Mine anti-personnel | -id- a écrit :
Spoiler :
Ce que j'ai pas aimé
- C'est rare de voir des scènes de voiture ratées à ce point, même dans des petites séries les cascades sont mieux réalisées et mieux filmées ! Tout est mal rendu : pas d'impression de vitesse, c'est mal filmé, les bruits des moteurs sont mal faits, les manœuvres n'ont aucun sens... C'est hyper amateur. Heureusement qu'il n'y a pas beaucoup de scènes de voitures. D'où vient le problème, pas de budget ?
- Le film est super mou, chaque plan dure 20 secondes. Le héros parle à peine, il fait des petits sourires... A la moitié du film, on comprend que c'est fichu, que le réalisateur ne passera pas la seconde. Et forcément, comme le film a eu du succès, on se doute qu'il y a une fin suffisamment originale et on devine aisément laquelle.
- Les incohérences : le parrain de la mafia sait que le héros est un putain de tueur et il va seul récupérer 1 M$ dans le coffre de sa voiture sur un parking. Normalement, ces types sont escortés par plusieurs gardes du corps en permanence.
- Je n'ai pas trouvé le héros très intéressant. A être trop différent, il me paraît malsain et autiste, il est la plus grosse incohérence du film, il aime plus le gamin que sa mère, à la fin il laisse l'argent, la fille et son gosse, c'est à se demander ce qui l'intéresse dans la vie. Le fait qu'il puisse alterner calme et violence me fait penser au putain de psychopathe qu'on voit dans le film Dog pound qui ne dit rien et soudain est capable de péter un câble et tuer quelqu'un à mains nues sans sourciller.
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Je n'ai pas trouvé le héros très intéressant. A être trop différent, il me paraît malsain et autiste, il est la plus grosse incohérence du film, il aime plus le gamin que sa mère, à la fin il laisse l'argent, la fille et son gosse, c'est à se demander ce qui l'intéresse dans la vie. Le fait qu'il puisse alterner calme et violence me fait penser au putain de psychopathe qu'on voit dans le film Dog pound qui ne dit rien et soudain est capable de péter un câble et tuer quelqu'un à mains nues sans sourciller. |
bordel, y en a un qui a compris , mais en fait non [/quotemsg]
-id- a écrit :
moi j'en vois souvent, c'est justement pour ça que je trouve les scènes de Drive très mauvaises
Spoiler :
Scène d'ouverture : le héros fonce à plein régime, un plan subjectif montre qu'il y a un SUV devant lui. Plusieurs plans de suite montrent le SUV toujours aussi loin devant, à croire qu'il roule à 200 lui aussi. Scène en stock car : on voit 2 secondes de circuit.
Scène de la cascade sur un tournage : elle est mauvaise.
Scène de la poursuite Mustang / 300 : hyper mauvaise, les bruitages moteur sont mauvais, à un moment, on ne sait pas pourquoi la Mustang fait un 180° et se met en marche arrière (?) puis se remet dans le bon sens et la 300 atterrit on ne sait où ni pourquoi.
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On voit TOUTES les scènes de voiture du film dans la bande annonce. C'est trompeur, moi je m'attendais à voir un Fast n' Furious alors qu'en fait pas du tout. Pourquoi ne pas assumer le style du film ?
J'ai bien compris qu'ils avaient cherché à créer un personnage atypique, profond et intéressant. Sauf que pour moi ça a fait l'effet inverse, car le personnage est trop incohérent. A vouloir trop aller contre les clichés, ils sont tombés dedans. Une sorte de conformisme dans l'anti-conformisme. Mais bon, le personnage principal reste le seul intérêt du film 
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Ce reproche revient souvent: "han mais le film est mauvais, c'est pas comme ça qu'on conduit une voiture !" etc. Autrement dit : le film n'est pas conforme à la réalité extrafilmique. Ce reproche repose sur un présupposé implicite: un film doit reproduire la réalité telle qu'on la voit et la vit tous les jours, au moins pour les ustensiles et les ressorts psychologiques des personnages; on sait que l'histoire est une fiction mais elle doit être vraisemblable. Ce présupposé est faux. Un film est une oeuvre d'art. On ne fait pas ce genre d'objection à un poème, un roman, une symphonie ou un tableau. C'est comme si on disait de La femme qui pleure de Picasso que ce tableau est incohérent et mal fait parce qu'une femme ne ressemble pas à ça. Ce qui nous trompe dans le cinéma, c'est qu'il repose sur une enregistrement photographique de lieux et d'actions, ce qui semble impliquer ontologiquement une reproduction fidèle de la réalité.
Un film n'a pas à être réaliste, ni d'un point de vue technique ni d'un point de vue psychologique, il doit être cohérent avec lui-même. C'est une symphonie qui assemble des images, des plans, des bouts de dialogue, des bruits et de la musique. La symphonie peut réussie ou ratée, originale ou imitée, mais le respect photographique de la réalité n'entre pas en ligne de compte. Tous les chefs-d'oeuvre d'Hitchcock sont invraisemblables d'un point de vue strictement réaliste.
Ce qu'on reproche au film est précisément ce que j'admire le plus : la voiture n'est pas une voiture mais un vaisseau spatial qui explore Los Angeles la nuit. Les paysages urbains montrés ont été soigneusement choisis pour accentuer cette "inquiétante étrangeté", le bruit du moteur a été travaillé en studio pour renforcer la "personnalité" de la voiture, qui se charge d'exprimer d'une certaine façon les sentiments du héros, qui lui se refuse à exprimer toute émotion. Quand la voiture croise une autre voiture, l'effet doppler est renforcé. L'habitacle est une bulle, par laquelle le héros vit le monde et s'en protège, la voiture est aussi son arme.
Un autre exemple d'utilisation non réaliste des objets est la porte de l'ascenseur: après que le héros a écrabouillé la tête du type avec son pied, la porte de l'ascenseur se referme très lentement, avec un bruit très bizarre qui a manifestement été travaillé en studio. Il n'existe certainement aucune porte d'ascenseur au monde qui fait ce bruit-là, mais cette porte a une fonction bien précise: elle matérialise la coupure infranchissable entre le héros et la fille qu'il cherche à rejoindre.
Quand à la psychologie du personnage: il appartient à une tradition bien précise dans le cinéma, celle du tueur solitaire et taciturne (Taxi Driver de Scorcese et surtout le Samouraï de Melville). Le driver est à la fois sur-adapté techniquement dans le monde dans lequel il vit et sous-adapté socialement. Les deux sont liés, c'est précisément parce qu'il est sur-adapté techniquement qu'il est sous-adapté socialement et affectivement. Le sens de l'admirable scène d'ouverture est de montrer qu'il déjoue ses poursuivants non par la vitesse mais par la ruse et la maitrise absolue de ses émotions. Un mot sur cette scène: on n'a jamais vu une scène photographiée comme ça (sauf un peu chez Mann) à la fois sombre et brillant, c'est un film noir en couleur. La bande-son est particulièrement réussie avec la superposition de plusieurs couches: musique techno lancinante, commentaire sportif, scanner donnant les transmissions de la police et bruits de moteur ou bruits extérieurs amplifiés au bon moment.
La sur-adaptation technique du héros se retourne contre lui lorsqu'il s'aventure à faire ce qu'il s'interdit d'habitude: céder à ses émotions et tenter d'établir une relation avec la fille (comme Delon, dans le Samouraï, qui tombe amoureux de la pianiste). Lorsque ce début de relation entre en conflit avec son business, il tente de la protéger avec ses armes habituelles mais ce sont justement ces armes qui vont en même temps l'éloigner de la fille.
Quant à la bande annonce: oui, elle est trompeuse. Le film se vend commercialement comme un film de bagnole à la Fast and Furious. Les gens qui vont voir ce film pour passer un bon moment de froissage de tôle sont forcément déçus. Faire un flm coûte cher, il faut bien fourguer commercialement la camelote. Mais ce film n'est pas plus sur les voitures que Taxi Driver.
Au fait: le réa n'a pas le permis de conduire et il ne connaît rien aux bagnoles.
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