docmaboul a écrit :
Avant tout, j'aimerais mettre certaines choses au clair car je soupçonne certains participants de troller par manque de connaissances au sujet de la Corse et de son histoire.
La Corse a été vendue par la République de Gênes à la France sous Louis XV. Le (petit) problème est que la Corse n'appartenait pas à Gênes et était indépendante depuis quelques temps. S'en est suivit une guerre où la France, pour prendre possession de son nouveau territoire, a perdu plus d'hommes que durant la guerre d'Algérie. Si, par exemple, l'Angleterre vendait la France aux Etats-Unis, je présume que cela vous poserait quelques (petits) problèmes.
Durant la guerre de 14-18, les corses, violents par nature et excellents guerriers, ont été utilisés comme chair à canon. Tous les hommes valides ont été envoyés à la guerre et la plupart y sont morts. Ces hommes avaient des femmes mais surtout des enfants. Avant cette guerre, la Corse était une société traditionnelle, agricole et/ou montagnarde. Qu'est-ce que cela implique pour ce sujet?
Que les enfants de ces hommes qui sont morts pour défendre le sol français n'ont jamais reçu les savoir-faire pour perpétuer les traditions ou, en terme plus simple, pour pouvoir vivre en Corse. Il s'en est suivit une misère qui n'avait jamais été connue en Corse, non pas que la Corse fut riche auparavant, mais au moins, nous avions le savoir suffisant pour y vivre.
C'est ainsi que ces enfants sont devenus postiers, douaniers et autres fonctionnaires. D'ailleurs, c'est à ce moment-là qu'apparaissent les blagues sur la légendaire "paresse" Corse: on n'en a jamais trouvé trace avant. Bref, c'est parce que toute une génération de corses a été décimée que notre économie autonome est devenue une économie assistée. Dans les cercles intellectuels, politiques ou simplement cultivés, on synthétise cet état de fait en disant que "la France paye à la Corse le prix du sang".
Mais les origines des mouvements nationalistes et indépendantistes ne s'arrêtent pas là. Il y avait en Corse un régime successoral particulier qui permettait de ne pas diviser les propriétés lors des héritages. Le code civil a détruit cela. Combiné à l'exode qu'engendra la misère, des domaines et propriétés ancestraux furent vendus en masse à des continentaux. Si seulement il n'y avait que ça...
A la fin des années 50, le gouvernement créa une société, la Somivac. Celle-ci avait pour but de racheter toutes les terres disponibles, en déshérence ou non, afin de les remembrer, de les irriguer et de rénover les infrastructures, pour les revendre ensuite à des paysans corses. Début 1962, les 400 premiers lots furent prêts pour la vente. Paris ordonna alors d'en réserver 90% pour les pieds-noir rentrant d'Algérie. 90% pour les anciens colons qu'on envoyait coloniser ailleurs parce qu'on ne savait qu'en faire; 10% pour les autres, corses ou non.
Directement découlant de cela arrive l'épisode d'Aléria. En 1975, huit militants, jeunes agriculteurs, occupent une cave à vin appartenant à un de ces pieds-noir et prennent pour otages les ouvriers agricoles qui y travaillaient. Ils demandent la redistribution des terres ayant été spoliées d'une manière toute coloniale à des agriculteurs qu'ils estiment défavorisés. Pour réponse, la France envoie trois contingents de gendarmerie ce qui représentait un total de 1200 hommes. Ne voulant pas négocier le moins du monde avec ces terroristes, les forces de l'ordre donnent l'assaut et ouvrent le feu. Deux gendarmes seront tués et cette démonstration de force, bien loin de marquer les esprits comme les bureaucrates parisiens l'auraient souhaité, sonnera le début de la fin.
|