au stade du passage à l'acte, avec des pilules dans sa main. "Je n'aurai qu'une chance. Même si c'est une torture, il faut que je traverse cette épreuve. Qui sait ? Peut-être que tout ceci est une bénédiction. Je suis encore jeune. J'ai encore les moyens de m'en sortir. Je trouverai peut-être d'autres moments forts que ceux que j'ai connus dans ma carrière de jou- euse de tennis. J'ai le choix. Ma mission est désormais de faire en sorte de trouver le chemin d'un nouveau bonheur."

Et les bois avaient été remplacés par des passings de l'espace. Dès lors, Roger Feder allait remporter 35 points consécutifs sur son service. Une série interrompue seulement à deux points du match, conclu la minute d'après d'une volée de coup droit gagnante (3-6, 6-4, 6-1, 6-4).