Hey hey hey, me revoilà sur mes terres, et voici donc mon compte-rendu de mon oral Essec AST '2010 2nde session.
La première chose à dire c'est qu'ayant opportunément fixé rendez-vous avec Sarto à sa sortie de jury sur l'heure de midi, je suis arrivé sur le campus plusieurs heures avant mon oral.
Lors de ce déjeuner fort cordial, Sarto me coache en m'exposant bien les zones de la conversation à couvrir, et mes atouts à faire jouer (ma compétence en langue japonaise notamment).
Il me conseille de connaître par coeur les valeurs de l'ESSEC, je les retiens donc.
Ensuite visite guidée du campus par Sarto.
Je retourne vers le coin du campus où se passent les entretiens.
A ce sujet, mon impression est assez différente des autres campus que j'ai visités (Audencia et Edhec) : à l'Essec on a l'impression que tout est "à portée". C'est difficile à expliquer, mais à Nantes et Lille, chaque salle ou coin semble polyvalent, les couloirs sont longs et vides (un peu normal pour l'Edhec vu que me bâtiment vient d'être livré), tandis qu'à Cergy tout a l'air à sa place, très compact et en même temps assez grand et très fluide. Il y a une ambiance de ruche très agréable. Il n'y a donc pas d'admisseurs qui nous guident, mais le trajet vers les salles d'entretien est très clair.
Dès le départ, l'école joue sur notre autonomie.
L'équipe accueillante de l'Essec pour cet aprem'-là est constituée de cinq-six Essec ouverts et sympathiques. Etant donné que je reste avec eux pendant trois heures, j'ai le temps de taper la discute. Ca me déstresse bien, ils me parlent de leur cursus, je recueille des infos intéressantes sur le core track par exemple.
A un moment de l'après-midi, un prof de strat qui m'a l'air d'être un sacré numéro passe discuter avec l'équipe accueillante ; il explique qu'il met souvent à l'épreuve les candidats qui ont affirmé "aimer prendre des risques" pendant leur oral en leur disant : "OK, vous aimez prendre des risques, vous êtes prêt à jouer votre admission sur un lancer de pièce de monnaie" ? Autant vous dire que 99% des candidats refusent, d'autant plus que la réponse qu'il attend est quelque chose comme "OK, face je gagne, pile vous perdez", et autres façons de remodeler l'environnement d'un problème pour le résoudre. Il me vanne en me disant "Hé, mais vous savez que juste au dessus de votre tête une caméra vous filme en ce moment-même ? c'est très courant en entreprise...
". L'équipe accueillante prend ma défense en lui répondant que pour l'instant je me suis clairement bien conduit.
A la fin de la journée, ils me diront même en rigolant qu'ils ont l'impression que je fais partie de l'équipe, arf, le genre de phrase qui fait du bien.
Une fois le prof parti, j'ai l'occasion de discuter avec d'autres candidats qui passent avant moi.
Je sympathise avec un gars assez excellent que je retrouverai à l'Edhec la semaine suivante, et qui a le même jury que moi ! Malheureusement il a pas été pris.
Puis c'est parti, 17H je suis le dernier candidat, last man standing, c'est le moment !
J'ai le jury n°21, celui où la directrice de la Grande Ecole (F. Rey) alterne avec la directrice des admissions (M.-N. Koebel), en compagnie d'un étudiant Essec et d'un directeur de la Caisse d'Epargne en région Rhone-Alpes. Pour moi ce sera M.-N. Koebel.
Je commence l'entretien en exprimant en toute sincérité mon enthousiasme à participer à l'oral, vu que j'ai toujours visé l'Essec et que c'est ma référence. Un truc à savoir pour tous les adeptes du pipeau : l'authenticité, ça paie. 
Je déroule ensuite mon (long) parcours, en faisant apparaître mon intérêt pour le monde de l'entreprise au fur et à mesure de mon cursus et de mes expériences. [mon profil est à la fin du post]
Je m'arrête sur mon projet de création d'entreprise antérieur (2007-2008), en montrant clairement que j'ai du recul : "Pour un tel projet de création, je n'ai pas besoin d'une formation comme la grande Ecole."
Ensuite j'explique en quoi j'ai d'autres ambitions, et pourquoi je me présente : avoir les connaissances et l'expérience nécessaires pour réussir dans les industries du divertissement, et notamment en relation avec l'entertainment japonais dont je suis spécialiste. J'utilise ma catchphrase professionnelle : "je veux créer le Walt Disney numérique du XXIème siècle".
Les trois membres du jury se mettent alors en mouvement...
L'étudiant se révèle un opposant redoutable dans les échanges.
Il finit son cursus GE après une prépa littéraire, et travaille dans la production cinématographique, et a naturellement suivi la chaire Media & Entertainement que je veux absolumement suivre. Durant tout l'entretien, il prend une position qui défend les oeuvres comme patrimoine et comme création, alors que mon projet consiste à intégrer le plus possible le marketing dans la production des oeuvres culturelles et donc à considérer les oeuvres comme des objets ; pour caricaturer très très grossièrement, j'arrive avec un projet à la "James Bond conduit une Mercedes-placement produit", et lui produit le prochain film de Bacri/Jaoui. Vous imaginez l'affrontement.
Ca reste naturellement cordial, mais il ne me ménage pas : "attendez, je n'arrive pas à comprendre comment vous..." et autres "pour moi, les oeuvres ont un valeur patrimoniale au dessus de tout, comment vous faites pour avoir un tel projet ?" avec le ton et le regard qui vont avec (
). J'encaisse notamment un "vous en faites pas, les studios français vous ont pas attendu pour s'adapter, hein..." (
) bien placé.
Je ne suis pas en reste, et je place quelques cross-counters, notamment en comparant l'état des studios d'animation en France et au Japon et en les renvoyant dos-à-dos, ou encore en citant deux vers de Du Bellay que j'affectionne et qui illustrent complètement ma démarche (grand silence du jury à ce moment-là
, mais au sens positif du terme).
Je dois aussi batailler contre lui quand j'affirme que mon parcours pro doit passer par la case product manager pour pouvoir prétendre avoir un rôle de production dans cette industrie ; sur ce sujet l'étudiant se montre très dubitatif.
Ce qui ressort finalement de nos échanges (deux tiers de l'entretien environ !), c'est que j'ai un projet, qu'il est fondé et que je suis spécialiste de mon propos, et que je le défends honnêtement.
La directrice des admissions exprime des doutes sur ma capacité à m'adapter au groupe des étudiants de la GE vu mon âge canonique. Je ne suis pas à l'aise sur ce sujet, comme le sait bien ce bon Braise86, et je me débrouille :
"- ce sont des étudiants qui ont 22 ans vous savez...
- ah, mais permettez-moi de signaler que la brochure indiquait un âge moyen de 24 ans, et..."
Je ne m'en sors pas très bien, mais je suis meilleur sur les raisons qui me poussent à choisir la GE plutôt que des MS ou des MBA. J'explique ça très clairement, et comme ça a constitué ma réflexion pendant toute la période de fin d'année dernière (six mois de réflexion !), forcément ma réponse est hyper cohérente. En l'occurrence, malgré un intérêt pour le MBA de Hitotsubashi que j'ai longtemps considéré, il y a présence de la chaire Media & Entertainment, et possibilité de DD avec Keio Business school, pour lesquels mon profil fitte un max.
Elle m'interroge aussi sur ma compatibilité avec le monde de l'entreprise, là c'est pain béni pour moi, j'y vais en roue libre en lui comparant mes valeurs pro (émulation, adaptation, modernité) à mon milieu professionnel hyper-conservateur de fonctionnaire.
Grand dépit : elle ne me demande pas du tout pourquoi l'ESSEC et pas HEC, alors que c'est très important pour moi ! Pourtant dans les sujets que je souhaitais aborder en entretien, j'avais clairement indiqué "les valeurs de l'Essec" ! Bah c'est la vie hein, je suis pas le premier dans ce cas...
Le banquier à ma droite participe peu mais il a un air goguenard assez rassurrant (
) ; il me demande par exemple comment je compte financer mes études, chose à quoi je lui réponds que j'ai fait un sacré paquet d'heures sup' cette année, ce qui est un bon début. Il m'interroge sur ma maîtrise du japonais (visiblement il connaît un peu).
Pendant les 45 minutes, j'ai douté de ma réussite à un seul moment, où la directrice des admissions prenait la parole, et manifestait de l'incompréhension (regard "qu'est-ce qu'il vient faire là celui-là ?" ). Le reste du temps je me suis battu, je n'ai pas eu le temps de douter.
A noter que les trois membres n'ont pas cessé de m'interrompre dans mes paroles et mes explications. Je conseille à toute personne qui prépare l'entretien de bien de s'habituer à formuler des répliques du type "attendez, je finis en une minute et ensuite je vous réponds".
A la fin des 45 min, j'ai posé une question sur la chaire Media & Ent., au sujet de sa reconduction ; je n'ai pas obtenu de réponse nette, mais ce n'était pas le but.
Une autre chose à garder en tête, c'est que les membres du jury sont dans des rôles (tout au plus forcent-ils leurs traits de caractère). J'ai comparé mon oral à mon pote de l'Edhec qui avait eu le même jury, et ils se sont conduits exactement de la même manière avec lui, alors que nos profils sont complètement différents...
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Voilà pour mes palpitantes aventures de candidat.
En bonus mon profil, mais je le répète il est particulier vu mon âge.
Formation : fac de lettres, DEA en sciences du langage, CAPES lettres modernes.
Ex Pro : prof dans le secondaire puis dans le supérieur, mais aussi auparavant/parallèlement journaliste spécialisé, traducteur, auteur.
Projet : création de société de contenus numérique, industries du divertissement + business models innovants IT
Langues : TOEIC 935, japonais fluent.
Age : ultime frontière de la candidature ![[:captain flam] [:captain flam]](https://forum-images.hardware.fr/images/perso/captain flam.gif)