CR UTHC 65k 2000D+ Part III
Et voilà je suis au départ. Ce n’était pas gagné … Rien que ça je suis content.
On a le droit à un petit discours de Chaigneau qui dit en gros de faire gaffe aux ours et qu’il a vu des baleines la veille.
Très motivant ! Churchill n’a qu’à bien se tenir !
Il fait aussi le compte à rebours.
5 … 4… 3… 2… 1… C’EST PARTI !!!!
Vidéo du départ prise par le fameux drone :
https://www.facebook.com/evHarrican [...] 576065967/
« Devant ça démarre quand même au taquet »
Moi je suis au fond et c’est très bien.
Petit aparté:
Je m’étais fait un bracelet avec le profil et les split time pour un poil plus de 7h à partir d’une trace de l’année dernière.
Truc totalement irréaliste je le savais mais ça donne une idée.
D’autant plus que cette année une partie est inondée, il fait chaud (près de 30°C) et la fin qui était sur route est maintenant en plein dans un marécage.
Bon évidemment j’ai oublié le bracelet avec mes affaires de sport mais je vais le réutiliser pour le CR, ça sera plus visuel.
Ça donne ça (vous noterez le beau travail sur les couleurs … vert facile->rouge difficile) :
La découpe est bidon … Je me suis basé sur les ravitos de l’année dernière qui étaient plus nombreux et pas au même endroit.
J’ai corrigé la position des ravitos comme ils étaient au final pour le CR.
Je comparerais mes temps de passage par rapport à ceux sur le bracelet par la suite.
-0km – 8 km-
Quel plaisir d’enfin courir ! Je n’ai plus à penser à rien … Rien qu’à courir.
Les deux premiers kilo sont sur route bien large. Je me détends, limite je m’endors !
Ensuite on bifurque sur un chemin, c’est toujours roulant et en très légère descente.
J’y vais très doucement mais je remonte quand même petit à petit.
On arrive au 8ieme kilomètre et on s’engage dans le single track qui tache.
Je dois être aux environs de la 100ieme place à ce moment-là.
Ça fait 45’ que je cours. J’ai +2’ par rapport au temps à mon bracelet.
-8km – 22 km-
Là c’est la guerre. C’est dense et vraiment technique, c’est à peine si on voit la trace.
Ça grimpe un peu, mais franchement je ne m’en rends à peine compte vu l’état du sentier et des allures que ça implique.
C’est le petit train qui s’installe.
C’est compliqué de doubler tellement c’est étroit mais je sens que je suis un peu plus rapide que les autres du coup je colle et de ce fait je ne vois pas ce qui se passe devant et ça m’embête un peu vu l’état du terrain.
Je préférerais avoir une vue dégagée et pouvoir gérer mes appuies car c’est bien piégeux avec les roches, racines et trous d’eau.
Je double quand même petit à petit.
Vers le 14ieme on arrive sur un lac et le sentier va … Dans le lac …
Bon on nous avait prévenu qu’il y avait un barrage de castors qui avait cédé et qu’on se retrouverait dans l’eau… Mais ça surprend quand même.
Pas moyen de l’éviter, la forêt est trop dense donc hop à l’eau !
On a de l’eau jusqu’aux cuisses et on s’aide des branches pour avancer …
Et pour pimenter le tout il y a un nid de guêpe à cet endroit !
Je dois être un des rare à ne pas s’être fait piquer.
Passage à 8’40 :
https://www.facebook.com/christian. [...] 440104139/
On retrouve notre sentier bien merdique et boueux et le petit train.
Il y a des passages dans la boue hyper traîtres ou tu te dis c’est bon je vais en avoir jusqu’aux chevilles ça passe …
Et pouf tu te retrouves enfoncé jusqu’à la taille.
Je manque de perdre une chaussure.
Certains ont besoin d’aide pour sortir de leur trou.
Heureusement que cette section arrive alors qu’on est encore relativement frais…
Je n’imagine même pas les coureurs du 125k qui devront se taper ça après plus de 70k dans les jambes…
Deux mecs arrive alors comme des balles de derrière.
Ils veulent doubler …
Mais moi aussi je veux doubler celui de devant !
Sauf que là ce n’est pas possible on est sur un chemin très en dévers et il n’y a de la place que pour une personne.
Donc on fait un marché :
- Dès que je peux doubler le gars en face je le fais et ensuite je vous laisse passer. Mais je vous préviens après je vous suis !
- Pas de problème on ouvre la trace !
Donc finalement je doublerais, me ferais doubler et je les suivrais.
On fait connaissance, ils sont super sympa l’un est français et l’autre est Québécois mais bosse à Toulouse.
On se vanne un peu c’est cool on se marre bien...
En plus je leur fourni de la matière pour qu’ils se foutent de ma gueule avec mon histoire.
Je commence à manquer d’eau … C’est long 22 bornes pour arriver à un ravito et seulement 1L.
On y arrivera finalement ensemble.
J’aurais mangé un de mes 2 gels/compotes et une barre.
Je suis alors 43ieme.
Ça fait 2h34 que je cours. J’ai +7’ par rapport au temps à mon bracelet.
-22km – 32 km-
La stratégie que je m’étais fixé c’était d’essayer de ne pas passer trop de temps aux ravitos.
Sur mes précédentes courses j’y passais ma vie…
Donc le temps de remplir les gourdes, de manger une demi banane et des bretzels et de remercier les bénévoles je repars.
J’y passerais moins de 3 minutes.
Je perdrais mes deux acolytes dans l’affaire.
Pas grand-chose à dire ici.
C’est toujours un peu le même terrain quoi qu’un peu plus roulant.
Je me prendrais quand même une bonne gamelle en essayant d’éviter une flaque de boue en prenant appuies sur une branche.
Et là, branche humide plus chaussure sans crampons (même si avec je ne suis pas sûr que ça ait changé grand-chose)
j’ai piqué une tête dans la flaque bien profonde vu que mon bras s’est quasiment enfoncé en entier dedans.
Je me ferais un peu mal à la main dans l’opération, mais sans grande gravité.
Un gars me ramasse, me demande si ça va ? « oué, oué » et je repars !
Ça grimpera un peu sur la fin, on se retrouve dans le lit d’un ruisseau, je cours alors avec une nana.
Il n’y a plus personne ni devant ni derrière (c’est tellement dense qu’on ne voit pas à trois mètres aussi…)
et on a alors un gros doute à savoir si on est encore sur le bon chemin ou pas.
Du coup, je gueule :
- HÉ ! YA DU MONDE DEVANT !
5 sec plus tard une petite voix nous répond…
- Ouééééééé …
Ça me fera marrer … On aurait dit du Perusse.
Ça fait 3h50 que je cours. J’ai +10’ par rapport au temps à mon bracelet.
-32km – 41 km-
On débarque sur une route forestière.
Ce sera le passage le plus poche de la course comme on dit icite.
C’est une descente interminable sur une route défoncée avec de gros galets instables qui roulent sous les pieds …
Le truc à t’emporter une cheville …
En plus c’est bien exposé, il fait chaud et je n’ai plus d’eau …
20k entre deux ravitos et seulement 1L ça fait juste par cette chaleur …
Je descends le plus souple possible en augmentant la cadence (je suis entre 185 et 190)
J’essaye de réduire au maximum le temps de contact au sol.
Je croise quelques coureurs et j’ai mal rien qu’à les voir …
Je pense à Santroll aussi.
Je ferais une pause pipi au milieu.
Je mangerais mon deuxième et dernier gel/compote et une barre.
Enfin voilà le ravito ! Vite de l’eau !
Tout va bien jusqu’à maintenant je suis en contrôle.
Ça fait 4h43 que je cours. J’ai +13’ par rapport au temps à mon bracelet.
-41km – 47 km-
Je prendrais environ 6 minutes à ce ravito.
Le temps de bien boire et de re-remplir les gourdes et de manger une banane et des bretzels.
Pour info je ne boirais que de l’eau avec des électrolytes.
Ils utilisent la marque nuun, ce que j’utilise aussi pendant mes entrainements et qui me convient très bien.
Ce n’est pas trop concentré et surtout, ce n’est pas sucré !
C’est une grosse montée et descente bien technique qui nous attend avant le prochain ravito.
Et là je ne sais pas ce qu’il se passe sur cette portion … J’ai les fils qui se touchent et je m’enflamme...
En fait ce sera assez progressif.
Je démarre plutôt en control. Même si je trottine dans les cotes la ou les autres marchent.
Mais bon faut relativiser j’ai mis au point cette technique à l’entrainement ou j’arrive à trottiner à plus de 10min/km sans trop me griller histoire d’éviter la transition marche/course qui m’est pénible.
Bref un bon marcheur va plus vite.
Je mettrais un petit moment à rattraper mon premier coureur j'accélérerais un peu pour le doubler et je maintiendrais l’allure.
Même chose pour le suivant … Et ainsi de suite.
Du coup je me retrouverais dans la descente bien technique, à la dévaler comme un gros naze.
C’est super fun mais je sais que je vais le payer …
Les coureurs que je passe pensent que je suis du 28k … Mais on n’a pas encore rejoint leur parcours.
Ce sera chose faite juste avant le ravito.
J’aurais mangé ma dernière barre… Je n’ai donc plus rien à manger sur moi.
Je suis alors 15ieme.
Ça fait 5h28 que je cours. J’ai +10’ par rapport au temps à mon bracelet.
-47km – 54 km-
Je resterais 2’ au ravito.
On est maintenant avec les coureurs du 28k.
C’est le milieu/fin de peloton avec lesquels on se retrouve.
C’est sympa de se retrouver avec du monde …
Mais c’est aussi un peu pénible parce qu’ils sont nombreux et avancent pas trop.
Du coup je slalome accélère/ralenti …
A ce stade de la course ce n’est pas génial…
Et je commence à avoir faim …
Et je commence à en avoir marre …
Ce n’est pas physique, les jambes les pieds … Tout va super bien.
C’est la tête … Je crois que ces 3 derniers jours c’était trop d’émotions pour moi.
Je me mets à marcher dans les cotes avec les coureurs du 28k alors que je sais pertinemment que je pourrais les trottiner.
Je me fais alors passer par un ou deux coureurs.
Et le ravito arrive.
Ça fait 6h29 que je cours. J’ai +13’ par rapport au temps à mon bracelet.
-54km – Finish-
Je passerais 7 minutes à ce ravito.
Il faut que je mange ! Tout y passera.
Banane bretzels comme d’hab. Mais aussi de la soupe et des gnocchis !
Je me ferais alors passer par quelques coureurs, encore.
Il ne reste pas mal plus que de la descente jusqu’à la fin.
Je déroule encore bien quand la pente se fait plus raide …
Mais à la moindre bosse je marche.
A la toute fin ils nous font passer par un marécage là où l’année dernière c’était sur la route.
Donc hautes herbes où on s’enfonce bien.
Ce n’est pas génial mais on l’oublie vite parce qu’on entend les gens qui crient à l’arrivé.
Et c’est l’arrivé !
Quelle joie !
Le speaker crie mon nom, les gens m’applaudissent !
C’est mon arrivée la plus émotive à date.
J’ai une boule dans la gorge … Je repense à tout ce que j’ai vécu afin de pouvoir prendre le départ et je me marre !
C’est quand même des émotions que tu veux vivre !
Je fini en 19ieme place sur 239.
En 7h22. J’ai +15’ par rapport au temps à mon bracelet.
Le strava:
https://www.strava.com/activities/396474484
Bilan :
Je suis super content de ma perf …
Je ne sais même pas si j’aurais pu faire mieux avec mon matos au final. (J’aurais sans doute été un peu plus agressif au départ)
Le sac dynafit est pourri pour courir, je déconseille ! Mais il dépanne bien quand même.
J’ai toute une ligne en sang au-dessus des fesses à cause des frottements.
J’ai bien gueulé sous la douche avec le sel !
Les chaussures (NB Zante), super !
J’hésite même à me prendre une paire à ma taille pour faire du trail !
J’ai quand même eu 4 ongles noirs (percés maintenant) et une ampoule mais ça ne m’a pas dérangé pendant la course.
Je me demande même au final de l’utilité des crampons pour des trails où tu cours la plupart du temps.
Niveau alimentation je valide ce que j’ai fait pour les prochains.
Il m’a juste manqué mes 2 gels/compotes, sur la toute fin, que je n’ai pas embarqués le matin.
Sinon aucun troubles digestifs tout est passé nickel !
Niveau boisson, c’était trop juste d’embarquer que 1L.
Surtout aux 2 premiers ravitos éloignés de plus de 20k.
Je suis à moins d’1/2 L par heure et il faisait bien chaud…
Je n'ai bu que de l’électrolyte bien dilué et pas sucré.
Je fini bien frais physiquement.
Aucunes courbatures, bizarrement.
Pas de crampes, même pas un début.
Et aucun problèmes aux pieds alors que c’était systématique avant la course.
J’avoue ne pas comprendre … Mais bon je ne vais pas me plaindre.
Pour la course en elle-même, je dirais que l’organisation est au top !
L’ambiance super, les bénévoles sont au petit soin.
Par contre il ne faut pas y aller pour ses points de vu. Faut aimer le bois, quoi…
Je retrouverais à l’arrivé, le mec qui m’a prêté les chaussures et le cuissard.
On attendra son gars du 125k …
Ils sont pas mal plus lent que les prévisions.
Au final plus de la moitié abandonneront ou ne finiront pas dans les délais sur cette épreuve.
Je lui ai détruit ses chaussures et ça me gêne …
Je cherche à le dédommager mais il ne veut rien savoir.
Au final il me filera même le cuissard.
Merci Louis !
Je ne retrouverais pas le type qui m’a filé le sac.
Il sera sur le terrain tant qu’il y a encore des coureurs.
Du coup je le laisserais au président de l’épreuve pour qu’il lui remette.
De retour au camping je retrouverais mes deux voisins.
Je les remercierais de m’avoir convaincu de tenter ma chance le matin de la course.
L’un aura fini 26ieme sur le 28k et l’autre 127ieme au 65k (il en a un peu chié…
)
On se boira une bonne bière autour du feu.
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