hephaestos a écrit :
J'ai une petite réflexion supplémentaire à vous soumettre, concernant le contexte de ce débat :
Ce dont on parle en ce moment, c'est d'un changement de paradigme, d'accepter que ceux qui nous ont tout appris avaient tort et de corriger leurs erreurs.
Je crois que le moment est venu pour ce changement de paradigme, et je crois qu'on assiste à son début. Bohr Haisenberg, Landau, sont morts. C'est essentiel ça, c'est très dur de renverser un paradigme défendu par des gens d'une telle stature, et ces gens, une fois qu'ils ont accompli l'essentiel de leur uvre, ne sont pas en position d'initier la révolution (la plasticité de notre cerveau est toute relative). La nouvelle génération est là depuis 20 à 30 ans, et elle accomplit son travail.
Déjà il y a 30 ans, avec les formulations raisonnables de l'interprétation de la MWI à la suite des travaux d'Everett, on était en situation de faire le changement : on avait les deux théories à disposition, toutes deux équivalentes d'un point de vue expérimental, et l'une plus simple. Le problème, c'est qu'on n'avait aucune raison de faire ce changement, et qu'il restait des points non prouvés mais qui étaient fortement susceptible de mettre à mal l'interprétation MWI : l'absence d'interférence entre les différents mondes supposés.
Depuis 10 à 15 ans, les travaux sur la décohérence ont avancé avec un succès phénoménal, et ils font partie désormais du décor. Avec la décohérence, c'est le dernier rempart virtuel opposé à la MWI qui s'est effondré. Alors bien sur, on n'a aucune raison de faire le changement, l'inertie de notre cerveau et la gène qu'occasionne le fait de s'imaginer exister dans un multivers font que la résistance est toujours très active. Mais, concrètement, elle n'a plus rien pour elle d'autre que l'argument de l'efficacité : On ne change pas une théorie qui marche.
A ma connaissance, ce serait la première fois qu'une théorie serait abandonnée non pas parce qu'elle est mise en défaut expérimentalement, et qu'elle nécessite soudain des ajouts superflus (l'interprétation de Copenhague a toujours eu les incohérences mathématiques qui lui sont reprochées aujourd'hui, mais le monde n'a pas à être cohérent mathématiquement). La révolution dont il est question aujourd'hui, c'est une révolution sans changement, simplement on décide de garder le même modèle, sans les incohérences mathématiques, parce que finalement ces incohérences ne sont pas nécessaires à la description de notre expérience.
Ce changement de paradigme ne pourra être motivé que par la raison, on ne pourra pas faire les jolies démonstrations de Galilée pour montrer au monde que la Terre tourne. C'est pourquoi, si la révolution ne se fait pas maintenant, elle ne se fera jamais.
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