Reprise du message précédent :

Je viens d'abandonner à la moitié du roman. C'est un peu chiant en fait...  

J'avoue n'en avoir aucun souvenir précis (lu il y a bien 20 ans...), mais je sais au moins que c'est un de mes romans préférés. "Un peu chiant", c'est assez lapidaire  

Ceci dit, les goûts et les couleurs blablabla

Bah je trouve l'histoire pas passionnante. Ca n'avance pas vite, et je n'aime pas le style.  

D'ailleurs... Vous aussi vous oubliez à peu près tout de vos lectures, même marquantes ?

C'est un des drames de ma vie, sincèrement Souvent je lis ici des posts à propos de bouquins que j'ai lus et je me rends compte que je n'en garde que de vagues impressions. Les possédés (ou Les démons) par exemple, récemment, ou À l'Est d'Eden en l'occurrence.

Pour les romans passe encore, mais je me demande bien pourquoi je lis encore des essais, de la philo, etc... Que cela me plaise ou me donne des perspectives nouvelles sur un sujet semble n'avoir aucune importance, vu que de toutes façons j'aurai tout oublié quelques mois après.

Je suis sûr que j'aurais pu avoir une brillante carrière académique sans ce léger défaut cérébral  

Oui, j'oublie petit à petit avec le temps. Comme pour un film ou une série. C'est normal.

Je ne me souviens jamais des histoires. J'ai en revanche des souvenirs d'images mentales (mais inutiles : la couleur d'un vêtement, d'un objet, une action sans importance...) et des souvenirs de phrases ou d'expressions.

J'ai remarqué que je me souviens bien plus facilement des histoires des romans que je n'ai pas aimés.

 
En même temps il s'y passe pas grand grand chose c'est normal
 
Quand c'est des petits livres (≃300p) je les ressors de temps en temps pour me rafraîchir la mémoire.

Pareil, mais à moins d'avoir relu plusieurs fois le livre, ça ne me choque pas que ça ne reste que par bribes et par impressions.
En même temps c'est logique, un livre c'est plusieurs heures d'informations en continu, sur un support à mon avis moins facile à mémoriser que du son ou des images.

 
Ça passe le temps pour ceux qui adorent la bonne littérature, mais pour ceux lisent pour le plaisir, c'est pas facile.  

En achat de vacances j'ai lu Les Enfants de la Clarée de Raphaël Krafft.

Tout d'abord j'aime bien la couverture et la mise en page du texte. C'est un reportage, très bien apposé au format texte, écrit par un journaliste spécialiste des migrants. Le livre m'a attiré car le point de départ du livre est le passage de migrants dans un coin des Alpes que je connais un peu (vallée de la Clarée). L'auteur va donc à la rencontre de quelques acteurs locaux qui récupèrent (voir sauvent) des migrants d'origine africaine qui passent à travers la montagne depuis l'Italie, ce ne sont pas des passeurs mais des montagnards qui ne peuvent pas ignorer des êtres humains en danger à leur porte. Ces gens cohabitent tant bien que mal avec la police et les autorités françaises qui ne s’embêtent pas avec des états d'âmes et ne poursuivent pas les mêmes objectifs (parfois au mépris de la loi). Remarquant que ces migrants viennent principalement de Guinée, l'auteur va aussi entreprendre un voyage en Afrique pour tenter d'en apprendre plus sur leur origine et les raisons de leur départ, c'est une partie du livre riche d'enseignement.

Une lecture qui m'a un peu marqué, c'est bien écrit d'abord puis le sujet est évidemment touchant. La rencontre avec les locaux, qui apportent vêtements, nourritures et refuge, est forte. Le reportage en Guinée est aussi révélateur, avec une connotation plus internationale et beaucoup d'argent gâché pour de mauvaises solutions. Une pierre en plus sur le drame qu'est la gestion des migrants, certains pourront dire que le livre ne raconte rien de neuf.

En lecture de retour de vacances, Timika de Nicolas Rouillé.

Il n'a pas fait beaucoup parler de lui ce bouquin mais il est pourtant très bon. On part en Papouasie Occidentale, une région sous le contrôle de l'Indonésie. Une région où vive les Papous, qui sont considérés comme des sous-citoyens par les Indonésiens. Ajoutez une gigantesque mine d'or en pleine montagne et le tableau commence à se dessiner : des richesses approprié par une minorité au pouvoir, de la corruption partout, les indigènes qui vivent des miettes de tout ça dans la misère et entraîne évidemment des conflits plus ou moins violents réprimés par l'armée omniprésente.

L'auteur, français, à effectué plusieurs voyages dans cette région et cette mine d'or existe vraiment, comme le reste. L'histoire du roman est inventée mais est basée sur des faits réels, on dénombre de 150 000 à 400 000 morts depuis l'installation de la mine dans les années 60, le conflit est toujours en cours.

C'est donc le récit de plusieurs personnages aux origines, cultures et parcours différents. On a un indonésien pauvre qui débarque pour tenter de faire fortune, un lieutenant de l'armée indonésienne, des jeunes papous tentés par la lutte armée, des vieux papous qui luttent pour la paix, des occidentaux prix entre deux feux, un tenancier de cabaret mafieux. C'est le schéma colonial classique avec les occupants qui exploitent à leur profit les ressources sous couvert d'apporter la civilisation et les locaux qui voient leur culture disparaître, leur environnement détruit sans voir la couleur du reste autrement que par la fenêtre des grands hôtels.
Cependant j'ai apprécié l'approche, il y a pas de grand méchant dans ce roman, que des êtres qui essayent de faire vivre leur famille, de s'enrichir avant de rentrer au pays, tout n'est pas rose évidemment et certains profitent de la situation mais la corruption, la mine, tous ces points noirs sont représentés de façon global, comme une grosse machine obscure dont les personnages de l'histoire ne sont que des rouages qui pris individuellement ont peu d'impacts mais qui contribuent tous, à leur petite échelle, à perpétuer le cycle de la violence.

À noter un travail d'édition salopé, il manque des mots, il y a des phrases qui ne veulent rien dire, on dirait un brouillon. Bravo le travail de relecture. À part ce défaut sur la forme, je n'ai pas vraiment de reproche à faire, c'est bien écrit, réaliste, varié, documenté, les fossés entre les cultures est parfaitement représenté, les nombreux personnages ont tous leurs caractères, histoire et personnalités. Ce n'est pas un voyage très heureux en Papouasie mais on n'a pas souvent l'occasion d'en entendre parler, je remercie l'auteur de s'y être attardé et je suivrai ses éventuelles prochaines écritures avec attention.

Je conseille sans hésiter ces deux livres.

C'est un des plaisirs de la mienne Je relis beaucoup, et quand je rouvre un livre que je me rappelle avoir aimé, je redécouvre le plaisir authentique qui est mieux que mon souvenir. L'humour des premiers chapitres des Trois mousquetaires qui me fait sourire comme quand je l'ai découvert, le parfait agencement du Destin et des actions d'Edmond Dantès qui m'ébahit à chaque fois, une soudaine tournure de phrase de Jane Eyre qui me donne l'impression qu'on me met à nu, la fin des Misérables qui me fait pleurer comme une merde.

C'est comme quand on se rappelle un tableau, on se dit ah oui, c'était beau cette sorte de jaune saumoné, et quand on se retrouve devant la toile avec tout juste la bonne lumière, l'attente d'avoir fait le chemin, l'idée qu'on sera peut-être blasé, PAN on prend Turner en pleine face au détour du mur.

Ah pareil, vivement que je sois sénile et que j'oublie le Bonheur des Dames

Merci pour les retours, j'ai acheté direct.
Tu fais comment pour trouver des lectures toi ?

J'oublie beaucoup, ça m'ennuie beaucoup. J'aimerais avoir la capacité de conseiller tel ou tel truc (ça ne concerne pas que les livres malheureusement ) du tac au tac, quand on me demande, mais ça dépasse largement mes capacités. Sans ordinateur (avec internet ou un listing de mes lectures) je suis perdu. Je suppose que c'est un mal moderne.

 
J'ai beau me rappeler à quel point les descriptions sont belles, elles me plaisent toujours autant. Les soies dont les plis brisés font de petites flammèches et tout

En fait pour kiffer Zola, faut juste être un geek du sujet abordé dans un tome donné
Je suis sûre que les horticulteurs kiffent La faute de l'abbé Mouret, les cuisiniers Le Ventre de Paris et les ferrovipathes, La bête humaine

Le premier était un coup de cœur d'une petite librairie sympa à Aubenas, le deuxième faisait partie de la sélection estivale 2019 de la médiathèque (2019 car faut pas compter pouvoir emprunter ceux de 2021).

J'y étais il y a 10 jours
Mais pas eu le temps de faire le tour des librairies  

J'y étais il y a 35 ans, on a failli se croiser

C'est pas faux.  
 
J'ai bien kiffé "L'argent", qui parle de la Bourse.  

Pour celles et ceux qui veulent se faire un petit cadeau avant Noel :  
 
https://www.nouvelleetude.fr/vente/116189

J'ai fait ça une fois, je l'avais raconté quelque part sur HFR, c'était marrant comme expérience

Je suis allé voir l'expo des dessins de Victor Hugo dans sa maison place des Vosges, franchement ce n'est pas terrible.
Il n'a pas le même talent que pour ses romans.  

 
Je confirme, j'ai adorée La Curée !  
 
Mais j'y connais rien en immobilier  

Il y aurait apparemment peu de dessins (3) et beaucoup de correspondance.

A partir de 200 €.

Edit : https://www.drouot.com/news/actuDetaillee/80738

Il parle de l'expo actuelle à la Maison de Victor Hugo, à Paris, où il y a beaucoup de dessins (c'est un peu le thème de l'expo   ). J'ai fait un CR : https://forum.hardware.fr/hfr/Discu [...] #t63754747 et contrairement à chienBlanc, je lui trouve beaucoup de talent.

 
Du talent ? ce sont des dessins de ce genre là :
 

 
On dirait que c'est un gamin de CE2 qui les a faits. Aucun intérêt pour moi.

Ce sont des croquis qui illustrent un procès, une série de caricatures d'ailleurs très expressives. Le reste de l'expo (je sais pas comment tu as fait pour te téléporter du RDC à la dernière salle du 2ème et ne pas voir les 4/5èmes de l'expo ), c'est dans ce style (en plus beau en vrai, évidemment) :
 

Il est super expressif le gribouillis dragon

Hugo dessinait souvent au trait dans les marges, des monstres ou des personnages qui ne ressemblaient un peu à rien. Mais il savait aussi faire des choses très inventives, en imprimant des motifs de dentelle trempée dans de l'encre ou du café, en utilisant des pièces de monnaie comme des tampons, en superposant les pochoirs positifs et négatifs. Le résultat peut être saisissant.

Des sortes de dessins automatiques (période spirite) avec impression de dentelles et taches d'encre ou de café :

Des dessins du grand et du petit :

Des châteaux imaginaires qui dialoguent avec leur ombre :

Et des mélanges de techniques comme pour l'un des dessins les plus célèbres, le Phare des Casquets tout droit sorti des Travailleurs de la Mer :

1566, fake, c'est pas le même Hugo

 
Oui, j'ai vu ça à l'expo, et désolé mais je trouve ça très moche.
 
 
Sinon, je me suis pris quelques livres pour les vacances :
LE JOUEUR D'ÉCHECS / STEFAN ZWEIG
Thérèse Raquin / Emile Zola  
La famille royale au Temple : le remords de la Révolution : 1792-1795 / Charles-Eloi Vial
L' histoire secrète de la droite française. 2, La haine : les années Sarko / Gérard Davet, Fabrice Lhomme
 

 
Je ne connaissais pas du tout mais je trouve notamment les châteaux et le phare magnifiques.

Le cadre du troisième (cadre aussi fait par Hugo) est un peu chargé

Dans ma jeunesse, j'avais au mur deux reproductions, le Château de Vianden et le Gai château, qui sont plus sobres et clairs dans le dessin :

J'aime beaucoup les parties laissées en réserve dans ce dernier, à droite.

Edit : c'est un peu HS mais je lis Better Data Visualizations en ce moment donc je peux pas faire des CR de lecture en mode neiges de notre enfance tout ça

Très chouettes.    
 
Effectivement le cadre est p'têt un poil too much...  
 
Je vais aller regarder ça de plus près tiens.

J'ai lu La disparition de Joseph Mengele d'Olivier Guez, prix Renaudot 2017.
 
C'est l'histoire romancée de la cavale de Mengele en Amérique du Sud. C'est à la fois profondément déprimant (notamment la position de la RFA qui n'a rien fait pour aller chercher les nazis là-bas, voire qui les a protégés; et aussi bien sûr la famille d'industriels Mengele qui a soutenu JM jusqu'au bout), et assez jouissif, parce qu'après la capture d'Eichmann (que Mengele avait rencontré) Mengele a pris peur et a passé une bonne quinzaine d'années dans la peur et la paranoïa, à vivre comme un rat dans des endroits insupportablement cosmopolites.
 
Ceci dit j'ai trouvé l'écriture un peu "facile", et je n'ai pas appris grand-chose, à part un détail d'importance: c'est Fritz Bauer, procureur ouest-allemand d'origine juive, qui a balancé Eichmann au Mossad, parce qu'il savait que les services allemands ne feraient rien pour l'attraper. C'est quand même dingue .
 
Et sinon je viens seulement de réaliser que Joseph est un prénom hébreu  

Trouvé les Misérables dans une boîte à livre, c'est un signe des Dieux qu'il faut enfin que je m'y colle
 
Et ses dessins et lavis sont magnifiques !

 
Pardon ?
Steinbeck chiant ???
 
Il n'a pas le style le plus fin qui soit, mais ce n'est jamais chiant.
Et surtout pas A l'est d'Eden.

 
Peut-être qu'il n'aimait pas son prénom

Moi je trouve que les romans d'Hugo sont chiants et que Steinbeck dessine comme un gamin de 12 ans.  

C'est un des trucs que j'aime bien avec Hugo, c'est qu'il en a rien à battre. T'as pas envie de subir cinquante pages sur l'histoire des égouts ? C'est pas son problème, allez mets ta ceinture on est parti