Voici la taggrevue de ma dernière venue, la Jaeger-LeCoultre Master Memovox, ref 1418430.
J’ai encore raté pour le post court, alors j’ai mis plein d’images pour ceux qui n’aiment pas lire…
Cette nouvelle commence avec un sacré défi, aller à l’encontre de mes convictions les plus profondément ancrées, en effet, cette montre :
1)n’est pas japonaise ou allemande,
2)Est une montre commémorative (cadeau pour une dizaine passée il y a peu).
Qu’est ce qu’il m’a pris me demanderez vous ?
On retrouve dans cette JLC pas mal de caractéristiques d’autres voisines de boite. La sobriété, l’intégration d’un modèle dans une histoire horlogère, un mouvement qui me plait, une montre qui aura sa place à mon poignet naturellement.
Je voulais vous épargner l’histoire des montres réveils et des Memovox, mais finalement, il n’y a pas de raison.
Pour l’histoire des montres réveil, Joel de Toulouse en a une très bien faite sur son site, Invenit et Fecit : c’est ici http://www.invenitetfecit.com/fabr [...] eveil.html
On en trouve aussi dans tous les bouquins sur l’histoire de la montre bracelet, mais pour résumer, la mode et/ou la démocratisation de cette complication date des années 50, avec l’apparition de Memovox, des Cricket de Vulcain et des A. Schild. La complication a trouvé son public jusqu’à devenir très populaire. On faisait sonner sa montre pour un oui ou pour un parking.
Ça s’est petit à petit perdu, avec l’arrivée du quartz pour tomber au fond du trou avec les portables…
Mais, finalement, comme pour la montre mécanique, ça existe toujours, voire même, ça revient au gout du jour, et dans le domaine Jaeger-LeCoultre fait partie des rares à toujours avoir proposer cette complication dans son catalogue à travers les Memovox.
L’histoire des Memovox, ça n’est pas si compliqué. Quelques calibres autour desquels beaucoup de modèles se sont créés. Habillés ou sportifs, mais mis bout à bout, cela fait sur 60 ans, un nombre de modèles très conséquent. La pêche au vintage s’en retrouve compliquée, longue et vaste. Ça fait le charme de la quête, mais personnellement, ça m’a un peu refroidi. Elles sont très régulièrement trafiquées et il faut être assez prudent pour éviter les frankens.
Pour le plaisir, regardons quelques unes de mes modèles préférés de Memovox « Habillées » :
Ref 3151, début des années 50, cal 489 manuel première Memovox (crédit Clavi)
Fin des années 60, on est dans le grand classique, la ref E855 calibre 825 comme celle de Zewok :
Les calibre 815 ou 825 ont été produits jusqu’à la fin des années 60 remplacés par le 916.
La E875 (calibre 916 le premier à masse oscillante centrale), appelée parfois la Speedbeat, ou HPG (High Precision Garantee) avec son calibre 28.800alt/heure, encore celle de Zewok, très belle et en bel état:
C’est l’âge d’or des montres mécaniques et des montres réveils. On trouve pas mal de vieux manuels, de vieilles pub sur le net. La présence des montres réveils y est toujours importante, signe de la popularité de cette complication. Dans les années 60, 70. Les chiffres dans ces années indiquent 270.000 mouvements alarme produits chez JLC.
Puis le quartz vient tout chambouler. La série est mise quelques années en sommeil, pour revenir parfois sous forme de réveil puis à nouveau l’année dernière sous son vrai nom de Memovox.
Une petite de la Réveil de Gorgi (cal 914 manuelle):
Coté sonnerie, je dirai que les premières Memovox sonnent plutôt comme un criquet, les 916 plus aiguës, et le 956 sonne et résonne vraiment.
Si le modèle évolue (je vous évite les trucs un peu étrange des 70s), le dessin général est conservé, la filiation entre les années 50 et le modèle 2010 ne fait aucun doute.
A noter que la gamme comprend aussi de nombreuses « sportives », telles les Deep Sea Alarm, Polaris, Amvox I, Master Compressor Alarm Navy Seal… mais je voulais une vraiment classique habillée, dans l’esprit des premières Memovox.
Justement, regardons cette nouvelle Memovox.
Commençons par un petit mot sur l'emballage. Ca n'est pas très important, mais il est soigné, et a de l'allure.
La montre. Boitier de 40mm, une épaisseur totale de 14mm et un 47mm de corne à corne.
Ca fait un bon gabarit pour une montre habillée, mais plus petit compte tenu de l’épaisseur n’aurait pas arrangé les choses. Elle me convient parfaitement avec ces dimensions et ces proportions.
Ses deux couronnes gravées du logo JL, très (trop ?) fines, lui donne un aspect un peu sportif qui va parfaitement avec ses dimensions.
Le boitier est poli et avec ses flancs droits, il est un peu tristoune je trouve. J’aurais pas été contre une boite plus travaillée, mais c’est un détail.
Le fond par contre est superbe, gravé, bien travaillé. Il alterne les textes polis et la gravure reprenant le dessin des Memovox.
Sans fond plein, une Memovox pour info, ça donne ça, (photo chrono59, revue de sa Memovox de 2001, cal 914 manuel)
c'est pas inintéressant, mais pas particulièrement beau. Le fond plein est tout à fait justifié.
J’ai choisi un bracelet croco marron assez sombre, qui donne un peu de chaleur au tout. Un bracelet noir lui irait aussi très bien, voire même bleu très foncé (non, pas un deubelridge), mais on verra ça plus tard.
La boucle déployante est assez fine, et même sans fermeture de sécurité, elle inspire confiance.
Passons au cadran. Une des jolies réussites de ce modèle.
Le soleillage du cadran et du disque tournant, ainsi que le profil de ceux-ci donnent un aspect changeant des reflets très agréable. La couleur, elle ne change pas, on reste dans un gris argent, un peu froid. Les index flèches viennent tout droit des modèles des années 50. Ils sont polis assez petits et tiennent compagnie au 12, 6 et 9 et au cerclage de la date.
Le logo Jaeger-LeCoultre est peint, il tient juste dans la place restante entre le 12, les index et le disque tournant qui lui a un « Memovox » se déplaçant au gré des heures de l’alarme et un triangle luminové pour indiquer l’heure en question.
Les aiguilles sont assez particulières. La forme, pas tout à fait dauphine, sont très élancées, et vont très bien avec l’ensemble. Elles sont polies d’un coté, poudrées sur l’autre facette et ont un trait de luminova au milieu.
C’est joli à voir, dans la nuit ça ne marche pas vraiment, mais ça fait de beaux dessins selon les heures. Niveau lisibilité, ça rend le tout assez moyen je trouve.
L’aiguilles des secondes est très belle. Longue, fine et bleue, avec un contrepoids marqué, son mouvement anime merveilleusement le cadran.
Mais, la botte secrète de la JLC, c’est son mouvement. Le calibre 956 est la toute dernière version de la longue lignée des calibres alarme de JLC. Cette marque jouit d’une grande réputation dans la conception et la fabrication de mouvements en général, et est incontournable quand il s’agit de cette complication.
Pourtant, ils ont éviter de s’endormir en créant le 956, évolution logique des calibres précédents, corrigeant quelques petits manques. Le 956 date de 2008, il a été introduit avec la Tribute to Polaris, puis l’année d’après dans les Navy Seals.
28.800 alt/h, passée par le 1000 hours control, 45 heures de réserve de marche. Les roulements du rotor sont maintenant en céramique et ne nécessite plus d’entretien.
J’ai lu des objectifs de 2mn par mois, des tests sous deux température, tests de chocs, le tout mouvement monté dans sa boite, mais j’aimerais bien connaître leur grille de contrôle et leurs objectifs de réglage. Toujours est il que la mienne tient environ 1s/jour, c’est pas mal du tout. Le chronocomparateur confirme avec de très bons résultats la très bonne marche et le bon réglage du mouvement.
Avec ça, on a aussi un beau mouvement, bien décoré qui est censé ressembler à ça :
Coté amélioration, ce calibre a enfin la date rapide, je trouvais ça pénible sur les générations précédentes. Ici, elle se règle avec la couronne de l’alarme. Un sens pour la date, un sens pour l’alarme, faut pas se tromper, c’est sur le même cran. ça a beau être indiqué sur la couronne à 2h, je me trompe une fois sur deux, mais je préfère ça à l'absence de date rapide.
La complication maintenant. C’est finalement assez simple. On emmagasine de l’énergie manuellement dans un deuxième barillet, et comme l’indiquent les schémas ci-dessous :
(Schémas tiré de la théorie d’horlogerie, excellent bouquin que je recommande à tout ceux qui veulent comprendre comment fonctionne une montre)
schémas
Son énergie se libère quand le disque et la roue des heures s’aligne, et met en mouvement le marteau qui vient faire résonner un timbre suspendu. Cette solution, par rapport à la sonnerie sur un tenon fixé sur le fond de boite, permet un son superbe, assez cristallin.
La sonnerie dure environ 20 secondes, permet tout à fait de se réveiller (en tout cas moi), même en restant dans la boite à montre.
En relisant, je me dis que ça manque un peu d’enthousiasme tout ça… pourtant, je vous assure que j’adore la porter. C’est une montre sobre, élégante, assez discrète comme j’aime, le tout motorisé par une des références en conception de mouvement. J’adore la faire sonner pour tout et n’importe quoi (ça va du réveil à l’apéro en passant par n’importe quel truc à ne pas louper). Une montre que je serai toujours heureux de porter dans 20 ans, quand elle sera devenue une vintage (comme moi).
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