ilium Candeur et décadence | Dans la série des Seamaster, les modèles Aquaterra m'ont toujours beaucoup plu. Du chrono de régate aux versions plus classiques, j'aime cette série à cheval entre 2 mondes, à la fois sportive et habillée. Et cette version dotée d'un cadran dit "teck" et du nouveau calibre Omega m'a immédiatement tapé dans l'oeil.
Boîte / lunette / couronne :
41.5mm de diamètre (il existe une version 39mm) pour 13mm d'épaisseur, mensurations assez standard qui en font une montre portable par tout le monde. C'est le boitier lyre habituel chez Omega donc pas de grande originalité de ce côté.
Saphir bombé sur le dessus et traité anti-reflets, ce qui est une bonne idée car bombé sans anti-reflets, c'est pas terrible pour la lisibilité. La lunette est polie pour donner un style habillé, simple mais efficace.
Fond vissé transparent pour admirer le mouvement qui, ça tombe bien, vaut a priori le coup d'être vu, même si, automatique oblige, le rotor fait qu'on ne voit finalement pas grand chose. Couronne vissée assez large et confortable avec un joli crantage. Remontage manuel possible donc. Le tout est étanche à 150m ce qui fait qu'on peut la sortir en dehors du bureau.
Cadran / aiguilles :
Le cadran est un des points fort de la montre: gris avec des barres sensées rappeler le pont en bois d'un navire, d'où le "teck". Pas franchement classique mais moi j'aime et je trouve que c'est une grande réussite avec un cadran riche sans être chargé, qui change de couleur suivant la lumière (d'intensité serait plus juste car il n'y a pas d'irisations) et qui a de beaux effets d'ombres. Ils ont eu la bonne idée de ne pas mettre trop de littérature dedans même si encore moins restait possible.
Index appliqués, assez proéminents, chargés de luminova, en forme de triangle, un style à eux très cohérent avec le reste. Guichet de date dans le même style et plutôt bien intégré à 3h, un peu profond peut être si je devais chipoter.
Aiguille triangulaire pour les heures avec luminova, aiguille flèche pour les minutes avec luminova sur la pointe, trotteuse fine avec triangle changé de luminova et pointe. Les aiguilles ont des alternances poli / brossé de toute beauté. Rien à dire, c'est plutôt réussi et ça va bien avec le cadran.
Néanmoins, les aiguilles des heures et des minutes auraient pu être un peu plus longues. Autre petit loupé: la montre dans le noir. Le luminova sur les aiguilles fait que ça ne ressemble à rien: l'aiguille des heures devient très courte et celle des minutes se retrouve réduite à la pointe de flèche. Pas très lisible tout ça.
Bracelet :
Métallique, plein (maillons d'extrémité aussi), plat et droit, simple, finition brossée dessus-dessous et polie sur le côté, boucle déployante papillon plutôt élégante et qui donne une impression d'unité au bracelet. De mon point de vue, c'est un des plus beau bracelet métallique habillé que j'ai pu voir: à la fois simple et élégant. En plus, ils ont eu le bon goût de fournir 2 demi-maillons pour l'ajuster finement. Les maillons amovibles sont fixés par des goupilles bloquées de part et d'autre par des vis: bien vu pour les vis mais quand on ajuste il faut dévisser des 2 côtés pour pouvoir pousser la goupille donc si esthétiquement ce n'est pas désagréable, d'un point de vue pratique, on fait mieux.
Calibre :
Un 8500 de chez Omega, sorti en 2007 et marquant le retour de la marque aux calibres de manufacture. Ce terme est complètement galvaudé et relève souvent plus du marketing qu'autre chose mais il n'empêche: Omega a fait plus que rajouter son échappement co-axial et bricoler 2-3 trucs sur un ETA et ça, c'est plutôt une bonne nouvelle.
Que dire de ce mouvement si ce n'est qu'il est bien décoré avec des côtes de Genève cintrées, finition 100% rhodiée, vis noires. Ce n'est pas de la haute horlogerie avec des anglages fait main mais c'est très propre.
Niveau technique, un calibre qui bat à 25200 oscillations par heure (soit 7 oscillations par seconde), équipé d'un double barillet (qui apporterait une plus grande stabilité de la source d'énergie et une réserve de marche de 60 heures) et le fameux échappement co-axial, qui équipe la quasi-totalité des Omega récentes. Le calibre est COSCé et semble précis car les exemplaires que j'ai pu voir tenaient moins d'une seconde de décalage par jour (méthodologie discutable j'en conviens). Dernière innovation du calibre: un balancier-spiral libre et
sans raquette pour les réglages qui apporterait une plus grande précision là encore. Il semblerait que les dernières version de ce balancier-spiral soient en silicium ce qui serait encore vachement plus mieux mais ça ne concerne a priori pas le 8500 (pas encore?).
Originalité du calibre: son second cran qui permet un réglage sans stop seconde par saut d'heure avant - arrière qui fonctionne aussi pour le saut de date (on peut donc reculer la date). Ce saut d'heure en fait une montre de voyageur. Par contre, pour le réglage de la date, 15 jours de décalage (le maximum), ça fait 360 sauts d'heure... on fait plus pratique. Heureusement qu'on peut reculer ce qui limite l'impact dans certains cas.
Conclusion :
Au final, une de mes montre préférées en raison de son côté à la fois sportive et habillée, avec une vraies personnalité sans être trop originale non plus, avec des finitions excellentes, des défauts mineurs, le tout équipé d'un calibre de manufacture et dans une taille portable facilement. Bref, une montre à l'aise dans toutes les situations et sans être insipide ce qui est parfois le risque des compromis. Je suis sous le charme...
Prix officiel : 3550 euros (son prix "objectif" au vu du second marché serait plutôt de 2500-3000)
Spoiler :
Paragraphe superflu à usage du dredi...
L'échappement co-axial :
Un peu de technique : http://www.horlogerie-suisse.com/E [...] Chap11.htm
Je profite de l'occasion pour un petit apparté sur l'échappement co-axial apparu en 1999. Je laisse la technique à ceux qui savent mais l'idée, outre l'aspect marketing a priori intéressant de faire une innovation qui permet de se démarquer de ses concurrents et de donner un côté exclusif à ses calibres, était d'avoir un système avec moins de frictions donc plus stable donc plus précis, et des entretiens plus espacés que pour les échappements classique (à ancre). Après un peu plus de 10 ans d'existence, il semblerait que le pari ait été au moins partiellement gagné par Omega: ce n'est sans doute pas une révolution dans le monde de l'horlogerie mais ça offre une alternative aux échappements classiques.
Au niveau des défauts, quelques critiques émanant de personnes qui savent ce qu'elles racontent, méritent qu'on s'y arrête:
-d'abord, on reproche à cet échappement le fait qu'il soit très délicat à entretenir car tolérance de quelques microns sur les ajustements. Il sera donc exclusivement entretenu par Omega et il faut a priori oublier l'idée qu'un petit horloger indépendant puisse intervenir dessus. Pas un bon point donc même s'il faut noter au passage que ça va dans le sens de la stratégie de la marque consistant à reprendre la main sur la distribution et l'entretien de ses tocantes (ce qui est un peu inquiétant pour l'avenir).
-ensuite, on lui reproche sa cadence: la précision est a priori plus grande avec les calibres à 8 ou 10 oscillations par seconde et surtout la course de la trotteuse est plus fluide et là ce sont des calibres à 7 oscillations par seconde. Dans les faits, certes c'est un peu moins fluide mais au niveau précision, il semblerait que ce soit au moins aussi bon que les calibres non co-axiaux. Match nul donc.
-enfin, on lui reproche des problèmes de fiabilité: les premiers 2500 ont connu plusieurs révisions et c'est à cette occasion qu'Omega est passé de 8 oscillations par seconde au début (comme avec les anciens calibres), à 7 oscillations par seconde. Il n'empêche: cela semble être du passé, l'échappement semble fiable et stabilisé et rien de permet aujourd'hui d'affirmer le contraire.
Alors que penser de cet échappement? Comme écrit ci-dessus, je pense qu'Omega a réussi un coup pour eux, leur permettant de se distinguer de leurs concurrents mais ça risque fort de ne pas marquer l'histoire de l'horlogerie. Bref, niveau précision et stabilité, s'il n'est pas meilleur que les autres, il n'est en tout cas pas moins bon. Pour la fiabilité, sachant qu'Omega garantit ces calibres 3 ans contre 2 ans pour les autres, même si le marketing est passé par là, on peut raisonnablement penser que le calibre est au moins du niveau des précédents.
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Ah oui, taggrevue aussi.  |