rambuteau a écrit :
De la littérature au sujet du Fonds de Résolution Unique (FRU). Avec mes propres mots : == Le passif de la banque == De manière ultra-simpliste, la banque finance son passif de la manière suivante : – Les fonds propres, les actions de la banque (qui appartiennent à l’actif des actionnaires de la banque) – Les dépots des clients (qui appartiennent à l’actif des clients) – Les dettes financières auprès de diverses contreparties (qui vont de la dette court-terme levée sur les marchés aux obligations émises) On a donc, d’une part, des fonds propres (FP) qui n’ont pas à être remboursés et n’imposent, en soi, aucune contrainte à la banque sauf d’être capable d’en lever (car il s’agit d’une contrainte réglementaire, ce qui est reconnu par Gaël Giraud). On a également, d’autre part, des dettes (D) de la banque associées à des échéances fixées ou non (le dépôt est une dette sans échéance, des modèles sont cependant utiliser pour estimer la variation de ces dépôts. Ces modèles ne sont pas fait pour tricher ou gruger quoique ce soit. Dans un monde parfait, la banque serait enchantée de savoir COMBIEN elle a d’argent sur son compte à la BCE afin de minimiser ce montant puisque ce dépôt est à un taux de -0.40%) C’est du côté passif que la banque doit, chaque jour, sortir de l’argent pour rembourser ses dettes. == L’actif de la banque == Avec tout cet oseille, la banque détient des créances (C) de toute sorte (du découvert sur compte courant pour particulier jusqu’au prêt-emprunt de titres en finance de marché en passant par des obligations assimilables du Trésor français). Ces créances ont des échéances différentes. C’est du côté actif que la banque reçoit, normalement, chaque jour des remboursements avec intérêts sur les créances qu’elle a accordées. On a (C) = (D) + (FP). La banque ne crée donc pas de l’argent magique. La création d’une dette pour un client augmente (C) et (D) à la fois : sur le compte de dépôt du client va apparaître la dette accordée. Lorsque le client va effectuer un paiement, le mécanisme des paiements intra-bancaires va se mettre en mouvement et la diminution de (D) (le compte de dépôt du client) va correspondre à une diminution de (C) le compte de dépôt de la banque auprès de la Banque Centrale Européenne (le compte en banque de la banque). == La gestion actif-passif ou Asset-Liability Management (ALM) == Le bilan de la banque décrit ci-dessus expose la banque à deux risques structurels principaux: – Devoir un jour rembourser plus au passif que ce que la banque reçoit de la part de ses actifs. C’est le risque de liquidité. Il faut s’assurer que l’échéance des dettes corresponde à des rentrées d’argent. – Voir les créances détenues à l’actif faire défaut les unes à la suite des autres tandis que, au passif, il faut continuer à honorer ses dettes. C’est le risque de solvabilité. (en outre, un autre risque structurel est également lié aux taux de change : si tu empruntes aujourd’hui 100 USD pour acheter une obligation suisse de 100 CHF, tu cours un gros risque si le franc suisse PERD de la valeur par rapport à l’USD) Des équipes dans les banques sont chargées de suivre ces risques structurels. Outre un intérêt pour la survie de la banque, c’est une obligation réglementaire : les rêgles du comité de Bâle (cité par Gaël Giraud) imposent des ratios de liquidité (LCR et NSFR) et des ratios de solvabilité (CET1 ou Levier). == Solvabilité et faillite de la banque == Lorsqu’une entreprise a des problèmes de liquidité, elle tire une ligne de découvert auprès de sa banque ou bien elle demande plus d’argent à ses actionnaires (une augmentation de capital). Lorsque plus aucune banque ne souhaite prêter à cette entreprise en manque de liquidité et que personne ne veut acheter d’actions de l’entreprise, cette entreprise fait faillite. Dans le cas d’une banque, c’est pareil. La banque n’est plus solvable si la somme de ces actifs (C) devient inférieur à la somme de ces dettes (D). Normalement, la différence entre (C) et (D) correspond aux fonds propres (FP) (l’argent des actionnaires). Si un client de la banque ne rembourse pas son prêt, cela diminue d’autant les fonds propres de la banque (puisque les dettes de la banque, elles, doivent être payées). Si TROP de clients ne remboursent pas leur prêts, (FP) arrive à 0 alors qu’il faut toujours rembourser les prêts. Si (FP) est « négatif », cela signifie que les créditeurs de la banque commencent à perdre de l’argent (créditeurs dont les déposants ne sont qu’une partie). Grâce aux ratios, on va suivre la diminution des fonds propres (FP) de la banque avant qu’ils n’atteignent 0. Ce qui va permettre d’engager avant le drame le mécanisme de résolution. == Le mécanisme de résolution unique == La résolution correspond au « redressement judiciaire » pour une banque. Le régulateur (la BCE) a déjà préparé pour les grosses banques (et les petites ? Demander à scipion) des mécanismes de résolution visant à remettre sur pieds les banques : – D’un côté, on laisse faire faillite des bouts de la banque pour diminuer les dettes, de préférences les entités situées chez les autres régulateurs (ce qui impose à chaque régulateur d’imposer ses propres ratios et contraintes sur ce qui se passe sur son territoire). – De l’autre on met la main à la poche pour fournir de la liquidité à la banque grace au Fonds de Résolution Unique. Un fonds destiné à sauver les banques (et en particulier les dépôts des épargnants) en cas de résolution et financé par les banques depuis quelques années. Aujourd’hui, c’est un coût net pour les banques, cela diminue leur résultat, et cela fait bien grincer des dents. Il s’agit donc d’un fonds payé par les actionnaires (et par le bonus de certains métiers suivant les banques). Si ce fonds intervient dans le futur, ce ne sera pas l’argent du contribuable mais celui des actionnaires des différentes banques pour éviter que l’une d’entre elles fasse défaut. En France, nous avons déjà le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution. Le fonds est doté de 3,6 Mds d’euros en 2017, ce qui paraît peu par rapport aux bilans des banques (1 354 Mds d’euros ici, pas dans la plus grande). Mais comme évoqué ci-dessus, les dépôts sont une portion seulement de ce bilan. On trouve 421 Mds d’euros de dépôts de la clientèle pour ce bilan, ce qui inclut également des déposants à l’étranger non-couverts par ce mécanisme ou, par exemple, les comptes Nickel non-couverts également (bien que Compte Nickel appartiennent à BNP Paribas, Compte Nickel est un intermédiaire de payement, pas une banque). Ce montant inclut également les montants situés au-dessus des 70k€ protégés. Sur l’ensemble du territoire et toutes banques confondues, on compte 2 061Mds de dépôts, y compris les PEL des frers POGNON remplis au max et les gros comptes à terme bien gonflés des associations de charité. En outre, le fonds de garantie est autorisé à emprunter lui-même en plus d’utiliser ses réserves de 3,6 Mds. == Conclusion sur la garantie des dépôts == L’idée est bien que si UNE banque fait défaut, les mécanismes de garantie sont suffisant à condition de ne pas placer un demi million d’euros dans la même banque (conseil présent en FP pour les assureurs). Si on a affaire à une crise totale d‘effondrement de l’ensemble, garantis ou pas, tes 70k€ n’auront de toute façon plus beaucoup de valeur. L’idée est aussi que les ratios évoqués ci-dessous sont un bon moyen de maîtriser les risques structurels des banques et d’anticiper la faillite. == Sur la séparation de l’activité de marché et des dépôts == Par le passé, des traders pouvaient faire joujou avec la trésorerie de la banque. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Société Générale et BNP Paribas ont continué, un temps, à effectuer de la négociation de marché pour leur compte propre et sont au cours de dissolution de ces activités. Aujourd’hui, les traders de ce banque ont pour rôle d’effectuer des opérations pour leurs clients mais ne sont pas destinés à prendre des positions « directionnelles » (comme J. Kerviel qui achetait de l’Eurostoxx pour le compte de la banque). Des indicateurs de marché sont suivis en temps réels par des bataillons d’analystes risque pour vérifier que les positions de la banque limitent les pertes possibles en un jour à un montant donné (bien loin du milliard, on est plutôt sur des ordres de grandeur de quelques dizaines de millions), avec une probabilité de 99%. Ces bataillons d’analystes n’existaient pas avant 2008 et leur rémunération ne dépend pas de la performance du desk qu’ils suivent. Concernant la qualité des chiffres, c’est un sujet suivi par la BCE qui ne se prive pas de taper sur les doigts si les investissements ne sont pas faits dans des systèmes informatiques apportant un minimum de fiabilité. J’étudiais la physique et l’électricité lorsque CACIB faisait des siennes donc je ne connais pas le détail des transactions entre les Caisses régionales et CACIB. Cependant, j’ai pu voir dans d’autres banques la sensibilité des refacturations internes et de la manière de présenter le résultat de chacun : sur beaucoup d’exercices, un observateur pourrait dire que les profits des traders finance les conseillers bancaires en agence et leurs prêts immos à 1%. D’autres rétorqueront que seuls l’activité de banque de détail permet de respecter les ratios détaillés ci-dessus. C’est un débat sans fin à la Mevo vs Scipion. Pour certain, dont je fais partie, l’association à la manière française de la banque de détail et de la banque d’affaire permet d’avoir des géants nationaux dans au moins un domaine et d’équilibrer les forces et faiblesses. Le régulateur fait son boulot en limitant les délires de jeunes fous sortis d’école qui veulent gagner de l’argent à tout prix (ils partent chez les américains).
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