Profil supprimé | pactole@ a écrit :
http://www.cnrs.fr/Cnrspresse/Archives/n359a4.htm
Citation :
Comment les collèges en France répondent-ils aux caractéristiques variées de leurs élèves ? Regroupent-ils les élèves en fonction de leur niveau scolaire ? Quelles en sont les conséquences pour les élèves ? L’étude menée par Marie Duru-Bellat et Alain Mingat, chercheurs à l’Institut de recherche sur l’économie de l’éducation (CNRS-Université de Bourgogne, Dijon) fait ressortir qu’une majorité d’établissements constitue des classes de niveau (pratique sans existence institutionnelle). Si les élèves progressent certes d’autant plus qu’ils sont dans une classe dont le niveau moyen est bon, il n’est pas possible, au plan collectif, que tous les élèves soient dans les meilleures classes. S’il y a des classes de niveau fort (dont l’effet bénéfique est d’ailleurs plus important pour les élèves dont le niveau est inférieur à celui de la classe), il y a donc aussi des classes de niveau faible, qui, elles, sont nettement moins favorables à la progression des élèves, surtout si elles sont homogènes. En effet l’étude montre qu’une hétérogénéité du niveau des élèves dans les classes ne constitue pas un facteur défavorable, mais plutôt positif pour les acquisitions ans les classes hétérogènes, les élèves faibles progressent mieux et les élèves les plus brillants ne sont affectés que marginalement. La politique éducative doit arbitrer entre l’intérêt individuel et l’intérêt collectif.
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Libre a vous de remetre en cause l'enquête du CNRS.
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Vu que l'enquête n'est pas disponible en ligne, impossible d'avoir plus de détails.
A lire le résumé, en tout cas, je pense qu'il faut distinguer entre les faits et leur interprétation: une classe de niveau supérieur avancera plus vite qu'une classe de niveau plus faible, ça, c'est logique... et à l'interprétation, un enfant "moyen" dans une classe légèrement plus forte avancera plus vite (tant qu'il ne "décroche" pas) que dans une classe plus faible s'il suit le rythme de la classe, rien d'étonnant là-dedans non plus.
La question est de savoir pourquoi une classe homogène faible sera moins bonne pour un élève "moyen-faible" qu'une classe hétérogène: parce que les profs d'une classe homogène "avanceront" moins vite, ou parce que la classe hétérogène permet à ces élèves faibles de bénéficier de l'apport des élèves forts ? Ca, l'étude ne le dit pas.
Dans le cas où la progression plus lente serait due au rythme naturellement plus lent que prennent les profs... je dirais que la solution serait de fonctionner en léger surrégime, de façon à ne pas lâcher les tout derniers, tout en donnant suffisamment de difficulté pour que ceux plus à l'aise ne se reposent pas sur leurs lauriers - et ça, ça me semble plus facile à faire avec une classe de niveau, justement.
Pour ce qui est des élèves "faibles" de l'étude, celle-ci ne précise pas s'il s'agit d'élèves que je qualifierais "moyens-faibles" (qui peuvent suivre au moins partiellement le rythme d'une classe hétérogène, sans être bons) ou d'élèves "très faibles" qui eux, sont complètement largués.
[Remarque en passant: ça ne prend pas en compte les biais éventuels tels que les "meilleurs" profs s'arrogeant les "meilleures classes, ce qui biaiserait vers le bas les classes moins bonnes, et serait justement évité si la pratique était officielle et régulée]
Par contre, c'est que l'étude dit aussi qu' "une majorité d’établissements constitue des classes de niveau (pratique sans existence institutionnelle)". Bref, que ça se fait en catimini, de façon officieuse, hors de régulations des organismes de contrôle. Et là, je trouve qu'il y a risques de dérive possibles. Un système officiel permettrait justement d'encadrer ce genre de pratique.
[Note: l'étude semble dater de 1998... pas sûr que ça ne se soit pas dégradé depuis; quand je parle à des gens ayant des enfants, j'ai parfois peur en entendant parler du niveau scolaire de certaines classes...]
deedlit a écrit :
Autant je suis contre les classes de niveau (sauf cas exceptionnel avec enfant à la limite de la déscolarisation) autant parler de "solidarité" pour espérer régler les problème que rencontre l'école me parait un peu déplacé. C'est au prof de dispenser le savoir, pas aux élèves.
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Je suis d'accord sur ce dernier point.
Sans classes de niveaux, les solutions envisageables seraient à mon sens:
- de mettre le paquet sur le soutien scolaire aux élèves en grande difficulté, pour leur permettre de raccrocher les wagons d'une classe hétérogène (et permettre à cette classe de garder un niveau correct).
- de "sortir" ces élèves du système actuel qui les garde longtemps dans une voie plus forcément adaptée pour eux, avec désormais un très faible nombre de redoublements: donc soit en revenant à plus de redoublements, soit carrément en mettant en place des instituts spécialisés (les "cas exceptionnels avec enfant à la limite de la déscolarisation", donc).
pactole@ a écrit :
le point de départ de la discution c'est la pertinence des classes de niveaux, et moi j'ai poussé le truc à la question de savoir si c'était pas une opportunité de resserer le lien social de pas en avoir, plutot que de créer encore plus de séparation.
l'article répond pas à ma question ça c'est certain
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pactole@ a écrit :
Personne ne parle de regler les problemes de l'école.
Moi je dis que ne pas avoir de classe de niveau est au contraire une bonne occase pour renforcer le lien social.
Et je pense que de faire vivre chacun séparement dès le primaire plutot que de faire jouer le hasard peut avoir des conséquences énorme pour notre société qui seront pas forcément ce qu'on voudrait.
Le manque de solidarité il apparait avant tout en dehors de l'école, et c'est de pire en pire, avec pour exemple les parents, donc si la société est plus capable d'enseigner naturellement cette valeure ce qui était impensable il y a quelques années, alors l'école doit s'en charger.
C'est comme le civisme, l'écologie etcetera, l'école à toujours joué un rôle pour faire vivre et perpétrer ce genre de valeur.
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A mon sens, le niveau social et le niveau scolaire potentiel sont décorrélés (autrement dit: je pense qu'on peut naître dans une famille de pauvres acculturés, et être un prix Nobel en puissance). La constitution de "classes de niveaux" aurait plutôt tendance à accentuer le brassage social, en mélangeant enfants d'un même niveau mais de situations sociales différents, alors que le système actuel favorise l'uniformité sociale et l'hétérogénéité de niveaux (ou une homogonéité vers le bas quand on est de quartiers difficiles). Ca suppose par contre la mise en place d'une logistique adaptée (bus scolaires...).
En tout cas, ce n'est pas un problème simple appelant des solutions simples. |