Reprise du message précédent :
J'ai lu Que le diable l'emporte de Anonyme, son dernier. C'est génial. C'est de la même qualité que les précédents. Il est fort cet "anonyme"

Tu trouves ça chiant?
Si tu peux développer ce que tu reproches (surtout sur le style), ça m'intéresse.

 
Oui, c'est assez nul.
Beaucoup trop de mots pour ne pas dire grand-chose au final.

J'ai bien aimé l'éducation sentimentale.
Madame Bovary c'était limite.
Salammbô m'est tombé sur le nez.

J'ai beaucoup de mal à dire ce qui me déplaît chez lui. Sur le papier c'est très beau, très bien écrit, ça devrait me plaire mais non. J'y suis totalement imperméable en fait. Je lis des trucs qui doivent susciter l'émerveillement, des torrents d'émotions et tout et tout et moi je m'emmerde.
Vous savez cette sensation qu'on a dans une expo d'art moderne avec tout le monde qui fait "ahoui, c'est tout bonnement fabuleux", "on dirait la réminiscence d'une souffrance oubliée", "quelle audace dans le geste" et toi tu vois des gribouillis en buvant du champagne tiède sans bulles et y a plus de petit fours.

   
Je comprends un peu mieux.
"Imperméable", c'est le bon mot j'imagine.
 
Par contre, ta comparaison est un peu faussée.
L'écriture de Flaubert ne laisse justement que peu de place à l’interprétation. On peut y être rétif, mais c'est très loin d'une toile contemporaine  où l'on peut se demander si l'artiste a peint un chef-d’œuvre, ou juste mal digéré son déjeuner.
 
Et du coup, c'est art contemporain, pas moderne.
Matisse, Kandinsky, Picasso et consorts ne méritent pas le qualificatif de "gribouillis".  
 
Je comprends très bien que l'on soit peu touché par un auteur pourtant porté aux nues. Moi, c'est Hugo qui me gonfle, sauf dans ses oeuvres les plus ramassées.
 
Je réagissais surtout au souriard assez définitif.

Merci pour la culture générale, je connais la différence entre art moderne et contemporain
Et le parallèle n'est pas à faire entre Flaubert et Kandinsky mais entre les publics. Je me sens aussi à l'aise chez Flaubert qu'un amateur de Rembrandt dans une expo de Basquiat, si tu veux, je sens bien que ça parle à plein de monde et que ça a des raisons de le faire mais ça ne marche pas sur moi.

Terminé Casco Bay de William G. Tapply. J'en ai parlé un peu plus haut, on m'avait offert un livre que j'avais déjà à Noël (un bon livre d'ailleurs, Jeu blanc de Richard Wagamese, on en a déjà parlé ici) et il a fallu que je l'échange dans une librairie grand public (= qui vend aussi de la vaisselle, des luminaires et des peluches.) J'étais très content de trouver un minuscule rayon Gallmeister, et je suis finalement très heureux de mon choix.
 
L'histoire se déroule de nos jours à Casco Bay dans le Maine (c'est-à-dire juste à côté de l'endroit où se déroulait l'action du roman que j'ai lu juste avant, détail qui n'amuse que moi) ; le personnage principal est guide de pêche et aussi un peu vendeur, d'ailleurs il est plus ou moins en couple avec son associée mais-c'est-compliqué. Il a accessoirement été frappé par la foudre il y a sept ans et a tout oublié de son passé... dont on se doute rapidement qu'il n'a pas été non-violent.
Bref il emmène un type pêcher, ils font une pause pipi sur une petite île, ils tombent sur un cadavre et roule ma poule.
 
C'est un Gallmeister, c'est une enquête de police dont le personnage principal n'est pas flic, bref c'était un peu gagné d'avance et effectivement, ça m'a beaucoup plu. C'est un livre court, simple, qui tombe un peu parfois dans la facilité ; la toute fin est assez niaise honnêtement, superflue à mon goût, mais rien de tout ça n'a gâché mon plaisir, j'ai vraiment adoré. Pas un grand livre, juste un bon livre très agréable à lire. Petit bémol sans grande importance au final : c'est la deuxième aventure de ce personnage et je suis un peu déçu de ne pas avoir commencé par la première. En revanche je suis heureux de ne pas avoir su ça quand j'ai acheté le livre, parce que sinon c'est sûr je ne l'aurais pas pris.

Finalement une chose m'étonne un peu malgré-moi, je me rends compte que 99% des lecteurs exigent des fins de livre, bonne ou mauvaise, mais en tout cas une fin.

À ce sujet, je viens de finir Le Maître et Marguerite et je me suis fait la réflexion que c'est une fin de livre que j'arrive à lire sans souci, alors qu'il y a des tas de livres dont je ne relis jamais la fin, parce que j'ai du mal avec les fins d'histoire, je veux que les gens continuent à avoir des aventures, pas qu'on me disent qu'ils sont morts au siège de Maastricht ou je sais pas où

J'ai apprécié cette lecture, à part le choix de traduire le nom des personnages, dont j'ai déjà parlé plus haut. Ça conduit parfois à des situations un peu absurdes, il y a un personnage secondaire dont le nom est cité trois fois, une fois traduit, les deux suivantes non. L'absence d'homogénéité entre les noms fait qu'on ne sait pas trop qui est qui, à un moment j'ai décroché (il était 3h du mat' à ma décharge) et j'ai dû revenir en arrière en me demandant qui était As-de-Pique avant de tilter que c'est le nom du chien policier et surtout, quand ta politique de traduction pose problème avec le nom d'un des personnages principaux, je pense que c'est qu'elle n'est pas bonne.

Pour les gens qui voudraient avoir une idée de la traduction, je vous propose le premier paragraphe du chapitre 32 parce que je l'aime beaucoup, j'imagine toujours Boulgakov mourant, en train de le dicter parce qu'il n'est plus capable d'écrire.

Dans la traduction de Claude Ligny, ça donnait :

 
C’est pas de la grande littérature mais j’aime bien, ça me détend. Je préfère ses livres autobiographiques généralement et j’ai beaucoup aimé acide sulfurique.

J'avais bien aimé aussi. Je suis toujours bon client pour les histoires de héros amnésique. J'avais adoré La mémoire dans la peau, à l'époque.

Un besoin d’ordre, de complétion, de sens ? Enfin, ce qu’on ne trouve pas dans la vraie vie.

Encore plus étonnant, 100% des lecteurs exigent un début de livre, bon ou mauvais, en tout cas un début.

Ma fille, plus jeune (8-12 ans) a toujours refusé de lire les dernières pages des livres. Elle ne voulait pas qu'il puisse y avoir une fin

Ah, je vois que Boulgakov, c’est plein de points d’exclamation et ça parle des Dieux et du Destin de l’Homme. Pas étonnant que ça plaise à une Hugolâtre et que j’aime pas.

Oh t'es dure, c'est marrant Boulgakov

Non, j’ai cette version :
 

 
Tu dis ça parce que tu n'as jamais assisté à une fusillade entre le FSB et un chat buveur de pétrole qui tire au browning depuis un lustre où il se balance avec son réchaud de cuisine

Ni un cambriolage de raviolis

Tiens je viens de percuter que le personnage qui s'appelle Berlioz, ça doit être une énième référence croisée avec Faust, par rapport à la Damnation.
Franchement, il aurait dû l'appeler Gounod

 
 
Ils sont au moins quatre, d'ailleurs, il y a Berlioz, il y a Rimski au théâtre des Variétés, le docteur Stravinsky à la clinique psychiatrique, et la bonne de Marguerite qui s'appelle Natacha Prokofievna, et j'en oublie sûrement.

On peut tirer à vue sur Flaubert mais Boulgakov c’est sacré ?    
 

 


 
C'est sûr que beaucoup de choses sont plus intéressantes avec une fin, parce qu

Voilà qui commence à être créatif.

Tiens, voilà un vrai personnage de roman et pourtant bien réel : Beatrice Cenci, zigouillée pour parricide de son salaud de père à 22 ans en 1599. Elle a connu son heure de gloire au XIX. Si je savais écrire, hop, je m'y collerai avec délice. Elle et puis Hélène Gillet, sauvée de manière incroyable du bourreau. Du sang et des larmes, deux femmes bafouées et deux destins qui remuent. Du charbon historique à best-seller, j'en suis sûr.

Insiste un peu, ça vaut le coup.
D'ailleurs, les ventes de ce bouquin ont explosées suite au Covid.

Il y a des gens qui aiment vraiment vraiment les deux ? Ça me paraît un peu antinomique

 
Évidemment.
 
On peut aimer Boulgakov et Flaubert.
Rembrandt et Basquiat.
Mozart et Dylan.
Le bourguignon et les sushis.

Y a notre lézard
Moi j’avoue que je n’ai pas l’esprit aussi large que Randall. L’âme russe, ça me tape sur les nerfs.

Les Russes sont très barrés et il y a énormément de choses absurdes, je comprends que ça plaise pas à tout le monde

 
Et une idée de pseudo : Stendhal.    

Si j'ai bien lu, il n'a pas signé un roman là-dessus. Et les poèmes de Shelley bouarf. Seulement Frederic Prokosch en 1955. Tout reste à faire.

Et Alexandre Dumas c'est du pâté peut-être

Des nouvelles, chérie.

Tu as lu Mémoires d'un chasseur de Tourgueniev ?    qu'il FAUT avoir lu.  

Je confirme! Бежин луг    
A+,

Boulgakov,  je trouve pas vraiment que ça soit “l’âme russe”...

Du coup c'est Flaubert ou Boulgakov le sushi ?