Dans ce cas, et avant d'aller trouver le sommeil des moyennement justes, une petite histoire pour compenser le post sans narration du jour
Un certain M. Foestus, m'avait écrit, je cite "Je veux un post sur le Vietnam, p'tit bâtard". Et comme je suis profondément lâche, parlons Vietnam, pour varier les plaisirs.
Et commençons avec une image :
"Depuis quand est-ce qu'on file la Medal of Honor, plus grosse distinction locale possible à un petit vieux ? S'il avait fait un truc vraiment impressionnant, on l'aurait décoré en son temps !"
Sauf que certaines histoire mettent du temps à être acceptées tant elles ressemblent à un gigantesque WTF. Surtout quand elles feraient passer Rambo pour une princesse douillette.
Parlons donc de Bennie Adkins. Que voici plus jeune.
Tips : pour stranguler un vieux sans qu'il ne se débatte, utilisez une médaille.
Bennie Adkins était un brave fermier américain sans histoire, lorsqu'il rejoint les rangs de l'armée américaine en 1956. Pas vraiment du genre à faire d'histoires, on l'affecta en Allemagne, où il occupa le poste glorieux d'administratif dans un quelconque bureau où tout ce qu'il défonça fut la touche espace de sa machine à écrire. Disons-le tout net : Bennie se faisait un petit peu chier. Il décida de passer, hop-hop, du poste de gratte-papier à celui de membre des forces spéciales, en passant les examens puis l'école qui allaient bien.
C'est ce qu'on appelle un grand écart.
Le 9 mars 1966, Bennie et 16 autres bérets vers sont dans une riante base de la verdoyante vallée de A Shau. Leur mission consiste à entraîner des Sud-Vietnamiens à botter du cul de communiste depuis ce poste avancé.
A Shau. Un endroit où ça chiait grave, d'où l'expression : "réagir A Shau".
Oui mais voilà : depuis des jours, le stresse monte un peu sur la base. La nuit, on peut vaguement apercevoir des silhouettes se mouvoir à la lisière du camp. Et sur les talkies-walkies, on capte parfois de vagues conversations... qui n'appartiennent à aucune force alliée. Il y a donc deux grandes options : soit les communistes préparent un gros coup, soit ce sont encore ces enfoirés de petits gris qui viennent écouler leur stock de sondes anales.
Les bérets verts, qui penchent pour l'option 1, demandent donc du renfort.
Pas de bol pour eux, le QG penche plutôt pour l'option 2 : à défaut de sondes anales, ils peuvent tout de même aller s'insérer divers objets dans le fondement, merci bonsoir
Et encore moins de bol, en cette belle nuit du 9 mars, l'armée nord-vietnamienne (NVA) décide d'attaquer la base. C'est donc parti pour la victoire communiste, annoncée en premier lieu par un monstrueux bombardement de mortier.
Sauf que pas de bol pour nos amis communistes, ils viennent de réveiller Bennie Adkins, qui pionçait en paix. Ce sera la plus grosse faille de leur plan.
Car Bennie est grognon au réveil. Et quand Bennie est grognon, il va chercher la caisse de munitions de mortier de 81mm la plus proche, court droit vers la première pièce d'artillerie disponible, et bombardement ou pas, commence à renvoyer de gros pruneaux partout dans la jungle alentour. Parce que bon, hein, on ne sait pas d'où viennent les tirs, alors rasons la jungle !
Les Vietnamiens sont forts surpris :
"Hé, ho, c'est nous qui vous bombardons, alors d'où vous nous arrosez la gueule au lieu de vous cacher ? "
Ici, un mortier de 81mm turgescent rendant jaloux tout un tas de gens. Oui, c'est assez gros.
Les Nord-Vietnamiens sont donc un peu bougons.
"Bon, vous me trouvez le petit rigolo qui s'amuse à nous arroser la gueule alors que c'est nous qui attaquons, et vous me le butez, d'accord Nguyen?
- Oui chef. "
Les Nord-Vietnamiens ont tôt fait de localiser le seul gros bourrin du camp capitaliste qui riposte, et ajustent leur tir... hop ! Un obus tombe droit sur la gueule de Bennie Adkins.
Le bougre est soufflé hors de l'abri du mortier, et se retrouve allongé au sol, le dos brûlé par l'explosion.
Sauf qu'il se relève. Qui a osé lui tirer dessus ? Adkins retourne à son mortier, et recommence à bombarder les Vietnamiens comme si de rien n'était.
Ses camarades US et Sud-Vietnamiens sont là :
Après trois heures de ce petit jeu, les Nord-Vietnamiens en ont un peu marre. Ils vont régler ça à l'ancienne : à l'assaut !
Les mecs, le plan est simple : on trouve le type qui gère le mortier et on lui pète la gueule.
Bon. Hé bien non seulement ils se font cueillir par un certain mortier, mais en plus, ils doivent s'y reprendre à plusieurs fois avant d'enfin parvenir à mitrailler correctement la garnison. Et ils blessent même des soldats US !
Mystérieusement, le tir de mortier sur leurs gueules s'interrompt presque aussitôt. Et voici que surgit un soldat qui commence à mitrailler la margoulette des assaillants avant de tirer les blessés, tout seul, un par un. What ?
"C'est bon, je peux retourner à mon mortier ?" demande Adkins qui vient de sauver les miches de ses copains en apprenant qu'il y avait des blessés. Et hop, le bougre retourne distribuer 81mm d'amour à tous les passants.
Maintenant, ses camarades le regardent avec les yeux de l'amour :
L'armée américaine, au courant de la situation (l'assaut, pas les yeux de l'amour, suivez, merde), dépêche aussitôt des avions d'évacuation sur la petite piste de la base. Et Adkins aide à charger les blessés.
Sauf que voilà, gros imprévu : un camion arrive au bout de la piste. Chargé de Vietnamiens, qui ouvrent le feu sur l'avion et le personnel américain.
"Mais ? D'où ils sortent, ceux-là ? demande Adkins.
- Ce sont des Sud-Vietnamiens, sergent. De la base. L'assaut ennemi est tellement impressionnant qu'ils trahissent pour changer de camp.
- Bon. Ben j'vais devoir leur péter la gueule. "
Le sergent Adkins, braguette baissée.
Bennie Adkins se sent donc dans l'obligation, non seulement de mitrailler tout le camion chargé de troupes pour leur apprendre qui c'est le patron, mais ensuite, s'en va lui-même virer l'engin de la piste pour permettre à l'évacuation de décoller.
"Il y en a d'autres qui voudraient trahir ?
- Non sergent, c'était sûrement un malentendu "
Adkins, un peu fatigué, décida donc de terminer la journée avec des activités plus calme, comme par exemple en sortant de la base en plein assaut pour aller chercher un copain, ou aller chercher des caisses de ravitaillement parachutées hors du camp. Oui, comme ça. Tranquille.
Je sais, ça paraît absurde. Et pourtant, il y a semble-t-il un certain nombre de témoignages concernant le Monsieur. Et ce n'est pas fini !
Car à la nuit tombée, l'ennemi attaquait encore.
Et Bennie tirait encore au mortier sur leurs gueules.
Les Nord-Vietnamiens, visiblement un peu fatigués de ces conneries, insistèrent donc un peu.
"NGuyen !
- Chef ?
- Je croyais que vous deviez coller un obus dans la gueule du margoulin de ce matin ! Pouruqoi est-ce qu'il tire encore ?
- Ben je ne sais pas, chef !
- Remettez-lui en un !
- Bien chef ! "
Et les Vietnamiens de remettre un obus sur la position du mortier d'Adkins, désormais connue. Et Adkins de se refaire souffler la gueule hors de son trou. Et... de survivre et de revenir tirer !
Bon, au bout d'un moment, il finit quand même par tomber à court de munitions. Les Nord-Vietnamiens furent donc très contents, et purent enfin commencer à pénétrer sérieusement dans la base !
Ce qu'ils ignoraient, c'est que si Adkins n'avait plus de munitions de mortier, il y avait un truc qu'il n'avait pas encore utilisé : le bazooka.
"Coucou les copains !"
On imagine bien la déception chez les Nord-Vietnamiens, quand un type à demi-brûlé et avec des shrapnells plein le cucu à commencer à les arroser à la roquette, tout seul comme un grand.
Pas d'inquiétude, ce sont des roquettes gluten-free, vous pouvez en manger sans crainte.
Malgré tout, les Nord-Vietnamiens ne manquaient pas de troupes et continuaient à monter à l'assaut, même si certains commençaient à se dire que c'était quand même bizarre, cette affaire. Ils rentrèrent donc dans le camp pour découvrir... que les Américains venaient de demander une frappe au napalm.
Et bonjour chez vous !
Les Nord-Vietnamiens, qui commençaient vraiment à se demander ce qu'il se passait, lancèrent donc une action commando droit vers la tente de communication de la base pour aller régler son compte au petit malin qui s'amusait à appeler l'aviation sur leurs museaux. Lorsqu'ils entrèrent, ils tombèrent sur... Bennie Adkins. Qui à ce stade, avait 18 balles dans le buffet (ce qui fut confirmé par un médecin ), le dos brûlé, des shrapnells à divers endroits... mais qui vivait encore.
"Maiiiiiis ! " fut probablement la dernière pensée des premiers assaillants, qu'Adkins tua lui-même, avant que les autres ne se barrent en se demandant qui était ce taré
La seconde journée de cette bataille sans fin était bien avancée lorsque le haut-commandement US proposa aimablement au personnel de la base d'évacuer, puisque bon, ça paraissait quand même compliqué.
Et je vous laisse deviner qui se porta volontaire pour mitrailler tout ce qui approchait pendant l'évacuation. Ho, et aida bien sûr aussi à porter des blessés quand un copain voulait bien tenir sa mitrailleuse deux minutes
Et... si la fin de cette histoire approche, il restait encore un gros exploit à accomplir pour Benni Adkins.
Car quand vint son tour de courir vers l'aérodrome pour être évacué, il découvrit avec un bonheur que l'on imagine tout à fait que les appareils d'évacuation s'étaient barrés sans lui.
Bon. Ben il ne lui restait plus qu'à se barrer dans la jungle, lui, les 18 balles, les shrapnels et les brûlures qui lui faisaient bobo.
Ce qu'il fit. Malgré les patrouilles de toute l'armée Nord-Vietnamienne dans le secteur, qui lui auraient volontiers fait sa fête. Il se faufila dans les lignes ennemies, regagna les siennes, et ho ! Détail, en chemin, un tigre décida que ce truc saignant ferait un excellent buffet. Autant vous dire que le tigre le regretta amèrement.
Bennie survécut à la guerre, fut bien évidemment décoré, et son histoire parut tellement incroyable qu'il fallut un petit paquet d'enquêtes pour admettre que le bougre était une sorte de régiment à lui tout seul, éventuellement la fanfare en moins (et encore, ça n'a pas été prouvé). Il n'a reçu la Medal of Honor qu'en 2014, et est entré au Hall of Heroes du Pentagone.
Pour la petite histoire, et c'était tellement n'importe quoi que lorsque Barack Obama le décora, il fit simple :
Citation :
“Bennie performed so many acts of bravery that we don’t have time to talk about all of them”
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Et à ce jour, il est encore en vie. Honnête.
En tout cas, ce sera tout pour aujourd'hui, ce fut déjà bien assez long !