LaMouet a écrit :
Tiens j'ai trouvé ceci, je trouve cela très intéressant. Je ne sais pas ce que fait l'auteur du texte mais les idées sont justes, me semble-t-il.
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Hommage à Jan Palach
Le 16 janvier 1969, sur la place Wenceslas à Prague, s'est immolé par le feu Jan Palach, jeune étudiant Tchèque, en protestation contre l'attitude totalitaire de L'U.R.S.S. face à son pays. En effet, quelques mois plus tôt, pour maintenir son autorité en Tchécoslovaquie, Moscou avait envoyé les chars d'assaut venir à bout du Printemps de Prague.
Paradoxalement, l'action choisie par Jan Palach a été de mettre fin à ses jours, et ce de façon publique; action qui est restée des plus controversées puisqu'elle touchait au thème très délicat du suicide. Cependant, le suicide de Jan Palach n'a pas grand chose à voir avec la négation de la vie de ceux qui se coupent les veines dans leur baignoire par dépit amoureux ou parce qu'ils se sentent exclus de la société.
Tout d'abord parce que l'acte de suicide en lui-même a été signifiant chez Palach, il a été réfléchi. Il n'a pas agi pour lui-même, il a agi pour entraîner une réaction de la part de ses concitoyens. Il n'a pas été entraîné par une sorte d'engrenage, comme dans les autres cas de suicide: son acte est posé. En ce sens on ne peut que difficilement le contester: en possession, semble-t-il, de tous ses moyens, Palach avait le droit, en tant qu'homme conscient, à disposer de sa vie, et donc de sa mort, en toute liberté, ce qu'il a fait. Son acte, paradoxalement n'était pas destructeur, il se voulait, et a été en un certain sens, constructeur. C'était le moyen, en pleine époque de contestation de la société de par le monde, de faire entendre sa cause, de faire réagir.
De plus si on y regarde bien on ne peut pas vraiment dire que Jan Palach soit mort dans le sens où il n'a pas simplement disparu, où son action se place à l'opposé d'une quelconque volonté d'oubli. Il est rentré dans l'histoire, il a atteint cette "éternité à échelle humaine". En tant qu'être vivant, a priori, il serait mort un jour ou l'autre, en tant qu'homme conscient, il le savait. En choisissant de se servir de cette condition d'être humain, Palach fait un pied de nez à tous ceux qui s'accrochent à la vie mais meurent "plus que lui", car meurent passivement. Sa mort est un cri pour la vie, un appel au secours pour sauver la vie de ses concitoyens.
Plus encore le vrai message de Palach, celui qu'il a laissé au monde, c'est que la vie sans la liberté, la vie telle qu'il la connaissait sous le joug russe était pire que la mort, que la vie alors ne valait plus la peine d'être vécue. C'est exagéré, c'est presque fanatique, car bien sûr rien ne vaut plus cher que la vie, car bien sûr un jeune homme aussi engagé aurait pu nous apporter énormément par sa vie. Mais, soyons réalistes, est-ce que vraiment , s'il avait choisi comme d'autres de rester, il aurait eu le même poids? Aurait-il été aussi bien entendu?... Pas sûr. C'est en cela que le cas Palach a quelque chose d'exceptionnel: il ne vaut que par son isolement, que par son caractère exceptionnel et surprenant. C'est parce qu'on est tellement attachés à la vie, parce qu'on ne la remettrait sans doute pas en cause pour de telles raisons que nous avons réagi à l'acte, jugé inconsidéré de Jan Palach, que ce nom s'est inscrit dans l'histoire, et aussi parce que Palach lui-même tenait à la vie.
Le suicide de Jan Palach n'est pas vraiment négation de la vie car il n'entraîne pas ceux qui partagent ses idées à le suivre, au contraire. Si tous les étudiants du monde se suicidaient à chaque fois que la liberté était remise en cause, leur action, devenue banale n'aurait alors plus aucun sens. Impossible donc de reproduire l'action de Palach, cela ne servirait à rien. De même pour les kamikazes, ou les fanatiques religieux. Les premiers lorsqu'ils se suicident servent une autorité, obéissent, leur acte n'a pas toute sa dimension de liberté et de contestation contrairement à Palach car elle découle en grande partie d'un endoctrinement. Les seconds pensent accéder par leur acte à un "royaume meilleur": Ils ne risquent donc rien.
Et puis réfléchissons un peu, la mort de Palach ne vaut que par la présence de ses contemporains pour réfléchir à son action: il ne fallait surtout pas que tous les Tchèques se suicident, car alors Palach aurait été oublié, donc serait vraiment mort, et pour rien. Il fallait que ses concitoyens restent bien présents pour porter au monde son message, pour réagir à ce qui venait d'arriver, pour lutter contre la remise en cause de la liberté. Il fallait un monde entier de témoins pour avoir un peuple de messagers et de combattants, tout simplement pour qu'éclate la vérité.
Autrement dit je pense que le suicide de Jan Palach est un acte admirable, héroïque, qui a fait bouger les choses. Et je rends hommage à cet étudiant tchèque qui m'a marqué et a marqué l'histoire. Oui, admirable, c'est le mot, mais en aucun cas il ne saurait être exemplaire. Il a trouvé une voie pour arriver à ses fins, mais par là même cette voie est devenue pour nous, pauvres imbéciles, impraticable. Ironie de la vie.
S. Grethen
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http://perso.wanadoo.fr/revu.et.corrige/palach.htm
Edit : " Le geste de Jan Palach a ému son pays et le monde entier. Beaucoup de pays occidentaux manifesteront pour demander plus de libertés pour la Tchécoslovaquie. Mais cela ne servit pas à grand chose." http://www.assemblee-nat.fr/histoire/dudh/jde10.asp
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