La Russie qui " se dépeuple massivement ", comme le Japon
l'Allemagne qui craint de devenir " Une planète de vieux "
l'Italie qui se demande ce qu'elle sera quand elle n'aura plus que 40 millions d'habitants
On pourrait multiplier les exemples, qui prouvent que nous ne sommes plus au temps de l'explosion démographique telle que la décrivaient et que la craignaient les experts et les responsables politiques il n'y a pas si longtemps ; en 1955, par exemple, Sir John Huxley, expert réputé, déclarait : " La multiplication des petits hommes fait penser à un cancer ; tous les pays développés sont en pleine explosion. Si personne ne prend les choses en main, l'humanité sera engloutie ". Aujourd'hui, chacun sait que la population mondiale ne sera jamais de 15, 20 ou 25 milliards d'habitants, chiffres qui étaient généralement cités par de nombreux démographes et par René Dumont par exemple ; les perspectives les plus souvent avancées, notamment par la division " population " des Nations Unies, sont aujourd'hui d'un peu moins de 9 milliards d'habitants en 2050, ce chiffre représentant sans doute un plafond de la population mondiale ; logiquement, la population mondiale devrait ensuite baisser ; jusqu'où ? Cela dépend évidemment de l'évolution du taux de fécondité des femmes
Car tel est bien le déterminant essentiel de l'évolution de la population mondiale : si cette dernière baisse, c'est parce que le taux de fécondité des femmes baisse partout ; pour que la population se stabilise dans le monde, il faut que chaque femme en âge de procréer ait en moyenne au moins 2,1 enfants, soit environ un garçon et une fille ; or, dans les pays développés, il y a longtemps que ce taux est inférieur à 2,1, sauf en Irlande et aux Etats Unis ; en France par exemple, malgré une amélioration récente, ce taux n'est toujours que de 1,9 et il est encore beaucoup plus bas notamment au Japon, dans les pays de l'Est européen et dans les pays méditerranéens ; quant aux pays en voie de développement, ils suivent le même chemin : leur taux de fécondité des femmes a baissé de moitié au cours des 50 dernières années, pour se situer aujourd'hui autour de 3,5 contre plus de 7 en 1950 ; rien n'empêche d'imaginer qu'il baissera encore de moitié au cours des 50 prochaines années : pourquoi l'évolution de ces pays, à mesure qu'ils se développeront, serait-elle différente de celle des pays développés ? On constate en tout cas que, dès que les filles vont à l'école, le taux de fécondité baisse, quel que soit le pays !
Les chiffres suivants confirment cette tendance :
q La population mondiale a évolué de la façon suivante depuis 1980 :
· 1980 : 4450,7 millions
· 1985 : 4854,6 //
· 1990 : 5283,8 //
· 1995 : 5690,9 //
· 2000 : 6057,0 //
q L'augmentation en pourcentage de 5 en 5 ans est la suivante :
· 1985 / 1980 : + 9,07%
· 1990 / 1985 : + 8,84%
· 1995 / 1990 : + 7,70%
· 2000 / 1995 : + 6,43%
0n le voit : le taux d'augmentation de la population mondiale ne cesse de diminuer ; le problème, c'est que, si cette évolution se confirme, la population mondiale plafonnera un jour, sans doute vers 2050, puis commencera à diminuer ; des mathématiciens ont même calculé que, dans ces conditions, il n'y aura plus personne dans les pays développés en 2280 et plus personne sur la terre en 2450
Nous n'en sommes pas là, mais on peut quand même s'interroger sur les raisons de cette évolution.
Trois raisons principales peuvent être avancées :
· D'une part, des campagnes très efficaces ont été menées, notamment dans les pays en développement, pour limiter le nombre des naissances ; la Chine et son enfant unique fournissent l'exemple le plus extrême, mais de nombreuses conférences internationales ont fait comprendre aux pays en développement qu'ils n'arriveraient jamais à se développer suffisamment pour nourrir et élever convenablement des familles de 7 ou 8 enfants, ce qui était la moyenne dans la plupart des pays en développement il y a un demi-siècle.
· D'autre part, la culture de la famille restreinte (la culture DINKS comme disent les Américains : "Double Income, No KidS " - " Deux revenus, pas plus d'un enfant " ) est tellement présente dans tous les médias et dans toutes les mentalités qu'on peut difficilement pronostiquer un renversement de la tendance
Il suffit de se promener dans les villes les plus surpeuplées et les plus pauvres du monde pour constater que les antennes de télévision et les paraboles sont omniprésentes au dessus des bidonvilles et des favellas les plus misérables ; or, les programmes de ces télévisions, c'est le moins que l'on puisse dire, ne militent pas en faveur des familles nombreuses !
· Enfin, aucun pays n'a jamais réussi à faire augmenter durablement le taux de fécondité des femmes au delà de 2,1 en partant d'un taux inférieur ; les Suédois ont essayé, avec le sérieux qu'on leur connaît et sans lésiner sur les moyens ; leur taux de fécondité des femmes a augmenté
mais cela n'a duré que 5 ans !
Ne nous faisons donc pas d'illusions : la diminution du taux de fécondité des femmes, y compris et surtout désormais dans les pays en développement, est une donnée durable qui n'a, dans l'état actuel des choses, aucune raison de s'inverser ; or, ce sont ces pays qui fournissent, à l'heure actuelle, l'essentiel de l'augmentation de la population mondiale, augmentation qui ne peut donc que se tarir progressivement.
Ce qui est sûr en tout cas, c'est que, dès à présent, certains pays voient leur population diminuer d'une année sur l'autre ; c'est le cas de la Russie et de la plupart des pays de l'ex URSS et de l'Europe de l'Est ; les pays méditerranéens suivront le même chemin dans les 20 ans qui viennent, de même que le Japon et l'Allemagne ; certains pays s'en préoccupent, comme l'Espagne qui se demande comment faire remonter son taux de fécondité des femmes, mais, dans l'ensemble, le problème démographique n'est posé que par rapport aux retraites et aux dépenses de santé liées au vieillissement de la population ; pourtant, certains experts comme Michel Godet n'hésitent pas à élargir le problème pour faire un lien entre la croissance économique et la démographie : quelles seront les conséquences d'un vieillissement généralisé de la population sur la croissance économique à long terme ? Il est significatif de constater que ce type de question n'intéresse pas grand monde, ni dans les médias, ni dans les milieux politiques : lorsque la canicule a frappé la France au cours de l'été dernier, la première préoccupation des verts, par exemple, a été de protester contre le réchauffement de l'eau des rivières, suite aux rejets d'eau plus chaude par les centrales nucléaires ! Plus généralement, la survie des ours, des loups, des baleines et des espèces végétales menacées intéresse visiblement plus de monde que la survie de l'humanité : bizarre
et inquiétant ?