R. Bonjour à tous.
Q. Comment te prépares-tu pour ce match qui est très important ?
R. Rien de spécial, je me suis entraîné normalement. Une heure d'entraînement, c'est un match très important. La veille du match, c'est un peu comme les jours de repos.
Q. Es-tu ravi de la façon dont tu joues pendant le tournoi ? Penses-tu que tu vas maintenir ce niveau de jeu excellent ?
R. Hier j'étais très heureux de mon jeu, je m'améliore tous les jours, c'est important de monter en puissance tous les jours, mais je ne sais pas de quoi demain sera fait. En tout cas, je ferai de mon mieux. Chaque match est différent.
Q. Il semblerait que Roger Federer va changer de tactique. Il va faire des incursions au filet. Qu’attends-tu de lui en matière tactique ?
R. Je ne sais pas ce qu'il va faire. Lorsqu'on joue contre Roger, on peut tout imaginer, parce qu'il a une palette de coups incroyable, il a tous les coups. Il peut faire n’importe quel coup. Je m'attends à un match ardu. Je sais qu'il va faire preuve d'agressivité.
Q. Hier, il a dit qu'il avait regardé ton match. As-tu regardé le sien ?
R. Oui, j'ai regardé un petit peu de son match.
Q. Bjorn Borg a dit que Roger Federer avait changé sa façon de jouer depuis l'année dernière. Penses-tu qu'il a changé de tactique ?
R. C'est à lui qu'il faut poser la question, je n'en sais rien. Moi, je ne me concentre pas sur Roger. C'est difficile de répondre à cette question, à savoir s'il a changé de jeu. Je pense que c'est difficile de changer beaucoup de choses.
On parle du numéro 1, qui est largement en tête depuis 4 ans. C'est un joueur qui est quasiment parfait. C'est difficile de changer les choses.
Q. Te sens-tu différent l'année dernière ou bien est-ce la même chose chaque année ? Tu as atteint la finale à nouveau.
R. Chaque année, c’est différent. Je ne sais pas quoi vous dire, mais bien sûr, je suis très heureux d'être en finale. La veille du match, on est un peu nerveux. C'est différent, mais dans une moindre mesure, c'est tout !
Q. Il y a quelques instants, Borg était là, et nous avons eu une conférence de presse très longue. Il disait qu'il te suit, et que tu as été une des raisons pour lesquelles il continue à suivre énormément les tournois, à les regarder à la télé. Tu as beaucoup de respect pour Borg, est-ce-que ses mots te touchent ? Cela t’encourage-t-il à gagner demain ?
R. Oui, c'est toujours magnifique que quelqu'un comme Borg puisse dire de telles choses sur moi. Mais comme je l'ai déjà dit, je crois que toutes les personnes du monde m'inspirent le respect, et tout particulièrement les gens bien. Et du point de vue du tennis, comment Bjorn Borg ne pourrait pas m'inspirer du respect ?
Je ne sais s'il est le meilleur de l'histoire, mais en tout cas, dès que l'on parle de Borg, il semblerait que ce soit quelqu'un à part, quelqu'un de différent, un joueur à part.
Egalement, il a été un des grands novateurs dans le jeu à commencer à jouer en lifté... D'après ce que l'on m'a dit, il a été vraiment quelqu'un de novateur.
Q. Justement, dans le droit fil de cette question, lui pense que si quelqu'un peut retirer le titre de Federer à Wimbledon, c’est toi. Il dit que tu as disputé un magnifique tournoi l'an dernier, que tu a perdu la finale par malchance, et, Borg qui a gagné 5 Wimbledon consécutifs, pense que toi tu peux le remporter. D'autres pensent que tu es un joueur qui est fondamentalement exclusivement de terre battue.
R. Quand on dit des choses bien de toi dans le tennis, c'est positif, cela signifie que tu fais quelque chose de bien... Je veux remercier Borg de tout ce qu'il dit de moi !
Quant à ceux qui pensent que je ne suis qu'un joueur de terre battue, c'est qu'ils ne regardent pas les tournois.
Q. Rafael, tu as dit hier qu'il n'y a pas une tactique comme dans le football, le basket ou tout autre sport où on parle avec l'entraîneur, où on est au tableau… Toi, tu dis que tu n'as pas de tactique claire ou réfléchie par rapport à un match, et notamment pour celui de demain qui est important ? Cela m'a vraiment frappé.
R. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de tactique, je dis simplement que chacun sait jouer son jeu. Je n'invente pas un jeu différent pour un match. On joue bien quand on joue son jeu.
Ensuite, qu'il y ait quelques changements dans ton jeu, bien sûr, c'est possible. Parfois, j’essaie de charger un peu plus la balle sur le revers, de lui donner plus de force, plus de poids. Mais tu ne peux pas non plus te concentrer là-dessus, parce que finalement, tu risques de donner le point à l'autre...
Il faut changer régulièrement de tactique, pour que justement il ne puisse pas s’habituer et qu’il ne se sente pas très à l'aise. En fait, telle est la tactique, et pas autre chose.
Le tennis est différent de ce que peut être un sport en équipe. Dans un sport individuel, tout est beaucoup plus simple, tu joues tout seul. Il n'y a pas tellement de choses à inventer, parce que c'est un sport assez simple.
Q. Tu as dit que tu n'a pas suivi beaucoup Federer tout au long de cette saison...
R. Ce n'est pas ce que j'ai dit.
Q. Tu as dit que tu ne l'as pas vu beaucoup.
R. Non, ce n’est pas ce que j'ai dit. Simplement, vous, vous pensez que depuis le premier jour, je regarde tous les matches de Federer, ce qui n’est pas le cas. Et je ne pense pas qu'il regarde non plus mes matches.
Moi, je pense au tour que je joue… Au premier tour, ma préoccupation c'est Bellucci, ou le joueur contre qui je joue au premier tour !
Q. Ce que je voulais surtout de te dire, c'est que dans les matches que tu as disputés contre lui, as-tu observé qu'il avait changé son mouvement sur la terre battue ? Est-il plus patient et, en même temps, plus agressif, ou bien est il pareil qu’à d'autres saisons ?
R. Chacun de nous essaie d'améliorer ce qu'il a à améliorer la plupart du temps, ceux de l'extérieur ne peuvent pas l'apprécier. Quand tu pars à l'intérieur, tu ne peux pas l'évaluer comme ça.
Probablement, il recherche et essaie des choses nouvelles, et même, au-delà de ce qu'il est lui même, mais je pense que vu de l'extérieur, il est difficile d’évaluer tous ces changements.
Q. Rafa, que considères-tu qui ait le plus évolué dans son jeu sur la terre battue au cours de ces dernières années, depuis la première finale que vous avez disputée, Roger ou toi?
R. C'est difficile de dire qui a le plus évolué sur la terre battue... Je pense que nous avons franchement évolué tous les deux. Je crois que tous les deux nous sommes bien meilleurs aujourd'hui que lors de la première demi-finale jouée ici en 2005. J’en suis convaincu. Pour autant, chaque match est différent.
Je crois beaucoup que cela dépend de ta forme du moment. Parfois, tu joues plus ou moins bien, tu as plus ou moins de confiance. Celui qui gagne, c'est celui qui se sent le mieux ce jour-là, surtout sur terre battue ! Tout dépend du niveau, mais tout peut arriver.
Q. Rafa, de quel coup es-tu le plus satisfait cette année, à Roland Garros ?
R. Les premiers jours, je n'étais satisfait de rien, puis, petit à petit, j'ai réussi à reprendre le contrôle, surtout sur mon coup droit. Je crois que j'ai beaucoup amélioré mon revers tout au long des matches, pour le reste, je me suis trouvé parfois dans des situations difficiles, notamment sur le coupé, sur le service, sur la ligne, un petit peu mieux...
Q. Rafa, tu te sens favori pour ce match, tu es numéro 1 du monde, tu as gagné trois années d’affilée ici, maintenant une quatrième année...
R. Vous aimez beaucoup cette expression : « le favori ». Je ne me sens pas favori. Je ne crois pas aux favoris, le favori est celui qui demain soulèvera le trophée.
Mais cela n'a pas d'importance qui est le favori : lui, moi... Quelle importance... C'est celui qui demain jouera le mieux sur le terrain.
Tout le reste, ce ne sont que des paroles, des paroles… !! Je crois qu'il ne peut pas y avoir de favori dans une finale comme celle-ci.
Q. Rafa, aujourd'hui, tu t’es entraîné, quelles sont les sensations que tu as éprouvées ? Pour demain, du point de vue du temps, que préférerais-tu ? On a eu surtout un temps mitigé ces derniers jours, est-ce-que cela t'affecte ?
R. jusqu'à maintenant, cela ne m’a pas affecté, je me suis bien entraîné. Hier, j'ai bien joué.
C'est plus simple, cela permet de mieux toucher la balle, et donc, certainement, je préférerais du soleil et un peu de chaleur.
Q. Tu parlais de moments où on est en pleine forme, en pleine confiance. Où te situerais-tu du point de vue de ta forme et de ta confiance ?
R. Bien. Chaque jour est différent, n'est-ce pas... J'ai récupéré une grande forme, je suis arrivé en demi-finale beaucoup mieux que lorsque j'ai commencé le tournoi, c’est sûr.
Q. Rafa, à Monte Carlo, Federer a eu un avantage important, il a perdu le mathce ; à Hambourg, 5/1, 5/2 et a perdu. Il y a quelque temps, il n'avait pas ces ruptures psychologiques, ces oscillations si importantes aux matches...
R. Il peut les avoirs, je les ai eues également.
Q. Comment le vois-tu ? Y a-t-il quelque chose qui te surprenne, te rends-tu comptes, quand il commence à changer, quand il n'est plus si sûr de lui, ou tu ne le vois pas ? R. Ce sont des matches différents, 16 matches joués, il y en a eu deux d'affilée où il y a eu des problèmes, mais on ne peut pas prendre cela en considération. Il y a eu des choses bizarres aux deux derniers matches, mais rien à dire !
Q. C'est un match pour l'histoire demain... Si Roger gagne... Qui a le plus de chances demain, selon toi ?
R. Si tu poses la question à Roger, il te dira que c’est lui ! Et moi, tu me poses la question et je te dis que c’est moi ! Il a ses motivations, j'ai les miennes. Quand tu joues une finale comme celle-ci, chacun joue pour soi.
Merci.